Numineux (suite)

La percée de l'Etre. K. G. Dürckheim

La thérapie qui s'efforce de renouer les liens de l'homme avec son centre profond doit tout d'abord enseigner à prendre conscience de la qualité numineuse, à la percevoir, à la respecter à cause de ce qui nous touche à travers elle. Il faut former et développer l'organe sensible ou numineux, "l'autre sens". c'est attitude qui ouvre l'homme tout entier à l'Être essentiel qu'il éprouve alors en lui-même et en toutes choses.

Prendre conscience du numineux dans la nature est donc une des bases de la thérapie initiatique.

Comme l'intégralité de la personne prend racine dans le noyau, perceptible en sa qualité numineuse, une connaissance, un enseignement et une direction véritables de l'homme doivent se préoccuper avant tout de l'expérience, la libération, l'épanouissement et la précision de ce centre.

La profondeur de l'Être ouvre à l'homme les frontières du moi pour les dépasser. La transcendance ainsi éprouvée n'est rien que l'on puisse se représenter : elle est la Vie, inconcevable, qui crée, ordonne, libère. Elle apparaît par une nouvelle disposition d'esprit totale, par une qualité de caractère numineux qui investit tout événement. Elle se manifeste par une attitude dans la vie qui n'est pas déterminée par un sens objectivement explicable mais qui, au contraire, remplit tout objet et tout état du moi naturel d'un sens plus profond.

La conscience verticale…

Patrick Ehrhard

Au cœur de la verticalité tout est mouvement, tout est impermanence. Dans la verticalité, toute expérience transforme inlassablement la moindre certitude, le moindre équilibre, et c’est notre chance pour grandir – grandir et bâtir notre existence horizontale sans jamais rien perdre de la verticalité numineuse*, cette verticalité du présent où s’exprime l’Être.

Ainsi, dans la verticalité, vivre, et ne jamais se laisser figer par la certitude des pensées. Faire à chaque instant l’expérience de ce qui Est.

Chaque expérience* du présent est donc à vivre dans la pleine originalité de la personne, car c’est par l’expérience individuelle unique que la vraie liberté se conquiert. C’est par l’expérience de la pleine conscience que nous pouvons transformer l’existence horizontale en une vie libre, authentique, responsable et constructive. Une vie qui ait sens.

Apprenons donc à être conscients de ce qui Est, ici et maintenant, de ce que l’on ressent, de ce que l’on veut vraiment et de ce que nous désirons transformer afin de vivre nos vrais désirs. A partir de cela, mettons nous en route ; soyons en devenir. Et laissons agir nos énergies vitales, patiemment, avec courage et avec amour. Vivons surtout. A chaque moment faisons l’expérience de la Vie et de l’amour - cela est juste.

* L’Être est à entendre comme l’état énergétique de l’exister dans le soi (ref. C. G. JUNG), le centre vrai de l’Homme.

L’Être est la réalité de la personne unifiée, en soi et avec le Tout.

L’Être n’est pas à confondre avec le « moi je pense ». En réalité nous ne sommes pas ce que l’on pense.

L’Être est le noyau pur de notre esprit ici et maintenant, l’intériorité dans la verticalité (et surtout pas la beauté intérieure, terme qui ne signifie rien).

* Le numineux est la qualité particulière de l’énergie ressentie au cours de l’expérience « spirituelle » ou expérience de l’esprit pur et libre. Elle caractérise ainsi la qualité de l’énergie de L’Être. Le numineux se manifeste par une « élévation » de la conscience, un sentiment éclatant de vérité dans l’unité de la personne avec le monde.

Numineux

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Rudolf Otto

L'adjectif numineux est apparu en premier chez Rudolf Otto dans le livre intitulé « Le Sacré » . L'expérience numineuse est l'expérience affective du sacré, considéré comme un concept clé de la religion. R.Otto se trouve dans la filiation de Schleiermacher qui fait partie de l'école allemande philologique, théologique et philosophique. Elle élargit le concept de religion pour y introduire des formes religieuses où l'accent est mis sur l'idée de dépendance. [schlechthinnige Abhängigkeit]

Schleiermacher inaugure une psychologie philosophique qui s'oppose au rationalisme et au moralisme de la philosophie des Lumières. Il met l'accent sur l'expérience du sacré, qui est une prise de conscience de la dépendance et une saisie de l'infini dans tout être fini. La religion est dans l'intuition conçue comme sentiment, comme sens et goût de l'infini.

Rudolf Otto reprend cette visée dans « Le Sacré » ; il pense que cette expérience est spécifique et crée le terme de « numineux » qui découle de « numen » : le divin, la souveraineté divine. Pour R. Otto, l'homme est naturellement doué du sens religieux, le schème affectif du numineux constitue un a-priori formel de l'affectivité.

Émile Durkheim

Selon la formule célèbre de Émile Durkheim, sont sacrées les « choses que les interdits protègent et isolent », et profanes « celles auxquelles ces interdits s'appliquent et qui doivent rester à l'écart des premières » (Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912). R. Otto (Le Sacré, trad. fr., Paris, Payot, 1949, 1e éd. 1917) a proposé le terme de « numineux » pour qualifier cette catégorie spécifique, manifestant la sphère au-delà de l'éthique et du rationnel, et qui se présente sous le double aspect de mystère effrayant et fascinant. Le mana et le sacré, la religion et la magie découleraient de ce principe initial. Les rapports du sacré avec le profane sont fluctuants selon les auteurs. Pour Durkheim, l'opposition est constitutive du phénomène religieux.

Le numen

Pour saisir la pensée de C. G. Jung il est nécessaire de définir le terme de "numineux". Pour rédiger ce paragraphe je me suis largement inspire de l'ouvrage de Antoine Vergote "Religion, Foi, Incroyance". (VE pp. 124 et ss.)

L'adjectif "numineux" est apparu en premier chez Rudolf Otto dans le livre intitule : "Le Sacré" . L'expérience numineuse est l'expérience affective du sacré, considéré comme un concept clé de la religion. R.Otto se trouve dans la filiation de Schleiermacher qui fait partie de l'école allemande philologique, théologique et philosophique. Elle élargit le concept de religion pour y introduire des formes religieuses où l'idée de Dieu n'est pas centrale et où l'accent est mis sur l'idée de puissance.

Schleiermacher inaugure une psychologie philosophique qui s'oppose au rationalisme et au moralisme de la philosophie des Lumières. Il met l'accent sur l'expérience du sacre, qui est une prise de conscience de la dépendance et une saisie de l'infini dans tout être fini. La religion est dans l'intuition conçue comme sentiment, comme sens et goût de l'infini.

Rudolf Otto reprend cette visée dans "Le Sacré"; il pense que cette expérience est spécifique et crée le terme de "numineux" qui découle de "numen" : le divin, la souveraineté divine. Pour R. Otto, l'homme est naturellement doué du sens religieux, le schème affectif du numineux constitue un apriori formel de l'affectivité.

Jung rattache le numineux aux archétypes, formes symboliques innées et constitutives de l'inconscient collectif sur lesquels nous reviendrons en temps voulu. Le mot religion renvoie donc a des modalités culturellement différentiées d'exprimer des archétypes et de prendre conscience de la puissance numineuse qui les investit.

Au sujet de cet ouvrage voir également :

Les cimes escarpées du numineux…

… bon exemple de ce qu'est le Numineux… un terme employé par Otto, Jung ou Dürckheim pour désigner l'expérience à la fois fascinante et terrifiante qui est à l'origine de tout devenir spirituel ou mystique…

…d'autres parleraient d'illumination… de prise de conscience… de vision… ou d'Eveil…

Le Numineux nous introduit dans la Présence d'un Absolu ou d'un Inconditionné que nous sommes…

Faut-il parler d'Être essentiel ?…

l'expérience numineuse relève de l'inattendu… on ne saurait la provoquer… elle est pure Grâce

Universalité du rite

" Tout se passe, écrit-il (M. Cazeneuve), comme si l'humanité, une fois apparue sur la Terre, avait éprouvé le besoin d'étouffer l'individualité (c'est-à-dire cela même qui la distinguait de l'animalité) en la mettant sous la dépendance du groupe, en bridant la liberté par des règles ".

Pourquoi cette limitation volontaire ?

Parce que, selon les conclusions de la psychologie des profondeurs, la conscience individuelle (ce qui distingue l'humanité de l'animalité) est source d'angoisse.

En vain l'homme essaie-t-il de se forger une condition humaine régie par des règles immuables. Il suffit d'un objet ou d'un événement insolite pour renverser les frêles barrières de sa tranquillité. Il est alors obligé d'affronter " quelque chose " qui le surpasse, qui n'obéit pas à des lois connues, qui " n'est pas de ce monde ".

Ce " quelque chose " à la fois attirant, fascinant et terrifiant, c'est ce que Rudolf Otto (2) appelle le Numineux, terme, à son avis, plus exact que celui de Sacré.

Le Numineux, correspondant à un sentiment originaire et spécifique, est à la fois tremendum et fascinans. Il fait fuir et il attire.

D'où deux grandes catégories de rites :

- Ceux qui font barrière au Numineux, qui protègent l'homme contre le tremendum.

- Ceux qui, cédant au fascinans, tendent à affronter, capter, utiliser le Numineux.