ÉLEVATION D'ENCOLURE

Introduction :

Dans le concept bauchériste, une des particularités consiste à travailler localement chaque partie du corps du cheval :

l'encolure, les épaules, les hanches, ...

L'élévation de l'encolure a pour but de faire refluer le poids en "porte à faux" que représente ce "balancier tête/encolure" vers l'arrière-main, préparant le cheval à améliorer son équilibre à plus forte raison lorsque le cheval est en charge de son cavalier dont le poids est davantage sur l'avant-main que sur l'arrière-main.

Ceci ne valant que pour le fond ! Dans la forme, et dans un aspect général des manipulations, priorité est donnée à la légèreté de la bouche (cession de mâchoire) et à sa conservation.

Concrètement, le cavalier n'aura de cesse de s'assurer que la bouche de son cheval est perméable. Doit être rappelé ici que le "génie de François BAUCHER" a mis en évidence que si, pour l'Ancienne École (Versailles), la décontraction de la bouche (bouche galante) était la preuve par neuf de l'équilibre du cheval en mouvement, la réciproque est vraie : le cheval livrant sa bouche à la moindre sollicitation de la main de son cavalier est forcément décontracté et en équilibre !

Simpliste ? Pourtant, d'une efficacité "redoutable" ! S'impose ici une parenthèse concernant l'emploi des enrênements et des muserolles "muselières", c'est à dire fermées à outrance, pour faire un clin d’œil à Philippe KARL ! L'emploi de telles muserolles empêche le cheval de "dialoguer" avec la main de son cavalier en lui imposant "le calme" par des entraves ! Et c'est surtout se priver de la moindre indication quant à la perméabilité de la bouche ...

Autres rappels importants (extraits d'une communication de P. Franchet d'Esperey) :

Mise sur la main :

C'est l'image du fleuret poussé contre un mur, comme sur ce croquis du commandant LICART :

"Poussé en avant par les jambes, et ayant cessé de résister dans son encolure et dans sa nuque, le cheval conserve avec la main un contact constant et en accepte les actions sans contrainte".

Concrètement, il y a "contact constant", et l'action des jambes précède celle de la main.

Le cheval est en compression.

Mise en main :

C'est l'image de la canne à pêche; plus elle se redresse à sa base, plus elle s'arrondit à son sommet.

"Décontraction de la bouche dans le ramener : cession de mâchoire, mouvement analogue de la langue lors de la déglutition qui soulève le ou les mors"

Le contact se réduit au minimum, jusqu'à la descente de main. La main commence le premier effet, et les jambes accompagnent le mouvement.

La mise en main est la caractéristique de l'Equitation à la Française.

Le cheval, dans la descente des aides , "s'auto-grandit".

Les deux concepts sont imagés par ces deux chevaux au même Air, mais dans des postures complètement différentes (image empruntée à Dom Diogo de Bragance L'équitation de tradition Française) :

Le cheval Fels représente le concept de mise sur la main,

Vallerine celui de la mise en main.

Ou pour formuler différemment, l'un est "tenu",

l'autre maintient son équilibre SEUL,

dans la descente des aides.

C'est ce cas qui nous intéresse,

justifiant la reconstruction posturale par l'élévation de l'encolure.

Table des matières

L'élévation de l'encolure :

    • Préalables :

Quoi que l'on entreprenne, la décontraction de la bouche est la priorité ! Par conséquent, AVANT de proposer au cheval d'élever son encolure, la bouche doit être "sentie" et doit avoir "répondu" par le mouvement de la langue soulevant le (les) mors. C'est la légèreté "à la main", indicateur d'aucune forme de "résistance" du cheval. Comment se demande-t-elle ?

Par une simple "demi-tension" de bas en haut d'une ou des deux rênes, dont l'intensité est augmentée graduellement si le cheval est "inattentif".

Le cheval répond à cette demande par la mobilité de sa langue et de sa mâchoire sans pour autant bouger la tête.

Si à la demande de la main, la "légèreté" ne se manifeste pas, c'est qu'il y a des résistances à "traiter" suivant deux cas :

  1. Résistance de poids : à la demande de la main, le cheval y répond en "s'appuyant" sur la main. Cette forme de résistance s'annule par le demi-arrêt, action de la main de bas en haut et d'arrière en avant.

  2. Résistance de force : à la demande de la main, le cheval reste "muet" dans sa bouche, sans manifester d'appui sur la main. En fait, il contracte sa mâchoire. Cette autre forme de résistance s'annule par la vibration, sorte de "frémissements" de quelques secondes de la main dont l'intensité ne varie pas pendant son application.

Après avoir donné un demi-arrêt ou une vibration en fonction de la résistance manifestée, sentir la bouche de nouveau pour demander la légèreté à la main. Si elle ne se produit toujours pas, recommencer le demi-arrêt ou la vibration suivant la résistance identifiée, et ce autant de fois que nécessaire jusqu'à ce que le cheval mobilise sa langue et sa mâchoire à la simple demi-tension d'une ou des deux rênes.

Quand la légèreté à la main se produit facilement, on peut aborder l'élévation de l'encolure.

A noter que BAUCHER préconise des flexions "préparatoires" qui ont pour but de familiariser (ou de rééduquer) progressivement le cheval aux différentes actions du mors dans sa bouche: ce n'est pas un VIOL !

Bien au contraire, le cheval finit par accepter, puis apprécier le dialogue qui s'instaure entre sa bouche et la main du cavalier, et ce n'est pas du domaine de l'utopie ! Ceci dit, pour en arriver là, c'est plus une affaire d'état d'esprit que de technique, sujet de fond d'une autre communication: "domination ou coopération, il faut choisir!".

Sans vouloir jouer sur les mots, je dirais que le cheval ne doit pas céder; il faut arriver à le faire participer "de son propre chef". Le commandant ROUSSELET s'est exprimé en ce sens:

"il faut faire aimer le travail au cheval".

Table des matières

    • Élévation de l'encolure à pied :

Face au cheval, une rêne dans chaque main. Après avoir senti la bouche et obtenu sa mobilité, élever progressivement la tête et l'encolure le plus haut possible.

Ne pas s'attacher à la position que peut prendre la tête, quand bien même elle se placerait à l'horizontale.

Au cours de l'élévation, à la moindre apparition d'une résistance, la détruire par les moyens connus (demi-arrêt ou vibration selon le cas).

Bien souvent, le cheval élève son encolure "par paliers successifs"; quand elle est à son point le plus haut, cesser de faire sentir la main en sorte que le cheval apprenne à se tenir SEUL: le reprendre sans brusquerie dès qu'il quitte cette attitude de lui-même. Quand il maintient cette posture seul, sentir la bouche pour s'assurer qu'il n'y a pas de "contractions nuisibles" et les détruire si besoin est par les moyens précédemment utilisés.

Remarques importantes :

  • Le fait de "sentir" la bouche, comme d'élever l'encolure, ne doit en aucun cas faire reculer le cheval.

  • Lors de l'élévation, si le cheval "tord" sa nuque, abaisser, sentir la bouche et redresser avant de poursuivre l'élévation. A noter que dans ce cas, la légèreté "à la main" à certainement disparu...donc, il y avait "matière à correction" AVANT d'arriver à la torsion de nuque! C'est une affaire de tact, mais il est vrai qu'il n'est pas toujours facile d'intervenir avant qu'elle se produise tant ces événements se succèdent rapidement.

A ce stade, le cheval accepte de maintenir sa tête et son encolure élevées, conservant sa bouche décontractée.

S'étant bien gardé de laisser le cheval "fermer sa nuque" pour échapper à la main en se plaçant en arrière de la verticale, ce qui se produit souvent au début de ces manipulations avec "effondrement" de la base de l'encolure, les flexions sont envisagées (assouplissements de la mâchoire et de l'encolure).

A prendre en considération que chez le cheval familiarisé au concept de "mise en main", le fait de sentir la bouche puis d'élever l'encolure avec une bouche demeurant décontractée prépare le ramener, posture que le cheval adopte sur la descente de main. Dans ce cas, on a la concrétisation du cheval qui "place sa tête dans sa position la pus commode", ce qui sera perfectionné plus tard dans le dressage du cheval au sens de chercher la stabilité.

Cette posture n'a rien à voir avec celle que le cheval prend en plaçant son chanfrein en arrière de la verticale pour échapper à la contrainte du mors dans sa bouche.

Dans le travail des flexions, le cheval pourra fermer sa nuque progressivement, faisant ainsi "sortir" une par une les parotides de leurs logements, actions bien plus délicates à obtenir dans la flexion directe (ramener) sans provoquer des "résistances" chez le cheval. D'autre part, les flexions latérales familiarisent le cheval avec la main de son cavalier.

Table des matières

    • Les flexions :

L'étude des flexions a pour but d'assouplir la mâchoire et l'encolure.

Avec un cheval ajusté, on en utilise deux qui sont :

  1. la flexion directe de la mâchoire

  2. la flexion semi-latérale de mâchoire et d'encolure.

Apprentissage à pied :

Pour les apprendre au cheval, on en utilise d'autres sous la forme de "flexions préparatoires" qui sont au nombre de 5 dans la méthode du baron FAVEROT DE KERBRECH, que l'on n'utilisera plus quand le cheval les aura comprises.

A ce stade,les remarques d'Etienne BEUDANT sont à prendre en considération :

"…de la façon dont seront faites les flexions, dépendra en grande partie le dressage du cheval, car il est très difficile de reprendre un cheval qui a été mal éduqué sous ce rapport.

Il arrive souvent que pour demander une flexion, le cavalier fait sentir le mors sur les barres, puis il rend tout dès que le cheval, pour échapper à la gêne que lui cause le mors, place brusquement sa tête verticalement en ouvrant la bouche et en relâchant plus ou moins la mâchoire inférieure. Cette flexion est vicieuse et même dangereuse, car presque toujours, un cheval ainsi manié s’assouplit de l’encolure et place sa tête verticalement, souvent même en dedans de la verticale pour fuir le mors; il échappe alors à toute action de la main qui ne trouve plus aucun moyen de se faire comprendre (en dedans de la main).

Ce n’est pas sur le tête qu’il faut agir, elle doit rester haute et immobile où le cavalier la place; le but est de mobiliser la mâchoire inférieure, la langue fait alors sauter les mors, la bouche s’entrouvre très peu, moelleusement, sans raideur, et après la flexion, la tête ne doit pas se déplacer. Pour toutes les flexions, le cavalier doit élever la tête du cheval le plus possible…"

Les cinq flexions préparatoires :

1) Avec les deux rênes de bride, le cavalier placé à gauche et à hauteur de l’extrémité antérieure de l’encolure. Il tient la rêne droite dans la main droite, à 16 cm du mors (!) et la rêne gauche à 10 cm (!) seulement. Puis il élève la tête le plus possible et rapproche légèrement la main droite de son corps en éloignant la gauche. Si cet effet continué pendant plusieurs secondes, n’amène pas la légèreté, il emploie le demi-arrêt ou la vibration suivant le cas, mais en les appliquant sur la rêne gauche.

Dès que la mâchoire se mobilise moelleusement, il rend.

Puis le cavalier se place à droite et redemande la même flexion avec les moyens inverses.

2) Avec les deux rênes de filet, le cavalier revient côté montoir, et après avoir élevé l’encolure, croise les rênes sous la barbe, de manière à tenir la rêne droite dans la main gauche et la rêne gauche dans la main droite. Il demande la légèreté en marquant une traction égale et progressive sur les deux rênes à la fois, et rend dès qu’elle se manifeste.

3) Avec une rêne de filet et celle de bride du même côté. Après avoir élevé la tête, le cavalier porte la main qui tient la rêne de filet vers l’avant, et la main qui tient la rêne de bride vers l’épaule du cheval. S’il faut vaincre des résistances, on donne les demi-arrêts ou les vibrations sur le filet seul. Dès que la légèreté se manifeste, on rend.

Puis on répète la même flexion en se plaçant de l’autre côté du cheval.

4) Avec les deux rênes de filet pour obtenir un huitième de flexion d’encolure. Le cavalier se place à l’épaule gauche du cheval, passe la rêne droite sur la base de l’encolure et la tend. La rêne gauche tenue dans sa main gauche, sert à élever l’encolure le plus possible.

Dès que la légèreté apparaît, et que la tête s’incline un peu à droite en produisant le huitième de flexion, le cavalier s’empresse de rendre.

S’il doit donner des demi-arrêts ou des vibrations, il se sert de la rêne gauche.

Puis il répète la même flexion de l’autre côté en utilisant les moyens inverses.

5) Avec les deux rênes de bride, l’une d’elle étant passée sur la base de l’encolure. Placé et tenant les rênes comme dans la flexion précédente, le cavalier élève l’encolure le plus possible et marque une demi-tension égale des deux rênes de manière à obtenir la légèreté en agissant sur les deux branches du mors à la fois.

Dans toutes ces flexions préparatoires, il faut s’attacher à ce que la tête reste haute et l’encolure bien soutenue.

Dès que la tête se baisse ou se contourne, demi-arrêts jusqu’à ce que le cheval la laisse immobile où le cavalier la lui place.

Il est inutile, dans les flexions, que le cheval ouvre la bouche. Il suffit qu’il fasse sauter son mors en mobilisant moelleusement sa mâchoire inférieure. Mais il faut que la tête reste immobile après la flexion.

Quand le cheval exécute facilement ces cinq flexions préparatoires, on passe aux deux suivantes qui seront les seules utilisées dans la suite de son dressage.

Flexions directe et semi-latérale du cheval mis :

1)Flexion directe de la mâchoire :

Le cavalier se place devant le cheval et tient une rêne de filet dans chaque main et commence à élever l’encolure et la tête le plus possible, en se servant du demi-arrêt si nécessaire. Puis il demande la légèreté par une demi-tension égale et continue des rênes de bas en haut et d’avant en arrière, de manière que le mors n’agisse que sur la commissure des lèvres.

Si au bout de quelques secondes, la légèreté n’apparaît pas, le cavalier a recours au demi-arrêt ou à la vibration, puis il sent la bouche de nouveau et répète l’opération jusqu’à ce que la légèreté se manifeste.

Cette même flexion se demande ensuite de la même façon avec les rênes de bride.

2)Flexions semi-latérales de mâchoire et d’encolure :

On demande la légèreté sur le filet comme dans le cas précédent. Alors, on agit sur l’une des deux rênes de manière à obtenir, par une pression sur un côté de la commissure des lèvres, une cession latérale de la tête qui produise un commencement de flexion d’encolure ; enfin, on complète la légèreté par cette même rêne.

Puis on répète cette flexion sur l’autre rêne, et enfin avec chacune des rênes de bride.

On refait ensuite ces mêmes flexions en prenant les anneaux du mors de filet puis les branches du mors de bride.

Entre ces différentes flexions, laisser le cheval au repos en quittant complètement les rênes pendant une ou plusieurs minutes chaque fois qu’il est bien léger. Il s’habitue ainsi à se soutenir de lui-même ; on le reprend par des demi-arrêts quand il déplace sa tête ou abaisse son encolure.

Notas :

  • Dans la méthode de François BAUCHER (édition de 1874), les assouplissements de la mâchoire et de l’encolure comportent trois flexions de mâchoire, deux d’encolure et une directe produisant le ramener.D'autre part, BAUCHER mentionne de s'attacher à ce que la mâchoire "cède" avant l'encolure.

  • Au fil des apprentissages du cheval, on s'aperçoit qu'il en vient rapidement à élever sa tête et son encolure en ouvrant de moins en moins l'angle tête/encolure, et rapproche son chanfrein de la verticale dans la descente de main. L'important est de s'assurer qu'il ne se mette pas "derrière la main", réflexe d'échappement à la main. Il y a même à constater que le cheval se place dans un "ramener utile", parfois bien loin de la posture "codifiée", ce qui m'amène à prendre en considération les propos d'Etienne BEUDANT: "...le ramener n'est pas indispensable au rassembler...".

  • Ce qui est important, c'est la "stabilité" sans contractions.

Table des matières.

Les flexions, monté :

En cours de rédaction.

Table des matières.

    • Conclusions:

En cours de rédaction.

Table des matières.