Le manque d’informations pertinentes a pour effet principal de nourrir la rumeur. Au gré des malentendus, des préoccupations voire des malaises de chacun. Le phénomène de distorsiond’un message est étudié depuis le 19ème siècle. Les causes de sa dégradation ont peu changé depuis. Elles sont, grosso modo, au nombre de six :
-La condensation : il s’agit dans un premier temps d’une contraction abusive ou d’une rétention d’un certain nombre de détails pour donner plus de poids à la nouvelle. L’annonce de restrictions budgétaires dans certains départements et pour certains postes bien précis se change en coupes claires générales.
-L ‘accentuation : c’est la mise en contraste d’une donnée avec d’autres, ne faisant pas partie du message, pour en faire ressortir certains aspects. Exemple : « Dans le cadre d’une réorganisation générale du système informatique, la décision a été prise de changer les logiciels de certains départements » se transforme en « on change les logiciels, on change l’étiquetage des produits, à quand le déménagement du show-room ».
-L’assimilation à un contexte de messages : à un premier message attendu, par substitution des contenus, on entend ce qu’on avait prévu d’entendre, vu telle situation donnée. Exemple : « Des mesures seront prises pour limiter le nombre croissant de retards de livraison » devient « Ils vont changer de transporteurs ».
-L’assimilation à un contexte subjectif : par rapport à soi, par évaluation au lieu de décodage. « Dupont a été muté en province » évolue en « A qui le tour maintenant ? »
-Incompréhension du sens : à cause de données trop techniques ou méconnues du récepteur. Exemple : « Le chiffre d’affaires de cette année a connu une progression de 6% mais le cash flow s’est replié de 5% » devient « Les affaires marchent bien , pourquoi est-ce qu’on parle toujours de restructuration et de problèmes ? ».
-Erreur de compréhension par contamination d’associations personnelles ou interprétation : « Pourquoi mon chef a-t-il confié cette mission à des consultants externes, il ne nous croit pas capables de la remplir nous même ? ».
En guise de clin d’œil pour résumer les effets ravageurs d’une rumeur, cette anecdote bien connue tirée de la vie militaire. « Un capitaine, soucieux de la culture générale de la troupe et voulant profiter de l’imminence d’une éclipse de soleil pour faire une leçon de cosmographie, décide de faire rassembler les hommes de sa compagnie, dans la cours s’il fait beau ou, prévoyant qu’il pourrait pleuvoir, se propose dans ce cas d’expliquer le phénomène dans le préau. Le message passe du capitaine au lieutenant, du lieutenant à l’adjudant, de l’adjudant au sergent, du sergent au caporal, lequel prévient ainsi ses hommes : « Demain, une éclipse aura lieu dans la cours par ordre du capitaine. S’il pleut, le capitaine fera l’éclipse sous le préau ».