Face aux personnes qui rencontrent des difficultés avec le français parlé et/ou écrit, il est important de distinguer plusieurs réalités qui renvoient à des besoins différents et font donc l’objet de pédagogies différentes :
Les cours qui s’adressent à des adultes qui n’ont jamais été scolarisés dans leur pays (on parle d’analphabétisme) sont des cours d’alphabétisation* ou « cours d’alpha » si on emploie le langage des pros ! Dans cette catégorie, il est important de différencier les personnes francophones des non-francophones. Les premiers, vont s’appuyer sur leur usage de l’oral pour apprendre à lire et à écrire, alors que les seconds doivent s’approprier oralement cette langue, avant d’entrer dans l’écrit. En effet, une personne n’ayant jamais été scolarisée ne pourra pas apprendre à lire et à écrire dans une langue qu’elle n’utilise pas. S’il y a assez d’apprenants, la création d’un groupe Alpha non-francophone est recommandée
Les cours qui s’adressent à des adultes non francophones bénéficiant d’un bon niveau scolaire dans leur pays sont des cours de français langue étrangère ou cours de FLE*. Pour ce public, le français est une langue vivante étrangère, tout simplement
Les cours qui s’adressent à un public qui maîtrise le lien graphie-phonie (le B A BA) mais lit difficilement et souvent sans comprendre (la personne déchiffre le français) sont des cours de « post-alpha* » ou de « remise à niveau ». Il s’agit d’un public ayant un faible voire très faible niveau scolaire (moins de cinq ou six ans de scolarité) ou ayant suivi longtemps des cours d’alpha
Les cours qui s’adressent à un public qui, bien qu’ayant été scolarisé en France, n’a pas acquis les bases de la lecture et de l’écriture (on parle alors d’illettrisme*) sont des cours de lutte contre l’illettrisme*. Nous nous apercevons néanmoins qu’il nous est très difficile de répondre aux besoins de ce public
Un entretien d’accueil
La distinction des apprenants entre ces différentes catégories se fait lors de l’entretien d’accueil par un questionnement sur le parcours scolaire de la personne accueillie et en s’appuyant ensuite sur des tests d’évaluation de niveau composés d’exercices simples en lien avec la vie quotidienne (cf. en annexe des exemples de tests). L’objectif est de connaître le niveau de la personne en français, tant à l’oral qu’à l’écrit, aussi bien en matière de compréhension que d’expression.
La constitution de groupes de niveau
Compte tenu du nombre d’apprenants et dans un souci d’efficacité, il faut constituer des groupes de niveau les plus homogènes possibles, au moins à l’oral. Il est indispensable de distinguer les apprenants qui ont des besoins en alphabétisation de ceux dont le besoin est l’apprentissage du FLE*.
La fixation d’objectifs principaux
La détermination du niveau de la personne en français permet de se fixer (à l’apprenant ainsi qu’au bénévole) les objectifs à atteindre pour l’obtention d’un maximum d’autonomie, en reprenant le cadre oral/écrit-compréhension/expression. Pour ce faire, le bénévole peut utilement s’appuyer sur les compétences telles que définies dans la classification en plusieurs niveaux du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL)* et du référentiel français A1.1 (cf. en annexe le tableau du CECRL).
Exemple : alpha compétences du niveau A1.1
Oral
Compréhension
--------------------------------------Comprendre les questions relatives à son identité, aux achats…
Oral
Expression
--------------------------------------Pouvoir se présenter, répondre au médecin…
Écrit
Compréhension
--------------------------------------Comprendre la signalétique, les infor- mations chiffrées…
Écrit
Expression
--------------------------------------Pouvoir renseigner un formulaire simple, libeller une enveloppe …
Des tests de progression
Au cours et à l’issue d’une séquence pédagogique, des mises en situations permettront de faire le point des besoins et des acquis des apprenants. Dans la plupart des méthodes conseillées en annexe, des bilans réguliers sont proposés pour permettre aux apprenants et aux bénévoles de faire un point sur les compétences acquises.
©: Sébastien Le Clézio / Secours Catholique