Il s’agit là encore de questions importantes à se poser en équipe.
©: Elodie Perriot / Secours Catholique
Il est nécessaire de définir dès le début de l’année en équipe la façon de gérer l’arrivée de nouvelles personnes en cours d’année. S’il a été décidé d’accepter d’inscrire de nouvelles personnes en cours d’année, la désignation d’un bénévole est nécessaire pour accueillir, évaluer le niveau des nouveaux inscrits et veiller à leur intégration dans un groupe.
Gérer de nouveaux arrivants en cours d’année, surtout s’il s’agit de débutants, demande beaucoup plus d’énergie aux bénévoles. Il faut néanmoins prendre en compte le fait que les apprenants n’arrivent pas tous en France en septembre et que peu d’organismes ou associations leur permettent de s’inscrire après cette date. Il est donc préférable d’établir une certaine souplesse dans les arrivées en cours d’année.
Pour bien gérer ces arrivées, il est recommandé de prévoir deux, voire trois sessions d’inscriptions en cours d’année, en constituant de nouveaux groupes. Il ne faut pas tomber dans l’écueil qui consiste à accepter toute nouvelle personne dès qu’elle se présente au risque de nuire à sa bonne intégration dans le groupe et de perturber la progression générale. Si vos dates d’inscriptions sont prévues à l’avance, vous pouvez tout à fait demander à la personne de se présenter aux prochaines inscriptions.
Si vous décidez d’accueillir les personnes « au fil de l’eau », il faut prévoir un accueil spécifique et les tester afin de pouvoir les intégrer au mieux. Une telle intégration est impossible après un mois pour des débutants.
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Le nombre de bénévoles formateurs disponibles ainsi que leur disponibilité par semaine sont deux paramètres importants pour déterminer le nombre et les niveaux de cours et le nombre d’apprenants par groupe. Un autre facteur important à prendre en compte est la taille et la configuration des locaux. Enfin, les niveaux des cours seront forcément adaptés au niveau de départ des apprenants. Très souvent, il y a une forte demande pour le niveau débutant.
Concernant le nombre d’apprenants par groupe, en général, quel que soit l’endroit où le bénévole- formateur intervient, il n’est pas recommandé d’avoir plus de quinze apprenants (un grand maximum) face à soi, environ 10 pour les grands débutants et 4/5 pour les ateliers d’alphabétisation.
Le problème des défections en cours d’année peut inciter à accepter un peu plus d’apprenants en début de session. Souvent la taille des locaux ou les désirs des bénévoles amènent à constituer des groupes plus réduits (entre cinq et dix apprenants).
Concernant la fréquence des cours, il est conseillé de proposer plusieurs cours par semaine à chaque apprenant, afin de faciliter la progression. Par exemple, pour les débutants des cours de FLE*, deux ou trois cours par semaine peuvent être un bon rythme. Dans le cas d’un cours d’alphabétisation*, il faudra tenir compte du fait que cette action s’inscrit dans la durée et demande donc beaucoup de persévérance et d’assiduité. Il est important de faire partager ces particularités aux apprenants, pour éviter qu’ils ne se découragent et arrêtent de fréquenter les cours si les résultats n’arrivent pas au bout de quelques semaines. (cf. fiche en annexe « Combien d’heures nécessaires pour parler français »)
En ce qui concerne la durée des séances, là encore, la situation est variable. Néanmoins, le plus souvent, une séance dure une heure et demie à deux heures. Une petite astuce : dans une séance de deux heures, on peut faire une petite pause au bout de 45 minutes/1 heure, en proposant si possible un petit goûter. Cela favorise la communication au sein du groupe, renforce la convivialité et permet de se remettre au travail plus sereinement pour la deuxième heure !
L’expérience des équipes sur le terrain a souvent montré qu’il n’est pas souhaitable d’étaler les cours en une seule session de septembre à juin.
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Le risque étant de perdre petit à petit des apprenants et d’intégrer alors des nouveaux de façon désorganisée. De plus il est facile de se perdre dans la progression souhaitée et de s’essouffler sur une période aussi longue.
Organiser deux, voire trois sessions par an avec des objectifs exprimés est souvent plus motivant pour les bénévoles et pour les apprenants (ex : 1ère session septembre/décembre, 2ème session janvier/avril, 3ème session mai/août ou 1ère session septembre/janvier, 2ème session février/juin).
A l’issue de chaque session, il est conseillé de faire un bilan et d’envisager un changement de niveau pour certains et d’adapter le programme du prochain cycle en fonction des besoins identifiés. Ce sera alors l’occasion d’intégrer des nouveaux et de redynamiser les groupes ce qui aura un impact positif sur le maintien d’un nombre d’apprenants satisfaisant.
C’est sans aucun doute le premier problème qu’évoquent les bénévoles-formateurs qui peuvent en concevoir une certaine frustration, voire une remise en cause de leur bénévolat, sentiment qu’il faut vite chasser. Les personnes accueillies dans les cours vivent souvent des situations de précarité, parfois de grand stress émotionnel, un décalage culturel non anticipé, de nombreuses obligations administratives et sont souvent en recherche de petits boulots. Tout ceci ne facilite pas l’assiduité. Pour favoriser la régularité des apprenants, voici quelques pistes :
Le premier accueil est essentiel et il est très important de le réussir. Il faut prendre le temps pour accueillir chaleureusement chaque personne et sentir sa situation de la personne, ses besoins, ses attentes. C’est une mission à part entière. Il faut éviter de le faire entre deux portes, à la va vite pendant un cours avec d’autres apprenants par exemple
S’assurer que les horaires que l’on propose aux apprenants sont bien compatibles avec leurs autres impératifs (garde d’enfants, distribution alimentaire, travail, soins …)
Afin de bien clarifier l’engagement demandé aux apprenants, il peut être utile d’établir quelques règles simples au tout début des cours (ex : signaler à l’avance les absences, rappeler que les cours sont donnés par des bénévoles qui s’engagent volontairement pour donner de leur temps, expliquer que les attestations de participation sont délivrées en fonction de l’assiduité…) et d’en discuter avec eux lors des premiers cours. Certaines équipes ont rédigé une charte de l’apprenant (cf. en annexe un exemple de charte de l’engagement) et consacrent le premier cours à l’expliquer. Il est possible aussi d’organiser une sorte de pré-rentrée conviviale. Ce sera l’occasion de visiter les locaux, d’expliquer le fonctionnement des cours, les horaires et présenter les autres activités de l’équipe locale le cas échéant
Former des groupes en fonction des niveaux des personnes et éviter les mélanges de niveaux dans un même groupe. Au moins un bénévole dans chaque équipe est nécessaire pour évaluer le niveau des nouveaux inscrits
Travailler sur la motivation des apprenants, identifier leurs attentes et leurs besoins précis. Se baser sur le quotidien, les besoins réels, la découverte de leur ville, les actes de paroles nécessaires : rien de tel que d’utiliser des situations réelles de communication !
Avoir une pédagogie adaptée (exit les conjugaisons non reliées à la leçon, les listes de vocabulaire…) et expliquer aux apprenants ce qu’ils vont apprendre au début du cours
Proposer un projet sur plusieurs semaines qui motivera les apprenants, par exemple des projets de sorties, avoir un blog du groupe, mettre en place une correspondance épistolaire avec des groupes d’autres structures de la ville, développer un projet artistique, créer un livre de cuisine du monde, un recueil de contes traditionnels, projets en lien avec les questions ou les projets professionnels des apprenants comme des visites d’entreprises…
Il est important de porter une grande attention à la convivialité. Beaucoup d’apprenants indiquent qu’ils restent aussi dans les cours du Secours Catholique parce qu’ils s’y sentent bien, qu’on prend le temps de comprendre leur situation, de leur expliquer les choses et aussi de les pousser dans leur apprentissage : ils s’y sentent considérés.
La convivialité se vit avant tout au quotidien, dans la façon d’accueillir en début du cours, dans les échanges entre les apprenants, dans la routine du cours, dans la possibilité de contacter les bénévoles en dehors des cours…
Il est fortement recommandé également de proposer des ateliers sociolinguistiques* (ASL), des ateliers de conversation, des sorties dans le cadre du cours (sortie à la poste, à la gare, visites culturelles...) et d’autres façons d’apprendre le français en complément. Lors des sorties vous pouvez réaliser des mises en situation qui obligent les apprenants à pratiquer l’expression orale (acheter des timbres, des tickets de transport, demander son chemin…) (cf. chapitres "comment organiser une séance" et "comment apprendre autrement").
Tout évènement est bon à célébrer avec l’ensemble du groupe et avec la participation de tous (anniversaires, grandes fêtes du calendrier français, fêtes importantes dans les calendriers des autres cultures…).
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Il semble toujours utile de mettre en place un système de suivi des présences. Cela peut permettre de remarquer tout de suite l’absence prolongée d’un ou plusieurs apprenants et de les contacter afin d’en comprendre les raisons (voir aussi si la personne a besoin d’aide). Par ailleurs, il peut aussi être utile de compter les jours de présence afin de préparer les attestations de participation, souvent utiles pour montrer leur volonté d’intégration et demandées lors des démarches administratives (cf. en annexe, modèle d’attestation). Attention, ces attestations n’ont pas de valeur légale et ne sont pas des diplômes ! Il importe de l’expliquer aux apprenants pour ne pas créer de confusion ou de faux espoir. Cette attestation permet de valoriser les efforts des apprenants.
Plusieurs outils de suivi sont possibles : des listes nominatives pour cocher les présences à chaque cours, un fichier Excel à remplir régulièrement pour avoir une vision plus globale des présences etc.
Afin de responsabiliser les apprenants, mais aussi les formateurs-bénévoles, sur l’importance de leur présence et de leur assiduité, il est important de mettre en place un système de communication efficace qui permette aux uns et aux autres de signaler les absences respectives (listes mail, groupe WhatsApp, SMS). Echanger les numéros de téléphone ou les adresses e-mail et bien expliquer l’importance de prévenir en cas d’absence est déjà un bon premier pas !
Les absences des bénévoles, qu’elles soient prévues ou non, doivent être gérées de manière à perturber les cours le moins possible.
Les bénévoles doivent prévenir leurs apprenants par WhatsApp, SMS, téléphone ou mail. Ils doivent essayer de remplacer leurs cours manqués ou bien de se faire remplacer par d’autres bénévoles chaque fois que cela est possible. Pour cela, chaque bénévole doit avoir la liste et les coordonnées des autres bénévoles de l’équipe, ainsi que les numéros de téléphone et/ou les adresses e-mail de ses apprenants.
Certaines équipes se sont organisées avec une équipe de remplaçants.
Il n’existe pas d’ouvrage de référence unique qui serait commun à tous les formateurs. Les formateurs puisent librement dans l'un ou l’autre des manuels existants en fonction de ce qu’ils jugent le plus approprié (en fonction de leur public, de leur niveau, de leurs objectifs pédagogiques…).
S'il n’est pas recommandé de suivre linéairement une méthode* donnée, leçon après leçon, il est déconseillé de s’en passer. Il est impératif d’utiliser des méthodes* adaptées, pour adultes ! C’est en les utilisant que l’on apprend à concevoir un cours : mélanger les objectifs communicatifs (ex : se présenter) et linguistiques (ex : le présent).
Le cours doit être un mélange d’outils personnels et d’extraits de ces méthodes*. Pour les créations personnelles, il est possible d’utiliser ce que l’on appelle des documents authentiques* (articles de journaux, petites annonces, films, émissions de radio, flashs info, formulaires de la sécurité sociale, déclaration Assedic, etc.). Enfin, il ne faut pas oublier que la participation orale des apprenants doit occuper une place centrale dans le cours. (cf. en annexes «Schéma d’une séance», un catalogue de manuels et de méthodes pour adultes migrants et une sitographie).
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Depuis plusieurs années, l’accès à un titre de séjour* pérenne est conditionné à la certification d’un niveau de maitrise du français pour les étrangers (cf. chapitre "les exigences administratives")
Ainsi, dans la liste des pièces à produire pour déposer leur dossier, les personnes doivent inclure un diplôme délivré par un centre d'examen agréé (liste disponible sur le site de France Education Internationale ex-CIEP) : le DELF* A2 ou B1 (Diplôme d'Etudes en Langue Française) ou le TCF* (Test de Connaissance du Français) portant la mention « carte de résident* » ou « naturalisation* ». Ces examens et ces tests sont nationaux. Ils sont organisés par des organismes agréés, et l'inscription est payante. Le coût de l'examen certifiant le niveau A2 est d'environ 120 € et 140 € pour le B1 (coût variable en fonction des centres d'examen).
Certains apprenants* s’inscrivent donc à nos cours pour cette raison. Les méthodes* utilisées dans les cours préparent à ces examens et tests. Nos équipes ne doivent toutefois pas se transformer en centre de préparation à ces examens. Il convient donc d’identifier les personnes qui en ont besoin et de prévoir par exemple des ateliers de préparation ad-hoc en plus des cours ou ateliers habituels. Cela leur cela utile afin qu’ils s’habituent aux différents types d’exercice et à les faire dans un temps donné.
Certaines équipes les aident à préparer leur dossier d’inscription et peuvent participer financièrement aux frais d’inscription après examen en Commission d’Aides Financières.
Se poser la question est déjà une première étape. Un bénévole-formateur n’a pas toutes les réponses face à des problèmes de situation administrative complexe, de logement, d’aide sociale, d’isolement etc... En revanche, le Secours Catholique compte de nombreux services* qui s’occupent de ces questions. Les cours peuvent être un lieu convivial où les personnes se sentent à l’aise pour confier leurs difficultés. Faire le lien entre les cours et les services de la délégation* qui peuvent apporter un soutien aux apprenants s’inscrit dans le projet d’accompagnement global* des personnes accueillies porté par l’association.
En tant que bénévole du Secours Catholique, il est indispensable, au minimum, d’écouter et d’orienter la personne vers le service qui pourra la renseigner correctement. Des formations sont organisées dans toutes les délégations pour présenter aux bénévoles les actions et l’organisation du Secours Catholique. Si le bénévole pense néanmoins ne pas avoir les informations nécessaires, il peut toujours faire appel à son référent ou à la délégation*.
Les parents qui n’ont pas les moyens de faire garder leurs enfants sont refusés dans la plupart des cours de français, même associatifs. Accueillir un enfant dans un cours peut être très perturbant pour le parent qui est difficilement concentré sur le cours, mais aussi pour les bénévoles et les autres apprenants*.
Il est recommandé de prévoir une solution de garde d’enfant pendant le cours. Certaines équipes ont réussi à trouver un bénévole chargé de la garde des enfants pendant les cours.
Pour des conseils ou la mise en place d’une telle activité ou d’un espace jeux, il convient de demander de l’aide au service en charge des questions familiales au sein de la délégation* (problème d’assurance…). Certaines équipes ont aussi passé un partenariat avec les structures d’accueil de jeunes enfants local (halte-garderie…).
Si l'apprenant est régulièrement domicilié dans la commune, la mairie peut parfois accorder des heures de crèche pour permettre à la maman ou au papa de suivre les cours.
Le référent doit prendre contact avec le service « Petite enfance » de la mairie pour examiner cette possibilité.
Certaines équipes font en sorte de garder le contact avec leurs groupes d’apprenants.
Certains leur conseillent des applications (TV5Monde, Duolingo…) et leur envoient des exercices par courrier.
D’autres organisent des cours en ligne ou par téléphone (cf. en annexe « Cours de français en vidéo-conférence »).
Ces cours en ligne peuvent être pérennisés en dehors des périodes de crise.