La foi et les fondements de la science

La science est la vérité autant que Dieu veut bien nous la donner.

Ce principe a comme corollaire un autre des principes les plus fondamentaux de la science :

Un énoncé est un savoir si et seulement si il peut être produit par un bon dispositif producteur de vérité qui a bien fonctionné en la produisant.

Dieu nous donne les moyens de trouver la science. La Nature nous donne des facultés d'observation et de réflexion. Ce n'est pas pour rien, c'est pour s'en servir. Si nous cultivons nos facultés naturelles, nous devenons capables de produire la vérité d'une façon fiable, nous pouvons faire de bons dispositifs producteurs de vérité et devenir nous-mêmes  de bons producteurs de vérités. C'est ce que Dieu nous demande. Il donne la Nature et ses lois pour que la vérité resplendisse et que nous en soyons dignes. Il donne les lois de la raison, que nous devons appliquer, si nous voulons nous réjouir du meilleur, la présence dans la réalité éphémère de la vérité éternelle.

On ne connaît pas la vérité sans effort et sans être honnête, avec les autres et avec soi-même. Il faut de la vertu et il faut faire l'effort de l'acquérir. Les vertus intellectuelles sont les vertus qui nous rendent capables de connaître la vérité. Elles sont des dons de Dieu. C'est pourquoi le principe ci-dessus est équivalent au suivant :

Un énoncé est un savoir si et seulement si il peut être produit par un acte de vertu intellectuelle.

Les scientifiques athées comptent sur leurs propres forces pour faire la science et pensent qu'ils n'ont pas besoin de Dieu. Mais est-ce que nous faisons la science ou est-ce que nous la recevons ? Est-ce que nous l'inventons ou est-ce que nous la découvrons ?

Nous ne faisons pas que recevoir le savoir parce qu'il faut souvent travailler pour l'acquérir. Mais Dieu ne nous demande pas d'être paresseux. Et quand nous travaillons pour connaître la vérité nous découvrons que Dieu nous a donné cette capacité. Quand nous inventons nous découvrons que sommes capables d'inventer. Les vertus ne sont pas données d'avance, il faut se donner de la peine, corriger ses erreurs et acquérir de bonnes habitudes pour les développer. Mais si nous le faisons, nous découvrons que nous sommes capables de le faire. Les possibilités sont ce qu'elles sont de toute éternité, elles n'ont pas besoin de nous pour être la vérité. Tout ce dont nous sommes capables vient de Dieu. 

Même avec une volonté ferme et puissante, nous ne contrôlons presque rien, nous ne sommes même pas capables de contrôler les pensées qui nous viendront dans les secondes suivantes. Croire que nous pouvons maîtriser le savoir et contrôler volontairement son acquisition est une illusion. Nous savons rarement d'avance si les questions, les hypothèses ou les principes que nous posons au commencement porteront des fruits. Notre savoir préalable est très rudimentaire et truffé d'erreurs. Nous n'avons pas ou peu de certitudes au départ. C'est seulement à la fin du travail que nous reconnaissons parfois le bel et bon savoir qui satisfait nos désirs de vérité. Même dans la maison du savoir, nous ne sommes pas vraiment les maîtres, ou seulement au sens où nous devons être des maîtres de l'hospitalité. C'est la première qualité du savant : offrir son hospitalité à toutes les vérités qui se présentent honnêtement. La vérité ne peut pas être domestiquée. Il faut la laisser venir et faire son œuvre.

Désirer la science et la chercher est comme une prière. "Mon Dieu, donne-moi la vérité et la sagesse autant que tu le veux." Les prières sont parfois exaucées, mais il ne faut pas être indigne d'elles. Pour trouver, il faut désirer et chercher. Si on n'a pas foi dans la vérité et si on ne prie pas pour qu'elle vienne, on ne peut pas la rencontrer. La foi donne l'accès aux sources de la science. La certitude dans le doute, c'est à dire la certitude qu'il n'y a pas de science, est en même temps une absurdité et une prophétie auto-réalisatrice, puisqu'on ne cherche pas la science quand on croit qu'elle ne peut pas exister.

Pour les sciences fondamentales, mais pas pour toutes les sciences, sûrement pas pour la criminologie, il faut chercher la beauté pour trouver la vérité. Sans le désir de beauté nous nous égarons dans la jungle des possibilités théoriques, avec lui nous trouvons parfois un chemin. Mais ce désir n'est sûrement pas un guide infaillible. Il fait plutôt de nous des papillons attirés par une flamme. Prendre son désir pour la réalité est en général la façon la plus rapide de se tromper, sauf quand c'est un vrai et beau désir de vérité et de beauté, un désir divin. Si la science et la sagesse n'existaient pas, on pourrait croire que ce désir est vain et insensé, seulement pourvoyeurs d'illusions, mais elles existent. Les efforts sont parfois récompensés.

On fait la science avec de bons principes, en apprenant par le raisonnement ce qu'ils nous enseignent. Mais comment trouver les bons principes ? On sait qu'ils sont bons quand ils ont porté des fruits, mais au commencement on doit les choisir avant de savoir ce qu'ils vont nous donner, alors comment fait-on ? On essaie, on se trompe, on corrige, on recommence, et parfois finalement on réussit. Mais on n'essaie pas n'importe quoi. On se laisse guider par le rêve d'un bon enseignant. Un bon principe doit être tel que le meilleur des enseignants, le plus savant, le plus compétent et surtout le plus généreux, l'enseignerait à ses élèves.  Le rêve d'une divinité généreuse, qui ne nous abandonne jamais, qui nous éclaire quand nous avons besoin de la lumière, et qui nous donne le meilleur, le plus puissant et le plus beau, autant que c'est à notre mesure, est le meilleur guide dans la recherche des grands principes de la science.