Nomination 

Prix Nobel de la Paix 2024

Le Prix Nobel de la Paix récompense une communauté qui contribue à la propagation des progrès pour la paix. Une des plus grandes menaces pour la paix est la haine, et ceux qui l’attisent, l’entretiennent sont bien sûr les principaux responsables de sa diffusion. 

Les SG ont un impact indéniable par leur démarche originale de named and shamed pour assainir les internets, et couper les revenus publicitaires des haineux. Ils comblent ainsi des carences du droit, des faiblesses de certains outils de régulation dont certains s’accommodent pour déverser leur fiel et en tirer des revenus. 

C’est donc  en conscience et en parfaite connaissance de leurs actions que j’ai soumis leur candidature au Nobel. 

C’est un prix qu’ils méritent.

M. le député Eric Bothorel

14/02/2024

“La haine a causé beaucoup de problèmes dans le monde, 

mais n’en a pas encore résolu un seul.

Dr. Maya Angelou




C’est avec joie, stupéfaction et humilité que nous avons pris connaissance de la nomination de notre collectif “Sleeping Giants” au prix Nobel de la paix 2024, à l’initiative de M. le député Éric Bothorel. Cet immense honneur vient couronner les 7 ans d’engagement des membres de notre collectif et de tous ceux qui le soutiennent en faveur de la tolérance, de la solidarité et du respect de tous dans nos différences.
Nous tâcherons au travers de nos actions quotidiennes d’être dignes de la confiance qui nous est ainsi accordée. Cette nomination nous engage à toujours plus de rigueur et de sérieux, dans le respect de la charte éthique que nous nous sommes fixée dans cette lutte contre la haine en ligne


La liberté d’expression, lorsqu’elle s’exerce dans le cadre de la loi, est un droit fondamental qui doit être préservé. Un média, même lorsqu’il s’agit d’un média d’opinion, qui fustige les prises de positions idéologiques ou politiques de ses adversaires reste dans son rôle de média. Mais lorsqu’il s’attaque aux démunis, aux plus faibles, à ceux qui ont tout perdu et ne sont pas en mesure de répondre, lorsqu’il nie les droits humains ou appelle à retirer des droits aux minorités, lorsqu’il exploite les peurs et les angoisses et agite des fantasmes de guerre civile ou de conflit civilisationnel, lorsqu’il promeut des complots xénophobes pour inciter une partie de la population à rejeter l’autre, il ne peut espérer être soutenu par ceux qui prônent des valeurs de tolérance, de paix et de respect universel.


Le discours de haine, la stigmatisation basée sur l’ethnie, la nationalité, la religion, le genre ou des caractéristiques identitaires, la propagation de fausses informations incitant au rejet de l'autre, à l'affrontement communautaire, nourrissant les passages à l'acte violents et parfois meurtriers, sont autant de menaces à la paix civile et au vivre ensemble.

Certains médias ont basé leur ligne éditoriale sur ces discours stigmatisants. En monétisant leur audience par la publicité, ils transforment la haine de l'autre en un produit financièrement rentable.


Pourtant, les marques commerciales, les associations, les ONG qui paient des passages de publicité ont souvent pris des engagements radicalement opposés, promeuvent des valeurs positives de non-discrimination, affichent une volonté de rassembler, d'unir toutes les personnes sans distinction et de favoriser la paix et l'amitié.

La société évolue. Si avant la loi Joubert le travail des enfants était légal et accepté, aujourd’hui le consensus est que la place d’un enfant est à l’école et aux loisirs. De même, les marques savent que les discriminations, l’absence de diversité ou de protection des minorités constituent un obstacle à l’évolution de leur entreprise et nuisent à leur image de marque. Rien de plus normal que de créer des chartes de responsabilité sociale ou d’engagement écologique. La France ne reviendra pas sur la loi Joubert, et on imagine mal qu'elle puisse revenir sur cette démarche inclusive, enjeu sociétal contemporain.


Cependant, par les systèmes souvent opaques de la publicité programmatique et des achats d'espaces publicitaires par lot, favorisés par le manque fréquent d'implication des acteurs du secteur, les marques éthiques participent à leur insu au financement de médias complètement opposés aux valeurs qu'elles portent. Ces valeurs sont des principes humains universels qui transcendent les clivages et considérations politiques.


Outre l'impact négatif de ces placements non désirés et non consentis sur l'image des marques, la présence d’annonceurs de premier plan sur un média le  légitime en plus de le financer avec un budget issu des achats de l'ensemble des consommateurs. 


C'est dans ce contexte que des initiatives citoyennes sont nées pour alerter directement les marques de la nature des supports sur lesquels leur publicité a été vue, et ainsi leur permettre de constituer un réseau d'affichage plus adapté à leurs valeurs éthiques et à leurs engagements sociétaux.


Ces initiatives, apparues dans un intervalle de temps très court dans différents pays, ont rapidement connu succès et notoriété, en permettant à des milliers d'entreprises de rediriger leurs investissements publicitaires vers des supports ne menaçant pas la sécurité des minorités, la paix, le rapprochement des peuples, l’état de droit ou la démocratie.


Les membres de ces collectifs, menacés à la fois physiquement par les partisans de ces médias et judiciairement par la puissance financière des groupes de presse impliqués, ont souvent dû recourir à un anonymat strict afin de préserver leur sécurité et leur sérénité.


En France, le collectif « Sleeping Giants » a ainsi, depuis sa création en 2017, permis à plusieurs milliers d'entreprises et d'associations de prendre conscience de la présence de leurs publicités sur divers médias, légaux ou illégaux, la plupart du temps déjà condamnés pour leurs propos racistes ou discriminatoires. Une fois avertis, ces acteurs économiques ont alors pu décider en toute connaissance de cause du retrait (ou du maintien) de leurs annonces sur ces médias.


Ceci a eu plusieurs effet : 


réajuster les entrées financières des médias toxiques, en ne conservant que des partenaires informés et consentants, 


responsabiliser l'ensemble de la profession sur la nécessité de vérifier que les supports utilisés ne détériorent pas l'image de la marque (brand safety) et sont adaptés à ses valeurs (brand suitability)


faire prendre conscience au public et aux consommateurs de l'implication économique des entreprises et des consommateurs eux-mêmes dans le financement de propos violents qui souvent les visent directement.


L'initiative de Sleeping Giants, pacifique et bienveillante, au travers de ces trois effets, contribue à éveiller la conscience générale sur l'économie de la haine et à limiter la banalisation et la propagation des idéologies contraires aux droits humains et à la recherche de la fraternité et de la paix civile.


Les mythes complotistes xénophobes comme le  “Grand Remplacement” ont prouvé leur dangerosité en inspirant le passage à l’acte de nombreux terroristes ethno-identitaires. Bien que ces discours qui entament pourtant les principes fondamentaux de la déclaration des droits de l’Homme soient légalement tolérés et ouvertement portés par certains médias, l’initiative des Sleeping Giants freine leur banalisation et rappelle qu’il n’est plus possible de fermer les yeux sur la nature de ce que les budgets publicitaires financent. Les citoyens et consommateurs ne peuvent pas tolérer de participer à la propagation de propos qui agressent, affaiblissent l’ensemble de la société et favorisent les clivages.


Mais le travail de veille du collectif sur les réseaux sociaux et notamment Twitter/X a également amené nos membres à découvrir des contenus illégaux, notamment des diffusions d’images et de textes de propagande terroriste, qu’ils ont signalés aux autorités. Lorsque survient un attentat ou un événement dramatique, la multiplication de ces contenus nous a poussé à unir nos efforts à ceux d’autres citoyens, collectifs ou institutions investis dans la même tâche, afin de pouvoir contrer efficacement leur propagation.

Les contenus terroristes - qu’il s'agisse d’images d’attentats ou de matériel de propagande - contribuent considérablement à la radicalisation via les réseaux sociaux et leur élimination est une priorité absolue. Il s’agit également de protéger la dignité des victimes dont les images circulent sans leur autorisation, ou sans celle de leurs proches en cas de décès.


L’équipe de Sleeping Giants France tient à remercier chaleureusement tous ceux qui nous soutiennent depuis 7 ans, et bien entendu M. le député Eric Bothorel, pour son engagement inlassable contre la radicalisation, le terrorisme, le racisme et la haine et pour la confiance qu’il nous accorde en nous nommant devant le prestigieux comité Nobel.

Nos pensées vont à toutes celles et ceux, dont d'anciennes victimes du terrorisme et de la haine, qui nous éclairent de leur réflexions perspicaces, qui partagent nos actions, les font connaître, nous épaulent et nous conseillent.


Nous désirons également saluer les personnes, collectifs, associations qui luttent contre la haine en ligne et la radicalisation, en France et ailleurs.
Nos remerciements s’adressent en particulier aux autres branches de Sleeping Giants, aux USA, au Brésil et en Australie, également honorées par cette nomination, StopFundingHate, qui mène un combat difficile outre-manche, I Am Here, qui met la parole et la discussion au centre de son action et bien sûr nos “fraires et seures” de la Katiba des Narvalos, dont la détermination et la ténacité face aux terroristes islamistes et leurs réseaux forcent tous les jours notre admiration.


Merci enfin aux professionnels de la communication et de la publicité qui nous font confiance, et à toutes celles et ceux, anonymes ou pas, qui joignent leurs efforts pour combattre l'obscurantisme, la discrimination et le rejet et nous permettent de remplir tous les jours cette mission.

Le collectif “Sleeping Giants France”

15 février 2024

UntitledLe chef de l'ONU affirme que les médias sociaux, les annonceurs sont complices dans alimentation de la haine .pdf
« La marque la plus vendue aujourd'hui est la peur » : le chef de l'ONU souligne la nécessité urgente de s'attaquer au « déficit de confiance » mondial | Nouvelles de l'ONU.pdf