Les “Fake News”, ou en français fausses nouvelles, ont la faveur des médias depuis quelques années, avec la prolifération de sites dédiés, à l’aspect proche des plateformes d’information classique, mais poursuivant un objectif bien éloigné du désir d’informer le public.
Le terme “Fake news” est un mot-valise, qui peut prendre de multiple sens. Aux frontières entre la propagande, la manipulation, la distorsion d’information et l’endoctrinement, l’imprécision de sa définition peut nous valoir une certaine incompréhension lorsque nous utilisons ce terme.
Pour nous, un site de “Fake news” ne se contente pas de diffuser de fausses informations. Il peut également relater de vrais événements, exagérés ou distordus, ou même des faits divers véritables, mais dont l’accumulation à outrance et la surreprésentation est destinée à donner une image biaisée d’une situation.
Car la principale caractéristique de ces sites est le fait que les articles ont pour seul objet de servir une idéologie. C’est uniquement à partir d’une construction mentale préétablie que les sujets seront consciemment sélectionnés, rédigés et accumulés, dans le seul but de donner corps à cette construction, et persuader le lecteur de son existence.
C’est pourquoi également un média d’opinion, même marqué politiquement, qui relate les événements sans utiliser un prisme exagérément marqué, ne correspond pas non plus à la définition : il manque la volonté d’altérer le récit dans le seul but de leurrer le lecteur.
On voit donc qu’il peut être parfois difficile d’utiliser un tel qualificatif : tout est une question d’intention ou de degré. Avec Breitbart, Boulevard Voltaire ou Breizatao, cependant, aucun doute n’est permis. Tous les critères sont réunis. Le discours sous-jacent est indiscutablement haineux, la volonté de rabâcher encore et toujours les mêmes thèmes évidente, et la palette entière des techniques de manipulation et de propagande est employée, parfois jusqu’à devenir un modèle du genre.
Il suffit d’une poignée de thèmes principaux, tous liés à la peur, au rejet et à l’intolérance et, pour les lier entre eux et donner de la cohérence à l’ensemble, des arguments bien rodés et faciles à assimiler. Ensuite, cela ne demandera plus qu’un choix judicieux de faits divers internationaux, quelques rumeurs, et un gros effort pour tordre la réalité jusqu’à ce qu’elle corresponde au canevas qu’on désire imposer au lecteur.
Voilà la recette simple de ces sites, dont l’application systématique leur a permis de se faire une place parmi les producteurs de Fake News.