Les vacances d'Uncle Bernie
'Tite pause à la playa pour me remettre de quelques semaines passées à crapahuter dans les montagnes de Birmanie. A Phuket, je retrouve mon pote Andrew qui gère Ocean Zone divers, le seul club Tek qui tienne la route dans le coin. Andrew a longtemps écumé les sites de la région lémanique avant de poursuivre une carrière de plongeur commercial off-shore avec à la clé : mégas plonges à saturation, soudures de la « mort qui tue » à -200m, boulons de pipeline gros comme des troncs qui te pètent à la gueule, tubes de 40 tonnes la dérive qui menacent de t'arracher l'ombilical, etc, etc. Bref, toutes sortes de mésaventures qui font passer les historiettes du NPSF pour de la roupette de Sansonnie . En clair, c'est la classe supérieure et, blague à part, un des meilleurs pédagos de la planète Quekke (avisse à ceusses qui ont besoin de valider sérieusement quelques cacartes dans un cadre accueillant).
Ces jours-ci, Andrew doit avancer le cursus Full cave de l'un de ses élèves. Nous partons donc pour Sra Keow, grotte mythique de Thaïlande, théâtre des exploits « théoriques » de Verdier & co. à 200 m (infos exclusivement livrées autour d'un gorgeon au Bourget ou ailleurs).
L'élève en question est sympathique, Estonien et, surtout, sourd de naissance. Ça n'est pas gênant dans l'eau mais, a priori, compliqué pour suivre les cours. En fait, pas du tout, le gaillard lit parfaitement sur les lèvres. Il est ainsi capable de comprendre et de s'exprimer en anglais et dans sa langue maternelle. On apprend ainsi qu'il y a un potentiel hallucinant de 2000 épaves russes quasi inexplorées dans son coin de paradis.
Malédiction, v'là l'embrayage du 4X4 Mitsubidaube d'Andrew qui dégringole juste au moment de partir ! Un dimanche en plus ! En Neurope, tu bâcherais pour la journée. Mais pas en Thailande. Le réparateur arrive dare-dare. Il promet de régler ça en 24 heures pour 350 roros (cloche, disk et compagnie). En attendant, on dégotte en 5' un minibus avec chauffeur (80 roros) mais pas vraiment adapté au transport du matos. Il en faut plus pour nous décourager et les superbes formations rocheuses de la région de Krabi se dévoilent bientôt de part et d'autre du pare-brise.
La première vasque de Sra Keow s'offre idéalement au bord d'un chemin de terre. Des éléphants chargés de gogols en vacances s'arrêtent régulièrement pour s'y abreuver. C'est mignon et ça change agréablement des caniches à mémères des rives du Lac du Bourget.
Aujourd'hui, l'élève doit poser des flèches sur le fil et enchaîner toutes sortes d'exercices. Nous n'avons embarqué qu'un bi chargé d'air du bon Dieu et un 50% en déco. Il n'est donc pas question de jouer au zazou des grandes profondeurs. Beurk, je fais des bulles et du bruit ! De bleu, ça fait presque deux ans que je n'ai pas plongé en OC. Mais bon, on ne va pas faire de cinoche. La plongée c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Tout roule comme à la belle époque avec le matos prêté par Hervé, un aimable collaborateur d'OZD dont je vais illico paumer le zoli couteau Titanium à 100 roros dans l'herbier de la vasque (et un «ami » de plus, un !).
Andrew et Tanel passent devant et je les suis avec Yan, un instructeur Tek français très cool qui bosse pour OZD. Euh, je veux dire, en soi-disant binôme, puisque, comme vous l'imaginez, je me la joue plutôt solo.
La grotte n'est pas compliquée et elle est assez grande pour nous laisser suffisamment d'espace. Hélas, la visi est loin d'être au top. C'est vraiment dommage. Nos suivons aisément le fil Kevlar déjà en place. Ça descend rapidos (voir topo) et tout le monde atteint les -50 m, juste avant la jonction avec le deuxième conduit. Clic, clac, quelques photos dans la touillasse et j'attaque la remontée. En shorty, il fait un peu frais (je ne me vois pas passer plus d'une heure à cette t°). Je suis le dernier de la file et les sangliers ne m'ont pas fait de cadeau. Merci mes salauds ! J'y vois que pouic. C'est pas le moment de lâcher le fil.
Dans la vasque, vu que je n'ai qu'un profondimètre, je me bidouille une petite déco au pif, du genre : un petit kek chose à 12m par politesse, un zeste à 9m, une bonne poignée à 6m et encore un chouia dans les 4, 3, etc. Le temps d'essayer de digitaliser quelques poissons perfides, des crevettes nettoyeuses et des escargots verts gros comme la main.
On se ravitaille un chouïa avant d'attaquer la deuxième explo : celle de la vasque numéro deux en la seule compagnie de Yan (les autres poursuivent leurs exos dans la V1). L'accès est un poil plus chiant avec une bonne vase gluante qui remonte jusqu'aux genoux. Sous l'eau, un joli bazar d'arbres abattus et de roches acérées dessine un mini labyrinthe compliqué par différents départs de fils. Finalement, en passant sous un tronc instable, on trouve l'entrée de la cavité. Elle est beaucoup plus vaste que la première. Au point, vu la médiocre visi, de ne pas en voir les bords. Boum, c'est reparti. Easy, comme la précédente. Les -50 sont rapidement touchés. Je me laisserais bien tenter par l'envie de rejoindre l'autre conduit pour finir la plonge avec les deux autres. Histoire de leur faire une petite surprise du style NPSF !! Mais bon, l'ami Yan, tout frais, ne sait pas encoe de quelles couenneries sont capables les « lacustrum alpinus ». Et comme il a déjà fait demi-tour, « on » va éviter de l'affoler pour une première rencontre. Eh oui, on se fait vieux !
Allez, on va dire que c'était LA bonne résolution pour 2010 : au moins une plongée sans (trop) déconner. Woualahhh c'est fait, on peut repasser au déraisonnable.
Bernie Tom Yam Kung