La gourgue d'Asque, près de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes Pyrénées, a été surnommée "la petite Amazonie", à cause des lichens et des mousses qui donnent un aspect saisissant à la forêt.
On y rencontre aussi des salamandres; souvent elles se déplacent très lentement et on a tout le temps de les observer.
Une salamandre à la gourgue d'Asque, dans les Hautes-Pyrénées
On peut profiter ici de cette promenade (virtuelle) sur un sentier pédagogique, avec aire de pique-nique pour observer quelques plantes qui peuplent cet endroit humide, comme la dentaire digitée.
On y verra aussi des pulmonaires affines, plus fréquentes dans la flore de la région, dont les propriétés médicinales sont l'objet de controverses.
Pulmonaria affinis Jord. ou pulmonaire semblable fait partie du genre "pulmonaire"; on a donné ce nom aux plantes de ce genre à cause des taches blanchâtres qu'on voit sur les feuilles et qui rappelleraient l'aspect de poumons attaqués par la tuberculose.
Les partisans de la théorie des signatures croyaient que ces plantes pouvaient soigner la tuberculose et la prescrivaient pour cet usage.
Voici par exemple ce que dit Mr. Valmont de Bomare dans "le dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle..." (1768) en parlant de pulmonaire officinale.
"La GRANDE PULMONAIRE ou HERBE AUX POUMONS, ou HERBE DU CŒUR, ou HERBE AU LAIT DE NOTRE-DAME , Pulmonaria latifolia italorum ad buglossum accedens.
Cette plante croît dans les forêts , dans les bosquets , aux lieux montagneux et ombrageux: nous l'avons rencontrée sur toutes les hautes montagnes de la France , mais particulièrement sur les Alpes et les Pyrénées. Sa racine est blanche, vivace, fibreuse , et d'un goût visqueux : elle pousse une ou plusieurs tiges à la hauteur d’un pied, anguleuses, velues, de couleur purpurine : les feuilles ſortent les unes de la racine , éparses ,et couchées à terre; les autres embrassent leur tige sans queues : toutes ces feuilles sont oblongues ,larges , terminées en pointe , traversées par un nerf dans leur longueur, lanugineuses , et marbrées le plus ſouvent de taches blanchâtres : les fleurs sont soutenues pluſieurs enſemble; ce sont de petits tuyaux évasés par le haut en bassinets, découpés chacun en cinq parties, de couleur ou purpurine, ou violette: à ces fleurs succèdent quatre semences arrondies, enfermées dans le calice qui contenait la fleur. On cultive cette plante dans les jardins : elle sort de terre au commencement du printems, et donne aussitôt la fleur : les feuilles périssent en automne. Rai observe que les Anglais font fréquemment usage de cette plante en guise de légume, et qu'ils appellent sauge de Jérusalem ou de Bethléem. Jean Bauhin dit aussi qu'on range notre pulmonaire au nombre des légumes, et que les femmelettes en mettent les feuilles dans les bouillons et les omelettes, les estimant utiles contre les affections du poumon, et pour fortifier le cœur."
Sans doute l'auteur englobe-t-il la pulmonaire affine dans sa description car la pulmonaire officinale (définition actuelle) ne se rencontre pas fréquemment dans les Pyrénées et dans les Alpes; elle serait limitée au NE et y serait rare. (source: flora gallica)
Voici la recette du bouillon donnée par Ferdinand Rouget dans "connaissance des plantes médicinales les plus usitées à la portée de tout le monde" (1865)
"2 litres d'eau, 100 à 200 gr de pulmonaire, feuilles et fleurs; 100 gr de chou rouge, 250 gr de mou de veau, 100 gr de sucre candi; passez ; 2 à 3 tasses par jour."
Et cela soignerait, selon cet auteur:
"les affections de poitrine, la phtisie, les cathares pulmonaires, les rhumes, la toux, l'angine, et les crachements de sang...."
Mais l'efficacité de ce remède ne fait pas l'unanimité; voici ce qu'en dit J.L.M. Poiret dans 'histoire philosophique littéraire économique des plantes de l'Europe' (7 tomes de 1825 à 1829).
"Une erreur, établie par l'ignorance, perpétuée par le charlatanisme, admise par la crédulité, perpétuée par un nom qui la confirme, est passée jusqu'à nous de siècle en siècle sous l'apparence d'une vérité que n'osent révoquer en doute ces gens disposés à tout croire, dès qu'il s'agit de guérison telle a été l'origine de cette haute réputation dont a joui si long-temps la pulmonaire ou l'herbe au poumon. Des taches livides, éparses sur ses feuilles, comparées aux abcès qui affectent les poumons, ont fait soupçonner qu'elle pouvait être favorable dans les maladies de cet organe elle a été employée comme telle. Des idées plus justes éclairent aujourd'hui la science médicale. Aujourd'hui la pulmonaire est pour nous une plante inodore, d'une saveur herbacée, un peu mucilagineuse, bien inférieure à celles qui ont les mêmes qualités. On a remarqué que, par la combustion,elle donnait un septième de son poids de cendres très amères et abondantes en potasse. On trouve sur ses feuilles le chrysomela nemorum,Linn. Les chèvres, les moutons, quelquefois les vaches mangent cette plante; les chevaux et les cochons n'en veulent pas. " note du rédacteur: c'est un coléoptère.
De nos jours on sait que les pulmonaires contiennent
de la silice: fortifie la peau, les cheveux, les ongles, expectorant
de la saponine: action diurétique
du potassium: action diurétique
du tanin: action astringente
Mais la pulmonaire affine, ainsi que la pulmonaire officinale sont classées "LISTE B DES PLANTES MÉDICINALES UTILISEES TRADITIONNELLEMENT EN L’ETAT OU SOUS FORME DE PRÉPARATION DONT LES EFFETS INDÉSIRABLES POTENTIELS SONT SUPÉRIEURS AU BÉNÉFICE THÉRAPEUTIQUE ATTENDU" par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.