Je décris en détail la flore au bord du chemin forestier du bois d'Aureilhan (voir carte ci-dessus) sur le site de flore.bigorre que je vous invite à visiter . La description est sans doute valable pour de nombreux chemins forestiers des Hautes Pyrénées.
Mais ici, je voudrais donner quelques précisions sur la bardane, fréquente et particulièrement attachante🙂🙂 (Les fruits mûrs s'accrochent aux vêtements et aux cheveux)
arctium minus (Hill) Bernh. plante entière
arctium minus (Hill) Bernh. en boutons
Si le nom scientifique actuel est arctium minus, elle s'est aussi appelée "lappa" d'un mot grec qui signifie accrocher. Et surtout ses noms vernaculaires témoignent des nombreuses propriétés qui lui sont attribuées, ainsi qu'à la grande bardane qui s'en distingue par la dispositions des fleurs et la grosseur des fruits:
Bardane, herbe aux teigneux, chou d'âne, peignerolle etc...
Les enfants peuvent jouer à se lancer les boules de fruits secs sur les vêtements , mais le jeu finit très mal et douloureusement s'il faut arracher les gaffarots (comme on les appelait dans l'Aude dans ma jeunesse) de la chevelure...
Les usages médicamenteux de la bardane sont connus depuis la plus haute antiquité comme en témoigne Pline l'Ancien dans son ouvrage "HISTOIRES NATURELLES" publié sans doute en 77 :
" Radices persolatae, vulneribus ferro illatis recentibus imponuntur ; folia veteribus cum axungia utrumque."
Ce qui est traduit 1800 ans plus tard par Mr Emile Littré par "Les racines de la persolata (note: le nom latin utisé alors) s’appliquent sur les blessures récentes faites par le fer ; les feuilles,sur les vielles plaies, les unes et les autres avec de l’axonge (note: graisse de porc en vieux français")
Elle est aussi connue de Dioscorides (à la même époque) comme en témoigne la traduction commentée (en espagnol) publiée en 1563 .
et surtout illustrée par Andres de Laguna, médecin du pape JULES III
Son usage a guéri Henri III -roi de France de 1574 à 1589 de la syphilis comme le rapporte Lazare Rivière dans son ouvrage "les observations de la médecine...." publié en 1671
source gallica.bnf.fr
Henry III , Roy de France, atteint de la grosse verolle , n’en pût pas être guéri par ses médecins ordinaires : il fut averti que Pena étoit pour lors à Paris, où il pratiquoit la médecine, et qu’il y guérissoit plusieurs verolez par un remède particulier qu’il avoit apris d’un certain Turc ; il le fit apeller, et il en fut guéri ; or, tel étoit son remède
De racine de bardane coupée en tranches huit onces, du vin blanc, et de l’eau de fontaine de chacun deux livres ; le tout boüillira à la réduction de la moitié, ajoutant sur la fin, du séné mondé une once, ou une once et demi, selon la disposition du malade : ayant coulé la décoction, il faut en prendre demi livre, en provo¬ quant les sueurs avec des gros cailloux chauds envelopez de linges ; l’un desquels sera apliqué à la plante des pieds, deux aux jambes proche le péroné ; deux aux cuisses, proche le milieu à la partie externe et deux proche les épaules, en bien couvrant le malade, les sueurs en sont copieusement provoquées durant une heure et demi ; et sur le soir le malade va deux ou trois fois à la selle. L’on se servoit de ce remède après les remèdes universels, pendant l’espace de 10 ou 20 jours ; et cependant il usoit pour la boisson ordinaire d’une décoction de squine, ou de salse-pareille, avec le régime de vivre accoutumé à ceux qui observent la diète. Après l’usage de ces remèdes, il prenoit tous les matins la décoction de la bardane sans séné, et sans aucun autre régime, pendant un mois tout entier ou même pendant 4o jours. (citation: la chronique médicale 1912)
La bardane croît dans les prés , le long des chemins et dans les lieux incultes. Les feuilles de la bardane sont amères, et leur suc ne manifeste pas d’acide par la teinture de tournesol, suivant ce qu’on en a dit. Quand on brûle les feuilles on aperçoit de petites éclairs parmi les charbons. On croit que la principale vertu de la bardane consiste dans le sel ammoniac et le nitre qui s’y trouvent mêlés & enveloppés avec quelques parties huileuses ; aussi l’a-t-on vantée comme diurétique, sudorifique, pectorale, hystérique, vulnéraire et fébrifuge. Les racines font spécialement employées en médecine , puis les feuilles et les semences, ces dernières font peu d’usage; cependant elles font amères, un peu stomachiques,-purgent et excitent la sécrétion des urines. Selon Vogel, la feuille est stomachique, fébrifuge, prise intérieurement. macérée, réduite en cataplasme , & appliquée extérieurement, elle est résolutive , fondante, détersive, La racine est diurétique & diaphorétique, On la vante beaucoup dans les fièvres malignes, putrides, éruptives , la petite vérole , la rougeole. Elle est très sudorifique sans échauffer ,et produit du soulagement dans l’asthme, ainsi que dans les engorgements de la rate et du mésentère. Vogel la recommande en décoction dans de la bière , contre les affections des articulations et la goutte des pieds. Plusieurs médecins ont reconnu ses bons effets dans les maladies de peau; pendant quelque temps on en a fait un secret pour la guérison des maladies vénériennes, et pour dissiper les incommodités qui étaient la suite de l’abus du mercure. source :encyclopédie de médecine par une société de médecins 1790
Utilisée en particulier pour le traitement des plaies engendrées par les teignes (voir le nom herbe aux teigneux)
Cet usage n'est pas nouveau, si l'on en croit Chaumeton , qui conteste les bienfaits médicamenteux de cette plante.
Me sera-t-il permis de réduire à leur juste valeur ces éloges fastueux? Toutes les fois que je goûte la racine de bardane, je suis étonné de ne pas la rencontrer plus souvent dans les cuisines que dans les pharmacies. Elle peut s'apprêter de même que celle de scorsonère, tandis que les jeunes pousses, cueillies au printemps, se mangent comme les artichauts, les cardons et les asperges . (Flore médicinale tome premier Chaumeton & … 1833 )
On consomme en particulier la moelle de la tige, les côtes des feuilles, la racine; de nombreuses recettes sont accessibles sur le WEB.
Par ailleurs, il semblerait que les ânes l'apprécient (d'où le nom "chou d'âne").
Elle est encore utilisée aujourd'hui comme antipelliculaire et a été employée pour faciliter le pousse des crins de la queue des chevaux!
Enfin un site web la recommande comme papier toilette en cas de besoin urgent (🤢!!!) et il en vante la douceur de ses feuilles.
La capacité des fruits à s'accrocher a attiré la curiosité de George de Mestral , un ingénieur suisse.
Après une dizaine d'années de recherches et mise au point; il dépose en 1950 des brevets, puis la marque Velcro