Lycée René Josué Valin -

La Rochelle (17)

ARTS PLASTIQUES ENSEIGNEMENT DE SPECIALITE

ARTS PLASTIQUES ENSEIGNEMENT OPTIONNEL

ARTS PLASTIQUES CPES-CAAP

En guise de restitution de cette première année d'ouverture de la CPES-CAAP du lycée René Josué Valin de La Rochelle, les étudiants de cette première cohorte ont produit une exposition collective à la galerie Bletterie. Voici quelques productions légendées.


LA DISTANCE ENTRE NOUS

Cette exposition présente des productions artistiques d’étudiants qui auront passé une année ensemble dans les mêmes salles, soumis à ces problématiques de distanciation imposées par la situation. Venus de partout en France, de Chartres à Marseille, de Tours à Tarbes, ils vont bientôt repartir dans des endroits différents l’année prochaine. Ces étudiants différents, aux aspirations différentes vont tracer des trajectoires artistiques dans de nouveaux lieux (Bordeaux, Nantes, Tours, Paris, Brest, Rennes, Aix...).

Les travaux présentés à l’Atelier Bletterie expriment d’une manière ou d’une autre des questionnements sur ces notions de distance : garder ses distances, être aux aguets, tenir à distance ou accueillir et englober, prendre ses distances vis à vis du référent ou au contraire lui coller à la peau, évoquer des distances impossibles à parcourir, figurer l’espace ou le transfigurer. D’une certaine manière, une exposition collective pose toujours la question de la distance entre les œuvres, leurs échos, leurs proximités, l’espace qui se crée entre elles et dans lequel nous pouvons éprouver des liens, des histoires, des récits. Cette exposition propose de sonder ces écarts, d’explorer ces associations.

Cette année fut une année scolaire particulière. Du jamais vu. Une année passée derrière nos masques à essayer de se comprendre sans voir les sourires ou les mines intriguées. Ce fut aussi la première année de la classe préparatoire aux études supérieures-classe d’approfondissement en arts plastiques du lycée Valin, qui permet à de jeunes gens de préparer leur entrée dans les écoles supérieures d’art.

Ambre BARONNAT, Qui vive, vidéo gif, boucle de 33 secondes, 2021

Ce projet est une suite d'images réalisées au crayon de couleur, donnant un gif animé. Montrant une évolution du comportement de cet hybride. Il exprime ici une peur, qui amène à une certaine mise à distance.

Julie BARRAUD, , Le Monde est Mon atelier, mars 2021, stop-motion (papier journal et objets en volume), 400 photographies, 1’24 min.

« La fonction de l’artiste est fort claire : il doit ouvrir un atelier, et y prendre en réparation le monde, comme il lui vient. » - Francis Ponge

Illustrant cette citation, ce stop-motion nous amène à voir des fragments d’images et de textes du journal Le Monde, où les personnages semblent s’animer. Une vidéo dans laquelle les objets du quotidien et la matérialité du papier journal se rencontrent. Cette production reflète donc à la fois les actualités du monde et la réalité concrète du travail de l’artiste dans un atelier.

Laurianne BRUSAUD, Sous les jupons de ta mère, installation, 1m x 1m, 2020

Vu de l'extérieur on pourrait penser à un jupon d'où le titre: Sous les jupons de ta mère, dès qu'on pénètre dans l'installation, une véritable expérience sensorielle s'offre à nous. L'idée était de rappeler au spectateur l'impression d'être dans le ventre d'une femme enceinte, pour cela les couleurs, la forme ont été pris en compte pour créer cette sensation. Elle est connue par chaque individu, c'est le premier endroit q'un être humain connait et ça pour chacun de nous.






Une performance pour réinventer la marche, pour palmer les pieds, pour baigner les orteils...


Laurianne BRUSAUD, Bien dans mes bottes, 2020, performance réalisée lors du vernissage de l'exposition.

Lorsqu'on est enfant, on saute dans les flaques d'eau avec nos bottes en caoutchouc. Ici, des bottes de pluie qui sont censées protéger transforment la démarche en inversant l'usage. Plus la personne avance et plus elle se rend compte qu’il y a une masse qui la tire vers le bas au moindre pas qu’elle fait.



Loreleï DABERT, L'objectif, boucle vidéo, 2021

Debout derrière la porte, nous observons, à l’abri des regards, un monde qui nous est voisin. La barrière cristalline devient la frontière entre deux espaces qui ne peuvent échanger que des coups d’œil désorientés. Cependant, qui de nous ou d’eux est le sujet de l’observation?

Zoé DE CORNULIER LUCINIÈRE, La Quête, vidéo, 56 sec, 2021

Ces billes se déplacent, comme à la perpétuelle quête d'un chemin, au travers d'une course poursuite presque cartoonesque. Cette courte vidéo qui se regarde en boucle,comme un éternel recommencement, interroge le besoin d'attirer l'attention, de concevoir et de recevoir de l'amour, notre désir d'être vus, entendus, reconnus en tant qu'être à part entière.

Axel FLOOD, Border, 55 x40 cm, verre brisé, chaussures en cuir noir



Cette installation, intitulée Border, est la matérialisation visuelle d’une frontière et d’une situation politique dans laquelle de nombreuses personnes se retrouvent confrontées. Un paillasson, un objet présent avant de pénétrer au sein d’un foyer sur lequel est inscrit une phrase de bienvenue ou montrant la bienveillance de ses occupants. Une tension se crée entre cette bienveillance (à laquelle renvoie un paillasson) et la violence des morceaux de verre qui vont nous écorcher, nous entailler, nous blesser...

Ce paillasson vient donc établir une frontière entre deux mondes, et va créer une distance.

Saül INATY, face à face, vidéo, 2021


Face à face est une vidéo qui présente une discussion qui ne finit pas d'échouer entre moi et moi-même. Cette discussion peut sembler satirique d’une certaine façon parce que les deux côtés ont vraiment envie de dire quelque chose pour, à la fin abandonner, mais elle représente la vraie distance entre nous et nous-mêmes, celle de l'ordre de l'écoute.

Saül INATY, Masque, 2021, Installation, Sculpture en papier mâché, peinture à l'acrylique et peinture en spray, toile en blanc et des fils transparents





Ce masque représente la rencontre entre différentes cultures. Il a la forme d’un objet cérémoniel typique d’une certaine région du Venezuela, El Yare. Il fait écho à l'époque coloniale, aux bouleversements sociétaux et urbains et aux traditions. La toile blanche qui s'ajoute dans cette installation ainsi que le travail de peinture en spray du côté gauche renforcent pour moi une notion de distance entre les différentes formes d'art dans un travail qui traverse un océan pour apparaître dans cette salle.

Alicia LAÏB, C’est arrivé près de chez vous, Installation, Bois, acrylique et fils de laine, 2020

C’est arrivé près de chez vous » est une installation cartographique exposant non exhaustivement les morts engendrées par les violences policières en France. Ce funeste hexagone a été découpé dans du bois depuis lequel des fils de laine rouge sortent, représentant chaque endroit où des décès ont eu lieu.

Léa LUCAS, Ptikoli, vidéo, 2min 49, 2020

Un carton à quatre pattes étrangement familier et quelque peu affectueux. Il devient presque trop proche de nous à tel point que l’on peut lui porter autant d’affect qu’à un membre de notre famille.Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas de votre animal de compagnie.

Léa LUCAS, Ubiquité, vidéo, 1 min, 2021

Salomé MATHE, Route inconnue, 5 min 19, 2021

Les différents cadres de cette vidéo – que ce soient les rétroviseurs, le pare-brise ou l’écran en lui-même – mettent à distance le spectateur du visionnage. Ces différents cadres qui entrainent un jeu de champs – contre-champs, amènent aussi le spectateur à une perte de repères temporels et spatiaux. Le montage sonore accentue cet effet.

Thomas PALACIN, portrait cartographié, 2020, photo-collage infographique

Cet autoportrait aux allures de carte humaine, est une illustration à la tablette graphique.À la suite d'un travail de recherche scientifique sur l'étude des réseaux sanguins humains,j'ai voulu créer un portrait aux allures cartographiques. Il mélange donc des codes propres à une carte de cours d'eau à un vocabulaire scientifique propre aux divers réseaux sanguins de notre corps. L'idée de la fluidité agissant comment liant à ces deux concepts. Ce portrait reste néanmoins particulier, puisqu'il est composé de deux illustrations ; une main et un visage de profil. Particularité qui trouve son origine dans la volonté de représenter les deux sources à l'origine de ma créativité. Le visage, symbolise la pensée, la source de la créativité, et la main quant à elle représente l'outil, c'est à travers elle que s'incarne l'idée.

Thomas PALACIN, le port du masque est obligatoire, vidéo, 2020

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’on porte un masque ? Bien sûr je ne parle pas de celui qui cache une partie de notre visage pour des raisons sanitaires, mais de celui qui nous sépare du monde. Le même qui nous empêche de montrer aux autres l’ensemble de nos penchants et émotions les plus inavouables. Un jour comme un autre, alors que j’étais occupé par une quelconque activité. J’ai fait la rencontre d’une étrange entité. Elle s’incarnait alors dans un corps féminin, tout de noir vêtu. Son visage était recouvert par un masque bien étrange. Cousues grossièrement, des pièces en argiles peintes étaient collées sur sa surface, laissant apparaitre un visage sans bouche, aux traits inhumains. Cette créature m’avait embarqué dans un voyage inoubliable, mêlant violence, sensualité et bizarrerie. Alors j’avais senti, que tout à coup, mon âme suffoquait, flétrie par l’incessante fluctuation colorée, de cette expérience surréaliste. Le port du masque est obligatoire, Courte vidéo de 1’21’’, qui mêle la mise en place d’un scénario, la fabrication d’un masque, un traitement particulier de la lumière ainsi que la création d’une musique. Tout cela articulé autour de la volonté d’une hybridation de cultures, de religions, de registres…

Thomas PALACIN, Germination, travail d’installation, photo, 2021.


Un petit corps ridé, duquel émergent de multiples germes, peut être le point de départ d’une réflexion sur le monde.

Mis en scène comme accessoire d’une série de photos empreintes d’intimisme, la pomme de terre crée une situation incongrue, grotesque, et presque brutale du fait de son étrangeté. Cet objet si énigmatique, mis en relation avec l’intime d’un corps humain, transforme la perception que l’ont se fait de celui-ci. Les modèles ne nous apparaissent plus comme tels, mais plus comme des formes agressives, dont émane une puissante rage. Ces divers éléments laissent s’insinuer dans l’esprit du spectateur une forme de malaise, renforcé par un corps que l’on ne reconnait plus comme humain du fait de son étrangeté. Tout cela est "implanté" dans une installation prolifique de numérique qui souligne l’idée d'une prolifération des germes de tubercule. (Utilisation d’ordinateurs, de télés, de téléphones, d’un projecteur, ainsi que de multiples rallonges de câble et de gaines).

Ainsi, par le biais d’un grotesque répété et presque poussé à l’extrême. J’ai voulu présenter une œuvre qui s’inspire des diverses problématiques inhérentes à la place du numérique dans notre monde moderne, en illustrant la représentation d’un être dénaturé par des excroissances tout comme le numérique dénature la nature humaine.

Anaïs PIACENTINI, sans titre, vidéo, 2021

Projet vidéo en noir et blanc révélant certaines parties d'un corps en mouvement. Un filtre noir et blanc texturé anime la peau et rend la vidéo mystérieuse. Ce corps est montré de manière partielle et parfois indiscernable.

Anaïs PIACENTINI, Avant la fête, aquarelle, 2020

Nature morte à l'aquarelle : trois bouteilles d'alcools récentes, qui s'opposent à un masque chirurgical. Une peinture qui représente l'actualité en détournant les codes de la nature morte.

Anaïs PIACENTINI, regarder ailleurs, vidéo, 2021

Projet vidéo mettant en évidence plusieurs plans d'endroits se trouvant dans des recoins,des trous, ou encore de petites failles. La piste audio vient bercer la vidéo.L'enregistrement de mots orientés sur le champ lexical de la dissimulation renvoie à l'ambiance, l'atmosphère que nous pouvons retrouver dans ces lieux.

André PIZA HAMON, L'hors cadre, performance-vidéo, 2021

Cette œuvre est une performance réalisée à La Rochelle. L’œuvre s’intitule «L’hors Cadre » et questionne notre rapport à une image qu’on ne pourrait jamaiscapturer dans sa totalité. Chaque fois qu’on tente de capter en photo ou en vidéo ce monde, l’image reste incomplète, du fait de ce perpétuel hors cadre.Cette « blessure » de l’image est représentée par des fils rouges. L’artiste se déplace dans la ville en réalisant le même chemin qu’il effectue d’habitude pourpouvoir observer la mer. Celui-ci déambule avec un cadre métallique donnant vie à l’image (au sens de l’animer). Cette idée du hors cadre est renforcée parles différentes prises de vue produites par les deux caméras et l'appareil photo argentique qui restent visibles dans le dispositif de la vidéo.

Clara SPILLMANN, regarder ailleurs, vidéo-performance, 2021, performance réalisée lors du vernissage de l'exposition.

« Qu’est-ce que tu regardes ? » s’écrie-t-il. « Va voir ailleurs si j’y suis ! » s’égosille-t-elle. « Non mais ça te regarde ?» s’exclama-t -il. Sans cesse poussé à détourner le regard, à ignorer, à ne pas vouloir voir, que fait-on de ce regard que l’on porte vers l’ailleurs ?

Cet ailleurs que l’on ne veut pas voir, cet ailleurs que notre regard ose à peine effleurer, est attirant. L’envie nous prend de regarder vers cet ailleurs, aussi intrigant, que terrifiant. Et tout à coup, nous voilà face à cette autre part méconnaissable. Ce corps inobservable recouvert d’aluminium nous apparait de manière brutale, longue et frontale. Cet ailleurs étrange nous fixe avec pour seul bruit la composante de son corps. Nos sens entrent en éveil, notre regard ne peut plus se détacher du sien, nos oreilles essayent d’identifier le son insolite qu’il dégage, et notre bras semble être animé par l’envie de toucher son étrange corps.

Face à cet ailleurs qui nous regarde inéluctablement, de manière infaillible et presque fatalement, nous voilà dans l’obligation de fixer cette chose qui nous gêne. Nous regardons ailleurs sans fermer les yeux, sans que notre regard prenne ses jambes à son cou. »

Clara SPILLMANN, Nourriture de l'âme, 2021, performance-vidéo


71 livres posés dans un escalier donnent lieu à une ascension pas comme les autres.LA lecture est un déplacement.Elle nous place dans un autre univers. Quand j'ai lu Par les routes, de Sylvain Prudhomme, j'ai fait du stop, je me suis déplacée de voiture en voiture, de rencontre en rencontre. J'ai donc décidé de gravir ces escaliers. J’ai réalisé cette escapade performative de différentes manières : en rampant, à quatre pattes, sur mes deux pieds. J’ai également fait le choix de me filmer sous différents points de vue pour créer une certaine dynamique.

Inès RENAUD, Childish, acrylique et encre, 36 x 38 cm, 2021

Cette série de peintures réalisées à l'encre et acrylique met à distance le sujet photographique du traitement même de l'image. Les deux personnes très présentes au début se dissipent et se stylisent peu à peu pour ne devenir que des contours en réserve. Les enfants sont estompés par la matière et par le jeu de transparence et d’aplats qui transforment notre perception. Ils se "dématérialisent et fondent" dans une masse dense.

Alexia RIDEAU, sans titre, série photographique, 2021.

La série de photographies que nous propose Alexia Rideau tient sa réflexion dans la tension entre l’idée du beau et du laid. Elle présente en plan très resserré une partie du visage, œil ou bouche, recouvert d’un maquillage qui ne vient pas sublimer, au contraire. De plus, ce dérangement qui vient se créer chez le spectateur est accentué par certaines images où l’oeil vient fuir la caméra, comme si lui-même était dérangé. Enfin, le format des images et leur mise en exposition construit un rapport direct à l’intime.