L'ancienne église d'Avin

En 1602, le peintre valenciennois Adrien de Montigny a peint sur commande du duc Charles de Croÿ plus de 2 500 gouaches pour illustrer les fameux Albums de Croÿ. Il s’agissait de cartographier et représenter par des vues cavalières les paysages des villes, villages, forêts, cours d’eau, châteaux et propriétés appartenant à l’époque au duc Charles de Croÿ, ou des provinces où ce duc a exercé une autorité administrative au tournant des 16ème et 17ème siècles. Les arrières plans semblent avoir le plus souvent été faits de mémoire, ou reconstitués et inventés en atelier, en hiver, alors qu’il faisait ses croquis de terrain du printemps à l’automne. Ces arrière-plans, tout comme les premiers plans (souches, arbres, talus de chemins...) ne sont donc pas toujours fidèles. Mais les vues de villages et de châteaux sont considérées comme des documents historiques de grand intérêt, même si les historiens y ont rétrospectivement noté quelques erreurs (dans les orientations par exemple).

Voici une copie de la gouache représentant Atrive et Avin (AVLTRINES ET HAVES). La vue est prise du nord-ouest.

Au premier plan, Avin se déploie le long du ruisseau de la Fontaine Streel, masqué derrière une rangée d’arbres taillés en boule. Au centre, l’ancienne chapelle Saint-Etienne est très simple : elle est constituée d’une courte nef de deux travées, le chevet du chœur est plat. Elle est longée d’une autre nef ou chapelle collatérale. Le tout est surmonté d’un clocheton ardoisé. La peinture a été faite quelques années avant que la chapelle n’accède au rang de paroisse autonome. À sa gauche s’élève la demeure de l’archidiacre de Namur, Jean Dauvin, qui deviendra Evêque de Namur en 1615. C’est de nos jours l’emplacement du château de Looz-Corswarem.

À droite de l’église, un peu plus loin, se dresse le « château et résidence du seigneur de Warisoul » constitué de deux hautes ailes perpendiculaires sous un toit d’ardoises, flanquées d’une tour en poivrière et percées de nombreuses ouvertures aux niveaux supérieurs. Une enquête judiciaire de 1586 révèle qu’il est construit entièrement en briques et pierres et qu’il comporte de fortes murailles. C’est de nos jours l’emplacement de l’ancien château de Diest.

En 1602, la chapelle d’Avin était donc située au voisinage immédiat de l’actuel château de Looz-Corswarem.

Entre 1770 et 1778, le comte Joseph de Ferraris, directeur de l'école de mathématique du corps d'artillerie des Pays-Bas, a établi la première cartographie systématique à grande échelle de nos régions, sur commande du gouverneur Charles de Lorraine. On y repère très bien les deux châteaux, qui ont pris la forme de bâtiments en carré avec cour centrale. L’église d’Avin, nouvellement reconstruite et entourée du cimetière bordé d’un mur, se trouve à proximité du château de Looz-Corswarem.

De 1842 à 1879, le cartographe Philippe Christian Popp publia son Atlas cadastral parcellaire de la Belgique, plus connu sous le nom de Plans Popp. La feuille concernant Avin permet de voir comment se présentaient les bâtiments au milieu du 19e siècle. Le château de Looz-Corswarem a été modifié par son propriétaire et transformé en un bâtiment de style empire, inauguré en 1840. Curieusement, le plan ne montre que l’aile latérale droite du château et pas sa façade. Les relevés avaient dû être effectués avant la fin des travaux. L’église, qui a été agrandie d’une tour vers 1804, jouxte toujours le château. Un presbytère a été construit de l’autre côté de la rue qui conduit à Ambresinaux. Les deux bâtiments seront rasés dans les années 1910 après la construction de la nouvelle église et du nouveau presbytère rue Saint-Etienne.

Dans l’église actuelle se trouve une peinture à l’huile sur toile montrant une vue de l’ancienne église. L’artiste peintre est inconnu. La toile a été peinte entre 1901 et 1910.

Aujourd’hui, il ne reste plus à cet endroit que les murs abondamment recouverts de végétation, qui entouraient l’ancien cimetière autour de l’église. Ce dernier fut désaffecté en 1857, car il était souvent inondé en cas de crue. Il fut transféré à sa position actuelle à cette date. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de l’ancienne église, ni de l’ancien presbytère de l’autre côté de la rue.