Le château d'Avin

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Plus d'infos et réservations : http://www.chateaudavin.be/fr/

En 1602, le peintre valenciennois Adrien de Montigny a peint sur commande du duc Charles de Croÿ plus de 2 500 gouaches pour illustrer les fameux Albums de Croÿ. Il s’agissait de cartographier et représenter par des vues cavalières les paysages des villes, villages, forêts, cours d’eau, châteaux et propriétés appartenant à l’époque au duc Charles de Croÿ, ou des provinces où ce duc a exercé une autorité administrative au tournant des 16ème et 17ème siècles. Les arrières plans semblent avoir le plus souvent été faits de mémoire, ou reconstitués et inventés en atelier, en hiver, alors qu’il faisait ses croquis de terrain du printemps à l’automne. Ces arrière-plans, tout comme les premiers plans (souches, arbres, talus de chemins...) ne sont donc pas toujours fidèles. Mais les vues de villages et de châteaux sont considérées comme des documents historiques de grand intérêt, même si les historiens y ont rétrospectivement noté quelques erreurs (dans les orientations par exemple).

Voici une copie de la gouache représentant Atrive et Avin (AVLTRINES ET HAVES). La vue est prise du nord-ouest.

Cette peinture montre, en arrière-plan, le hameau d'Atrive dominé par l’église Saint-Lambert présentant une tour de belle hauteur.

Au premier plan, le hameau d'Avin se déploie le long du ruisseau de la Fontaine Streel, masqué derrière une rangée d’arbres taillés en boule.

Sur sa peinture, Adrien de Montigny a également représenté le château de l’archidiacre de Namur, Jean Dauvin, à gauche de l’église d'Avin. En 1614, ce dernier fut appelé à l’Evêché de Namur par l’archiduc Albert. Le 22 novembre 1615, il fut sacré 6e Évêque de Namur par l’Évêque de Gand. Monseigneur Dauvin mourut le 15 septembre 1629, à l’âge de 69 ans.

Selon certaines sources, Monseigneur Dauvin aurait désigné comme « héritiers universels » les Révérends Pères Jésuites en reconnaissance des services que ceux-ci rendaient au comté de Namur, pour l’instruction de la jeunesse.

La date de construction du château actuel est à situer au 17e siècle. Les encadrements de portes et fenêtres sont en pierre de taille, tout comme ses vieilles caves voûtées. Une pierre tombale, également en pierre de taille, a été retrouvée dans le parc du château. Elle est actuellement mise en valeur dans les dépendances du château, nouvellement transformées en gîtes. Elle porte entre autres l’inscription « Ci-gît Jacque d’Avin, fils de Jehan d’Avin… ». La date de 1573 y apparaît clairement.

Tous ces indices laissent deviner une occupation ancienne du lieu, remontant sans doute au 15e siècle. Peut-être les caves du château remontent-elles au château qu’occupait Jean Dauvin ? Le nom de la personne qui a fait reconstruire le château n’est pas connu. Peut-être s’agit-il des Pères Jésuites ? Il est par contre certain que Mathieu d’Olne, marchand à Liège, né en 1665, a acquis le château à la fin du 17e siècle et qu’il y est mort en 1716. Sa fille, Anne d’Olne, avait épousé Nicolas de Laminne, baptisé à Liège en 1672. C’est leur fille Ide de Laminne, née en 1697, qui reçut le château et les terres d’Avin en héritage de son grand-père. Elle épousa en 1722 Henri Hubert Simonon. Le château resta alors à la famille Simonon jusqu’à la mort de Jean Hubert Evrard Simonon, né en 1761, et petit-fils de Henri Hubert. Jean Hubert Evrard était devenu l’unique propriétaire du château et des terres en dépendant, à la suite d’un partage de famille, à la mort de son père en 1793. Il fut bourgmestre d’Avin. C’est vraisemblablement pendant l’époque où les Simonon en étaient propriétaires que le château fut agrandi et transformé en une grande ferme en quadrilatère, comme l’indique la carte de Ferraris de 1777.


En juillet 1808, Jean Hubert Evrard épousa Marie-Henriette Maréchal de Bertrée. Six mois plus tard, en 1809, M. Simonon décéda à Tournai. Avant de mourir, il avait institué d’une part son épouse légataire de son domaine d’Avin et, d’autre part, les pauvres d’Avin légataires à titre universel de tous ses autres biens et rentes, en réservant l’usufruit pour son épouse sa vie durant.

Sept années plus tard, en 1816, Madame de Simonon se remaria avec M. le Comte Jean Joseph Benjamin de Looz-Corswarem. Jean Joseph s’était mis au service de la France : dès 1806, il avait été nommé sous-lieutenant des lanciers ; chef d’escadron en 1813 dans les troupes de Murat, il s’était distingué près d’Aranda en Espagne puis il avait été décoré de la Légion d’Honneur pour avoir, au lendemain de la bataille de Dresde le 27 août 1813, attaqué avec son escadron l’arrière-garde autrichienne forte de 3 000 hommes, l’avoir mise en fuite et lui avoir enlevé trois canons. La défaite des troupes françaises à la bataille de Leipzig, du 16 au 19 octobre 1813, allait entraîner la chute de Napoléon, et nos régions allaient être dirigées par le « Gouvernement provisoire » sous la tutelle des alliés (Anglais, Russes, Prussiens, Autrichiens, Suédois). Passé dans le camp des alliés, Jean fut fait chevalier de l’Ordre militaire de Guillaume Ier pour ses exploits en 1815. Après l’indépendance de la Belgique, il fut successivement commandant militaire des places fortes de Namur, de Liège et d’Anvers, puis général de brigade dans l’armée du jeune royaume de Belgique. Il habitait cependant à Avin chaque fois qu’il n’était pas en service. Sénateur de l’arrondissement de Waremme, il fut décoré Chevalier de l’Ordre de Léopold le 1er mai 1835. Ancien sénateur, il reçut le 21 juillet 1839 la décoration d’Officier de l’Ordre de Léopold.

Après son mariage avec Madame Marie-Henriette Veuve Simonon, le Comte Jean Joseph Benjamin fit transformer et embellir le parc, pour donner à l’ensemble un caractère seigneurial, et il entreprit de modifier complètement l’ancien château-ferme. En 1840 le nouveau château, imprégné de style empire, fut inauguré. Les superbes grilles d’accès au domaine, ornées de lances, en témoignent encore aujourd’hui.

À cette date, une plaque fut apposée en souvenir des travaux qui métamorphosèrent la vieille demeure et la ferme en un charmant château. Il avait pris la forme d’un L et avait été rehaussé d’un étage. La photo ci-dessous date de 1900 environ. L’ancienne église y est visible, à droite du château.

Le comte Jean Joseph Benjamin mourut en 1843. En 1860, Marie Henriette née Maréchal, sa veuve, mourut à son tour. Le château et le domaine passa à leur fils unique, le Comte Hippolyte Edouard.

À la suite du testament de Jean Hubert Evrard Simonon, les pauvres d’Avin entrèrent à cette date en jouissance d’un revenu substantiel. Chapeau, Monsieur Simonon ! Vous étiez un grand Homme ! C’était le curé de la paroisse qui distribuait le revenu des terrains aux pauvres et malheureux d’Avin. Par la suite, le Bureau de Bienfaisance fut composé de cinq membres nommés par la commune. C’était l’ancêtre du CPAS. Le bureau de bienfaisance se tenait dans l’ancienne école, qui avait remplacé l’ancienne église d’Atrive.

Les deux générations qui ont suivi le comte Jean Joseph Benjamin ont également apporté leur contribution à l’histoire de la Belgique. Le Comte Hippolyte de Looz-Corswarem (1817-1890) fut sénateur et général à la Garde Civique de Liège. Le Comte Georges de Looz-Corswarem (1845-1894) fut pour sa part un archéologue de renom dont la rigueur scientifique et les travaux sont encore reconnus et présentés dans les collections mérovingiennes aux musées royaux du Cinquantenaire, à Bruxelles.

Au 20e siècle, aucune transformation notoire ne fut apportée au château, qui continua à être habité par les descendants du comte Jean Joseph Benjamin de Looz-Corswarem et de Marie Henriette Maréchal. À partir de 1981, il resta inoccupé après le décès de la veuve du comte Robert de Looz-Corswarem. Les outrages du temps transformèrent progressivement le château en une bâtisse sinistre et insalubre, comme le montre la photo ci-dessous datant des années 1990.

Entre 1999 et 2001, le comte Gérald de Looz-Corswarem, petit-fils de Robert, encore célibataire à l’époque, eut l’idée un peu folle d’entreprendre sa restauration. Soutenu par son architecte Marc-Antoine Ruzette, il opta pour une solution audacieuse et radicale : la suppression du 2e étage délabré, qui avait été ajouté au 19e siècle. Les tours qui, jadis, présentaient des crénelages virent en 1999 leur toiture prendre la forme de poivrières.

Ces transformations, loin de dénaturer l’ensemble, ont rendu au château d’Avin ses proportions et son caractère du 18e siècle, allégeant l’ensemble du bâti, lui enlevant sa rigueur et son austérité. Aujourd’hui, sa façade ouest, peinte en blanc, est encadrée des deux tours circulaires coiffées d’un toit en poivrière. Le corps du château comporte sur deux niveaux six travées, dont deux sont des portes-fenêtres au rez-de-chaussée. L’une d’elles sert d’entrée principale.

Le château était prêt pour la célébration du mariage du Comte Gérald et de Mademoiselle Hélène de Schoutheede de Tervarent, dès l’été 2001. Il retrouva ainsi sa vocation première, celle de maison familiale, et se transforma progressivement de petit appartement de célibataire en maison d’une famille de quatre enfants.

Les salons remeublés sont à présent mis à disposition pour des mariages et réceptions.

Le parc est entretenu et retrouve la grâce que lui avait conférée son concepteur, l’architecte-paysagiste Louis Fuchs, vers 1845.

Les dépendances, anciennes écuries, grange et bâtiment de service, de style mosan classique, qui sont datées de 1776 comme en attestent les ancres en façade ouest, viennent d’être merveilleusement rénovées, et transformées en gîte tout confort, pouvant accueillir réunions de familles, séminaires et logement de 21 lits répartis sur 7 chambres. Elles sont formées de deux éléments tout en briques et pierres bleues. Accolés en long, ils sont percés de trois arcs en plein cintre qui donnaient autrefois accès aux granges et de deux arcs en anse de paniers. Deux autres ouvertures en anse de panier servaient probablement de garages à voitures.

Le château et ses dépendances représentent un cadre exceptionnel pour l’organisation de mariages, séminaires, anniversaires et autres réceptions.

Le parc contient des arbres plusieurs fois centenaires et a été enrichi de quelques plantations nouvelles. Il comprend également de beaux étangs, où il est possible de pratiquer la pêche avec le club des pêcheurs avinois.