L'ancienne église Saint-Lambert d'Atrive

En 1602, le peintre valenciennois Adrien de Montigny a peint sur commande du duc Charles de Croÿ plus de 2 500 gouaches pour illustrer les fameux Albums de Croÿ. Il s’agissait de cartographier et représenter par des vues cavalières les paysages des villes, villages, forêts, cours d’eau, châteaux et propriétés appartenant à l’époque au duc Charles de Croÿ, ou des provinces où ce duc a exercé une autorité administrative au tournant des 16ème et 17ème siècles. Les arrières plans semblent avoir le plus souvent été faits de mémoire, ou reconstitués et inventés en atelier, en hiver, alors qu’il faisait ses croquis de terrain du printemps à l’automne. Ces arrière-plans, tout comme les premiers plans (souches, arbres, talus de chemins...) ne sont donc pas toujours fidèles. Mais les vues de villages et de châteaux sont considérées comme des documents historiques de grand intérêt, même si les historiens y ont rétrospectivement noté quelques erreurs (dans les orientations par exemple).

Voici une copie de la gouache représentant Atrive et Avin (AVLTRINES ET HAVES). La vue est prise du nord-ouest.

Au premier plan, Avin se déploie le long du ruisseau de la Fontaine Streel, masqué derrière une rangée d’arbres taillés en boule.

La peinture d’Adrien de Montigny montre également Atrive, en arrière-plan, dominé par l’église Saint-Lambert présentant une tour de belle hauteur.

Le nombre de maisons est visiblement plus conséquent à Atrive qu’à Avin. En bas à gauche de l’image se trouve le moulin d’Atrive, alimenté par les eaux du ruisseau de Mohéry. Il était la propriété de Jean Dauvin, l’archidiacre de Namur, et de sa mère.

L’église Saint-Lambert et celle de Ciplet furent d’abord des filiales de celle d’Avennes ; elles furent séparées de l’église mère en 1291 mais par la suite Atrive apparaît unie à Ciplet. Jusqu’en 1560, cette paroisse, dont l’église était à la collation du Chapitre de la Collégiale Saint-Paul de Liège, fit partie du diocèse de Liège. Après cette date, Atrive, séparée de Ciplet, passa au diocèse de Namur.

Cette paroisse n’avait ni le primum ni l’ultimum : le baptême et l’extrême onction étaient du ressort de l’église d’Avennes, au moins jusqu’en 1689.

L’église d’Atrive, très ancienne, était en mauvais état, malgré tous les soins qui lui étaient apportés par ses paroissiens. En 1756, elle fut désaffectée au grand dam des habitants d’Atrive ; les objets du culte et les documents furent transférés à la paroisse d’Avin. En 1763, l’Evêque de Namur interdit toute célébration de culte dans l’église Saint-Lambert. Elle finit par être démolie en 1804. La vente des matériaux de réemploi permit de construire la tour de l’ancienne église Saint-Etienne à Avin, qui accueillit les cloches d’Atrive, non sans difficulté comme relaté plus haut. Il fallut attendre plus d’un siècle pour que les rancoeurs des paroissiens d’Atrive s’estompent. Cette situation digne du village de Clochemerle ne prit fin qu’avec la construction de la nouvelle église d’Avin, plus proche du centre et de la place du village, au début du 20e siècle.

La carte de Ferraris montre clairement l’emplacement de l’église aux alentours de 1777. Elle se situait près du coin des rues actuelles du Mohéry et d’Atrive.

En 1829, la première école communale d’Avin a été construite sur le terrain proche de l’ancienne église Saint-Lambert. Le bâtiment a aussi servi de première maison communale. Depuis, il a été transformé et magnifiquement restauré par son nouveau propriétaire. L’église se trouvait à l’emplacement du jardin actuel.