Histoire

Le village est formé de trois hameaux : Avin, Mohéry et Atrive.

Le nom d’Avin semble être d’origine celtique et signifierait « eau blanche » (le préfixe alb-, devenu alv-, puis av- signifie blanc ; le suffixe -ento signifie eau). L’écriture a peu changé au cours des siècles : on trouvait Avent au 11e siècle, puis Aviens dans une charte du 13e, puis Avin le plus souvent. (Avain a été utilisé au 17e siècle).

Le nom de Mohéry signifie « le ruisseau du marécage », comme l’indique le mot néerlandais mosch signifiant terre humide et le suffixe wallon ry signifiant ruisseau. Son écriture a varié au cours du temps : on trouve Mochery, Moxhery, Mohiry, Mohéry.

Enfin, Atrive était désigné par Alta Ripa dans une charte du 13e siècle, ce qui signifie « hautes rives » en bas latin. Au 14e, on trouve Autrerive, qui devient plus tard Autrive puis Atrive. L’écriture Atry a été utilisée au 17e siècle.

Sous le régime français (1795-1814), les trois hameaux ne formèrent plus qu’une commune qui prit pour nom celui du hameau le moins peuplé mais le plus riche, Avin.

Comme presque partout dans nos campagnes, le territoire d’Avin a révélé des traces d’occupation néolithique - période marquée par le passage d’une économie de prédation (chasse, cueillette) à une économie de production (agriculture, élevage).

Il ne fait aucun doute que la région était occupée bien avant l’arrivée des romains. La grande chaussée romaine reliant Bavai à Tongres passe à moins d’un kilomètre au nord de la commune. Les légions romaines ont certainement traversé une partie du territoire communal, et compte-tenu de la manière dont les villas romaines étaient implantées les unes par rapport aux autres, plusieurs villas ont dû se trouver sur ce territoire. Une légende affirme qu’une pierre gravée d’inscriptions latines, connue sous le nom de « pierre d’Atrive » et provenant d’une de ces villas, aurait été cachée par les curés d’Avin pendant la révolution française. Cette pierre n’aurait jamais été retrouvée… Les recherches n’ont conduit qu’à quelques débris de poteries anciennes, portant des dessins de tête de cheval, de sangliers, d’épées, etc.

Après l’arrivée des Francs, il est probable qu’un certain nombre d’entre eux se soient installés dans la région, mais aucun document ni aucune trace concrète ne confirment leur séjour.

Depuis l’époque mérovingienne, Avin appartenait au Pagus (circonscription territoriale rurale) de Hesbaye.

À la suite du traité de Meerssen de 870, il est notoire qu’il appartenait au comté méridional, qui donna naissance au comté de Moha, dont il existe des traces à partir de 1055. Une charte de 1034 rapporte que le seigneur Lambert d’Alta Ripa céda la chapelle d’Atrive à l’Evêque de Liège, qui en fit don à l’abbaye Saint-Laurent. D’autre part, l’avouerie de Wasseiges, dont les terres appartenaient également à l’abbaye Saint-Laurent de Liège, avait été confiée vers 1035 à Albert II, comte de Namur, mais avec des droits limités. Au cours du temps, à force d’intrigues, les comtes de Namur allèrent s’approprier une partie de l’ancien comté de Moha, dont les territoires d’Avin et Atrive. Par exemple, en 1229, un accord fut conclu entre le comte Henri II de Namur, et le chevalier Guillaume d'Atrive. Ce dernier renonça à ses droits sur l'avouerie d'Andenne et reçut en contrepartie les possessions du comté à Hollogne sur Geer et à Hosdent. Il était clairement un vassal du comte de Namur à cette époque. La seigneurie de Hollogne resta propriété de la famille d'Atrive jusqu'en 1311, date à laquelle Clarembaut II d’Atrive, fils de Guillaume, la perdit à la suite d’une dispute avec le comte de Namur.

La première mention du hameau d’Avin dans les archives paroissiales date de 1020. Il semble qu’il y existait une chapelle Saint-Etienne, qui dépendait de l’église paroissiale d’Ambresinaux. La chapelle Saint-Lambert d’Atrive y est évoquée en 1028 : à cette époque, elle était une filiale de l’église d’Avennes, avec celle de Ciplet. Toutes faisaient partie du diocèse de Liège à cette époque.

En 1163, le comte Henri de Namur, sans descendance, désigna comme héritier son beau-frère Baudouin IV, comte de Hainaut. À la mort de ce dernier en 1171, il désigna son neveu Baudouin V de Hainaut. En 1190, le comté de Namur devint possession du comte de Hainaut et fut érigé en marquisat. En pratique, les marquis et le marquisat de Namur furent encore souvent appelés comtes et comté de Namur, par la suite.

En ces temps du moyen âge, Atrive possédait donc un seigneur. Ce dernier était un des douze pairs du comté de Namur. Les pairs étaient des assesseurs du Souverain dans ses jugements et ils avaient le privilège de n’être jugés eux-mêmes que par leurs égaux, d’où est venu le nom de pair. Une charte de 1184 cite Clérambault Ier de Haute Rive. Avin et Atrive formaient alors un des sept bailliages du comté de Namur, et possédaient une Haute Cour de Justice. Dans la monarchie féodale, l’administration des domaines seigneuriaux était confiée à des baillis, officiers qui étaient représentants de l'autorité du souverain dans le bailliage, et qui étaient chargés de faire appliquer la justice et de contrôler l'administration en son nom. Le seigneur d’Atrive portait le titre de Chevalier. La puissante famille se maintint à la tête de son domaine jusqu’à la fin du 14e siècle. Le dernier seigneur, Clérambault III fut ruiné, si bien que la seigneurie d’Atrive fit retour à son suzerain, le comte de Namur.

Les anciens seigneurs n’ont rien laissé de leurs demeures. Ils ne devaient probablement posséder qu’un donjon, probablement construit en bois, élevé sur une butte située au nord d’Atrive, dans les prairies actuelles de la rive droite de la Mehaigne. La butte est aujourd’hui encore perceptible malgré toutes les transformations apportées au terrain depuis lors.

Quand la seigneurie d’Avin et Atrive fut rentrée au domaine, le comte de Namur en investit Pinkart de Berlo, seigneur de Tongrenelle et de Fresin, probablement à titre viager car, après lui, il n’est plus jamais fait mention du fief.

Au commencement du 15e siècle, la seigneurie était devenue la propriété de Thierry de Fléron ; il la vendit à Colard d’Oultremont vers 1452. Elle resta alors plus d’un siècle dans sa descendance puis passa à la famille de Warisoul, qui l’occupait encore au 17e siècle. La seigneurie fut cédée sous forme d’engagement en 1753 à François-Louis de Lochon, seigneur de Rosignies (dans le Hainaut). Ce fut le dernier seigneur d’Avin et Atrive, puisqu’en 1794 tous les anciens privilèges furent supprimés après l’annexion du pays par la France. À cette date, l’ancien bailliage d’Avin et Atrive fut réuni à l’ancien bailliage de Wasseiges, et ils furent englobés dans le département de l’Ourthe.

Bien avant cela, en 1421, le dernier comte de Namur, Jean III, avait vendu le comté en viager au duc de Bourgogne Philippe le Bon. À sa mort en 1429, le comté devint la propriété du duc, qui le réunit en 1430 aux Pays-Bas bourguignons. En 1556, Charles-Quint légua cet « héritage Bourguignon », à l’occasion de son abdication, à son fils Philippe II, roi d’Espagne. La région fit dorénavant partie des Pays-Bas espagnols. En 1561, Philippe II, à la suite d’une bulle de nomination du pape Pie IV, créa l’Evéché de Namur. À cette date, la paroisse d’Atrive fut séparée de celle de Ciplet et passa au diocèse de Namur. La chapelle d’Avin passa également au diocèse de Namur. En 1612, la chapelle fut détachée de l’église d’Ambresinaux et accèda au rang de paroisse. À cette époque, Jean Dauvin, qui était issu d’une famille noble de Namur et qui était archidiacre et grand vicaire du diocèse, avait sa résidence dans le château d’Avin, voisin de la chapelle. En 1615, il fut sacré 6e évèque de Namur. Il est probable qu’il a dû jouer un rôle important dans la reconnaissance de la paroisse d’Avin.

Le 20 mai 1635 eut lieu la bataille d'Avin : ce fut la première bataille opposant la France et l'Espagne, suite à la déclaration de guerre de 1635. Les français, commandés par les maréchaux de Châtillon et de Brezé, y défirent complètement les espagnols sous les ordres de Thomas de Savoie.

De 1689 à 1694, la guerre de la Ligue d’Augsbourg entre Louis XIV et la Quadruple-Alliance (Provinces-Unies, Saint-Empire, Brande-bourg et Espagne) apporta son lot de désolation. Les troupes françaises campèrent au nord de la Mehaigne en 1693, et fourragèrent toute la région avant la bataille de Neerwinden le 29 juillet 1693. Victorieuses, elles établirent après la bataille un camp de repos entre Boneffe et Moxhe. Elles enlevèrent alors aux pauvres paysans ce qui leur restait de grains et de bestiaux.

Pendant la guerre de succession de l’Espagne, de 1701 à 1714, la région fut occupée longtemps par les armées franco-espagnoles, postées dans les lignes de retranchements qui couvraient le Brabant et le pays de Namur. Les rares terres qui avaient été cultivées furent fourragées, et le peu d’entre elles qui en avaient échappé furent dévastées par les alliés lorsqu’ils traversèrent les lignes. La bataille la plus importante eut lieu près de Ramillies en 1706 ; elle chassa l’armée française et ses alliées hors des Pays-Bas. Comme si cela ne suffisait pas, le climat se refroidit sensiblement au début du 18e siècle : en 1709, la récolte fut insuffisante pour recueillir des semences pour la saison suivante et de nombreux champs restèrent en friche en 1710. La famine régna dans nos campagnes. Des invasions de souris et limaces infestèrent également champs et villages, créant des dégâts considérables.

En 1713, nos régions passèrent de l’obédience des Habsbourg d’Espagne à celle des Habsbourg d’Autriche.

Les deux paroisses d’Avin et d’Atrive coexistèrent pendant près de cent quarante ans, mais l’église d’Avin prit progressivement l’avantage sur celle d’Atrive. Une nouvelle église fut construite à Avin pendant la prêtrise (1740-1772) du curé Pierre Hebran, à l’emplacement de l’ancienne chapelle, à côté du château, grâce à une collecte qui rapporta beaucoup d’argent. Par contre, l’église Saint-Lambert d’Atrive tombait en ruine, malgré les efforts des paroissiens. En 1756, elle fut désaffectée au grand dam des paroissiens d’Atrive ; les objets du culte et les documents furent transférés à la paroisse d’Avin. En 1763, l’Evêque de Namur interdit toute célébration de culte dans l’église d’Atrive. Un procès fut même intenté par les manants d’Atrive contre ceux d’Avin.

Bien qu’il y eût trois fois plus d’habitants à Atrive qu’à Avin, les Avinois l’emportèrent car ils étaient du côté des riches propriétaires qui, par leur influence, firent gagner le procès.

En 1795, les anciens Pays-Bas autrichiens et l’ancienne Principauté de Liège furent annexés par la France, à la suite de la victoire française lors de la bataille de Fleurus. Les titres de noblesse furent supprimés, la dîme fut abolie, un chef-lieu de Justice fut instauré à Avennes, le territoire belge fut divisé en 9 départements. Avin et Atrive furent réunis au bailliage de Wasseiges et englobés dans le département de l’Ourthe, dont la préfecture était Liège. Ils formèrent dorénavant la commune d’Avin. La déclaration des droits et des devoirs de l’Homme et du Citoyen fut exposée en permanence à la nouvelle Justice de Paix d’Avennes. Après le concordat (1801), la paroisse d’Avin réintégra le diocèse de Liège.

Vingt ans après l’interdiction de leur église, les habitants d’Atrive refusèrent de donner leurs cloches à Avin : pendant une nuit, quelques hommes entreprirent de les descendre de la tour et de les cacher dans la maison d’un particulier ; puis faisant

confiance à la nouvelle autorité républicaine, et sûrs de leurs droits, ils adressèrent une supplique au sous-préfet de Huy. En 1804, ce dernier arriva à la conclusion que les pétitionnaires n’avaient pas le droit de revendiquer la propriété des cloches car elles faisaient dorénavant partie du mobilier national. Fin 1804, les cloches furent retrouvées et transportées à Avin où elles allèrent résonner en dissonance d’un demi-ton pendant plusieurs dizaines d’années. L’église d’Atrive fut démolie et les matériaux de réemploi furent vendus. Avec cet argent, la fabrique d’église d’Avin fit construire la tour de l’ancienne église Saint-Etienne.

En 1806, les titres de noblesse furent rétablis. À la suite de la bataille de Waterloo en 1815, les Pays-Bas du sud (Belgique) furent unifiés avec les Pays-Bas du nord (Hollande). Le département de l’Ourthe changea son nom en province de Liège, mais les divisions territoriales établies par la France furent conservées. En 1830, la révolution à Bruxelles conduisit à l’indépendance de la Belgique.

La population augmenta considérablement au cours de la première moitié du 19e siècle et de nombreuses maisons en briques furent construites dans les villages, remplaçant les vieilles masures en bois et torchis. La brique industrielle de teinte rouge foncé s’imposa. La pierre fut aussi utilisée lorsqu’elle était disponible sur place. Les toits de chaume furent progressivement remplacés par des tuiles. L’utilisation des engrais introduisit une modification importante dans les paysages car elle permit la suppression de la jachère, qui eut pour conséquence la disparition des troupeaux de moutons. La superficie cultivable augmenta fortement, ce qui autorisa l’accès à la terre d’une quantité de petits exploitants, qui parvinrent ainsi à gagner de quoi vivre. Les conditions de vie restaient précaires, mais une amélioration se dessinait.

En 1907 eut lieu la pose de la première pierre de la nouvelle église Saint-Etienne, sur un terrain mis à sa disposition par Madame Jean-Baptiste de Diest, au milieu du village. Elle fut inaugurée en 1908. On construisit sur le même terrain un nouveau presbytère, une salle paroissiale (« les dix bonniers »), le couvent Clair Lieu et l’école attenante.

Après la démolition de la ferme Streel, au début du 20e siècle, les matériaux servirent à beaucoup de particuliers pour construire des étables, des granges, … Après le départ des fermiers, leur grande propriété fut partagée par les cultivateurs d’Avin désireux d’agrandir leur surface cultivable. Ce morcellement fut le point de départ d’une amélioration des conditions de vie, qui n’allait cesser de s’accroitre qu’à la crise des années 1930.