Suriname

Voyage :

En premier, plusieurs jours avant, tu dois aller au consulat du Suriname acheter ton droit d’entrée (ils appellent cela « visa »).

Départ à 5 h 30 du matin. Trois heures pour arriver à Saint Laurent.

Passage à la douane française pour faire tamponner le passeport. C’est fou : je suis Français et je dois demander l’autorisation de quitter mon territoire ! Mais si tu n’as pas cette autorisation, tu est refoulé au Suriname.

Notre piroguier est au rendez-vous dans un coin où nous laissons les voitures. Traversée du fleuve sans problème. Une heure trente de queue au soleil pour passer la douane et te faire engueuler en néerlandais car tu t’es trompé d’une date sur la fiche de police. Enfin on passe.

On retrouve nos deux taxis que nous avions réservés (nous sommes dix) ; sinon, tu attends qu’un taxi soit plein pour qu’il parte. On s’entasse donc à dix plus les chauffeurs dans deux voitures dont on verra vite qu’elles n’ont plus d’amortisseurs. On démarre sur une route toute neuve, magnifique, en roulant à gauche, à droite aussi et parfois au milieu. En roulant, tu te dis « c’est super, cet été, je monte ainsi jusqu’au Mexique ». Déviation pour travaux : trente bornes de piste remplie de trous pas possible plein de flotte. On retrouve la belle route mais au bout de quelques kilomètres, c’est terminé : on roule sur des vieux reste de goudrons par ci par la et les chauffeurs se mettent à faire la course. Des trous partout. Tu oublie tes idées pour le Mexique !

On a eu du mal à sortir des voitures et à se déplier le dos à la pause.

Casse croûte et passage dans un bureau de change pour obtenir des SRD (Suriname République Dollars). Même avec une carte gold, tu n’es rien ici sans SRD. Tu te retrouve avec une liasse de vieux billets tellement énorme que ça ne rentre pas dans le portefeuille. D’habitude, je mets mon argent dans une cache dans ma ceinture mais la ! On arrive enfin aux bout de trois à quatre heures à Paramaribo, la capitale. Là, on roule tout le temps à gauche. Huit jours après, au retour, c’est pareil sauf que je chauffeur s’arrête en route pour récupérer une roue qu’il avait faite réparer. On avait démarré le trajet avec la roue de secours tellement usée que l’on voit les ferrailles. Quand il met la nouvelle roue, je lui fais remarquer qu’elle est sous gonflée. Ils ont bien un compresseur mais pas de manomètre dans ce garage. Incha'Allah comme on ne dit pas ici.

L’hôtel est une merveille de luxe mais le luxe des années trente qui n’a pas été restauré depuis des lustres. Enfin, il ne faut pas se plaindre : une demi-pension avec une grande chambre climatisée avec salle de bain et sanitaire, des draps propres et un lit en 70 cm pour 15 € par jour (à 3 par chambre). Au lavabo, le robinet d’eau froide est coincé. C’est sympa de se laver à l’eau brûlante. A la baignoire, pas possible de se doucher sans en foutre partout. Je ne te dis pas l’état du sol après la troisième douche ! Le déjeuner : de l’eau chaude et une poudre qu’ils appellent café ; de l’au froide et une poudre qu’ils appellent jus de fruits. C’est la galère pour avoir des serviettes : ils n’en ont pas assez et les lavent au fur et à mesure. L’hôtel est en face du marché principal et des « souks » avec, en permanence, une foule considérable.

Ballade en ville, restau local, soirée sympa et on est tous bien crevés. Quelques belles maisons qui avec un peu d’imagination, sont de style Hollandais.

Dans le quartier, beaucoup de magasins sont grillagés à l’intérieur.

Shopping:

Dans notre groupe, une des nanas est coatch comportementale dans la vraie vie. Elle m’offre une journée de coatching et relouking particulier.

En premier, le coiffeur : une boite pas possible où tout se fait au rasoir. On enlève la barbe : d’abord dégrossissage à la tondeuse puis finition à la lame de rasoir à sec, sans savon. A la fin, il nettoie mon visage avec du coton imbibé d’alcool ; je te dis pas !!! Cela vaut le piment d’ici.

Ensuite, les vêtements. Il en faut pour la vie courante plus un jeu pour sortir le soir. Et c’est parti pour le tour des magasins de 10 h 30 à 16 h 30. Jamais Marie Rose n’avait réussi à me faire rentrer dans autant de magasins et essayer autant de trucs. Ici, une chemise ne dépasse pas 12 ou 15 € et tu as le grand luxe (d’ici) à moins de 25 €. Fin d’après midi : ouf ! Mais je ne pourrai jamais mettre tout cela dans ma valise.

Bouffe :

Plus de choix qu’en Guyane. Les Chinois n’ont pas le monopole, loin de la : des Créole, des Javanais, des Indiens, … Surtout, demande « sans épice » car même avec cette précaution, tu t’arrache un peu la gueule. Quand on te place une petit coupe d’épice sur la table, n’y goûte surtout pas, même avec le bout du doigt. Je l’ai fait et me suis brûlé l’œil ensuite en le frottant avec le doigt en question.

Dans les buis buis, tu mange pour 3 ou 4 €. Dans des restaurants plus chics tu as un plat copieux et 2 bière pour 6 à 8 €.

Ici, quand tu commande une bière, la normale fait un litre. Quand tu demande « small » c’est un demi litre. Ne cherche pas de 25 cl. Entre 1 et 2 € pièce. Enfin, c’était la Hollande jusqu’en 1977.

Politique :

Difficile de parler politique ici. Il y a bien des élections tous les cinq ans mais c’est toujours le même président depuis 5 ou 6 mandats.

De toute façon, c’est tellement fliqué que tu fais attention à ton comportement. Nos policiers « caw boys » de la BAC de chez nous seraient des petits garçons ici.

Religions :

Un peu de tout mais cela a l’air de bien cohabiter. C’est pas mal de voir que la mosquée et la synagogue ont une clôture commune.

Marché :

Visite du grand marché. On retrouve les mêmes éléments, odeurs, bruits, couleurs, … que dans les soucs Marocains, Turqs ou Asiatiques mais c’est toujours aussi génial, surtout les odeurs quand tu passes de zones en zones (légumes et épices, viandes et gibiers, poissons (pas de glace ici), fleurs, animaux). Tu trouve vraiment de tout.

Casinos :

Paramaribo est le Las Végas du coin : des casinos partout, dans tous les hôtels. Des centaines de machine à sous, de roulette, de 21, … Et tout est à volonté. Je n’y croyais pas.

Premier essai dans notre hôtel : Je rentre : problème : mon appareil photo interdit. OK. J’y retourne, regarde, vais au bar et on me sert. Je recommence, on me sert encore. Je discute avec une hotesse : « here, you play, you drink, you het ».

Je vais dans un plus chic et m’installe à la roulette : je mise 10 SRD (2,2. €). On me sert une bière. Je joue petit, je gagne, je perds (toujours sur mes 10 SRD). Mon compteur monte jusqu’à 30 SRD puis je perds à nouveau. Et dès que tu lève la main, on te sert ce que tu veux : Bières, alcools, cocktails et même à manger (poulet, riz, bœuf, …). Comme je joue petit, ni perte, ni gain. Au bout de 1 h 30, mon crédit est de 9.85 SRD et 4 bières consommées (soit 0.05 SRD (0.01 €) par bière).

Mon voisin de table joue plus risqué, ne consomme rien et en est à 190 SRD de perte. Au bout de 2 heures, mon compteur est revenu à 10 SRD. J’appuis sur le bouton « collect » et la machine me rend ma mise. 5 bières et une charmante chanteuse gratis.

Dans un autre casino encore plus chic, il n’y a même pas besoin de jouer pour consommer. Il suffit de regarder une table de roulette. Pas possible de faire des photos ; dommage.

Bon, là, j’arrête d’écrire mon brouillon car je sens plusieurs regards sur moi.

Je reprends mon brouillon mais en dehors du casino : J’avais un mec en costume scotché à un mètre cinquante qui ne me quittait pas des yeux et avais donc rangé mon petit carnet. Je me déplace et il me suit à la semelle. Je lui demande alors de me procurer un dépliant du casino pour scanner une photo et, comme on se comprend mal, je sors mon appareil de ma poche pour lui faire comprendre mon envie. OH la la, un autre vigile, une nana de l’accueil et un responsable autour de moi. Je suis poliment mais fermement accompagné à la sortie.

Le lendemain tout le groupe a voulu essayer et l’un a doublé sa mise mais n’est rentré qu’au petit jour.

Pétards :

En Guyane, le préfet a interdit l’utilisation et l’importation des pétards utilisés au Suriname. Maintenant, je sais pourquoi. Même si je n’ai jamais vécu de situation de guerre, par moment ici on s’y croit. Des chapelets de centaines de pétards énormes, un bruit qui dépasse les plus puissants hauts parleurs, des flammes de presque deux mètres et une fumée qui assombrie l’environnement. Et cela un peu partout depuis Noël avec recrudescence les 30 et 31 décembre.

Trois types de pétards ici :

    • Les fusées de feu d’artifice.

    • Les pétards rouges qui font « BOUM » (5 à 10 cm de long et 2 à 4 cm de diamètre). Pour ces pétards, c’est surtout dans la rue mais aussi sur les étals des marchés. C’était marrant : après plusieurs tirs au marché aux poissons, ces derniers étaient tout rouge des résidus des papiers constituants les pétards.

    • Les pétards qui se fument. Pour cette catégorie j’ai vu un dealer, aux vus de tout le mondes, sortir une balance pour peser ses doses aux clients.

Musique :

Base de tout ici, une vraie folie. Où que tu sois, tu en prends plein les oreilles. Assez pénalisant à force pour un sourd car dans la rue, au bistrot, au restau, … j’ai beaucoup de mal à communiquer avec mes camarades. Mais ils sont sympas et font des efforts avec moi.

Par endroits, des murs de dizaines de baffles avec le son au maxi. Au milieu du marché aux poissons, j’ai compté un mur de 18 baffles d’environ un demi mètre cube chacun. Là, je suis passé un peu loin.

Durant les fêtes 2 immenses remorques à deux étages (orchestre en bas et danseurs en haut), des murs de hauts parleurs autour, se déplacent dans la ville. C’est totalement fou. Même les vitres des magasins vibrent. Une foule énorme autour et des bouchons de voiture monstrueux dans le quartier. On va plus vite à pieds qu’en taxi (ces dames mettant des talons hauts, nous utilisons les taxis).

Dauphins :

A l’embouchure du fleuve Suriname, une race de dauphins s’est installé, reproduit, … et vit donc là, nourrie entre autre par les pécheurs qui y trient leurs poissons en revenant du large. On embarque dans une pirogue et c’est magnifique. Des dauphins viennent faire des sauts autour de toi.

Réveillon :

Foule énorme dans les rues. Bières et rhum dans toutes les mains. Toutes les femmes en mini, plus que mini et talons hauts, très hauts. Il y a des « plastiques » magnifiques mais ici personne ne cache sont corps. Quelque soit la corpulence, c’est tenues collantes de rigueur (moi aussi malgré ma petite bedaine après les achats avec ma coatch).

On va dans un restau « chic » en dehors du centre. Super repas mais avec un service déplorable. Bien que nous ayons réservé, on est arrivé à leur heure de fermeture (vers 21 h 30) et ils ne semblaient pas contents. Ici, comme en Guyane, les gens mangent très tôt.

On va ensuite dans un hôtel des plus réputés, autour de la piscine. Très bonne musique. Dès que cela ressemble à du rock, j’invite une de ces dames (elles sont six dans notre groupe). Sportif comme je suis, un bon coup de transpiration !

Quelqu’un me dit que je danse très bien la salsa (et c’est un Guyanais en plus). Ah bon ! Je ne suis pas très bon danseur mais ici ils ne dansent pas à deux, donc on me remarque (et on me sent aussi car j’ai écrasé quelques pieds).

Toute la soirée des explosions de pétards et de feux d’artifice partout avec évidemment une recrudescence vers minuit.

Vers deux ou trois heures du matin, tout s’arrête. Les gens sont rentrés chez eux. Le silence et des tonnes de cadavre de repas et surtout de boissons partout. Les rats et les cafards sont ravis (et oui, il y a des rats et des cafards alors que nous sommes au centre ville de la capitale). Le matin, tout est calme, quelques pétards encore par ci par la. Les rues remplies d’immondices et les pigeons à la fête. Et, c’est horrible à dire, les clochards aussi car ils récupèrent les barquettes de bouffe non entièrement consommées et les fonds de bouteille.

Fin :

Bref, comme pour tous les évènements de cette dimension, textes, photos ou films ne peuvent pas décrire tout ce que l’on reçoit lors de ceux ci. Il faut les vivres.

Je viens de me rendre compte que nous n’avons que cinq semaines de cours avant les vacances de février. Il faut que je me dépêche de préparer la prochaine ballade, probablement au Brésil avec des copains.

ELLE N'EST PAS BELLE LA VIE