Bateau stop

BATEAU STOP

Le long du Marony, plus grand fleuve de la Guyane qui sert de frontière avec le Suriname, se trouve les « noirs marrons », descendants des esclaves qui s’étaient enfuie (le marronage) dès leur arrivé et s’étaient installé loin à l’intérieur des terres plutôt, le long du fleuve. Ils ont là reproduis les cultures, langues, … de leur Afrique d’origine.

Aujourd’hui, on trouve 4 villages principaux et plein de petits bourg sur les 300 Km de fleuve.

Seul moyen d’accès : la pirogue (et maintenant l’avion pour Maripassoula et Grand Santi)

En saison des pluies (hautes eaux) les pirogues de frets mettent dans un sens ou dans l’autre, 2 jours. Celles des touristes le double. Beaucoup plus en saison sèche.

Toutes les marchandises transitent donc par le fleuve.

Je n’avais pas trop envie de faire la virée standard des touristes et j’ai donc essayé le bateau stop.

Première étape : Cayenne-Maripassoula en avion (et oui, c’est du stop « bobo »). Un petit coucou de 15 places, assis sur des espèces de chaises en toile utilisées pour le camping.

Sur place, un carbet sympa et correctement équipé (8 €) pour accrocher son hamac.

Tout l’habitat est regroupé coté Français. Sur la rive d’en face (Suriname), les commerces tenus par les Chinois. Des pirogues traversent en permanence. C’est marrant, tu lève la main, une pirogue te fait traverser, t’achète ton paquet de clopes et ta bière et une pirogue te ramène. Et c’est gratuit (financé par les chinois). C’est un trafic permanent car il n’y a aucun commerce coté Français.

Je me promène sur le dégrad (nom donné aux endroits où les pirogues accostent)

Et j’embarque assez rapidement sur une pirogue type taxi collectif. On attend que la pirogue soit pleine pour partir ((20 €). Enorme averse en chemin. Je suis trempé le temps de sortir le poncho du sac. On fait le plein en chemin (chez le Chinois bien sur).

On est sur des sortes de rapides et cela secoue pas mal

Je me retrouve donc au bout d’une à deux heures à Papaïchton. Alors là, autant à Cacao tu es en Asie, autant ici tu es en Afrique. C’est impressionnant. Les seuls bâtiments en dur sont l’école, la mairie et la gendarmerie. Les femmes font la lessive, la vaisselle et la toilette dans le fleuve et se dépoitraillent sans problème (alors que les créoles sont très pudiques).

Pas très facile de communiquer : la langue maternelle est le Boni, ensuite on a le créole et en troisième la langue de l’école pour les plus jeunes (le Français ou le Néerlandais car ici la notion de frontière est très floue. Ils sont Boni en premier). Seul logement possible, un carbet minable et mal entretenu (10 €).

Pas un restau, pas une épicerie. Je fais quelques courses chez le Chinois d’en face.

Pour poursuivre, il n’y a plus rien d’un peu organisé. On me conseille d’aller en face car tout le fret ce fait coté Suriname. Une pirogue chargée de bidon d’essences vide accepte de m’embarquer. On pousse quelques bidons et je me retrouve assis sur un pot de peinture qui sert de caisse à outils.

Et c’est partit pour quatre heures complètement folles. On est dans une zone de rapide remplie de piège, avec de sérieux courants. Cela ressemble à du rafting dans les gaves des Pyrénées (sans les protections bien sur).

Il faut serrer les fesses, surtout quand tu vois des pirogues fracassées dans les récifs.

Un trafic assez invraisemblable. Tout passe par là et les piroguiers sont vraiment très forts (ou morts)

Il me dépose à Grand Santi. En quittant la pirogue, une sangle se détache et voila mon sac qui part avec le courant. Je saute à l’eau en débarque à la nage. Sympa l’arrivé.

Là, bonheur, un carnet municipal bien équipé. Et je suis tout seul (merci les subventions (8 €).

Je peux faire sécher mes affaires (heureusement que le linge propre, les clopes, le briquet et les papiers sont dans des poches étanches indispensables ici).

Ici aussi bien sur le Chinois d’en face et les pirogues. Comme il y a très peu de trafic, il faut appeler en tapant du tambour avec une bûche

Un type du coin m’invite à manger et dormir chez lui mais je comprends vite : il veut que j’aille avec lui en face acheter de la bouffe et surtout de la drogue qui ne vaut rien au Suriname. Je décline car ne tiens pas à me retrouver chez les gendarmes et encore moins chez les flics du Suriname qui ont une sale réputation.

Un gars a monté un ciber café et fait ces affaires en faisant les déclarations chaumage et autres moyennant finance

A 7 h du matin, mon piroguier, sympa, m’embarque à nouveau. Et bien sur toujours assis sur mon pot de peinture.

Petite halte vers midi dans un camp de bâches en plastique. Une bière et on repart.

Au bout de 7 heures, on arrive enfin à Saint Laurent mais mon piroguier ne veut pas me déposer coté Français (trop de douaniers par ici) et donc il me reste à reprendre un bateau taxi pour traverser (4€) car je n’ai pas le droit d’être au Suriname sans visa.

Il ne me reste plus qu’à embarquer dans un taxi collectif qui me ramène le soir à la maison (40 €)

90 € de déplacements et d’hébergements là où les agences en demandent 400, c’est pas mal mais 13 heures assis sur un pot de peinture sans même pouvoir allonger les jambes, c’est un peu dur.

Elle est belle la vie