Blog au fil du temps

28 Aout - 12 h 30 de voyage dont 10 heures d'avion :

Pas de photo mais la première classe est vraiment confortable. On vous bichonne, tout est gratuit (façon de parler vu le prix du billet), le siège se transforme en un lit de 2 mètres de long, ... J'ai fais une énorme sieste dans les mêmes conditions que dans mon lit.

28 Aout - On arrive :

Cela monte comme à Couhitte. Heureusement, pas de verglas ici.

C'est petit mais sympa :

Mais alors, quel paysage !!!

29 Aout - Découverte de ma plage "privé" :

Il n'y a pratiquement personne

Suivant les marées, il y a entre 125 et 135 pas entre ma porte et la flotte

Les différentes marées de ma plage :

En réalité, il y en a pour tous le monde car on trouve ces plages sur des dizaines de kilomètres :

Un bémol : Entre la route et les plages, il y a une bande de foret et les usagers ont tracé petit à petit des petits sentiers. Beaucoup de jeunes s'y retrouvent et , un peu comme en Espagne il y a quelques décennies, ils laissent tout par terre. Mon premier achat chez un chinois fut donc des sandales en plastique (5 €).

30 Aout - Prise de contact :

C'est terrible ici :

Ce matin, travail à Cacao (rencontre, visite, ...)

Rencontre avec mes religieuses-logeuses.

Repas en tête à tête avec le super patron (c'est le patron de mon patron) que j'avais invité.

Ouf, la journée (c'est à dire le repas) est finie vers 15 h.

Ballade à Cayenne

Bain de mer sur ma plage "privée". J'ai compté 125 pas entre ma porte et la plage.

Problème : l'eau est trop tiède et je suis obligé de prendre une douche fraiche ensuite.

Lundi 03 septembre - la prérentrée :

On se retrouve tous (12 prof, 1 secrétaire, 1 pion et le directeur) autour d'une table à 9 h

On commence par la lecture d'un texte évangélique

Puis les nouvelles de base. Sympa : pas de grand discours.

Puis distribution des emplois du temps : comme partout, cela tousse. Comme partout : c'est la faute au logiciel qui est trop compliqué.

Puis question : soit on continue cette après midi, soit on revient demain (malin le directeur, sauf que l'après midi il en manquait déjà un tier)

Puis, vers 10 h, jus de fruit, café, croissant.

10 h 30 : on se retrouve avec les collègues du primaire sous le carbé (voir photo)

2 religieuses arrivent et on commence par un chant religieux.

Puis lecture d'une évangile (la femme adultère) suivit d'un débat sur la triche, le pardon et la punition. Moi je sort mon principe : "quand j'attrape un élève en train de tricher, je lui dis : je ne te punie pas parce que tu as triché mais parce que tu à mal triché puisque je t'es surpris".

Puis lecture d'une autre évangile sur la grappe de raisin suivit d'une discussion : l’évêque, c'est les racines ; les prof, c'est les sarments et les élèves sont les grains, ...

Ensuite, un long discours de la mère religieuse qui nous explique que nous devons amener Jésus dans les classes, ne pas chercher à commenter l'évangile mais apporter l’évangile comme une vérité pure et indiscutable.

Et on a terminé par un "je vous salut Marie, ..."

12 h : Pas de repas prévu. Tout le monde part dans sa chacumière.

Heureusement, un groupe de prof qui ne réside pas à Cacao mais à Cayenne comme moi m'invite à les accompagner au restau (le seul que l'on puisse appeler restaurant la bas). C'était très sympa et on a tout de suite organisé des covoiturages (on est trois dans le même quartier).

Bémol : les autres prof sont très sympa et m'ont très bien accueilli mais ils ont leurs petites habitudes comme partout.

15 h : terminé, la journée est finie. Retour à la maison, 20 minutes dans l'océan, une bonne bière, ... Le bonheur.

Voila, je redémarre jeudi après midi ; j'ai un peu de temps pour me remettre.

Jeudi 06 septembre - la rentrée :

Et voila, c'est parti. J'apprends plein de choses petit à petit.

Jour de la rentrée : le directeur fait son petit discours et surtout le rappel du règlement : Point phare : la tenue : tee shirt bleu pour tout le monde et djinn (bermudas interdits) pour les garçons et jupe "EN DESSOUS DES GENOUX" pour les filles. "LE TEE SHIRT DOIT ÊTRE DANS LE PANTALON OU LA JUPE". Un gamin se fait gronder car il avait le tee shirt en dehors. Un autre se fait retirer sa ceinture car la boucle est trop ostentatoire. J'étais derrière les élèves et repère un petit 6 ème complètement pommé. Grave : il n'avait pas compris pour le tee shirt. je le prend à part et l'aide à s’habiller correctement. Il évite l'engueulade.

Puis discours de la religieuse : "il faut travailler, ...". En terme d'efficacité !!!

Il y a une centaine de Hmong et une soixantaine "d'autres" (surtout desCréoles ) qui viennent de Cayenne et des alentours dans des bus du Conseil Général. J'ai compris que certaine familles envoyaient ici des enfants difficiles dont personne ne veut. (voir Bétharram chez nous il y a quelques décennies).

Je vais prendre ma première classe mais, ici, je suis le seul débutant (à 56 ans !) et pour mes collègues le fonctionnement est tellement normal que personne n'a pensé à me l'expliquer. J'arrive devant la classe. Tous les élèves sont en rang par deux le long du mur. j'ouvre la porte et rentre en disant "on y va". je commence à ouvrir ma sacoche, je lève les yeux : personne !!! je n'avais pas dit "entrez". Je dis donc "entrez" et ils rentrent. Je dessine une carte de France au tableau pour leur montrer d'où je viens. Je me retourne : ils sont tous debout à coté de leur siège. je n'avais pas dit "assoyez vous" !!!. Je dis donc "assoyez vous". A la fin du cours, je leur dis "bon, et bien à la semaine prochaine". je range mes affaires et les retrouve, encore en rang par deux, dans la classe, devant la porte. Il faut que je dise "allez y". Et cela pour tous les cours. En plus, semaine de rentrée oblige, plusieurs collègues ou administratifs durent rentrer dans ma salle et moi même dans celles de collègues. A chaque fois, toute la classe est debout en 2 seconde. Cela fait un tel bruit de chaises que je sursaute à chaque fois. Au moins, je suis prévenu que quelqu'un rentre dans ma salle. C'est pas mal pour les sourds. J'aurais du mettre cela en place à Beau Frêne.

Problème de sourd : les Hmong sont très timides et parlent très doucement. je suis obligé de me rapprocher très près pour comprendre ce qu'ils veulent dire.

Second problème de sourd : ayant la seule classe climatisée (à cause des ordinateurs, pas pour mes beau yeux), je ferme la porte mais du coup, je n'entends pas la sonnerie. Comme ils n'osent rien dire, j'ai déjà fait 3 cours à rallonge de 5 ou 10 minutes. Seul les troisièmes m'ont fait une remarque mais le gamin avait avancé sa montre.

Autre truc amusant : En sixième, deux jeunes filles, plutôt que de lever le bras lorsqu'elles ont besoin de moi, m'attrapent le tissu de la jambe de mon pantalon et tirent. La semaine prochaine, je leur expliquerai la démarche conventionnelle.

C'est marrant, par moment j'ai le sentiment d'être un "grand père".

Rien à voir : Vendredi soir, je rentre : ma femme de ménage est passé par la : tout est clin, elle a même changé les draps (je ne sais pas d'où elle les a sorti ni ce qu'elle a fait des miens. Mais il faut que je lui apprenne à ne pas toucher à mes piles (bordélique, mais c'est mon bordel) de documents. Je ne m'y retrouve plus. Elle m'a même rangé (planqué ?) mon stock de clopes (avis aux amateurs : 35 € la cartouche ici).

Bon, je vais faire une petite sieste car à 17 h, je suis invité par un créole du coin pour une sortie de pèche à la palangre (en barque) devant ma "plage privé" et ce soir, mon voisin m'amène dans un restau créole.

9 Septembre - Partie de pêche :

Debout à 6 h 30. 2 Brésiliens du coin m'embarquent dans leur barque pour aller parcourir les filets.

Il vaut mieux savoir nager car la barque prend l'eau de partout.

Mon boulot : écoper et avec de vielles tenailles rouillées, découper les dards urticants des poissons chat.

Ils veulent m'en donner un mais comment faire avec un poisson de cinquante centimètres et un micro-onde ?

15 septembre - Histoire de bagages :

Lorsque j’avais amené ma voiture bien remplie au port de Rouen, début août, le commanditaire m’avait dit qu’elle arriverait à Cayenne le 28 et qu’il fallait deux ou trois jours pour le dédouanement.

Mardi 28 août, j’appelle le commanditaire : Le bateau a été dérouté à cause de la tempête en Floride et arrivera le vendredi 31.

Vendredi 31, j’appelle à nouveau : Le bateau est arrivé mais là, c’est le week end.

Mardi 4 septembre : j’appelle encore : ha, je ne sais pas moi, la personne qui s’en occupe est en ligne, donnez-moi votre numéro et elle vous rappelle tous de suite.

Et cela cinq ou six fois dans la journée.

Mercredi 5 septembre : identique à la veille. Vers 12 h, une personne me dit que de toute façon, je n’aurais pas ma voiture ce jour là.

(Nota : A chaque appel, ils me demandaient mon numéro mais ne m’ont jamais rappelé)

Lundi 10 septembre : ILS M’APPELLENT à 8 h ; pour me dire qu’il faut payer ! Je vais pour payer : Non, pas de carte bleue ! Non, pas de chèque de métropole ! Je propose un chèque de banque ou du liquide : OK. Je vais donc à l’agence de ma banque : ON NE DONNE NI LIQUIDE, NI CHEQUE DE BANQUE A DES METRO (et c’est MA BANQUE !!!). Retour vers le commanditaire pour leur demander un RIB, puis chez moi pour faire un virement chez eux (saint Internet, priez pour nous !!!). J’imprime le récépissé du virement, et à nouveau case commanditaire : ON VERRA QUAND LE VIREMENT SERA EFFECTIF !!! (La, cela devient très dur. Zen Pierre, Zen !). Et une journée foutue !

Mercredi 12 septembre : Après plusieurs coup de fil (de moi, pas d’eux), c’est bon vers midi.

On part l’après midi au port avec ma guide. Aucun panneau, aucune signalisation de l’entreprise. A nouveau téléphone, et on finit par aboutir dans un vieux hangar crasseux. Ma voiture est simplement garée au bord de la route d’accès (depuis plusieurs jours) bonjour le gardiennage promis (et facturé). Apparemment, il y a tout dedans, pas d’humidité (certains collègues ont du tout jeter lorsque le conteneur n’était pas étanche) quelque toile d’araignées et une bonne odeur de renfermé. Je suis sur que Marie Rose aurait tout envoyé à la laverie. Ha, il manque les enjoliveurs. Je fais la remarque au gars de l’entrepôt (il est seul) : Ah, oui, ils sont dans un coin ! Et il va les chercher. Je lui dis que puisqu’il a su les enlever, il saura bien les remettre et remet devant lui le pourboire que j’avais dans la main, dans ma poche.

Je lui demande les papiers de dédouanement et la carte grise : Il faut aller les chercher au bureau de Cayenne. C’est où ? Dans le quartier de la rocade. Résultat, deux heures de recherche et deux coups de fil de mieux.

Et voila : 15 jours de location de voiture (400 €) et j’attends ma facture de téléphone.

En parallèle : je passe au commissariat de la police municipale : personne. Je vais à celui de la police nationale. Une fliquette qui faisait plus la sieste qu’autre chose (ici, il est déconseillé de chercher à voir un fonctionnaire avant 16 heures et ils ferment presque tous à 17 heures). Je lui demande le délai dont je dispose pour faire le changement de carte grise : Réponse (je vous le jure) : UNE SEMAINE. Bon, chez les flics, même s’ils sont plus que con, il vaut mieux se taire.

Je pose la même question plus tard chez le commanditaire : elle lit le papier de dédouanement et me répond UN AN. Sur ce papier, 1 an correspond au délai d’incessibilité. Sur ce même papier, il y a écrit en tout petit 4 mois mais c’est rayé d’un coup de trait.

Petit bonus : vendredi 14, j’apprends que la trésorerie du rectorat à refusé mon dossier (pour la paye) car les deux RIB n’étaient pas des originaux mais des copies. Ils ont mon dossier depuis juin dernier !!! Bref, pas de salaire en septembre. On verra pour octobre.

Programme de cette après midi : Petite sieste, baignade, petite bière sur la plage. Puis on a repéré un restau qui a l’air sympa sur une autre plage. On va aller l’essayer.

ELLE N'EST PAS BELLE LA VIE ?

17 septembre : Histoire de Bouffe :

Petites expériences formatrices :

On a un petit chat tout maigre qui se ballade dans la cours. L'autre jour, je lui pose devant ma porte une assiette avec les restes de mon repas. Une heure après, mon entrée envahie de centaines de fourmis qui boulottaient tous cela.

Moralité : Déchets organiques tu ne laisseras, poubelle tu fermeras (et changeras souvent), vaisselle, tu feras tout de suite, ...

Avant hier, un peu à la bourre en rentrant, j’achète un sandwich chez un chinois (pas de jambon beurre ici, le mien était au bœuf au caramel et oignon). J'en mange les deux tiers, ferme le reste dans la pochette en papier, le pose sur le poste de travail et part pour ma baignade bi quotidienne. Au retour, des centaines de fourmis plein la cuisine en train de manger mon reste. Je sais bien que ce sont d'excellentes protéines et que les légionnaires s'en régalent mais je ne suis pas légionnaire.

Moralité : Aliments au frigo tu métras ou, si c'est chaud, tupperware tu achèteras chez le chinois.

Quand aux commissions, si tu n'es pas certain de revenir chez toi en moins de dix minutes et que tu ne veux pas nettoyer ton sac et les sièges de ta voiture :

Beurre, tu évitera.

Biscuits contenant du chocolat, tu fuira comme la peste.

Mayonnaise, tu attendra un séjour en métropole pour en déguster.

21/22 septembre - Bain de nuit : Malheur et bonheur

Malheur :

Depuis quatre jours, je suis victime d’une escroquerie au chèques. Je ne sais qui, je ne sais comment, mais en trois jours et trois chèques, ils m’ont ponctionné de 1150 €. Je viens de recevoir la copie du premier chèque et c’est un faux grossier (issu de Guyane).

J’ai donc préparé un dossier pour la police (mon banquier ne m’aide guère) pour deux plaintes : l’une contre X pour l’escroc et l’autre contre le type de la banque qui a favorisé cela.

Bon, c’est une heure (du matin) et je n’ai vraiment pas envie de me coucher.

Bonheur :

Il est toujours une heure du matin, la mer est belle, j’y vais : c’est terrible !! Tu te retrouve à poil dans l’océan, dans un noir d’encre. Tu vois seulement les éclats des vagues et quelques lumières qui t’indiquent la direction de la cote. Tu fais la planche et tu as des milliers d’étoiles sous les yeux.

Quelques difficultés pour retrouver ma serviette dans le noir. Une bonne clope et, impossible d’y résister, j’y retourne.

C’est dingue : je ne croix ni au paradis, ni à l’enfer mais ce soir j’ai rencontré un tout petit bout d’enfer (la banque et les faux chèques) et un énorme morceau de paradis : Faire la planche à poil dans l’océan tout noir en regardant les étoiles. Il n’y aurait pas eu les vaguelettes qui te remplissent les trous du nez d’eau salée, je m’y serait endormi.

Pourquoi ais je attendu d’avoir 56 ans pour venir ici ?

22 septembre - cuisine locale :

Repas « gibier » hier soir. On avait le choix entre l’Agouti, le Pakira, le Pac et le Tatou. C’était très bon (et la, je suis sérieux, je ne blague pas).

Mais ils sont marrants : Proposer du kangourou dans la rubrique « cuisine traditionnelle française », il faut oser.

26 septembre - Histoire de contrôle :

Jeudi et vendredi dernier, j’organise un petit contrôle écrit (3 questions) aux 5ème, 4ème et 3ème. Ils râlent un peu. Il faut bien 10 minutes pour que tout le monde s’y mette.

J’écris les questions au tableau : « Il faut écrire tout ça ? » « Oui, et même les réponses ! »

Je récupère les copies et les feuillette. Où la la. Certaines sont totalement illisibles, d’autres incompréhensibles, … La, il me faut de l’aide. Je discute avec des collègues qui me disent qu’ici, pour certains, le Français est la langue « de l’école ». Chez eux, ils utilisent leur langue maternelle (différentes langues pour les descendants d’esclaves, Hmong pour les gens de Cacao, Portugais pour les Brésiliens et Français pour quelques « métros »). Pour la plupart, ce sont des langues qui n’ont pas d’écrit (et donc pas de lecture non plus). Ils sont par exemple très doués pour la musique ou les langues étrangères à l’oral.

Bref, je prépare mes critères pour corriger (120 copies, même si elle ne dépasse pas une page, il me faut de la méthode)

Avec mes anciens critères de métropole, peu auraient dépassés 4/20 alors qu’il y a régulièrement 100 % de reçus au brevet ici. Mais une collègue m’a glissé à l’oreille que le brevet guyanais n’était pas le même que celui de métropole.

    • Je supprime la présentation.

    • Je supprime l’orthographe et la grammaire.

    • Je supprime les approximations.

    • Je conserve le concept de « hors sujet », il ne faut pas exagérer !

    • Je cherche si le « concept » demandé est présent quel qu’en soit la formulation.

Bref, j’arrive à une moyenne par classe entre 11 et 12.

Ce mardi, je rends les copies. Pas trop de commentaires. Je leur demande d’écrire le corrigé au dos de la copie. Où la la ! Au moins dix minutes avant que tous s’y mettent : « Et pourquoi j’écrirai le corrigé puisque j’ai eu 13 ? » « Parce que j’ai été très généreux et qu’il te manque 7 points ! »

Je marche dans les rangs pour vérifier et vois une élève qui écrit en idéogrammes. Je la questionne : « je vous ais demandé de copier le corrigé, pas de faire des dessins » « mais c’est ce que je fais, mais en Chinois ». Zen Pierre, Zen ! Je lui explique que j’aurai énormément de mal à l’aider dans ce cas.

Ensuite, règlement, règlement : Je fais marquer la note dans le carnet de liaison pour les parents. Je repère quelques loustics qui l’écrivent au crayon. Il faudra ensuite que je vérifie que les parents ont bien signé la copie.

Bon, il est 23 h 20, c’est marée basse, pas de lune, plein d’étoiles : je pars faire dix minutes de planche dans l’océan pour me rafraîchir avant de me coucher.

3 octobre - Histoire de rectorat :

Je suis rémunéré par l’état mais mon employeur est le rectorat de mon Académie.

Fin septembre : pas de salaire du rectorat de Cayenne mais un virement équivalent à mon ancien salaire du rectorat de Bordeaux. Et merde, encore une erreur. Coup de fil : mais non, c’est normal, c’est toujours comme cela, le rectorat d’origine paye les premiers salaires.

J’aimerai voir la tête d’un employeur qui doit payer les premiers salaires des employés qui passent à la concurrence !

J’en profite pour discuter de la constitution de mon dossier de demande de prime. Ils me demandent un justificatif de non perception de celle-ci. Je leur demande comment je pourrais justifier « ne pas avoir reçu », depuis 33 ans, cette prime. Personne ne sait. « Faites un certificat sur l’honneur ». OK.

Ils me demandent ensuite mon procès verbal d’installation dans mon précédent poste : -mais c’était en 1979 ! Comment voulez vous que je retrouve un tel papier ? – Débrouillez vous, il nous faut une copie.

J’appelle mon précédent lycée (ICBF), ils appellent le rectorat de Bordeaux qui leur répond avoir tout envoyé en Guyane et que M Nancy n’existe plus à bordeaux. Sympa mais bon !

Je rappelle donc à Cayenne pour leur dire qu’ils avaient donc ce document dans mon dossier envoyé depuis bordeaux. Réponse : mais il va nous falloir au moins quinze jour pour le retrouver, envoyez nous un double.

On en est là

8 octobre - Mon premier toubib

Je dois continuer mon traitement de désensibilisation aux guêpes. Un seul (une d’ailleurs) allergologue à Cayenne. Au téléphone, elle me conseille l’hôpital car elle est plutôt pneumologue. A l’hôpital, 4 mois de délai ! Donc rendez vous avec mon allergologue-pneumologue. J’amène mon dossier et les documents que m’avait préparés le toubib de Pau ainsi que les produits nécessaires pour les piqûres du traitement. Je voyais bien qu’elle n’avait pas l’habitude de ce traitement. Elle me demandait ce qu’il fallait faire …

Puis, bonheur pour elle, elle est tombé sur un fumeur. Avez-vous fait le test de l’effort ? – Non – Avez-vous fait le test de spyrométrie ? – Non –Avez-vous fait une radio des poumons ? – Il y a deux ans mais c’était pour des cotes cassées. – Avez-vous fait des mesures de cholestérol ? – Surtout pas, avec mon toubib de métropole, il serait capable de m’empêcher de manger. – Avez-vous fait le test de la prostate ? – Celui là oui et il m’a dit que j’avais une prostate de jeune homme. ETC .

Bref, j’ai droit à mes deux piqûres et je repars avec quatre ordonnances :

    • Renouvellement des produits pour le traitement de désensibilisation.

    • Deux médicaments d’urgence à conserver sur moi (en plus de la seringue d’adrénaline que j’avais déjà) au cas de piqûres de bestioles. Cela va devenir commode pour se balader en pirogue.

    • Une pour faire une radio des poumons.

    • Une pour une prise de sang (pour la résistance aux crevettes locales mais elle a rajouté le cholestérol la garce)

Bonne nouvelle : j’ai perdu 3 Kg

Re bonne nouvelle : ma mutuelle est acceptée à la pharmacie.

ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?

11 octobre - Les moustiques

Les Culicidae forment une famille d'insectes communément appelés moustiques. Classée dans l'ordre des Diptères et le sous-ordre des Nématocères, ils sont caractérisés par des antennes longues et fines à multiples articles, des ailes pourvues d’écailles, et des femelles possédant de longues pièces buccales en forme de trompe rigide de type piqueur-suceur. À ce jour, 3 523 espèces de moustiques sont inventoriées au niveau mondial mais un bien moins grand nombre pique l'homme.

Ici, j’en connais deux espèces : les gros et les petits.

    • Les gros (comme en métropole) ne font aucun bruit mais se voit et se chasse facilement, sauf quand tu dors. Ils provoquent des cloques qu’il suffit de gratter un peu.

    • Les petits sont innombrables et vicieux : ils ont une prédilection pour se planquer : bonjour les chevilles et le dos (je vous dis pas avec ma souplesse !). Mais alors, quand tu as des dizaines et des dizaines de petites piqûres tu comprends l’adage qui dit que le tout et supérieur à la somme des parties prisses isolément.

On a donc les répulsifs mais ceux de métropole ne sont pas efficaces. Ici tout le monde utilise le « OFF ! ». (Une autre technique est de s’imbiber de rhum mais je n’ai pas essayé ; tu vois le message dans un collège ?). Le problème est qu’il tient environ quatre heures : comme on dort à poil et tout ouvert, tu te retrouve avec des boutons pleins les fesses le matin.

Une solution : tout fermer et mettre la clim : c’est pas mon truc.

Heureusement mes collègues avaient pensé à moi et j’utilise leur moustiquaire (merci les copains !!). Ce n'est pas beau mais drôlement efficace.

12 octobre :

Problème de physique

En 6ème, le programme se construit autour du thème des transports. J’ai commencé avec les bateaux et plus précisément les canaux, péniches et écluses. Ce vendredi, contrôle. Une des questions demandait comment on alimentait le bief amont.

Je circule parmi les élèves et lis « en ouvrant les écluses ». je leur dit que l’eau à toujours tendance à descendre et qu’en procédant ainsi ils ne pouvaient que vider les biefs. « mais nom, l’eau va remonter » répondent –t-ils. On discute, impossible de les convaincre. « Si l’eau descend du robinet vers l’évier, c’est parce qu’il y a un truc technologique ! » L’un me dit « viens passer 24 heures chez moi et je te montrerai que l’eau remonte la rivière ». Je leur dis que cela ne peut se faire qu’avec la marée mais on est loin de la cote (70 Km). Impossible de les convaincre. C’est je croix la première fois que je me trouve démuni. Je suis sur le cul. Je vais demander à un collègue habitant ici et effectivement, l’influence de la marée est effective bien en amont de Cacao jusqu’au premier saut. Bref, s’ils sont convaincus que l’eau peut remonter, tout se qu’on a fait est foutu et il va falloir que je reprenne à zéro.

Problème de d’environnement :

Sur ce territoire, les gens jettent tout par terre. Sur la plage et autour, cela ressemble à l’Espagne d’il y a 40 ans : dégueulasse. Le dimanche, des groupes viennent pique niquer sur les plages en groupe. Quand ils partent, c’est vraiment horrible. L’autre jour, je vois un groupe qui met ses déchets dans des poches. Bien, me dis-je. Mais non : ils laissent les poches en partant. C’est la marée qui s’en occupera.

Bon, mes 5ème avaient une activité qui consistait à dessiner un parc afin de mettre en valeur les fonctions d’usage (jouer par exemple) et les objets techniques associés à cette fonction (un toboggan, une balançoire, …). C’est vrai qu’ils aiment bien dessiner : « c’est mieux que d’écrire monsieur » « en plus, on ne fait pas de fautes d’orthographe » (SIC). Des dessins sympathiques avec des allées, un bac à sable, des bancs, des tables de pique nique, … Sur cinq ou six dessins, plein de petits objets répandus par terre. « Que représente ces objets ? – Et bien, les déchets – Quels déchets ? – Et bien des cannettes de bières, des vieux paquets de chips, tout ce que l’on laisse quoi ! – Et cela ne vous gène pas de les laisser par terre alors qu’il y a un container à la sortie du parc ? – Ben non, on a toujours fait comme cela. »

Et dire que mon programme veut que je traite des économies d’énergie, de l’écologie, du respect de l’environnement dans toutes les activités. Que faire lorsque l’on démarre avec des gamins ayant une telle représentation ?????

J’oubliais : « Et si tu laisse tomber des miettes de chips sur le siège de la voiture ? – oùùù, la il vaut mieux pas sinon c’est une baffe !! » SANS COMMENTAIRE.

Être ou ne pas être volontaire :

Dans mon petit collège la présence des élèves est obligatoire de 8 h à 17 h 30 qu’il y ait cours ou pas. Soit 32 heures par semaine. Vu les emplois du temps, il reste 2 ou 3 heures sans cours attitré. Elles s’appellent « aide au devoir »..

L’autre jour, réunion des professeurs pour se répartir cette activité sur les huit classes. Et je me retrouve « volontaire » de fait : je vais « aider aux devoirs » une classe de 6ème. « Mais que faut-il faire ? – Rien, tu les surveilles ».

Notre administration (ici, le rectorat) est tellement C.. que dans un département qui compte 40 % de chômeurs chez les jeunes, on préfère payer des heures supplémentaires au tarif des professeurs agrégés augmentées de la prime de vie chère (40 %) plutôt que les confier à un « pion ». VA COMPRENDRE !!!

13 octobre - Pique nique avec des Hmong :

Samedi, rendez vous prêt de Cacao, sur un site archéologique d’Amérindiens. Chacun apporte ce qu’il veut. Regroupement prêt du village et on embarque tous dans des quatre-quatre sur une piste pas triste.

Un site grandiose (et propre). Un gars du coin se l’ai approprié (en toute illégalité) et y a installé un grand carbet qu’il loue. Il a aussi planté plein d’essences du pays.

Une vue magnifique

Pas d’électricité, pas d’eau mais quelle organisation : ils avaient même amené des jerricans pour remplir une petite piscine pour les gamins.

Et de la bouffe, mais de la bouffe … (et aussi de la bière).

Ce n’est pas comme nos repas de famille avec entrées, plats, fromage et dessert. Ici chacun grignote ce qu’il veut comme il veut, quand il veut.

Certains s’attaquent aux grillades

Le foie gras de Papi est très apprécié. Il y en a ici mais ceux que j’ai goûtés ressemblent plus à du pâté.

Par contre, pour le Jurançon de Tinou, un désastre : ils le trouvent tous très bon. J’en bois ensuite : une horreur : il n’a plus de goût et pétille. Soit ils n’y connaissent rien dans ce domaine, soit ils sont très polis. Serge, si tu lis ce billet n’envoie jamais de vin vers ces régions qu’en avion express car un mois dans un conteneur où la température réelle (à l’hombre) est montée jusqu’à 47° est fortement déconseillé. Je commence à comprendre pourquoi le vin ici est soit mauvais, soit très cher. Que vais-je faire de mon petit stock ?

Bon, les grillades sont prêtes et on forme un semblant de table :

Un régal : du buffle, du cochon sauvage, du poulet, des sauces chinoises, plusieurs riz différents.

Un bon cigare la dessus, un vrai bonheur.

L’après midi, hamac, recherche d’insectes : j’apprends (un peu) à distinguer ceux que l’on peut toucher et prendre de ceux qu’il vaut mieux éviter. Par exemple j’en avais un qu’on m’a conseiller de détruire de suite : il a la fâcheuse habitude de pondre sous ta peau afin que les larves se nourrissent de ta viande (pas de photo pour celui là car je l’ai de suite écrasé).

Le week end prochain, je suis à nouveau invité pour démarrer les festivités du 35ème anniversaire de Cacao et du nouvel an Hmong. Mais là, on sera trois cents et ils nous préparent un buffle en broche. On verra.

Elle est pas belle la vie ?

20 et 21 octobre :

NYOB ZOO XYOO TSHIAB

Comme je l’avais écrit dans un billet précédent, j’étais invité à un anniversaire à Cacao (50 ans du père, 25 ans du fils et début des festivités pour les 35 ans de Cacao).

Pour arriver, cela commence par une piste :

On m’avait dit que l’on serait 300 mais en fait, c’était plutôt la moitié. Il y a aussi quelques métros (ceux de Cacao) et j’ai remarqué que pas mal de « métros » hommes sont mariés (enfin, je n’ai pas demandé) avec des femmes Hmong et jamais l’inverse.

On me présente plein de gens mais va t’y retrouver avec tous ces Heu, Va, Ya, Lo, Ly, Lau, Tho, Thia, Fong, …(Ce sont les noms de 60 % de mes élèves, drôlement commode quand tu a trois « Ly » dans la même classe !) Même l’adjudant (adjudant chef m’a-t-il corrigé) en poste à la gendarmerie.

Et bien sur des élèves, mais là, c’est marrant : autant ils (surtout elles) sont en uniforme au collège, autant ce soir c’est maquillages et robes de soirée. Magnifique !

Plein de tables, de chaises, de bancs, …

Toute la cuisine est faite aux feux de bois dans d’immenses marmites (et la vaisselle dans de grandes poubelles. Pas d’eau chaude ici, c’est inutile):

Plein de plats de viandes, de soupes, de légumes :

Et bien sur, l’essentiel :

Mais avant le repas : LA PRIERE !!!

Pour le bœuf, on m’avait dit qu’il passerait à la broche. Ce n’est pas tout à fait exact. Une cuisse au barbecue, et le reste découpé en petits morceaux et cuisiné de différentes façons. Cela fait bizarre de manger une cote de bœuf cuit comme un ragoût. En attendant, on a mangé le bœuf en deux repas, accompagné d’un cochon et de quelques poulets (ce soir : régime). Pour la cuisse, la méthode est simple : cuisson, découpage, re cuisson, etc :

Tout du long de ce repas de plusieurs heures, le spectacle : musiques, folklore Hmong, petite pièce de théâtre, …

Quand même, un peu de repos (en musique) :

Au matin (toujours de bonne heure, ici la grasse matinée n’existe pas) un bon café et petite ballade au marché de Cacao. C’est fou : il est 9 h 30 et certains (pas de notre groupe de la veille) mangent déjà aux restaurants du marché :

Puis un passage pour se rafraîchir dans l’eau de « La Conté » à quelques kilomètre de piste :

Et enfin, vers 13 heures, on remet ça :

Et dire qu’on démarre les « vraies » fêtes du nouvel an Hmong de Cacao mercredi prochain pour une durée de six jours.

NYOB ZOO XYOO TSHIAB (bonne année en Hmong)

28 octobre - Balade en mer :

Dimanche dernier, je suis invité par un copain rencontré à Cayenne à une sortie en mer. Nous nous retrouvons le matin une douzaine autour de trois petits bateaux. Il ne s’agit plus du tout des personnes de Cacao mais plutôt de « métro » installés ici depuis longtemps. Leur truc, c’est la pêche et les pique-niques dans des lieux tranquilles.

On part pour le port et on met à l’eau les bateaux :

Pour le premier (une barque alu), pas de problème. Pour le second (le mien. Enfin, celui de mon copain), problème : je dois faire passer le bateau entre la descente en béton et le ponton (on le devine sur la photo du milieu) et y vais gaillardement. Mais je ne savais pas qu’il n’y a pas de lien et un passage de deux mètres avec plusieurs mètres de fond : et plouf avec les clopes et l’appareil photo dans les poches (sans parler du courant qui m’embarque mes sandales). Bon, un appareil photo foutu.

On part donc vers l’ilet la mère. 30minutes de mer calme et on accoste dans un endroit superbe, tranquille (il faut un bateau pour y aller, donc presque personne), propre (c’est rare par ici mais chaque groupe avait son sac poubelle). C’est remplit de petits singes qui viennent te piller tout ce qui se mange (sur la table, sur ton dos, …). Jusqu’en 1980, l’institut Pasteur y élevait des singes pour produire des sérums contre le palu et depuis, ils les ont relâchés et comme ils n’ont pas de prédateur !!

Bon, on laisse les femmes pour faire la cuisine (et oui !!! Mais je suis invité) et on rembarque pour la pêche en mer. On attrape de superbes poissons (raies, murènes, petits requins, …). C’est vraiment génial de se foutre à l’eau au milieu de l’océan, loin de tout. Bref, plusieurs heures en plein soleil aux pires heures : lundi matin, je ressemblais plus à un peau-rouge qu’à autre chose. Dix jours après :

Amusant : dans le groupe, il y avait un « métro » qui prend sa retraite et rentre s’installer en métropole. Il venait de se marier avec une magnifique Brésilienne (si elle a plus de trente-cinq ans, elle le cache bien). Ils ont passé l’après midi avec un catalogue de la redoute pour commander des vêtements chauds. Revenu au port, il y avait une magnifique berline Audi, et la nana de dire : « chéri, regarde comme elle est belle ! C’est celle la que je veux ». SANS COMMENTAIRE.

J’ai aussi rencontré une autre Brésilienne, Flora. Mais la, c’est autre chose. Suite au prochain billet.

31 octobre - Coiffeuse :

Flora est donc Brésilienne. Il y a trois ans, elle a rencontré sur internet, puis épousé, Pascal. Un « métro » installé ici depuis trente ans. Elle était coiffeuse à Rio. Pascal lui a installé un salon privé de coiffure chez eux. Pas d’enseigne, pas de pub, … Tu ne peux pas deviner en passant devant. Elle ne reçoit que les copains (et copines) et les copains des copains. C’est au fond, à gauche du bateau :

Mais quelle pro : coupe aux ciseaux, poil du nez, poil des oreilles et même les sourcils. Pour la finition de la nuque au rasoir, elle met d’abord du savon à barbe. Et tout cela en regardant une série Brésilienne sur un écran télé immense. Pendant la coupe, Pascal me sert un café. Après la coupe, une bière au bord de la piscine. Bref, tu y passe du temps mais c’est du bon temps.

Le résultat comparatif :

Elle reçoit aussi les femmes. Alors mesdames, quand vous viendrez, n’allez pas chez votre coiffeur juste avant.

3 novembre - Nouvel an Hmong :

Cinq jours de festivités à Cacao. Un monde fou le samedi et le dimanche : tous les Hmong des différentes communautés de Guyane s’y retrouvent.

On voit bien la « richesse » du territoire : terre battue, et une dizaine de restaurants improvisés. En terme de sécurité et de respect des réglementations, ils seraient tous immédiatement fermés en métropole. Mais bon, je mange tout ce que l’on me propose sans trop savoir ce que c’est car le Hmong est une langue impossible (surtout pour moi) mais je n’ai pas encore attrapé de « tourista » :

Trois petits stands de « pêche au canard » pour les petits, 2 stands de tir pour les grands :

Pour les spectacles et animations : tournois de foot et de pétanques entre les différents villages et danses traditionnelles Hmong. Les costumes sont jolis mais à raison de deux spectacles par jours …

Les bijoux de toutes ces dames sont fait à partir d’anciennes pièces de un franc.

Notre collège avait son stand et, je n’y aurait pas cru, on à encaissé plus de mille euro (à cinquante centimes les trois tirs, faites le calcul) aux tirs sur boites de conserve (il a même fallut rechercher de nouvelles boites tellement elles étaient déformées).

Et voila, petites nuits mais c’était sympa.

10 novembre - Caïmans :

Ce samedi, rendez-vous aux abords des marais de Kaw. On se retrouve à huit avec un guide et une barque. Des centaines d’hectares sous l’eau avec des passes qui les traversent. Planté la, dedans un petit village de cinquante habitants uniquement accessible en barque. C’est splendide et rempli d’oiseaux.

Pose souper dans un petit carbet. Un couple s’éloigne un peu et, pas de chance, marche sur une fourmilière de fourmis rouges. Attaque fulgurante des petites bêtes. Leçon : il faut regarder où l’on met les pieds, surtout quand on est chaussé en tong. On jette des restes du pique nique dans l’eau et cela fourmille de piranhas. Cerise sur le gâteau : on assiste à un lancement d’Ariane (il était prévu la veille et j’avais poiroté des heures pour rien). Magnifique parabole.

Il fait maintenant nuit et on part à la chasse aux caïmans. Enfin, c’est le guide qui chasse :

Première prise : un petit mâle de 3 ans :

Deuxième prise : toujours un mâle, mais de quatre ans :

Troisième prise : Encore un mâle, mais de six ans :

Après, on en a rencontré des beaucoup plus gros. L’un d’eux, au moins deux mètres, a même rudement secoué la barque. On s’est contenté de les regarder.

Bien sur, on les a relâchés :

Au retour, entre les piranhas et les caïmans, je vous promets qu’on ne mettait plus les mains dans l’eau comme l’après midi.

Tatou :

Hier, nous avons mangé du Tatou

C'est comme les huitres ou les crabes : on le fait cuire et le sert encore accroché à sa carapace. Il faut de bons outils surtout pour l'intérieur des pattes.

Ilet la mère :

Autrefois utilisé par l'institut Pasteur pour travailler sur le palu avec des singes, ils les ont mis en liberté et ils sont maintenant partout sur l'île :

Pêche :

Mon premier gros poisson :

Gendarme mobile :

Parmi tous les corps d’armée présents sur ce territoire, nous avons des gendarmes mobiles (ceux des manifs). Ils viennent par escadrons trois mois (puis retournent en métropole treize mois) et sont répartis entre les brigades. A Cacao, ils sont quatre en permanence. Ils sont logés et mangent midi et soir au restaurant (payé par la brigade, dix sept euro le repas). Ils ont en plus trente euro par jour de prime. Le responsable de la brigade ne sait pas quoi en faire alors il ne font rien : il n’y a pas beaucoup de manifestation à Cacao.

A quatre cela représente une dépense de 93 000 € par an rien que pour Cacao. Sachant qu’ils sont environ 500 réparti sur la Guyane, cela fait plus de 11 millions d’euro par an.

La France est riche

Histoire de blonde :

Je n’aime pas beaucoup raconter ou transmettre les histoires de blondes mais celle la est vraie.

Il y a quelques jours, je suis sortie avec une charmante blonde (cabaret, restau,…). En discutant, on se rend compte que sa fille est dans mes classes.

Mardi dernier, sa fille me dit en rentrant en cours : « Monsieur, je suis sur que vous connaissez T..... ! Je signale à la gamine de se mêler de ses affaires mais vous auriez vu les petits sourires de ses camarades. A tout les coups, la petite leur avait dit « Le prof de techno sort avec ma mère ! ». Je ne sais pas si c’est parce qu’elle est blonde mais elle aurait franchement du fermer sa g… Cacao est tout petit et extrêmement conservateur surtout sur ce sujet.

Fête de fin d’année au collège :

Vendredi, fête au collège.

Les enfants du primaire y sont invités :

Cela commence par une célébration interminable :

Une crèche vivante :

Suivit d’une messe d’une heure trente (pauvres gamins). Moi, je m’étais échappé :

Et ensuite les danses :

Tout d’abord les Hmongs : très sobres. Ils dansent essentiellement avec les bras et surtout les mains :

Puis les créoles : La, ce sont les hanches qui travaillent :

Ensuite, les Brésiliennes : cette fois, ce sont les cuisses que l’on exhibe le plus possible :

Et pour finir, une danse contemporaine par des Hmongs mais cela a fait un petit scandale car elles étaient en talons hauts et on voyait le nombril. Ici, cela ne se fait pas :

Et, cerise sur le gâteau, les remises des récompenses : Encouragements, tableaux d’honneur ou félicitation suivant les cas. Cela faisait très 4 ème république.

Kangourou :

Ce soir, restau chic. Ici, restau chic veut plus ou moins dire restau cher et blanc. Les « métros » représentent environ 12 % de la population. Dans ce genre de restau, c’est plutôt 80 %. Bref, c’est un des rare restau « viandes » (cotes de bœuf, entrecôte, …) et j’ai choisi du kangourou « bleu ». c’était vraiment délicieux mais dans l’assortiment, il y avait une petite tomate cerise. J’ai croqué dedans et, horreur : c’était un piment fort. La gueule en feu, dix minute à tousser, boire (de l’eau), cracher, …

Elle est pas belle la vie ?

Escalator :

Mon grand frère Patrick a découvert Paris à l’age de 10 ans à peu prêt (il en a 65 aujourd’hui). Et à cette occasion, la légende familiale indique qu’il a découvert son premier escalator et a passé une heure à monter et descendre. Aujourd’hui, ce phénomène ne surprend personne

Et bien, en Guyane, le mois dernier, un grand magasin fut inauguré et ils avaient un escalator. Le premier de Guyane. Tous les samedis, il y a la queue pour rentrer dans le parking car tous les gamins (et les adultes) veulent l’essayer. Cela relativise, n’est ce pas ?

Cambrioleurs :

En Guyane, on te dit tout le temps « fais attention … ». cela devient comme l’horoscope : tu t’es rien fait voler et tu te dis « heureusement que l’on m’avait prévenu ». Tu te fait voler et tu te dis « ceux qui m’aient prévenu avait raison ». J’ai demandé plusieurs fois à l’occasion de repas « qui a été cambriolé ici ? » Pour l’instant aucun mais ils ont tous un copain dont le cousin … On est dans le syndrome de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. On est dans une parano collective et beaucoup de maisons sont tellement grillagées que cela ressemble à des prison. C’est dommage au pays du soleil.

Coiffeur :

Après avoir essayé en novembre une coiffeuse Brésilienne, cette fois, c'est une Créole. Elle ne fait des coupes que aux blacks. Soit les cheveux très longs avec des tresses pas possibles, soit la tête pratiquement rasée. Elle m'a proposé un "juste milieu". Je croix ne jamais avoir eu les cheveux aussi courts (voir mes parents pour ma tête lors de ma naissance ?). Admire le résultat.

Serpent

Aurélie m’avait demandé pour son compagnon de l’huile de serpent. Renseignement prit, c’est de la graisse d’anaconda que quelques uns font ici pour s’enduire les cheveux ou le corps.

Bon j’en trouve un qui venait de se faire écraser sur la route (c’est fréquent ici) et l’embarque. Après six heures dans le coffre de la voiture au soleil, je te dis pas l’odeur ! Je le congèle et l’amène quelques jours plus tard chez un pote qui sait y faire. Et mince : ce n’est pas un anaconda.

Scorpion :

Toujours dans la rubrique « animaux », au carbet de Cacao où je dors le jeudi, je termine ma douche et, surprise en la rinçant, un scorpion. Pas bien gros mais le plus toxique de tous. Il n’est plus mortel si tu passe un séjour à l’hôpital. Je vide mes clopes et avec le briquet, le fais rentrer dans le paquet. Un peu plus tard, comme un andouille, je cherche à prendre une cigarette. Heureusement que je n’ai pas mis mon doigt jusqu’au fond ! Rentré chez moi, je le mets dans une boite en plastique contenant les dosettes pour le lave linge. Une heure après, il était mort. Le scorpion est réputé pour survivre à tout. J’aimerai savoir ce que « ariel » met dans ses lessives.

Bagne des Annamites :

En 1930, Le gouverneur Français d’Indochine s’est « séparé » de 530 indépendantistes indésirables. Il fut donc créé le plus loin possible un nouveau bagne : le bagne des Annamites.

Pour y aller, une petite heure de voiture suivit d’une bonne heure de ballade dans la brousse par un chemin plus ou moins entretenu (plutôt moins) :

Les bâtiments étaient en bois et il ne reste donc que quelques structures en « dur » : les cachots et quelques vestiges de chemin de fer :

Et, plantés le long du chemin (pour humilier les punis) de magnifiques latrines en forme de trône :

Fin de cette superbe balade par une baignade dans la crique du coin (en créole, crique veut dire accès à la rivière) :

ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?

Météo (16 janvier) :

Je reviens de ma baignade du début d'après midi et vois qu'il neige et pleut en Béarn. Bon, je compatis mais c'est l'ordre normal des choses.

Mais quand je vois sur le site de la république que Lasseube est une fois de plus inondé, la, je me questionne sur les dérèglements climatiques : ici, la saison des pluies a déjà plus d'un mois de retard. Il fait de très grosses averses bien sur mais entre chacune, un vrai soleil ; et de toute façon, la température de l'eau n'a baissée que de 1 degré depuis aout (de 28 à 27 degrés) et celle de l'air de 4 (de 36 à 32). Quand je pense que certains me disaient "tu es fou, le climat est épouvantable !".

Ici, j'ai quand même été privé de baignade deux soirs de suite pour cause de tempête en mer avec des rouleaux de vagues trop impressionnants.

Bon retour à une situation plus normale à mes amis inondés.

Suite météo :

La maison que j'ai réservée et que je devrais avoir quand les travaux seront terminés se situe entre la route et la plage environ cent mètre avant la première séquence de la vidéo (un peu avant la camionnette des gendarmes). On la devine sur la quatrième séquence. Le restaurant sur la vidéo est juste ensuite (il est fermé pour quelques jours).

Il y a bien sur la force des rouleaux mais si tu observes bien il y a aussi des gros troncs d'arbre qui flottent. D’habitude, tu as le temps de les voir venir tranquillement, mais là !

Tu comprendra donc pourquoi je suis privé de baignade le soir (et même le jour) en ce moment et me contente de la piscine.

En arrière plan, les îles où l'on va pécher et se baigner, mais par beau temps. Avec notre petit bateau, par beau temps, c'est parfois digne des montagnes russes de Disney land, mais là ! Pas de sortie possible.

http://www.youtube.com/watch?v=JynFjcc3orQ

18 janvier : Catéchèse :

Vendredi dernier, vers neuf heures, arrivé du « père François » au collège. C’est le responsable de la catéchèse des établissements privés de Guyane. Il est très beau avec son col Romain. Tous les cours annulés. Tous les élèves en récréation. Tous les professeurs réunis en salle de réunion. Cela commence par la lecture d’un évangile suivit d’un sermon d’une bonne demi heure. Pendant la lecture de l’évangile, un portable sonne. Gag : c’est celui d’une des trois religieuses !

Après le sermon, discussion. Un collègue questionne : « Encouragez vous à parler du mariage pour tous en classe ? » Réponse : « Oui, puisqu’ils le font dans le public. » Je n’ai pas osé dire que je le ferai mais avec mon point de vue.

Tout un discours ensuite qui revient toujours sur le même thème « il ne s’agit pas de commenter ou d’interpréter les évangiles mais de les communiquer comme la seule vérité ».

Vers 11 h 30, le père François veut communiquer avec les élèves. On les place en rangs par classe et cela commence par des chants liturgiques. Là, je m’enfuis vers le dégrad (cela veut dire en Créole l’endroit où l’on met les pirogues à l’eau dans la rivière) fumer quelques clopes car je commence à disjoncter.

Et vendredi prochain, c’est la Saint Paul, patron de notre collège. On attend la visite de l’évêque. Priez pour moi mes amis.

Saint Paul :

Vendredi, le saint de notre collège, donc pas de cours. Cela commence par l'arrivée de l’évêque de Guyane suivit d'une messe (après avoir positionné les élèves de ma classe, je me suis éclipsé discrètement).

Puis chants et danses traditionnels (c'est toujours un peu pareil). Puis nous étions invités à un repas : là, plateaux type cantine, c'est assez déprimant.

L'après midi, tournois interclasses avec plusieurs sports. Je me suis retrouvé arbitre des matchs de fout : ils sont fous vu mes compétences dans ce domaine.

Heureusement, nous étions invités avec un groupe de copains à une visite nocturne du musée de Cayenne.

Mon nid actuel :

Mon petit logement que je vais quitter bientôt. Je suis désolé, j'attendais une chute de neige pour que cela soit plus joli mais elle n'arrive pas.

Loyola, ferme des jésuites :

Rendez vous ce dimanche matin pour visiter le site archéologique de Loyola qui fut la ferme principale des jésuites. Ils étaient bien « faut cul » ces jésuites : ils venaient évangéliser les Amérindiens mais étaient les plus grands propriétaires d’esclaves. Le site fut abandonné lorsque Louis 14 vira les jésuites de France (et donc de Guyane).

Une bonne promenade dans la foret pour arriver au site en cours de restauration. On continue ensuite par une rude montée pour passer la montagne (ici, à partir de 200 mètres d’altitude, cela s’appelle « montagne » et une descente magique vers la mer.

En chemin, on tombe sur un brûlis (illégal bien sur dans un site classé mais ici !!!) où un type a planté du maïs qui est en train de pousser). Ensuite un « arbre à pains » immense (on ne peut pas en faire le tour en se donnant les mains à 20).

Mon copain :

Tous les soirs, quand je rentre un peu tard, je rencontre devant ma porte un magnifique crapaud. On va devenir copains certainement. Cette bestiole est un peu pénible car ses chants sont dignes d’Asuranstourix mais il bouffe pas mal de bestioles. Donc, c’est mon copain.

Carnaval :

Durant un moi et demi, c’est la saison du carnaval. En fait, il y en a trois : un commercial, un festif et tardif et les parades « officielles ».

La dedans, on a les Tololos (les hommes) et les Touloulous (les femmes). Le principe est simple : il faut être entièrement habillé des pieds à la tête afin que l’on ne puisse même pas déterminer la couleur de ta peau. On ne doit pas savoir si tu es blanc ou noir :

Lors des soirées « Touloulou », les femmes sont « habillées » et les hommes reconnaissables. La touloulou invite l’homme qu’elle a choisit (à danser, à boire (c’est lui qui paye) et autres). L’homme n’a rien le droit de refuser (et j’insiste, RIEN). Lors des soirées « Tololo », c’est l’inverse. Certains y laissent plusieurs mois de salaire et vers 5 heures du matin, les amortisseurs des voitures dans les parkings souffrent.

Ensuite, les dimanches, on a les parades : des groupes de quartier, d’associations, … défilent dans les rues principales. Beaucoup de couleurs, beaucoup de bruit, On n’est pas sur les budgets de Nice, Rio ou Venise bien sur mais c’est amusant.

Carnaval (suite) :

Un temps fort du carnaval est la grande parade de Kourou. C’est un truc complètement énorme. Pour que tous les groupes puissent défiler, les premiers démarrent vers 15h et les derniers vers 17 h. Le parcours dure environ 2 h 30.

Une amie m’a débauché pour participer au groupe de l’association ADER (l’équivalent de AIDE en métropole). Le thème était la publicité de la capote et nous devions, pour bien se faire remarquer parmi toutes les danseuses à moitié nues, nous habiller en Touloulou ou Tololo.

Rendez vous vers midi dans leur local : une trentaine de nana et cinq ou six mecs. Ces dames m’habillent. Je te dis pas : on ne doit pas voir un bout de ta peau. Donc : une espèce de djellaba colorée, un pantalon noir, des chaussettes (trop petites) (cela faisait six mois que je n’avais pas mis de chaussettes), une cagoule, une perruque, un masque sur le visage et des longs gants.

J’ai passé trois heures avec ça. Je te dis pas les litres de transpiration. Là, c'est moi :

On s’entraîne un peu pour les chansons (le mot « capote » partout bien sur) et quelques pas de danse simples.

Encadré par un chariot rempli de préservatif et de lubrifiants et d’une voiture colorée aux armes de AIDE, on démarre. Un public énorme. Une vraie fête. Et des deux cotés, on se met à chanter, danser et surtout distribuer nos capotes. Un vrai succès : la majorité riaient et applaudissaient. Certains, qui n’avaient rien compris, râlaient car on ne les donnait pas au enfants (ils devaient se croire au tour de France avec les saucissons de cochonou). Quelques culs bénis qui refusaient et reculaient d’un mètre devant de tels objets impurs. D’autres nous en demandaient plusieurs (une copine a d’ailleurs bien reconnu son patron qui en redemandait alors que c’est un homme « rangé ». Ça l’a bien amusé de le servir).

C’était d’autant plus marrant qu’on était totalement anonymes. Je n’ai jamais touché autant de seins (en glissant les capotes dans les profonds décolletés) en un jour que dans toute ma vie. Une nana m'a même proposé de venir les essayer mais il fallait que je suive le défilé.

Drôle aussi : le groupe qui nous précédait était constitué d’une soixantaine de danseuses Brésiliennes avec des tenues style « moins de tissu, c’est impossible !». Suivre durant 2 h 30 60 paires de fesses qui se trémoussent en rythme alors que tu as dans les mains un panier avec une cinquantaine de capotes et du lubrifiant, c’est quand même une belle image !

Et on n’a pas chaumé : en deux heures et demi, on a distribué 7000 préservatifs.

Bref, une excellente parade sauf que je n’ai pratiquement rien vu des autres groupes puisque j’étais dedans. Ce sera pour l’an prochain.

Elle n'est pas belle la vie ?

Carnaval (suite de la suite) :

C’est la fin du carnaval. Ici on parle des « jours gras ». On m’avait prévenu mais je ne m’étais pas rendu compte : le mardi gras est le temps fort de l’ensemble.

J’avais prévu de faire les démarches administratives (assurance, EDF, etc) pour ma maison ce jour la. Bernique : administration, services, commerces, même les stations d’essence, tout est fermé. Officiellement, ce ne sont pas des jours fériés mais dans les faits cela ressemble aux premiers mai de ma jeunesse.

Bref : le lundi, ils se préparent, le mardi, tout le monde fait la fête et le mercredi on se repose.

On verra jeudi.

Et tout cela sous des averses terribles (ma piscine déborde). Mais tout le monde s’en fout, l’eau du ciel est tiède.

Pluie :

Pas un bout de ciel bleu depuis 9 jours. Il pleut s’en discontinuer. Parfois un peu, souvent des averses totalement indescriptibles : tu court à ta voiture, tu est complètement trempé (le parapluie ne set pas à grand-chose dans ce cas). Le temps de monter dedans, un centimètre de flotte est rentré avec toi. C’est vraiment impressionnant. Certains se plaignent mais je leur dis qu’ils ont la chance d’avoir toute cette végétation magnifique. Les seuls problèmes sont que le linge ne sèche pas vite et que cela ne sent pas très bon dans la voiture qui est quand même en permanence à 30 degré (et si tu ouvre les vitres en roulant, tu rajoute un centimètre de flotte).

Mais je m’en fiche. L’eau qui t’arrose est tiède. Il suffit de changer souvent de vêtements (pour l’odeur) et cela ne me prive pas de mes deux ou trois baignades journalières vu que l’eau de la mer est plus tiède que celle de la pluie.

Bagne de Saint Laurent :

Vendredi dernier, je fus invité chez la fille d’amis résident à Lasseube (Evelyne et Pierre) qui venaient la voir (leur fille). Trois heures et demie de voiture et le plaisir de les rencontrer et de cancaner sur notre petit village (et nous ne nous sommes pas privés).

Evelyne me remet les colis transportés : merci Marie Claude. Merci Régine pour ton lot de charcuteries qui est très apprécié ici.

Pierre avait préparé une superbe garbure comme celles de Lasseube. C’était délicieux mais c’est vraiment spécial de manger un truc pareil, bien chaud, au bord de la piscine lorsqu’il fait trente degrés (je sais, on est en février mais l’hiver n’a pas de sens ici).

Voulant me faire plaisir, ils avaient préparé ensuite un magnifique plat de crevettes d’ici. D’énormes crevettes avec une odeur délicieuse. Ils ne savaient pas que je n’ai pas le droit d’en manger à cause de cette merde d’allergie. Ils étaient désolés. C’est pas bien grave mais une heure à les regarder manger ce met sublime (plus les odeurs), c’est un peu désespérant. Vivement que « monsantos » trouve un antidote.

Superbe maison, piscine, … ultra sécurisé. Vers trois heures du matin, voulant fumer une petite clope, j’ouvre la fenêtre. Malheur à moi : cela déclenche l’alarme : sirène, lumières partout,… Pierre passe la tête et me demande de fermer la fenêtre. Bref, une vraie prison à l’envers Mais une prison de luxe..

Visite du Bagne de la relégation le lendemain : Une guide charmante, mignonne et surtout très cultivée.

Bref, deux jours bien sympathiques.

Merci à toi Evelyne. Merci à toi Pierre.

Restau :

Hier soir, repas viandes de chez nous : je prend un steak tartare (350 g). Je ne sais pas si c’est du cheval ou du bœuf (ou autre puisque nous avons un pape à déguster) mais cela fait du bien de manger cela. Cela faisait six mois que je n’avais pas mangé de frittes (mais elles ne valent pas celles de Patrick). Bref, comme d’habitude il y en a trop. Je ne fini pas mais paye quand même mon steak près de 35 euros. Ici, la vie est belle si tu as un peu d’argent.

Coiffeurs :

Ou plutôt coiffeuses :

A Lasseube, c’est Marie Rose qui me coupait les cheveux (très bien).

Ici, j’ai commencé au Suriname avec ma coatch et un gars qui parle Néerlandais.

Ensuite, Flora, charmante Brésilienne qui parle Portugais.

Ensuite encore, une Guyanaise qui parle Créole.

Aujourd’hui, c’est une nana de Saint Domingue qui parle Espagnol.

Aucune n’a les mêmes manières ni les mêmes gouts mais cette dernière, c’est un vrai bonheur : elle a les mains tellement douces que tu y passerais des heures (d’ailleurs, cela a duré un sacré moment).

Il faudrait que mes cheveux poussent plus vite car on estime qu’il y a ici quatre vingt nationalités sur ce territoire

ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?

Installation :

Enfin, on a signé. Les travaux promis faits n’importe comment. La nana de l’agence furieuse contre le propriétaire à fait un état des lieux de 27 pages agrémenté d’une soixantaine de photos. C’était assez impressionnant.

Je suis assez surpris par le pognon dépensé en une semaine : quand tu t’installes dans une maison vide de 110 m2, et que tu as au départ un grille-pain et un micro-onde, il faut tout acheter (meubles, lits, canapé, frigo, lave-linge, tables, piscine, …). Appel aux copains, annonces dans les sites d’objets d’occasion : tu trouve mais pas tout et surtout beaucoup de tentatives d’arnaque. Le magasin de meubles du coin a fait de bonnes affaires. Mais enfin, on a le minimum nécessaire.

Ce qui est un peu fou, c’est la facture des petites bricoles (cela va de la balayette à chiotte à la serpillière en passant par le balai, la poubelle et tout le reste). Que des objets à 3 ou 4 Euro et tu sors avec une facture de plus de 200 Euro.

Il y a aussi de bons cotés : hier soir lors d’une soirée grillade, je discute longuement avec une nana très sympa et on parle de notre installation. Elle me propose de me donner un matelas qu’elle a en trop. Ok lui dis je, « ce sera très bien pour mon second lit que je veux installer sur la terrasse ». « Mais sur la terrasse, on met des hamacs ». « Oui le hamac ça va mais le lit est plus confortable surtout pour une nuit câline ». « Ne crois pas ça, on y arrive très bien dans un hamac ». « Je suis trop vieux et pas assez souple ». « Je te montrerai ». Et on s’est échangé nos numéros de tel et donné rendez vous en milieu de semaine.

Elle est pas belle la vie ?

Installation (suite) :

C’est pas triste de découvrir tous les vices cachés:

    • Tu branches ton nouveau lave linge et lorsqu’il se vide, la flotte passe par on sait pas où et ressort au raz du sol dans la buanderie.

    • Les télerupteurs ne fonctionnent pas.

    • Grosse averse : l’eau des gouttières refoule par un tuyau à environ deux mètres de haut (c’est très jolie mais pas pratique).

    • La moitié des portes et fenêtres ont gonflé avec la pluie et tu ne peux plus les ouvrir.

    • Et j’en passe.

MAIS :

    • Voisin très sympa.

ET SURTOUT BAIGNADES :

    • 11 h 15 : marée basse qui permet de bien repérer les endroits dégagé de cailloux.

    • 17 h 30 : marée haute : c’est plus délicat à cause des noix de coco qui circulent avec le flux et le reflux. J’ai quelques bleus dans les jambes.

    • 23 h : marée basse : personne, belle lune. C’est vraiment génial de faire la planche à poil sous les étoiles.

Je m’en fout des défauts de la maison. On est trop heureux ici.

Hôpital :

Ma toubib allergologue, que je vois toutes les six semaines pour mon traitement antiallergique, est surtout pneumologue. Je dois être son seul client concernant les allergies.

Comme je l’ai écris dans un billet précédent, elle m’a fait faire toute une série d’analyses et de radio. Tous les indicateurs sont au vert. Elle semble perturbée et m’a donc prescrit un scanner.

Bon, je n’ai pas trop le choix car c’est la seule allergologue diplômée de Guyane.

J’appelle l’hôpital : « on ne prend pas de rendez vous au téléphone ». J’y vais donc.

Au guichet du service, je signale mes jours disponibles (lundi et mercredi) et j’attends. Une demi heure après, la secrétaire m’amène un papier avec le rendez vous, je jour et l’heure passés au fluo : un mardi. Je lui redis donc que c’est le lundi ou le mercredi et elle repart avec son papier. Encore une demi heure et elle revient et me dit « j’ai oublié les jours que vous m’aviez dit ». Je lui réponds qu’il faut trouver une autre manière de fixer des rendez vous. Elle m’amène dans son bureau et en vingt seconde je clique sur la case du jour et de l’heure et récupère une feuille avec mon rendez vous (sans fluo) mais que dans plus d’un mois.

En quittant ce service, j’en profite pour prendre un autre rendez vous pour mes oreilles. Je fais la queue à l’accueil pour demander la procédure et là, le type (il est seul) me dit « c’est compliqué, il vaut mieux que je vous accompagne ». Il ferme le guichet, sort de sa cahute (tant pis pour les personnes qui sont derrière moi, mais personne ne râle, ils ont l’habitude) et me guide. On arrive au bon service : trois guichets, un seul d’ouvert : c’est celui des personnes qui ont déjà un rendez vous. Sur le bon guichet, une affiche « ouvert de 07 h à 13 h). A ma montre, il est 12 h 50. Mon accompagnateur me dit « elle est allée manger à la cantine». Coût de bol, la nana du premier guichet est de bonne humeur (elle a du manger certainement) et accepte d’allumer son ordinateur. Nouvelle surprise : « pour voir le spécialiste dont vous avez besoin, il faut une ordonnance de son collègue ORL mais comme il vous la fera, je vous fixe tout de suite deux rendez vous : un pour avoir l’ordonnance (fin mai) et l’autre pour le spécialiste (fin juin).

Je devais aussi voir pour un rendez vous pour mes allergie mais j’ai laissé tombé de peur de chopper un ulcère.

Si tu veux vivre heureux sur ce territoire ne regarde que la moitié pleine de la bouteille et jamais la partie vide !!!!

Semaine sainte :

Semaine un peu spéciale en ce qui me concerne :

Lundi, repos nécessaire pour me remettre des trois jours de fêtes de la crémaillère.

Mardi : cross des collèges. Je passe ma matinée posté au croisement de deux pistes pour assurer la sécurité :

Zéro voiture à arrêter.

Entre deux courses, j’avais assuré mes arrières :

Trop bien même, la radio et la ventilation m’ont vidé la batterie et la voiture ne démarre plus :

C’est bientôt la fête des ramboutans ici (la spécialité de Cacao). Les Hmong en avaient donné par dizaines de kilo :

Pour mes cours de l’après midi, prévoyant qu’ils seraient fatigués, j’avais prévu des séquences vidéo (techniques tout de même). C’était pire : plutôt les séquences « sieste » :

Mercredi : repos, baignades

Jeudi après midi : tous les cours s’arrêtent à 13 h 30 pour faire le chemin de croix. J’assure donc la surveillance des élèves qui ne veulent pas y participer (une minorité)

Vendredi : le vendredi saint ici est un jour de « congés spécifiques »

Et voila, sur une semaine, j’ai assuré 1 h 30 de cours

Et en plus, je démarre maintenant mes quinze jours de congés de Pacques

ELLE EST PAS BELLE LA VIE

Tortues et autres :

Lundi, en me baignant, je me cogne contre un rocher immergé. Bizarre, il n’y a pas de rocher à cet endroit. Je cherche avec mon pied : rien. Et je vois une énorme tête (la taille d’une grosse noie de coco) sortir de l’eau à quelques mètres. En observant bien, c’était des tortues vertes.

Et tous les jours, on les voit pas loin du bord (j’en ai compté jusqu’à sept ensemble). J’en ai cogné une autre et là, elle est venue respirer à moins d’un mètre de moi. C’est fascinant.

J’en ai trouvé une échouée, qui venant de mourir (elle n’était pas encore attaquée ni par les crabes, ni par les vautours). Regarde sa taille par rapport au briquet :

J’ai mis plus d’une heure à la vider pour récupérer la carapace. C’était assez sanguinolent et puant (pas de photos, c’est trop gore) mais j’ai fais des progrès en anatomie.

J’ai mis la carapace à sécher sous le vent mais des chiens me l’ont piquée.

Sinon, on a eu quelques jour la visite d’un magnifique perroquet ara, immense et tout rouge, qui venait se poser sur les cocotiers devant chez nous.

On a eu aussi la visite d’un grand serpent (plus de deux mètres) qui est venu visiter la maison.

On a aussi un très beau lézard d’une trentaine de centimètres qui c’est installé derrière la machine à laver et que l’on dérange donc de temps en temps mais il est très placide.

Des agoutis traversent régulièrement le terrain ainsi que quelques iguanes.

Et enfin, à chaque changement de marée, des dizaines de petits vautours qui viennent nettoyer la plage.

C’est quand même vraiment plus sympa de voir tous ces animaux en liberté que dans un zoo.

Bouillon d’Awara :

Ce dimanche de Pacques, je suis invité chez des amis Créoles pour manger le traditionnel bouillon d’awaras.

« Le bouillon d'Awara est un mets guyanais typiquement créole constitué d'un grand nombre d'ingrédients liés par la pâte du fruit d'awara longuement réduite au préalable dans une marmite.

Il est traditionnellement préparé lors des fêtes de Pâques et dégusté le dimanche de Pâques. C'est un des mets dont la préparation prend le plus de temps : jusqu'à 36 heures !

Un proverbe dit : "Si tu manges du Bouillon d'Awara... En Guyane tu reviendras...".

À la fin de la préparation, le bouillon d'Awara est de couleur orangée à marron clair. Il est accompagné le plus souvent de riz blanc.

Une légende raconte qu'une princesse était amoureuse d'un blanc. Sa famille ne voulant pas de ce dernier, elle proposa de faire un plat où elle mettrait toute la Guyane dedans et que s'il aimait, ils pourraient se marier. Sa famille accepta, le garçon aima le plat et la fille et le jeune homme se marièrent ».

Il y a de tout la dedans : du porc, du poulet, des poissons, des queues, … Sympa, Alisson avait mis les grosses crevettes à part.

Associé à la salade de mangues :

L’ensemble est vraiment bon.

Comme pour la Noël tout le monde mange où il veut au rythme qu’il veut :

C’était très sympa

Elle est pas belle la vie ?

Apérochambo :

Dans notre groupe de métro, la coutume est d’accompagner à l’aéroport celui ou ceux qui nous quittent (et ceux qui arrivent)

On occupe alors un petit espace devant le hall unique et c’est assez festif :

Le héros du jour, Patrick, qui retourne pour la saison d’été en métropole :

Bon voyage et à septembre ici.

Serviettes :

Ce sont mes chères sœurs qui avaient fait mes bagages. Cette semaine, j’ai ouvert les sacs contenant les draps et les serviettes.

Surprise : des draps houses en 160 alors que tous nos lits sont en 140. C’est pas grave, l’inverse aurait été plus problématique.

Un stock de serviettes de bain et de pages : avec les deux que j’avais achetées, j’en ai maintenant 19.

Bon, au bout de 8 mois, cela sentait un peu le renfermé alors une bonne tournée de machines

Alors quand tu viendras, ne t’encombres pas de serviettes. Passes plutôt chez Massaly et apportes quelques charcuteries du pays.

Tortue Luth :

La saison des pontes commence et nous sommes donc alors faire un tour sur leur plage hier soir.

Coup de chance, Une belle bête venait d’arriver : 1 m 40 et 400 Kg environ. C’est donc une petite (les plus grandes font 2 m 10 et jusqu-à une tonne). C’est vraiment impressionnant.

Elle s’enterre un peu pour se caler et creuse un petit trou de 60 à 80 cm.

Ensuite, elle pond une centaine d’œufs (la taille des œufs de poules). Et toi tu es la, à moins d’un mètre, et vois les chapelés d’œufs défiler à chaque respiration. Ensuite elle passe trois quarts d’heure à reboucher le trou par petites couches qu’elle tasse consciencieusement puis repart tranquillement en mer. C’est seulement la que l’on peut faire des photos car la lumière les affole et il ne faut pas gâcher la nidification.

Bref, deux heures d’un spectacle naturel qui vaut le voyage

Ballade à la « Villa Garonne » sur la commune de Régina

La « Villa Garonne » est une grande exploitation (80 hectares) agricole créée sous Louis 14 et qui fut abandonnée vers 1850 après l’abolition de l’esclavage et le début de la ruée sur l’or. Elle n’est accessible qu’en bateau et pirogue. La végétation, comme partout ici, ayant reprit ses droits, ses vestiges furent découverts dans les années 2000.

Pour la visiter, il faut une bonne journée (3 heures de voiture puis 3 heures de pirogue).

Départ donc sur deux pirogues de criques en criques de plus en plus petites (en Créole, crique veut dire rivière) :

On est en pleine saison des pluies en ce moment d’où de fréquentes (mais courtes) averses d’une violence inconnue en métropole. En quelques seconde, tu as l’impression qu’un plaisantin t’a versé un grand seau d’eau sur la tête. Le piroguier ralenti et nous demande de mettre les ponchos. Quelques seconde après en effet, le déluge. Avec le bateau en pleine vitesse, tu ne peux pas ouvrir les yeux :

Le piroguier trouve l’entrée d’une toute petite crique et on doit débarquer :

Ce qui n’était pas prévu, c’est qu’il fallait parcourir environ un kilomètre de layon (chemin en Créole) avec une bonne dizaine de centimètres de boue bien gluante. Nous étions plusieurs en claquettes et en tong qui se sont vite retrouvés coincés sous la boue. C’est donc ma première marche en foret pieds nus (je deviens un vrai Amérindien).

Arrivés sur la plantation, tout est envahi d’arbres et de brousse. Des anciennes cultures, seul les cacaoyers on survécus et se sont reproduit d’où des cacaoyers immenses plein de gousses de fèves de chocolat (exploité d’ailleurs par un artisan). On tombe sur un très beau exemplaire de fromager :

Quelques vestiges en cours de fouille et surtout ceux de la première machine à vapeur d’Amérique (celle de Watt) dans un état de conservation acceptable. Quel travail pour avoir apporté et assemblé cela ici :

Fin de visite. Pique nique sous une nouvelle averse. Les guides, prévoyants, avaient installé une bâche mais on pataugeait très vite dans un mélange d’eau et de boue (toujours pieds nus). Cela n’était pas le moment ni le lieu de faire tomber sa tartine quel que soit le coté de la confiture.

Au retour, nos piroguiers ont fait la course. Mais de toute manière, on était déjà trempés.

Rentré à la maison, j’avais pris tellement de boue que j’ai tout mis dans la machine : vêtements bien sur mais aussi ceinture et sandales et même le sac à dos.

ELLE EST PAS BELLE LA VIE