« Consacrée aux arts numériques, aux performances audiovisuelles, au spectacle vivant en prise avec les nouvelles technologies ainsi qu’aux rapports entre arts et sciences, Némo – Biennale internationale des arts numériques de la Région Île-de-France – présente des expositions, des spectacles, des concerts et des performances, dans une vingtaine de lieux franciliens. Pendant trois mois, avec sa thématique « Les Illusions retrouvées », la Biennale Némo explore les nouvelles utopies à l’ère numérique. »
Dans un monde sans humains, que reste-t-il des images s’il n’y a plus personne pour les regarder ? À travers une mise en scène sensible, l’exposition The Afterimage d’Hugo Deverchère explore la mémoire, entre disparition, illusion et futur incertain.
À quoi ressembleront les images lorsqu’il n’y aura plus personne pour les regarder ? The Afterimage pose la question de la persistance de la représentation, de la rémanence de l’information et du sensible au delà de l’humain.
À partir d’une résidence dans le désert d’Atacama, Hugo Deverchère explore les liens entre traces anciennes et infrastructures minières modernes. Il interroge la fragilité de la mémoire numérique face au temps géologique et cosmiques.
C’est avec le silicium issu de l’explosion d’une supernova il y a des milliards d’années que nous construisons aujourd’hui le capteur du télescope qui nous permet d’en capter les vestiges. L’extraction de ressources naturelles immémoriales permettent aujourd’hui d’élaborer les supports physiques de nos technologies numériques. Mais le caractère transitoire et volatile de ces technologies ne permet pas la conservation de nos données dans une perspective de temps long.
La question qui se cristallise ici est celle du rapport entre matériel et virtuel, entre la transformation de la matière et la dissolution de nos mémoires à un horizon qui dépasse notre présence sur terre.
Construite comme un récit d’anticipation, l’exposition recompose une mémoire à la fois fossile et digitale du monde. Au cœur de cet environnement mouvant fait d’ambivalences temporelles se joue un flottement entre des vestiges immémoriaux et le devenir possible des images. Elle referme des artéfacts, signaux, langages et images atemporelles adressés au monde d’après l’homme.
The Afterimage est un voyage poétique au cœur d’un futur incertain, où l’humain, le géologique et le cosmique se croisent dans un paysage en constante mutation.
« Résidence de création à La Capsule dans le cadre de Némo – Biennale internationale des arts numériques de la Région Île-de-France, produite par le CENTQUATRE-PARIS, du 11 octobre 2025 au 11 janvier 2026 »
Commissaire de l’exposition : Arnaud Lévénès
Coproduction : La Capsule – Résidence Création Photos, Le Bourget / Némo – Biennale internationale de la Région Île-de-France / Association La Vie Sauvage
Collaboration scientifique : Olivier Dadoun, LPNHE IN2P3-CNRS / Sorbonne Université / Université Paris Cité.
Avec le soutien du Fresnoy – Studio national des arts contemporains.
Hugo Deverchère & Olivier Dadoun
Orbital Verses - 2025
Restauration et numérisation d'un rouleau de film 70mm issu d’un détecteu de particules (chambre à bulle), CERN, 1981 (Credit archive originale : LPNHE IN2P3/CNRS)
Épreuve chromogène sur Duratrans, caisson lumineux - 125 x 175 cm
Mu par une logique d’ordre presque scientifique, mon travail tente de proposer un ensemble d’expériences qui sont autant de pistes pour interroger et évaluer mon rapport au monde.
Que ce soit à partir de récits, de données collectées, d’images captées, fabriquées ou simplement trouvées, mes recherches ont recours à des procédés de modélisation, de transposition ou de conversion et fonctionnent par allers-retours entre passé et futur, mémoire et anticipation.
Puisant dans l’imaginaire collectif et réactivant des utopies pour nous projeter dans une dimension prospective, je m’appuie souvent sur la recherche scientifique, l’exploration spatiale et la science-fiction, qui sont pour moi autant de points de départ et de sources d’extrapolations.
Photographies, vidéos, sculptures, dispositifs interactifs nourrissent mes installations, où la froideur scientifique et les images lunaires installent un climat à la fois étrange et poétique, agissant comme un prisme entre le réel et ses représentations. En questionnant le rôle de l’imaginaire dans notre appréhension de la réalité, je mets en exergue des phénomènes et événements dont la nature, parce qu’intangible, fait résonner la question de l’inconnu et de l’inexploré.
Hugo Deverchère
Radiant #04 - 2025
Gravure polychrome sur papier coton - 46 x 66 cm
Mon travail s’articule autour de projets que je mène sur plusieurs années et en plusieurs volets. Ils s’appuient généralement sur des voyages que j’entreprends avec la volonté de procéder à une lecture fine d’un territoire, de ses paysages, de ses milieux. Les formes qui en découlent naissent de ces explorations, à travers les images, la matière et les récits que je collecte et que j’essaie de mettre en tension. C’est comme une sorte de dissection, qui se nourrit naturellement de collaborations scientifiques, avec une fascination pour certains domaines allant de l’astronomie à la micro-biologie, mais qui ont en commun de traiter des échelles de temps et/ou d’espace qu’il est difficile d’appréhender pour nous en tant qu’humains. Les formes qui en découlent créent alors des ponts entre le proche et le lointain, le visible et l’invisible, le spéculatif et le tangible, le familier et l’inconnu, l’Humain et le cosmos.
Dans ce projet, c’est le rapport entre la virtualité immatérielle de nos imag(inair)es numériques et leur inscription tangible dans le paysage et dans la temps qui m’intéresse. Le projet se construit sur un postulat science-fictionnel, une spéculation sur les apparences et matérialités futures possibles de nos images.
Peu de temps après mon retour du désert d’Atacama, j’ai rencontré Arnaud Lévénès qui m’a proposé une résidence et une exposition, en association avec la Biennale Némo. Bien que je ne me définisse pas comme photographe, le projet que j’avais en tête, par nature très expérimental et centré sur la question de l’image, me semblait pouvoir se développer de manière idéale à la Capsule. C’était l’occasion pour moi d’expérimenter de nouvelles techniques et de nouveaux procédés.
Après une première exposition à Paris et à Shanghai, j’ai donc imaginé le deuxième volet de The Afterimage ici au Bourget. L’exposition s’est vraiment construite In Situ. Nous tirions les images directement dans l’espace d’exposition ou dans la labo situé juste en dessous, ce qui permettait de les confronter immédiatement à l’espace et de travailler les liens possibles entre des sources, natures et matérialités d’images très différentes.
Au final l’exposition s’organise en deux temps qui correspondent aux deux étages de l’espace d’exposition. Le premier moment est pensé pour être à la fois immersif et énigmatique : nous sommes plongés dans le paysage et les signes, graphèmes et codes qu’il renferme. Puis une autre séquence à l’étage permet une lecture plus fine et sensible des pièces, qui sont comme des clés de lecture, ou les éléments vus avant se sédimentent ou se condensent pour faire apparaitre de nouvelles représentations créées, générées et/ou matérialisées à partir des éléments du paysage.
Hugo Deverchère
Marble recording - Millennium Simulation #01 - 2025
Marbre de Carrare gravé au laser - 78 x 58 cm
La Capsule, Centre culturel André Malraux, 10, avenue Francis de Pressensé, , Le Bourget 93, à 100m de la gare RER (ligne B) / 01 48 38 50 14
Galerie ouverte du lundi au vendredi de 9h à 12h00 et de 13h30 à 18h, le samedi sur Rendez-vous / Entrée libre