2. Économie des fourrures

2.1. Organisation du commerce des fourrures

L’économie en Nouvelle-France est basée sur l’exploitation des ressources naturelles qui exigent peu de main-d’œuvre spécialisée. Les pelleteries sont le produit moteur de la colonie. La fourrure crée peu d’emploi secondaire, car la transformation des peaux en feutre et la production de chapeaux se fait en France. Le castor demeure le produit moteur le plus recherché dans la colonie française.

Pour exploiter de manière plus importante les fourrures, les Français doivent s’établir sur le territoire. Ceci amène à convaincre la métropole française de fonder une colonie en Amérique du Nord. Des compagnies obtiennent des contrats pour exploiter les ressources naturelles de la colonie. Les fourrures représentent alors le principal produit d’exportation du début de la colonie. Son importance se maintient dans les échanges avec la France jusqu’au milieu du 18e siècle.

Colonie Comptoir (1608-1663)

En 1627, la Compagnie des Cents associés est la seule compagnie qui dirige le commerce des fourrures en Nouvelle-France. La compagnie détient alors le monopole sur le commerce. La Compagnie des cents associés a cependant des obligations envers la métropole. Elle est responsable des efforts de colonisation. Elle est aussi obligée d'administrer la Nouvelle-France, de la peupler et d'entretenir le clergé.

Monopole du commerce

Les Compagnies ont surtout des privilèges intéressants. Elles détiennent le monopole du commerce. Ce privilège leur accorde entre autres les droits d'exploitation sur l'ensemble du territoire d'exploitation, un pouvoir de taxer les colons et des exemptions de taxes. Elles ont alors le contrôle sur le commerce des fourrures sur le territoire de la Nouvelle-France.

En 1645, la Communauté des Habitants prend la relève de la Compagnie des Cent associés. Les actionnaires de la Communauté des Habitants vivent en Nouvelle-France. La compagnie négocie ses contrats directement avec la métropole (France). Elle doit répondre aux exigences métropolitaines en échange du contrôle de la traite intérieure et de l’exportation. Par contre, les compagnies sont plus ou moins soucieuses de leurs obligations administratives de la colonie. Cette situation amène Louis XIV à mettre fin aux privilèges des Compagnies sur le territoire.

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3. Agriculture

4. Activité artisanale

5. Tentatives de diversification de l’économie

Notes de cours

Rôles exercés par divers agents dans le commerce des fourrures

Le commerce des fourrures exige un vaste territoire. L’expansion du territoire multiplie les relations diplomatiques entre les autorités françaises et nations amérindiennes. Les relations diplomatiques forgent des alliances entre les Amérindiens et les Français. Les Autochtones sont les personnes les plus actives de la traite, car ils chassent, trappent et maintiennent militairement leur système d’alliance.

En 1663, le roi instaure le Gouvernement royal. À partir de cette période, l’État intervient dans la traite en émettant des ordonnances et des permis de traite aux marchands et aux négociants. C'est aussi à partir de cette époque que le coureur des bois commence à s'intégrer à l'organisation du commerce des fourrures. Cette ressource demeure le produit le plus important dans les échanges avec la France au milieu du 18e siècle.

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1. Organisation de l’économie en Nouvelle-France

Schéma sur la chaîne d'exploitation dans le commerce des fourrures

Parcours du commerce des fourrures dans lequel les compagnies font beaucoup de profit: Amérindiens, Coureurs des bois, Compagnies, Artisans, Vendeurs, Acheteurs.

Traite des fourrures, Marché, Produits manufacturés, Richesse, Achats, Acheteurs.

Source : Service national du RÉCIT de l'univers social,

inspiré de Léandre Bergeron et Robert Lavaill,

Petit manuel d’histoire du Québec I, p. 18.

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Licence : Creative Commons (by-nc-sa)

Ainsi, la fourrure exige peu de main-d’œuvre et d’établissements permanents. Les soldats, les agents de commerce, les marchands et les fonctionnaires de l’État gèrent la traite et la défense de la colonie. Les autres agents dans le commerce des fourrures sont les intermédiaires qui voient au commerce et la distribution de la marchandise. Ces intermédiaires sont d’abord des Amérindiens et, progressivement, les coureurs des bois prennent la relève.

Les Amérindiens tiennent un rôle essentiel dans le commerce des fourrures

© Vidéanthrop.

La langue d’échange pose problème ainsi que la fidélisation des Amérindiens aux produits d’échange français. Les missionnaires forment des interprètes de langues autochtones. Plusieurs Récollets et Jésuites sont allés vivre parmi les premières nations (Wendat-Huron, Algonquin, Innu-Montagnais). Leur rôle d’évangélisateur assure de leur côté une fidélisation aux alliances économiques, militaires et politiques des Français.

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3. Agriculture

4. Activité artisanale

5. Tentatives de diversification de l’économie

Notes de cours

Un coureur des bois en Nouvelle-France

Les coureurs des bois sont des voyageurs qui partent en expédition

dans les forêts de la Nouvelle-France.

Ils sont associés parfois aux chasseurs, bûcherons ou commerçants de fourrures.

Source : Arthur Heming / BIBLIOTHÈQUE et ARCHIVES Canada / C-005746

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Licence : Aucune. Fait partie domaine public.

2.2. Effets de l'économie de la fourrure sur l’organisation de la société et du territoire

Les alliances commerciales et politiques

En 1603, Samuel de Champlain instaure les premières alliances commerciales avec les groupes algonquiens se rencontrant annuellement à Tadoussac. Cette alliance amène Champlain à participer, au nom de la France, aux guerres iroquoises de la vallée du Saint-Laurent en 1613. Il s’agit ici de rappeler que les Amérindiens associent le commerce aux alliances politiques. Nul n’échange avec l’ennemi.

Main d’œuvre du commerce des fourrures

    • Nations amérindiennes (Trappe, chasse, négociateurs commerciaux entre les nations amérindiennes, agents de traite et défense militaire)

    • Coureur des bois (Voyageurs) / Négociateurs – Français

    • Missionnaires (Récollets, Jésuites) / Établissement et maintien des alliances franco-amérindiennes et Surveillance de la légitimité de la traite (exemple : voir à ce qu’il n’y ait pas de distribution d’alcool aux Amérindiens) / Interprète et traducteur

    • Marchands (Compagnie de fourrure française)

    • Militaires (Compagnie franche de la Marine)

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1. Organisation de l’économie en Nouvelle-France

Défaite des Iroquois en 1609 (Circa, 1609)

(Dessin tiré des Voyages de Champlain)

Cette économie basée sur les ressources naturelles nécessite alors de commercer avec les Amérindiens. Les alliances militaires et diplomatiques s’organisent avec les nombreuses nations amérindiennes. Le commerce des fourrures encourage l'établissement d'un réseau de commerce adoptant les pratiques commerciales des nations amérindiennes. L'organisation du commerce de fourrures introduit aussi rapidement les produits européens sur le territoire nord-américain.

Produits européens

La dépendance des Amérindiens aux produits européens perturbe profondément leurs réseaux de commerce et d'alliances en Amérique du Nord. Les nations sédentaires doivent produire de plus grandes récoltes et entretenir les relations diplomatiques à titre d’intermédiaire. Les chasseurs nomades doivent s’occuper davantage à la trappe et à la circulation des produits de la chasse.

Trappe de castor

Au début de la colonie, les Hurons, les Algonquins, les Abénaquis commercent directement avec les marchands français. Il y a peu d’intermédiaires français. Certaines nations autochtones agissent elles-mêmes comme intermédiaires avec différents groupes amérindiens. C'est le cas des Wendat (Hurons), des Algonquins et les Outaouais. Ces intermédiaires négocient les accords commerciaux au nom de plusieurs nations alliées.

Sur les lieux anciens de rencontre

Les marchands établissent des postes de traite aux différents lieux de rencontre ou sur des sites à nombreux avantages géographiques. Les plus importants sont d’abord Québec et Trois-Rivières. Montréal se développe rapidement et elle devient le centre économique le plus important du commerce des fourrures à cause de son emplacement géographique avantageux.

Intensification des rivalités du commerce

Le commerce des fourrures a aussi des effets sur les relations entre la Nouvelle-France et les colonies anglo-américaines. Les Français s’allient d’abord aux Hurons et les Hollandais et ensuite, les Britanniques s’associent aux Iroquois. Cette situation amène à des guerres invectives entre les rivaux. La volonté des métropoles d'étendre le territoire de la traite les conduit aussi vers des guerres dans les colonies nord-américaines. L'État se voit alors dans l'obligation d'installer des forts et de les défendre aux frontières des colonies rivales dans le commerce des fourrures.

Le commerce des fourrures a aussi des effets sur le peuplement de la Nouvelle-France. La main d’œuvre exploite surtout une ressource naturelle comptant déjà sur les Amérindiens. Le commerce des fourrures amène la France à explorer un vaste territoire et à développer les connaissances des lieux de trappe et de chasse. La main d’œuvre est majoritairement masculine et, elle se charge aussi des établissements permanents des postes de traite sur le territoire. Ainsi, la fourrure nécessite peu d’investissement de la métropole, mais elle exige l’exploitation des ressources sur un vaste territoire. Ce commerce pousse la France à l’expansion territoriale. Ainsi, la Nouvelle-France devient un vaste territoire de chasse et de commerce mais nécessitant peu de population et n’encourageant pas le peuplement.

Perturbation des réseaux de commerce

Les maladies et les guerres perturbent les réseaux d’échange des Amérindiens. Peu à peu des marchants et plus particulièrement les coureurs des bois remplacent les groupes autochtones à titre d’intermédiaires de traite. De petits postes s’établissent au carrefour des rivières importantes comme à la Pointe à Gatineau au confluent de l'Outaouais. La rivière des Outaouais est la voie de navigation principale pour se rendre vers le nord et l'ouest nord-américain. De cette grande rivière conduit vers un vaste réseau de rivières permettent d'atteindre les Grands Lacs, le fleuve Mississippi, le poste de Détroit et la Louisiane.

La disponibilité des ressources animales et la qualité des peaux à fourrure sont à la baisse après plusieurs années d’exploitation économique intensive. Les voyages de traite deviennent de plus en plus éloignés vers l’ouest, le sud et le nord des Grands Lacs. Les marchands organisent des expéditions de traite qui s’éloignent de plus en plus de la vallée du Saint-Laurent. Les « voyageurs » repoussent les frontières vers le sud-ouest de la Nouvelle-France. Ils se rendent dans les régions éloignées nord-américaines.

Progressivement, c’est le coureur des bois et les voyageurs qui prennent la place des intermédiaires amérindiens dans la traite des fourrures. Ces voyageurs vont à la rencontre des Amérindiens. Les Anglais, eux, établissent des postes de traite et ils attendent la venue des chasseurs autochtones. L’Iroquois est alors l’intermédiaire principal du côté des Britanniques et des Hollandais. Cette situation maintient les Guerres iroquoises qui sont en somme, des conflits sur le contrôle du commerce des fourrures

Des Amérindiens vendent des fourrures aux commerçants français vers 1745

Le commerce des fourrures occupe une place importante dans la vie quotidienne des Amérindiens vers 1745.

Chasse, Peaux, Magasin général, Comptoir de traite, Marchands, Échange, Consommation, Troc.

Source : Vidéanthrop,

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Le « coureur des bois » travaille à son propre compte. Il trappe, il négocie et il traite directement avec les Amérindiens et les marchants de fourrures.Il échange son butin directement aux postes de traite de gouvernance française. Il y a peu de permis pour la traite. Les marchands viennent à en détenir le plus grand nombre. Il y a peu de coureurs des bois. Il y a plutôt des groupes de voyageurs qui travaillent au profit des marchands de Québec et de Montréal.

Le commerce des fourrures en Nouvelle-France

Ce dessin date de 1916.

La Nouvelle-France s'est construite autour du commerce des fourrures entre les Amérindiens et les Français.

Source : George Agnew Reid

BIBLIOTHÈQUE et ARCHIVES Canada / C-011013

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Licence : Aucune. Fait partie domaine public.

Défense de la Colonie de peuplement sous le Gouvernement royal (1663-1760)

Le Gouvernement royal donne un rôle accru au Gouverneur général de la Nouvelle-France. Le Gouverneur devient la personne responsable des affaires militaires, de la défense intérieure et de l’expansion du territoire. Le Gouverneur est le commandant en chef des Compagnies franches de la Marine. Il supervise l’installation et il voit à la construction et au ravitaillement des forts. Une grande part des responsabilités militaires est le maintient des alliances amérindiennes qui sont indispensables à la défense du territoire. Il est cependant difficile de concentrer les efforts militaires sur un si vaste espace.

Forces, faiblesses et enjeux économiques des Britanniques

    1. Population : Plus d'un million d'habitants dans les Treize colonies

    2. Fourrure : New York, rivale de la Nouvelle-France pour le commerce

    3. Territoire (13 Colonies): Les côtes de l'Atlantique bordent les Treize colonies. À l'Ouest, il y a les Appalaches et les possessions français. Les colonies britanniques ne peuvent alors pas s’étendre vers l’Ohio et la Louisiane.

    4. Territoire (Autres colonies britanniques) : Terre de Rupert (Compagnie de la Baie d'Hudson)

    5. Pêche (Terre Neuve Br. et Louisbourg Fr.) : Dispute du contrôle des pêcheries

    6. Commerce : Boston prend ombrage de Louisbourg (Maritimes)

Schéma sur la population en Amérique du Nord vers 1745

Ce schéma démontre clairement que la population en Nouvelle-France est inférieure

à celle des 13 colonies anglo-américaines vers 1745.

Source : Service national du RÉCIT de l'univers social

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