Écrivains

"Elle...revenait dix fois, pour passer devant les gâteaux aux amandes, les saint-honorés, les savarins, les flans, les tartes aux fruits, les assiettes de babas, d'éclairs, de choux à la crème..." E. ZOLA Le Ventre de Paris

"Les pommes...étaient de peaux différentes, les pommes d'api au berceau, les rambourg avachies, les calville en robe blanche, les canada sanguines, les châtaignies couperosés, les reinettes blondes, piquées de rousseur..." (Emile Zola) Le ventre de Paris.

"Sur le carreau de la rue Rambuteau, il y avait des tas gigantesques de choux-fleurs, rangés en piles comme des boulets, avec une régularité surprenante. les chairs blanches et tendres des choux s'épanouissaient, pareilles à d'énormes roses, au milieu des grosses feuilles vertes, et les tas ressemblaient à des bouquets de mariée, alignés dans des jardinières colossales." Emile Zola - Le Ventre de Paris

Rue Saint-Denis ils entraient dans la gourmandise; ils souriaient aux pommes tapées, au bois de réglisse, aux pruneaux, au sucre candi des épiciers et des droguistes. Leurs flâneries aboutissaient chaque fois à des idées de bonnes choses, à des envies de manger les étalages des yeux. Le quartier était pour eux une grande table toujours servie, un dessert éternel, dans lequel ils auraient bien voulu allonger les doigts. Ils visitaient à peine un instant l'autre pâté de masures branlantes, les rue Pirouete, Mondétour, de la Petite-Truanderie, de la Grande-Truanderie, une fabrique de savon très douce au milieu des puanteurs voisines, qui arrêtait Marjolin, attendant que quelqu'un entrât ou sortît, pour recevoir au visage l'haleine de la porte. Et ils revenaient vite rue Pierre Lescot et rue Rambuteau. Cadine adorait les salaisons, elle restait en admiration devant les paquets de harengs saurs, les barils d'anchois et de câpres, les tonneaux de cornichons et d'olives, où les cuillers de bois trempaient; l'odeur du vinaigre la grattait délicieusement à la gorge; l'âpreté des morues roulées, des saumons fumés, des lards et des jambons, la pointe aigrelette des corbeilles de citrons lui mettaient au bord des lèvres un petit bout de la langue humide d'appétit; et elle aimait aussi à voir les tas de boîtes de sardines, qui font au milieu des sacs et des caisses des colonnes ouvragées de métal. Rue Montorgueil, rue Montmartre, il y avait encore de bien belles épiceries, des restaurants dont les soupiraux sentaient bons, des étalages de volailles et de gibier très réjouissants, des marchands de conserves, à la porte desquels des barriques défoncées débordaient d'une choucroute jaune, déchiquetée comme de la vieille guipure. Mais rue Coquillière, ils s'oubliaient dans l'odeur des truffes. Là se trouve un grand magasin de comestibles qui souffle jusque sur le trottoir un tel parfum, que Cadine et Marjolin fermaient les yeux, s'imaginant avaler des choses exquises. Claude était troublé; il disait que cela le creusait; il allait revoir la Halle au blé, par la rue Oudin, étudiant les marchandes de salade sous les portes, et les faïences communes, étalées sur les trottoir, laissant "les deux brutes" achever leur flânerie dans ce fumet de truffes, le fumet le plus aigu du quartier

Emile ZOLA

Un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été roulés dans la valve rainurée d'une coquille Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes le vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau(...).

Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul.

(...) Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante..., aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières...; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Et... toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.

Marcel PROUST

"Quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles, mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."

Marcel PROUST Du côté de chez Swann.

Et quand on n'a plus d’œufs ni de beurre...

UNE DRÔLE DE CUISINE PENDANT LE SIÈGE DE PARIS

"...Que je raconte comment je dus travailler pendant tout le siège, n'ayant que de la farine et du sucre, plus de beurre depuis longtemps et des œufs à 1 franc la pièce. L'on commença d'abord par user tous les saindoux et le lard chez les charcutiers, et ils le vendaient jusqu'à 6 francs le kilo. Une fois que cela fut épuisé, il y eut de la graisse de cheval, cela ne dura pas longtemps. les marchands de beurre allèrent chez tous les parfumeurs ramasser les vieilles pommades en pot et en bâton; il y en avaient qui sentaient le rance, l'on parfumait les pâtes au citron et ça filait. Mais c'est pour imiter les blancs d’œufs : j'avais commencé par faire bouillir 20 centimes de racine de guimauve dans 2 litres d'eau et le lendemain je fis des madeleines. Je commençai par fouetter 500 grammes de sucre avec 2 œufs, j'ajoutai en fouettant un demi-litre d'eau de guimauve, ça avait le collant du blanc d’œuf; ça montait bien, et une fois battu, je mettais ma farine et 250 grammes de pommade fondue et de la vanille, mais l'on se plaignait du goût; je changeai la méthode. Le même soir, je fis tremper 500 grammes de graines de lin dans 2 litres d'eau et je recommençai l'opération. J'ai fait des pains de Gênes avec, et ils se démoulaient très bien et le lin lui ne donnait aucun goût. Cela dura deux mois, puis vint l'armistice."

Le Mémorial historique et géographique de la pâtisserie, Pierre Lacam

"Une forteresse de pâté aux murailles blondes et dorées, qui renfermait dans ses flancs une garnison de bec-figues et de perdreaux". Th. GAUTHIER Capitaine Fracasse II

Les boutiques des marchands de volailles étaient encore à demi ouvertes, et celles des fruitiers rayonnaient de toute leur splendeur. Il y avait de grands paniers de châtaignes, ronds et ventrus comme de vieux messieurs bons vivants à la panse rebondie, s'étalant à la porte et débordant jusque sur le trottoir dans leur apoplectique prospérité. Il y avait des oignons d'Espagne, aux larges flancs, rougeâtres et basanés, luisants et obèses comme les moines de ce pays, lançant du haut de leur étagère d'aguichantes œillades aux jeunes filles qui passaient, puis regardant d'un air innocent le gui suspendu au plafond. Il y avait des pommes et des poires amoncelées en brillantes pyramides, il y avait des grappes de raisins que le boutiquier avait suspendues par bonté à des crochets bien visibles, pour que les passants en eussent gratis l'eau à la bouche; il y avait des piles de noisettes, brunes et moussues, rappelant par leur parfum les promenades dans les bois, et le plaisir d'enfoncer lentement dans les feuilles mortes jusqu'à la cheville; il y avait des chaussons aux pommes, trapus et dorés, dont le hâle faisait ressortir le jaune des oranges et des citrons et qui, de toute la densité de leur juteuse personne, priaient et suppliaient avec instance qu'on les emportât dans des sacs en papier pour les manger après le dîner. Les poissons rouges eux-mêmes, placés dans un bocal au milieu de ces fruits de choix, bien qu'appartenant à une race apathique dont le sang stagne, paraissaient savoir qu'il se passait quelque chose, et tournaient en rond du premier au dernier, la bouche ouverte, autour de leur petit univers, en proie à une excitation lente et sans passion.

Les Épiceries ! Oh, les Épiceries ! Presque fermées. Tous les volets en place sauf un ou deux peut-être, mais par ces fentes quelles perspectives ! Ce n'était pas seulement le son joyeux des plateaux de balance descendant sur le comptoir, ni l'allégresse avec laquelle la ficelle se séparait de sa bobine, ni le cliquetis des boîtes en fer-blanc montant et descendant comme dans un tour de jongleur, ni même les arômes mêlés du thé et du café si agréables à l'odorat, l'abondance et la beauté des raisins secs, l'extrême blancheur des amandes, la longueur des bâtons de cannelle si droits, la qualité exquise des autres épices, les fruits confits, couverts d'une couche inégale de sucre fondu, si épaisse qu'on se sentait pris, en les voyant d'une légère faiblesse et de tiraillements d'estomac. Ce n'était pas non plus parce que les figues étaient moites et charnues ou parce que les pruneaux au goût un peu acidulé rougissaient modestement dans leurs boîtes hautes en couleur, ou parce que tout était bon à mangé et paré pour Noël Mais c'est que les clients se hâtaient, si impatients de goûter les joies promises par ce jour, qu'ils se bousculaient en franchissant la porte, écrasant l'un contre l'autre leurs paniers à provisions dans leur hâte fiévreuse, oubliaient leurs emplettes sur les comptoirs, revenaient les chercher en courant et commettant mille erreurs de cette sorte, de la meilleure humeur du monde; tandis que l’Épicier et ses garçons montraient tant de franche gentillesse que les cœurs de métal poli qui agrafaient leur tablier par-derrière auraient pu être leurs propres cœurs exposés aux yeux de tous et livrés aux petites corneilles de Noël s'il leur plaisait de les picorer.

Charles DICKENS (les contes de Noël)


"Allons souper. Que ces brillants services,

Que ces ragoûts ont pour moi de délices !

Qu'un cuisinier est un mortel divin !

Chloris, Eglé me versent de leur main

D'un vin d'Ay dont la mousse pressée

De la bouteille avec force élancée,

Comme un éclair fait voler le bouchon...

Il part : on rit. Il frappe le plafond !

De ce vin frais l'écume pétillante

De nos Français est l'image brillante."

Voltaire (1694-1778)

Le vin de Champagne


LE GLOUTON

A son souper un glouton

commande que l'on apprête

Pour lui un seul esturgeon

Sans en laisser que la tête,

Il soupe; il crève. On y court,

On lui donne maints clystères,

On lui dit pour faire court

qu'il mette ordre à ses affaires,

"Mes amis, dit le goulu,

M'y voilà tout résolu.

Et puisqu'il faut que je meurs,

Sans faire tant de façon,

Qu'on m'apporte tout à l'heure

Le reste de mon poisson."

Jean de LA FONTAINE (1621-1695)

Fables (Flammarion)

Il y existait une vue des plus agréables sur la vallée des Gobelins ( on l' apercevait du troisième étage ) , et un joli jardin , au bout duquel s' étendait une allée de tilleuls . " Elle y parlait du bon air et de la solitude . Ce prospectus lui amena Mme la comtesse de l' Ambermesnil , femme de trente - six ans , qui attendait la fin de la liquidation et le règlement d' une pension qui lui était due , en qualité de veuve d' un général mort sur les champs de bataille .

Mme Vauquer soigna sa table , fit du feu dans les salons pendant près de six mois , et tint si bien les promesses de son prospectus , qu' elle y mit du sien .

Aussi la comtesse disait - elle à Mme Vauquer , en l' appelant chère amie , qu' elle lui procurerait la baronne de Vaumerland et la veuve du colonel comte Picquoiseau , deux de ses amies , qui achevaient au Marais leur terme dans une pension plus coûteuse que ne l' était la Maison Vauquer .

Ces dames seraient d' ailleurs fort à leur aise quand les Bureaux de la Guerre auraient fini leur travail .

" Mais , disait - elle , les Bureaux ne terminent rien . " Les deux veuves montaient ensemble après le dîner dans la chambre de Mme Vauquer , et y faisaient de petites causettes en buvant du cassis et mangeant des friandises réservées pour la bouche de la maîtresse .

Mme de l' Ambermesnil approuva beaucoup les vues de son hôtesse sur le Goriot , vues excellentes , qu' elle avait d' ailleurs devinées dès le premier jour ; elle le trouvait un homme parfait .

" Ah ! ma chère dame , un homme sain comme mon œil , lui disait la veuve , un homme parfaitement conservé , et qui peut donner encore bien de l' agrément à une femme . "

La comtesse fit généreusement des observations à Mme Vauquer sur sa mise , qui n' était pas en harmonie avec ses prétentions . " Il faut vous mettre sur le pied de guerre " , lui dit - elle . Après bien des calculs , les deux veuves allèrent ensemble au Palais - Royal , où elles achetèrent , aux Galeries de bois , un chapeau à plumes et un bonnet .

La comtesse entraîna son amie au magasin de La Petite Jeannette , où elles choisirent une robe et une écharpe .

Quand ces munitions furent employées , et que la veuve fut sous les armes , elle ressembla parfaitement à l' enseigne du Bœuf à la mode . Néanmoins elle se trouva si changée à son avantage , qu' elle se crut l' obligée de la comtesse , et , quoique peu donnante , elle la pria d' accepter un chapeau de vingt francs .

Balzac LE PÈRE GORIOT

" Dans la haute Banque , dit - il , on appelle gargotiers les chefs de cabarets élégants , Véry , les Frères Provençaux . Eh bien , ni ces infâmes gargotiers ni nos savants cuisiniers ne nous donnent de sauces moelleuses ; les uns font de l' eau claire acidulée par le citron , les autres font de la chimie . "

Le dîner se passa tout entier en attaques de Pillerault qui cherchait à sonder cet homme et qui ne rencontrait que le vide , il le regarda comme un homme dangereux .

Balzac CÉSAR BIROTTEAU (VI, paris) Page: 151

- Et les clients n'apportaient pas des gâteaux à mettre au four ?

- Non. Quand il y avait une noce, ils apportaient leur rôti... Quand ils tuaient le cochon, ils apportaient les "grotillons" pour qu'on leur cuise des fougasses avec. Dans ce cas, mon père ne faisait pas payer mais il "prélevait". Par exemple, pour une fougasse, il prenait quelques "grotillons", et, pour les rôtis, il prélevait du jus. Il se payait avec ça. Tiens une dinde par exemple, ça se prépare bien dans le four du boulanger! Mon père prélevait tout un bol de jus. Pas plus, hein! Je dois te dire, avec des pommes de terre, c'était un peu bon, du jus de dinde. Et même, quelquefois, il y avait la moitié d'un mouton pour une noce! Il faut savoir qu'il n'y avait pas de fourneaux dans les maisons en ce temps, tout se faisait au four du boulanger. Tu voyais arriver les gens avec leur plat... Un plat de pommes de terre, comme ça, coupées en tranches, et la moitié du chevreau dessus, avec du lard! Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon que ces pommes de terre rissolées... Parce que, attention! de la viande, on n'en achetait pas! on achetait... quelquefois, très rarement, une tête de mouton pour faire un bouillon. En règle générale, on mangeait nitre cochon, son lard, son pâté, et nos poules, et nos lapins, et nos œufs... Le boucher passait bien, à Avejan, avec sa "guérite", mais il n'avait comme clientes que les femmes de mineurs. les paysans ne pouvaient se permettre la viande. Tu comprends, les mineurs avaient de l'argent frais. Ils gagnaient trois francs par jour à ce moment-là.

- Ce n'était quand même pas le Pérou!

- Oh... en 1923, un mineur de la Jasse ou de la Vernarède gagnait plus qu'un instituteur! Mais, eux ils descendaient dans le trou.

Jean-Pierre CHABROL Le Crève-Cévenne

"Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un œil."

"convier quelqu'un, c'est se charger de son bonheur, pendant tout le temps qu'il est sous votre toit"

"Dis-moi ce que tu manges et je te dirai ce que tu es"

"La découverte d'un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d'une étoile"

" Heureux chocolat qui, après avoir parcouru le monde à travers le sourire des femmes, trouve la mort dans un baiser savoureux fondant dans leur bouche. "

(Aphorismes)

"La cuisine est le plus ancien des arts, et celui qui nous a rendu le service le plus important pour la vie civile."

(Apophtegmes)

Brillat-Savarin - La physiologie du goût

"Je pris mon billet et m'avançai fièrement sur le quai, avec mes fromages, tandis que les gens s'écartaient respectueusement à droite et à gauche. Le train était comble et je dus monter dans un compartiment où il y avait déjà sept personnes. Un vieux monsieur grincheux protesta, mais je montai quand même et, déposant mes fromages dans le filet, me casai avec un gracieux sourire, en disant que la journée était chaude. Quelques minutes se passèrent, et alors le vieux monsieur commença à s'agiter.

- Ça manque d'air, ici, dit-il.

- On étouffe positivement, reprit son voisin.

Alors tous deux se mirent à renifler; au troisième reniflement, ils en aspirèrent une bonne bouffée et ils se levèrent sans un mot et sortirent. Puis une grosse dame se leva et dit que c'était honteux de manquer ainsi de respect à une honnête mère de famille"...

Jérôme K. Jérôme

Comptines et chansons pour les enfants

J'aime mieux les bonbons

que le gigot de mouton,

J'aime mieux les gâteaux

que la soupe aux poireaux,

J'ai de la confiture

sur toute la figure,

et du chocolat

du haut jusqu'en bas.

Moustache de chat

Filet d'foie gras.

- qu'est-ce qui rit ?

- c'est le poireau ras

- qu'est-ce qui rue ?

- c'est le poireau rond.

c'est le poireau ras rond

qui sautille sur le pont

c'est le poireau rond ras

qui s'en va au Sahara, halte-là !

les poireaux

ne poussent pas par là !

Ah ! mesdames voilà du bon fromage

Voilà du bon fromage au lait

Il est du pays de celui qui l'a fait

Celui qui l'a fait il est de mon village

La vache et son lait, ils sont de mon village

Ah ! mesdames...

Le pré qu'elle broutait, il est de mon village

Ah! mesdames...

Les tartelettes amandines

Battez pour qu'ils soient mousseux,

Quelques œufs;

Incorporez à leur mousse

Un jus de cédrat choisi;

Versez-y

Un bon lait d'amandes douces.

Mettez de la pâte à flan

Dans le flanc

De moule à tartelettes;

D'un doigt preste abricotez

Les côtés;

Versez goutte à gouttelette

Votre mousse en ces puits, puis

Que ces puits

Passent au four, et, blondines,

Sortant en gais troupelets,

Ce sont les

Tartelettes amandines !

Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)

"La soupe à l'oignon" (extrait)

Quel est ce bruit appétissant

qui va sans cesse bruissant ?

On dirait le gazouillis grêle

d'une source dans les roseaux,

ou l'interminable querelle

d'un congrès de petits oiseaux.

Mais cela n'est pas. Que je meure

sous des gnons et sous des trognons,

si ce ne sont pas des oignons

qui se trémoussent dans du beurre.

Raoul Ponchon