Ce projet de voyage au Chili remonte loin , très loin .
En 1994 , nous étions partis pendant 7 mois en Amérique du Sud . A cette époque , le vélo était notre moyen de transport favori . Le projet initial était de visiter pendant une année ce continent . Malheureusement au bout de 7 mois notre motivation n’est plus là . La faute en grande partie à l’insécurité latente . 9 vols ou petits larcins et un racket ont eu raison de notre beau projet .
Ce goût d’inachevé pour ne pas dire d’échec resta très longtemps dans nos mémoires . Nos derniers coups de pédales s’étaient effectués sur le Salar d’Uyuni en Bolivie . Les lagunas du Sud Lipez et du Chili nous tendaient pourtant les bras mais non , c’en était trop . On a remis nos affaires dans un avion pour la France .
Mais le Chili restait dans un petit coin de nos têtes .
A notre arrivée , la capitale est déserte , personne dans les rues , même en pleine journée . Pendant la fête nationale , les chiliens se retrouvent en famille et si possible loin des villes .
Quelques quartiers sont un peu plus animés . Le mercado central ainsi que Bellavista ( quartier jeune et branché ) et le cerro San Cristobal lieu idéal pour mieux appréhender de haut cette ville .
Tout s'est enchainé à merveille , on a seulement attendu 10 mn avant que le bus parte . Nous avons pris la compagnie Pullman bus , c'est confortable et le prix est raisonable .
Le trajet a duré env 2h . Une fois arrivé à destination , on a pris un collectivo pour le centre ville . Avec les sacs pas trop facile mais ça l'a fait .
Comme nous sommes arrivés de bonne heure , pourtant ça grimpait dur , la chambre que l'on a réservé n'était pas prête ; pas grave , on part faire un petit tour . Quand on revient , elle n'est toujours pas prête et l'on a l'impression que celle qu'on nous propose n'est pas de la même catégorie que la chambre que l'on a réservé sur le net .
Après vérfication , on se rend compte que tout était dans la façon de la présenter . Bref pour 30 Euro ,on a une cage à poule certes propre avec un petit patio mais c'est un peu cher pour la prestation .
Une fois la désillusion avalée , on part à la découverte de la ville . Ca grimpe et ça grimpe encore et toujours mais c'est sympa . Des graphitis en veux tu en voilà , des grands , des petits , des glauques , des humoristiques , toute la ville semble être passée entre les mains ou les bombes de peinture d'artistes plus ou moins talentueux . Le résultat est surprenant .
Revers de la médaille , c'est touristique avec tout ce qui va avec , prix hauts et parait il petite délinquance .
Nous logeons rue Uriola ( hostal cero Alegre ) , de là , la rue monte raide sur les hauteurs de la ville , un vrai bonheur .
Il est impossible de parler du Chili , sans évoquer l’un des ses plus illustres personnages , Pablo Neruda . Cet homme d’origine modeste ( père cheminot et mère institutrice ) a eu plusieurs vies . Il fut écrivains , diplomate et homme politique très populaire dans son pays et bien au-delà . Son décès reste encore à l’heure actuelle une zone d’ombre .
Il possédait 3 maisons au Chili dont une à Valparaiso , La Sebastiana achetée par le poète dans les années 60 . Neruda aimait les belles antiquités maritimes . Sur 5 étages , on découvre son univers fait de pièces aménagées avec gouts . De cette demeure tel un phare dominant la baie de Valpo ( c’est ainsi que les habitants nomment leur ville ) est magnifique .
Retour sur Santiago et envol pour l'ile de Pâques ( fera l'objet d'une page à part )
Si l'embarquement pour l'ile de Pâques c'était la pagaille , là au moins avec Sky c'est bien organisé .
Après un peu plus de 2h de vol , on arrive sans encombre à Iquique . Normalement , j'avais réservé un pick up 4x2 et là , bonne surprise le gars nous propose un 4x4 . Un Mitsubishi L200 .
Petit bémol , il ressemble à ce j'appelle un pick up de pompier , ( antenne , gyrophare ) de couleur rouge avec des bandes réfléchissantes jaunes . Pour passer inaperçu c'est raté mais pour se fondre dans la masse c'est parfait . Il faut voir le bon coté des choses , non ?
Une fois nos derniers achats en ville effectués ( matelas de camping , bouffe etc ) , on prend la route de Humberstone . Malheureusement on y arrive un peu tard , il restait 30 mn de visite .
On y reviendra le lendemain . Mais avant cela il nous faut trouver notre premier bivouac.
La région est très aride , poussiéreuse , composée de petites dunes ou collines de sable .
Pas facile de trouver une piste qui pénètre là dedans . On avance , au début avec hésitation de peur de s'enfoncer . Dès que l'on quitte la piste , le sol est meuble , heureusement qu'on a un 4x4 sans cela j'aurai très vite renoncé .
Finalement , on s'abrite du vent fort derrière une petite dune . Le véhicule lui aussi nous protège un peu .
La nuit sera douce .
Comme prévu , on retourne visiter Humberstone ainsi que Santa Laura . Ces deux sites d'exploitation du nitrate sont à l'abandon depuis les années 60 . Tout est resté en place . A l'apogée , le site embauchait jusqu'à 30 000 personnes . Un théâtre , une église , un hôpital et même une piscine sont restés en place tels quels .
Le site industriel donne un très bon aperçu de la vie que pouvait avoir les ouvriers à cette époque .
Une visite très instructive .
Non loin de notre route , on a fait un petit crochet pour aller voir El Gigante de Atacama . Ce géoglyphe représente un chaman datant d'env 900 ans . C'est le plus grand géoglyphe jamais trouvé dans la région.
Ne connaissant pas l'autonomie du 4x4 , on est parti prudemment en direction d'Arica . On savait que l'on ne trouverait pas de carburant pendant env 300 kms A Arica , on refait le plein et l'on achète un jerrycan dans une station COPEC en prévision de la suite du voyage .
En regardant sur Ioverlander on se rend compte que les endroits pour planter sa toile de tente dans les environs d'Arica ne sont pas nombreux . On trouve une plage à 40 kms au Sud de la ville , on repart donc d'où l'on vient ...
L'endroit , s'il avait été un peu plus propre aurait été idyllique . La plage de Caleta Victor est enserrée par des montagnes . C'est tranquille et que c'est beau !
Après Arica , la route s'élève rapidement . Les paysages changent . La plaine cultivée laisse progressivement la place à d'immenses montagnes de sable de couleur ocre . Puis vers 2000 m env , les premiers cactus font leur apparition , ensuite encore plus haut vers 3000 un autre type de végétation apparaît .
A Putre , on se trouve un hostal ( La Paloma ) seulement il n'y a pas d'eau !
On nous explique qu'un camion a écrasé la conduite d'eau principale du village et que ça prendra un peu de temps à réparer .
La soirée et la nuit n'ont pas été très confortables . On a tous les deux le mal des montagnes . Gros mal de tête , envie de vomir , bref on n'est pas très bien . Nous sommes conscients d'être montés un peu trop rapidement et l'on en paie le prix ...
L'eau est revenu , c'est déjà ça ...
Au lieu de repartir le lendemain comme on l'envisageait , on se prend une nuit supplémentaire , et l'on avisera sur la suite à donner . On essaie de rester tranquille ; dès que l'on bouge un peu trop ça tambourine . Pour s'occuper on essaie de regarder la télévision mais comment dire , c'est artistique avec une réception un peu bancale ...
Après une matinée tranquille , nous avons repris la voiture pour monter au village de Parinacota . Le village est tout petit et regroupé autour de sa très belle petite église . Elle était malheureusement fermée . Etant à plus de 4000 , on n'a pas forcé et pourtant ça cognait fort dans la tete .
Une file ininterrompue de camions allant vers la frontière bolivienne attendaient sur la route . Cette dernière est en travaux , on a "bouffé" de la poussière à haute dose pendant plusieurs kms jusqu'au lac Chungara ( alt 4517 m ) . Ce lac , est l'un des plus hauts lacs du monde . Le lac et les montagnes environnantes ont des couleurs magnifiques . Quelques oiseaux vivent là . A cette altitude , on se demande comment il font pour supporter un tel froid et un tel vent .
Après une très courte promenade , on est redescendu en prenant une petite piste autorisée ou pas on ne sait pas ( les indications étaient contradictoires ) , pour aller voir de plus près la laguna Cotacotani . Elle est composée de plusieurs petits lacs très colorés .
Laguna Cotacotani
Malgré des maux de tête persistants , on décide de partir pour la laguna Sourire et le parc d'Isluga . A Putre , il n’y a pas de pompe à carburant . Nous achetons à notre hôtel 20 litres de gasoil au prix fort ( prix normal 570 Pesos chilien ( CLP ) acheté 1000 CLP ) .
A peine sorti de Putre , deux voyants s'allument au tableau de bord du Mitsubishi . ( filtre à particules diesel et défaut moteur ) . Le 4x4 n'a plus de puissance ,on roule à 40. Visiblement le moteur s’est mis en sécurité . Impossible de faire quoi que se soit .
On décide de retourner à l’hôtel . Avec l'aide très sympa de la patronne de l'établissement , on essaie de téléphoner à l'agence de loc . Ils décident de venir nous changer le véhicule .
Putre est situé à environ 150 kms d’Arica , on supposait que notre véhicule de remplacement viendrait de là et bien non . Nous ne savons pas pourquoi mais ils ont décidé de l’acheminer depuis Iquique qui se situe à env 450 kms !
L’attente fut longue , mais c’était un mal pour un bien . Comme notre acclimatation à l’altitude n’est pas géniale cela nous a permis de rester tranquille une journée supplémentaire .
Un peu avant 22h , notre nouvelle voiture arrive d'Iquique . C'est un pick up Toyota Hilux avec un moteur de 3 L . Ça c'est une bonne surprise !
Le chauffeur a l'air bien fatigué . Après avoir fait l'état des lieux du véhicule ( en pleine nuit c'est le pied ! ) on lui offre un repas . Il décide de repartir sur Iquique juste après avoir mangé . C'est de l'inconscience mais ça le regarde .
Parc de Lauca , Laguna Surire , Isluga