PETIT PAYS, GAËL FAYE
Premier roman d’un auteur compositeur, Petit pays raconte de façon très émouvante les souvenirs d’une enfance heureuse au Burundi, dans une végétation luxuriante, un climat chaud propice aux baignades, à la découverte d’une nature foisonnante et de peuples aux modes de vie particuliers, comme les Pygmées. La famille de Gabriel, surnommé Gaby, installée dans un quartier aisé, est servie par de fidèles domestiques, mais la population autochtone est souvent très pauvre, le jeune garçon en prend conscience à la suite d’un vol de vélo. Le narrateur, né en Afrique d’un père français venu du Jura et d’une mère originaire du Rwanda, garde la nostalgie de son pays natal et cite un poème de Jacques Roumain : « Si l’on est d’un pays (…) on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes. »
Cependant, le bonheur de Gaby et de sa sœur Ana est d’abord troublé la séparation des parents ; le couple mixte qui se déchire semble préfigurer les drames à venir. Car la guerre va bientôt semer l’inquiétude, puis la terreur dans la petite impasse où les garçons s’amusaient à dérober des mangues dans les jardins des voisins. Les cousins rwandais sont menacés, puis massacrés, victimes du génocide. La mère, partie à la recherche des siens, rentre traumatisée par la perte de sa famille sauvagement assassinée, elle en perd la raison. Le Burundi n’est pas épargné par les conflits ethniques entre HUTUS et TUTSIS, la guerre fait rage, les adolescents s’y trouvent mêlés malgré eux, et Gaby, malgré son désir de vivre paisiblement au milieu des livres, se trouve pris dans une spirale infernale de violence, contraint à tuer un « ennemi » pour défendre son quartier. Peu à peu, les étrangers quittent le pays, Gaby et sa sœur vont fuir le Burundi et trouver refuge en France. Leur père, resté en Afrique, tombera dans un embuscade peu après leur départ. Vingt ans plus tard, le narrateur retrouve le pays natal et les rares survivants à être demeurés sur place. Beaucoup sont morts, d’autres sont dispersés à travers la planète, mais le Burundi éternel, lui, n’a pas disparu.