JE M’EN VAIS Jean ECHENOZ
Le roman de Jean ECHENOZ suit une année durant le même personnage, FERRER, quinquagénaire plutôt séduisant, et de santé fragile, qui tient une galerie d’art à Paris. Il quitte sa femme, Suzanne, au début du livre et enchaîne les mésaventures. Aléas du marché de l’art, liaisons sans lendemain, voyage dans le grand Nord en quête d’une cargaison échouée. Une intrigue policière vient pimenter l’univers romanesque : vol d’objets d’art primitif, drogue, crime, changement d’identité. D’une plume précise et ironique, distanciée, l’auteur dépeint un monde moderne où chacun fuit, où rien ne dure, ni les relations, ni la fortune, ni les amours, où rien ne semble compter, sauf l’argent. L’écrivain évoque l’errance d’hommes inconstants et inconsistants, il ébauche des portraits de femmes lisses et belles mais froides, secrètes, insaisissables. Tout passe, tout lasse, tout casse, semble nous dire ECHENOZ.
Les Editions de Minuit, 253 pages.
PARIS EST UNE FÊTE Ernest HEMINGWAY
Composé de pittoresques vignettes sur la vie parisienne dans les années 20 du siècle dernier, l’ouvrage restitue l’atmosphère d’une ville effervescente où la « génération perdue » de la grande guerre découvre, une fois la paix revenue, les plaisirs du jeu, des courses de chevaux, du sport, notamment la boxe, et des boissons fortes dans les fameux cafés de la capitale. On s’étourdit, on s’enivre. Paris est le centre d’une vie artistique et intellectuelle brillante. Dans les pages d’HEMINGWAY, on croise le peintre PASCIN, « Miss STEIN », célèbre collectionneuse d’œuvres d’art et femme de lettres, Ezra POUND et le couple FITZGERALD, l’écrivain Scott et son épouse Zelda.
Ernest HEMINGWAY se campe en jeune homme pauvre ( il ne mange pas toujours à sa faim), plein d’espoir et d’ambition littéraire ; il mène avec sa femme une existence bohême, car il a renoncé à la relative sécurité financière du journalisme pour sa lancer dans la création romanesque. L’auteur a la dent dure pour le microcosme mondain ou marginal qu’il côtoie, critiques, modèles de peintres, écrivains en panne d’inspiration… Parfois, la fête se termine mal : alcoolisme, folie, suicide. Nombre de silhouettes rencontrées dans le livre ont un destin tragique. Cependant la tonalité de ces récits et anecdotes reste souvent légère, teintée d’humour et de dérision. La plume d’ « Hem », alerte et vive, évoque avec allégresse des souvenirs de jeunesse dans des décors citadins, sur les bords de la Seine, plus rarement en montagne, car de joyeuses vacances en Autriche, à la neige, émaillent la vie du couple durant ces années plutôt heureuses.
Gallimard, collection folio, 350 pages.