LE PETIT COL DES LOUPS Maryline DESBIOLLES
Le récit campe une très jeune femme enceinte, après une brève liaison avec Vincent, un appelé parti se battre de l’autre côté de la Méditerranée, au temps de la guerre d’Algérie. Le soldat ignore la grossesse et ne donne que de rares et laconiques nouvelles, car l’écriture n’est pas son fort. L’héroïne, postière dans un village situé près de la Côte d’Azur, dissimule son état à ses proches mais se confie à Marie-Marthe, sa marraine de cœur, une marginale énergique, dure au travail, belle et farouche, presque sauvage, sorcière peut-être, qui vit seule dans une bergerie après un mariage raté. La splendide nature de l’arrière-pays niçois est évoquée avec beaucoup de poésie, la jeune femme est en symbiose avec les éléments qu’elle arpente sans cesse, mais l’âpreté, la violence des relations humaines n’est jamais gommée ; on s’interroge sur un conflit colonial dont les journaux n’expliquent pas grand-chose (mais un jeune du village meurt là-bas) ; de douloureuses histoires de relégation féminine sont révélées par Marie-Marthe : celle de la fille tondue pour avoir couché avec un Allemand, enfermée dans une cave par sa propre famille,ou le scandale d’une liaison avec un homme marié. Peu à peu , la jeune femme enceinte sort de son ignorance et envisage de rompre le silence sur l’enfant à naître.
Editions du Seuil, collection Points, 2002, 127 pages.
L’ECHAPPEE BELLE Anna GAVALDA
Le roman court et léger raconte une journée dans la vie d’une fratrie d’adultes habituellement séparés mais réunis le temps d’une fête de mariage qui s’annonce ennuyeuse. Alors Garance, Lola et Simon prennent la poudre d’escampette, loin des belles-sœurs acariâtres et retrouvent leur complicité d’antan. Les deux sœurs et le frère vont rejoindre le benjamin, Vincent, guide saisonnier dans un château de la campagne tourangelle. Jour volé, jour heureux : « Nous étions bien. Il y avait le glouglou de l’eau, le bruit du vent dans les arbres et le bavardage des oiseaux. Le soleil jouait avec la rivière, crépitant par ici, se sauvant par là, torpillant les nuages et courant sur les berges. »Le quatuor goûte aux bons vins du cru et se remémore les plaisirs d’autrefois, les chansons douces de l’enfance, celle d’Henri Salvador, (et la pluie sur Nantes de Barbara, Le petit bal perdu, mais aussi Dalida), les musiques de Bach et de Vivaldi, sont évoquées avec émotion. Brève parenthèse, joyeux intermède où la nostalgie se cache derrière le rire, les plaisanteries et l’autodérision.
Editions le dilettante, 2009, 164 pages.