Saint-Benoît-sur-Loire (45)

L'église abbatiale vue de l'ouest.

La tour porche.

L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (ou abbaye de Fleury) fut fondée en 651 à la suite du vol des reliques de saint Benoît en Italie (un pieux larcin). L'une des plus importante abbaye bénédictine de France, son histoire est émaillée de périodes de grandeur et de déclins, d’incendies et de reconstructions.

En 800, l'évêque d'Orléans Théodulphe gouverne la puissante abbaye et fait construire l'oratoire proche de Germigny-des-Prés. Mais les raids scandinaves (jusqu’en 897), provoquent la fuite des moines. Au Xe siècle Saint-Benoît-sur-Loire est prise en main par l’abbaye Cluny avec les abbés Abbon (988 à 1004) et Gauzlin (1004 à 1030).

L’église abbatiale consacrée à Notre-Dame est incendiée en 1026, elle est reconstruite progressivement par Gauzlin, vers 1027 puis par Guillaume (1067-1080) et ses successeurs. La chronologie des travaux médiévaux se fait en quatre phases :

1. La plus ancienne construction est la salle du trésor (1004).

2. La tour-porche serait construite vers 1020 et 1050 ou aux alentours des années 1080.

3. L'abside, crypte et chœur de l’église sont achevés en 1108

4. La construction de la nef débute 1160 et s’achève vers 1207.

Le monastère fait l’objet de travaux aux XVe et XVIe siècle, au XVIIe siècle et il est restauré au XIXe siècle.

L’église abbatiale forme donc une combinaison de constructions de plusieurs époques. Son plan présente des changements d’orientation due aux travaux successifs :

La tour porche de deux étages occupe la partie ouest. Une longue nef, formée d’un haut vaisseau encadré de bas-côtés, ouvre sur un transept saillant à quatre absidioles qui encadre une croisée de chœur surmonté d’une coupole. La partie orientale est formée par une longue travée de chœur (ou un avant-chœur) rectangulaire ayant un haut vaisseau séparé par des arcades de collatéraux qui l’encadrent. Le chevet est formé d’une abside semi-circulaire à deux chapelles rayonnantes, deux autres ferment les côtés nord et sud. L’ensemble reprend en plan la crypte qu’il surmonte.

De la crypte on accède à la salle du trésor, elle est surmontée d’un étage refait au XIIe siècle.

La tour porche est un élément quasi indépendant de l’église. Son plan forme un carré irrégulier de 16 m de côté et elle s’élève sur deux niveaux. Douze puissants piliers décorés de chapiteaux supportent des voûtes d’arêtes renforcées d’arcs doubleaux au premier niveau, sa hauteur est de 6,60 m. Le second niveau plus haut (10, 35m) présente le même voûtement, seule la travée orientale possède trois petites coupoles et des voûtes en cul de four qui surmontaient des ouvertures vers la nef.

La disposition des piliers est irrégulière, certains sont restaurés ou refaits au XVe siècle et au XVIIe s. et en 1836-1839.

Il n’y a pas d’éléments de datation précis pour la basilique, et la tour porche fait l’objet de discussions depuis le XIXe siècle : elle est soit datée du début du XIe s. (1020) soit de la fin de ce siècle (1080), voire les deux, en estimant que le chantier ayant duré quasiment tout le siècle. La discussion porte principalement sur la datation des chapiteaux du rez-de-chaussée : ils sont proches de ceux de l'abside de Saint-Sernin de Toulouse qui est datée des années 1080. Les chapiteaux de l’étage seraient plus tardifs.

Les chapiteaux du rez-de-chaussée de la tour porche.

Une signature se lit sur la partie supérieure d’un chapiteau : Umbertus m’a fait (Umbertus me fecit)

Les chapiteaux du rez-de-chaussée de la tour porches suivent en majorité le modèle du chapiteau corinthien : les angles sont marqués par des volutes en saillie, la partie centrale est nettement détachée. Les compositions sont fermement structurées avec une grande lisibilité, que cela soit pour les décors ou les personnages. Ce qui est un peu paradoxal en raison de l’iconographie incomprise de nombreuses scènes.

Des chapiteaux sont inachevés, ils sont laissés sous la forme de dégrossis.

Les chapiteaux végétaux abritent quelquefois des figures humaines ou animales. Les chapiteaux figurés portent des lions, des volatiles, des serpents, un sanglier, des chiens ou des ours. Les animaux sont adossés ou affrontés.

Les figures humaines sont nombreuses, acrobates, comédiens, athlètes, chasseurs, dresseurs, forment tout un petit univers plein de vie et de mouvements.

Les chapiteaux historiés représentent l'Annonciation, la Visitation, la fuite en Égypte. Les chapiteaux de l'angle Sud-Ouest représentent des scènes de L'Apocalypse : les cavaliers, le fils de l'homme, le dragon enchainé, saint Michel et le diable se disputant les âmes. Un miracle de saint Martin figure sur un des piliers.

Bibliographie

Éliane Vergnole, Saint-Benoît-sur-Loire, société française d’archéologie, 2018.


Chapiteau de la tour porche portant l'inscription Umbertus me fecit, signature du sculpteur

l'Incrédulité de saint Thomas

Saint Martin

Les cavaliers de l'Apocalypse, La Bible, Apocalypse, 6-8

Saint Jean, l'agneau sur l'autel, la chutes des étoiles et des âmes

Apocalypse, les ressuscités et celui qui trône, La Bible, Apocalypse, 21-5

La nef de l'abbatiale.

Saint Benoît libère un paysan du goth Zalla, absidiole nord du transept

La partie orientale de l'église abbatiale.

Colonne et chapiteau de la salle du trésor.

La crypte

Linteau gothique (XIIe s.) inachevé. Vierge en Majesté et apôtres.