Saint-André de Besse (63), France

Plan de distribution des chapiteaux historiés : en noir les parties romanes conservées.

L'église Saint-André de Besse-en-Chandesse a une histoire riche. Les parties les plus anciennes sont romanes : la façade ouest, la nef et la croisée du transept. Le chœur est reconstruit au XVIe s., les chapelles sud sont édifiées au XVIIe s. et les chapelles nord au XVIIIe s. À la Révolution, le clocher est abattu : il est reconstruit entre 1810 et 1820 ainsi que l'abside semi-circulaire. En 1886 l'église est classée monument historique ; elle est dégagée de la muraille médiévale ainsi que du cimetière et des maisons qui l’entouraient.

La nef, divisée en quatre travées, est composée d’un large haut-vaisseau voûté en plein-cintre supporté par des colonnes massives, comme à Saint-Nectaire et à Saint-Julien de Chauriat. Les collatéraux sont voûtés en arc-de-cercle ou demi-cintres et segmentés par des arcs doubleaux. La croisée est la seule partie conservée du transept : son centre est surmonté par une coupole. Le chevet roman devait avoir une abside centrale flanquée de deux absidioles, et être précédé d'une travée de chœur ouvrant sur un sanctuaire entouré d'un rond-point et d'un déambulatoire.

La sculpture de Saint-André est tout à fait particulière par sa thématique et sa facture : sur les 28 chapiteaux conservés, 19 sont à motifs végétaux, 8 sont figurés, 1 est laissé brut. Les chapiteaux végétaux sont variés : feuilles d’acanthe retournées, fendues et évidées, portant des fruits, en doubles ou triples couronnes, les corbeilles peuvent être entourées d’une résille, décorées de méandres aux motifs de grecques encadrants des feuilles d’acanthe, et quelquefois, des têtes animales ou humaines jaillissent des feuillages.

Les chapiteaux figurés représentent des scènes profanes ou sacrées. Des porteurs de moutons (ou de veaux ?) sont encadrés de têtes de loups (?). Un autre chapiteau est généralement considéré comme étant une représentation de sacrifice d'un bœuf, mais il est plus vraisemblable de voir un voleur de bestiaux encadré par des soldats et un homme à la jambe de bois (comme sur la mosaïque de la cathédrale de Lescar). On note une rare représentation de minotaures affrontés qui saisissent des palmes réunies en une pomme de pin. Un singe tenu en laisse (ou un homme nu) porte des restes de couleur rouge et blanche. Trois aigles sont perchés sur une couronne d’acanthe : l'un d'entre eux enserre un animal, probablement un cerf. Un chapiteau présente deux anges qui déroulent des phylactères portant les noms de Luc et de Jean. On trouve aussi la représentation de la crucifixion de saint André encadré de séraphins. Ils sont entourés de l’inscription "PASIONEM SANT ANDRE APOSTOLIS".

Un grand chapiteau de la nef illustre la parabole de "Lazare et le mauvais riche" : la première scène, à l’ouest, représente Lazare, pauvre et malade entouré d’un aigle et d’un ange. Il attend dans l’antichambre du mauvais riche, un chien lèche ses plaies. La scène nord représente le banquet du mauvais riche encadré de son épouse et d’un serviteur. À l’est figure la chute de l’âme du mauvais riche. Sur le côté sud, l’âme de Lazare auréolée est portée au ciel par deux anges prenant appui du pied sur son sépulcre.

Les sculpteurs romans qui ont œuvré à Besse ont probablement aussi travaillés à Trizac (Cantal), à Saint-Nectaire et à Chauriat comme le suggèrent des chapiteaux identiques.


Dominique Allios.

Photos : D. Allios, M. Azemberg, N. Guermeur.

vue de la nef

Chapiteau aux aigles, identique à ceux de Saint-Nectaire

Détail des stalles de la fin du XVIe s.

Parabole de Lazare et du mauvais riche.

Cette scène est représentée de nombreuses fois dans l'art roman (voir Saint Sernin de Toulouse la porte des Comtes, ou dans le portail de Moissac côté ouest).

Elle dénonce la cupidité et l'absence de générosité, cette parabole provient de l'évangile selon saint Luc :

« Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Il s'écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme. Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. D'ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire. »

Bible, NT, Luc 16, 19-30