Les grottes de Jonas sont creusées dans une falaise de tuf tendre. Il s'agit d'un vaste complexe de plusieurs centaines de cavités troglodytiques qui comprend un château du XIIIe s., des habitations, des salles consacrées à l’artisanat, l’agriculture et l’élevage, ainsi qu'une chapelle. La seule mention historique connue est une donation du seigneur local, Dalmas, en 1223. Le vocable de la chapelle rupestre est soit Saint-Pierre, soit Saint-Laurent. Celle-ci a été abîmée (comme tout le site) par un effondrement de la falaise suite à un séisme en 1706 et a perdu en partie sa façade qui a été maladroitement rapiécée. Les fresques de la chapelle des grottes de Jonas datent probablement du IXe s. Elles sont les plus anciennes peintures romanes d'Auvergne.
La chapelle est restée inachevée en raison de la rencontre des bâtisseurs avec une masse de basalte qui est trop dure pour les outils des mineurs. On distingue des amorces de vaisseau principal, d’un bas-côté au sud et de deux absides. Dans le plafond du haut-vaisseau, une salle supérieure est aménagée pour faire office de clocher. Le bas-côté méridional est séparé du vaisseau principal par des grandes arcades à colonnes surmontées par des chapiteaux trapézoïdaux. Un seul d’entre eux est sculpté (il se situe en contrebas de la chapelle en raison de l’effondrement de la façade). Son style et sa forme le rapprochent des chapiteaux du narthex ou de l’avant-nef de Notre-Dame de Chamalières du X-XIe s. Les fresques quant à elles sont partiellement conservées.
Des prophètes (de l’Ancien Testament) ou des personnages bibliques figurent sur les écoinçons de l’arcature qui sépare la nef du bas-côté ; ils ont les bras en croix. Sur le bas-côté, plusieurs scènes appartiennent au Nouveau Testament :
une vierge en Majesté traitée suivant le modèle byzantin,
le "Baiser de Judas" et le couronnement d’épines devant la ville de Jérusalem,
le "Reniement de Pierre",
la "Descente de la croix",
les "Saintes femmes au tombeau et l’ange de la Résurrection",
Le "Christ ressuscité".
Une scène, illisible, est considérée tantôt comme le "Jugement Dernier", tantôt comme le "Sermon sur la montagne" ou encore la "Multiplication des pains".
Les scènes sont séparées par des colonnes peintes et on distingue en plusieurs endroits des personnages et des motifs végétaux qui sont effacés.
Les couleurs, le traitement des personnages et les motifs architecturaux sont proches de ceux que l’on trouve en Italie et en France entre le Xe et le XIe s. Il n’existe aucune autre fresque de ce type dans la région, et les auteurs s’accordent traditionnellement à les dater du XIIe s.
D. A.
Site internet touristique : https://jonastroglo.fr/
Façade de la chapelle de Jonas
Le Christ couronné d'épines et la ville de Jérusalem
Les Saintes Femmes au tombeau du Christ et l'ange de la Résurrection
Saint Pierre et la servante
Motif décoratif
Détail de visage
Détail de visage
Vierge en Majesté
Niche d'autel
Chapiteau sculpté
Le clocher
Détail d'un personnage situé dans la partie effondrée de la chapelle
Escalier et salles du château de Jonas (XIIIe s.).