Teresa Chevrolet

Université de Genève


Casus belli : la Poétique et ses lecteurs renaissants

Dès ses premiers commentaires dans l’Italie du XVIe siècle, la Poétique d’Aristote apparaît comme un brûlot. Tout contribue à une réception orageuse : le texte d’Aristote lui-même, profondément novateur mais brassant des notions que tout lettré croit reconnaître (muthos, poiesis, mimèsis) ; le climat de réactivité épidermique aux polémiques littéraires, entretenue jusqu’à la fin du siècle par la réception des grandes oeuvres des lettres italiennes, celles de Dante et de Pétrarque en particulier, mais aussi de l’Arioste, de Guarini, du Tasse ; l’atmosphère morale et théologique peu favorable, liée au Concile de Trente. La Poétique provoque ainsi dans le paysage littéraire du siècle des tempêtes inattendues, dont le déchaînement menace quelquefois d’engloutir son texte même.