Bénédicte Delignon

ENS Lyon – HiSoMA UMR 5189


L’Art poétique d’Horace comme relecture de la Poétique : Aristote à l’épreuve de la transmission indirecte et de l’acclimatation culturelle

Horace n’a vraisemblablement jamais eu d’accès direct à la Poétique d’Aristote. Sur la base d’un témoignage de Porphyrion, on considère généralement que la transmission s’est faite par Néoptolème de Parion, dont on essaie de reconstituer à la pensée à partir de fragments de Philodème de Garadara conservés dans les papyrus d’Herculanum. Il est dès lors impossible de savoir si la sélection que l’Art Poétique opère dans le matériau de la Poétique d’Aristote est due à Horace ou aux intermédiaires dont il est tributaire. Retrouver Aristote chez Horace, c’est donc moins définir ce que le second retient du premier que déterminer sur quels aspects de la Poétique les réceptions alexandrine et romaine ont mis l’accent. L’organisation et les équilibres internes du traité procèdent en revanche d’un véritable choix d’Horace. Certains éléments simplement évoqués dans la Poétique se trouvent ainsi longuement développés dans l’Art Poétique. La Rhétorique qui, contrairement à la Poétique, semble avoir circulé à Rome, a pu jouer un rôle dans ces phénomènes d’hypertrophie, notamment parce qu’elle entrait plus directement en résonance avec le contexte culturel de la Rome augustéenne et l’héritage philosophique cicéronien.