Francesca Gorgoni

INALCO


La réception de la Poétique d’Aristote dans le monde juif médiéval du XIVe siècle

Texte fondateur de l’esthétique littéraire dans la tradition occidentale, la Poétique incarne depuis des siècles l’idéal de beauté et d’équilibre cultivé par la philosophie de l’art moderne. Et pourtant, elle avait d’abord été objet de réflexions et de critiques de la part des milieux philosophiques arabes et juifs médiévaux qui l’interprétaient selon la pensée d’Aristote prise dans son ensemble. Le Talḫīṣ kitāb al-šiʿr, le commentaire moyen d’Averroès à la Poétique d’Aristote (dont le sens littéral est Le commentaire au livre de la poésie) appartient à cette tradition d’écrits qui connurent dans le monde juif une postérité extraordinaire. Le Talḫīṣ kitāb al-šiʿr d’Averroès fut traduit en 1337 en hébreu, par Ṭodros ben Meshullam ben David Ṭodrosi d’Arles sous le titre de Be’ur Sefer ha-Shir. Ce traité venait ainsi compléter la traduction des traités d’Aristote sur la science du langage et introduisait, pour la première fois en langue hébraïque, la Poétique d’Aristote.

Par mon intervention j’esquisserai les étapes fondamentales de la réception du Be’ur Sefer ha-Shir dans le monde juif du XIVe siècle, en mettant en lumière les spécificités du texte hébreu et sa surprenante postérité qui a contribué à la diffusion de la théorie de l’art d’Aristote en Europe.