OBSERVATION DES MATCHS

C’est la théorie qui décide de ce que nous sommes en mesure d’observe (Albert Einstein)

VOTRE CONNAISSANCE N'EVOLUERA QUE PAR L'OBSERVATION DES MATCHS

ET LA MISE EN PRATIQUE DE VOS OBSERVATIONS SUR LE TERRAIN

OBSERVATIONS DES MATCHS

Le coup de l'ordinateur

Article paru dans l'équipe en juin 1987 lors du championnat d'europe des nations CADETS

LORIENT: - Si les recruteurs ne tournent pas forcément beaucoup autour de ce Championnat d'Europe, en revanche les caméras sont souvent présentes. Pas celles des télés puisque seul Canal Plus retransmettra en direct la finale du 31 juin au Parc des Princes, mais plutôt celles dont se servent les espions des principales nations.

Ainsi Français et Allemands de l'Est, appelés à en découdre hier soir, étalent parfaitement renseignée. Des deux côtés, on avait soigneusement filmé les deux premières sorties du rival et préparé en conséquence un schéma de jeu à même de le contrarier.

A ce jeu-là, pourtant, la France semble être allée, plus loin. Non contente d'enregistrer les rencontres et d'écouter les avis de ses techniciens présents, elle a approfondi son travail en bénéficiant des services (secrets ?) d'un certain Claude Doucet.

Sans lunettes noires, mais avec deux bottiers pouvant laisser perplexe. Celui-ci analyse en effet d'une manière à la fois originale et détaillée les caractéristiques des équipes. A partir du premier il parvient à déterminer les zones d'évolution du jeu et des joueurs. Quant à la seconde botte noire, elle sert à étudier la progression du ballon,, comptabilisant ou différentiant passes courtes, passes longues, mode de dégagement, nombre de relais entre certains joueurs, style de relance...

Après avoir emmagasiné ses données Claude Doucet sort sur une imprimante informatique toutes les Informations souhaitées. Reste alors aux entraîneurs à les utiliser au mieux. Celui des cadets français, Jean-Pierre Morlans, se montre en tous les cas très intéressé.

" Henri Michel s'en était servi pour disséquer le jeu des Islandais et je crois que cette expérience lui avait plu. Elle permet de bien cerner les constantes de l'adversaire. Nous savons par exemple que les permutations est-allemandes se font le plus souvent dans la sens de la longueur et que les milieux de terrain évoluent dans leur zone mais très écartés. Quant aux deux attaquants, Ils restent devant le but et attendent généralement de longs ballons balancés depuis les ailes. Afin de les bloquer, et parce que nous avons noté aussi qu'ils réagissaient parfois mal à ce genre de situation, nous allons tenter d'exercer un pressing dans leur camp, la question étant de savoir si nous en sommes physiquement capables" . Grâce aux statistiques de Claude Doucet, la France avait construit son plan de bataille, mais pour autant la RDA n'allait pas tomber toute rôtie et déjà ficelée dans les pieds français, un match de foot ne se gagne pas encore avec la seule aide d'un ordinateur. Vous vous en étiez sûrement douté... - 0. Aubert.

Résultat : France - Allemagne de l'Est 3-0

POURQUOI OBSERVER

L'entraîneur, conscient et lucide à propos de l'environnement dans lequel il exerce, doit maîtriser l'ampleur et l'évolution de sa tâche. Placé entre les joueurs et les dirigeants, il doit assumer les décisions et l'expérience montre qu'il ne peut compter que sur lui même.

En football, comme dans tout autre domaine, les prises de décision nécessitent une connaissance rationnelle et évaluée des éléments et des événements. Une de ses tâches est de rassembler un grand nombre de données objectives touchant aux joueurs, aux comportements et à l’environnement (Club). Il est donc logique de développer des moyens d'évaluation qui lui permettent d'avoir une approche charisme.

Cette évaluation requiert une réflexion approfondie sur les paramètres à observer, les méthodes d'observation pour acquérir les données, la façon de traiter les données et enfin la façon de présenter les résultats de l'évaluation.

Pour nous convaincre, nous citerons Lyndall F.Urwick qui disait :" Nous ne saurions nous passer de la théorie. La théorie aura toujours le pas sur la pratique pour une raison toute simple : parce que la pratique est statistique. Elle ne dispose pas de principes pour faire face à ce qu’elle ne connaît pas. La pratique n’est pas faite pour l’adaptation rapide à un milieu mouvant.

La théorie au contraire est dynamique. Elle peut s’adapter au changement, imaginer de nouvelles combinaisons et envisager le futur. "

EN FOOTBALL, LA THEORIE RESULTE DE l'OBSERVATION METHODIQUE et PROLONGEE DU JEU. ELLE NE SE SOUCIE PAS DES ETATS D'AMES (GABY ROBERT).

En fait, ce déploiement de travail a t- il un but réel ?

L'entraîneur a le devoir d'approfondir sa propre connaissance acquise par son vécu, son expérience de joueur et d'entraîneur. Cette connaissance n'est jamais suffisante pour posséder tous les fondements du jeu qui constituent les bases essentielles du Football. Il lui faut donc parfaire cette connaissance qu'il ne peut acquérir qu'en passant du temps à observer de façon méthodique les matchs, le jeu et les joueurs.

Le but recherché est d'analyser les éléments qui définissent le mieux le jeu pour en extraire les éléments significatifs qui vont servir à construire des modèles simples et les plus fidèles possibles.

Les tâches d'observation permettent d'évaluer plus précisément par joueur et par équipe les actions de jeu pour :

  • mieux comprendre les rôles et le degré d'intégration des différents joueurs dans l'équipe,

  • établir une typologie des comportements individuels et collectifs par comparaison sur plusieurs situations de compétition,

  • disposer de mesures permettant de comparer,

  • préciser les sens de l'évolution du jeu et des joueurs dans le temps,

  • construire des modèles de jeu par une meilleure prise en compte des niveaux observés,

  • envisager des simulations sur écran de jeu d'attaque et de défense de son équipe de façon à constituer une base de discussion avec les joueurs.

Ce dernier point parait aujourd'hui utopique ou tout du moins réservé au domaine de l'université, mais l'évolution vers la recherche de l'efficacité obligera les entraîneurs de demain à maîtriser l'image et son utilisation.

L'aspect méthodique est révélateur de la démarche. Car OBSERVER n'est pas REGARDER, il faut acquérir une bonne lecture du jeu sans appréciation personnelle et une bonne mémorisation des événements.

C'est d'abord se placer dans de bonnes conditions pratiques, intellectuelles telles que l'on puisse suivre le déroulement de la rencontre sans être déranger.

C'est lire le jeu et noter ce que l'on a préalablement décidé de voir pour établir un document fiable.

La méthodologie de l'observation consiste à :

    • établir une grille d'observation en fonction des éléments que l'on souhaite observer. Ces éléments sont classés en trois groupes :

* les éléments d'ordre tactique,

* les éléments d'ordre technique,

* les éléments de type organisation.

    • recueillir les données de manière manuelle ou informatique. Notons qu'il existe plusieurs façons de recueillir les données:

* la méthode par simple mémorisation des actions utilisée par pratiquement tous les entraîneurs,

* la méthode graphique par prise de l'information à l'aide d'un crayon et d'une feuille de papier,

* la prise de son ou d'images avec les moyens audiovisuels modernes,

* la méthode codée et mémorisée avec traitement de l'information par ordinateur.

    • traiter de façon manuelle ou automatique, les données dès que possible pour être présentées dès la fin du match ou à la mi-temps.

    • présenter les résultats aux joueurs observés. En intervenant immédiatement après l'action, le résultat de l'observation communique au sujet une information sur son action, qui agit comme renforcement de la bonne réponse. Il est important que le délai entre résultat et action ne soit pas trop long.

L’entraîneur doit donc : OBSERVER, ANALYSER, AGIR