Sahelanthropus tchadensis, 'Toumaï', crâne et fémur




Nature, Vol 418, 11 July 2002,
pp. 145-151.

Photographie de Toumaï reportée sur une photographie de Stéphane Compoint des sites de Kossom Bougoudi en janvier 1997.


Le 19 juillet 2001, tôt le matin, la tête (crâne et mandibule) d'un hominidé a été découverte dans le Sahara tchadien au milieu des dunes de l'erg du Djourab. Très anciens, de part les témoignages de la faune qui les entourent, et particulièrement bien conservés, ces fossiles s'inscrivent dans la lignée des découvertes fondamentales permettant de retracer les origines de l'Homme. Un fémur gauche d'hominidé se trouvait parmi les fossiles. Une main anonyme l'avait disposé en position d'humérus à proximité de la tête (Toumaï inhumé ?). Le 10 septembre 2020, trois d'entre eux (Fanoné étant décédé en 2007) apprendront qu'ils avaient aussi collecté ce jour-là un ulna de gauche et que dans leur mission suivante en octobre ils avaient collecté un ulna de droite.

Les inventeurs ('ceux qui découvrent un trésor' selon le Larousse) sont au nombre de quatre, trois Tchadiens (Fanoné Gongdibé, licencié en sciences naturelles de l'université de Yaoundé, ingénieur à la Direction des Mines et de la Géologie du Ministère des Mines, détaché au Centre National d'Appui à la Recherche (CNAR) du Ministère de l'Enseignement supérieur, Ahounta Djimdoumalbaye, licencié en sciences naturelles de l'université de N'Djaména, vacataire au CNAR, et Mahamat Adoum, contractuel du CNAR) et un Français (Alain Beauvilain, docteur es Lettres -géographie-, détaché de l'université de Paris X Nanterre auprès du Ministère français des Affaires étrangères, en service au CNAR en tant que chef du Projet de coopération 'Appui aux recherches paléontologiques'. Alain Beauvilain dirigeait cette mission. Issa Adoum, initialement prévu, n'a pu participer à la mission.

TM 266, 19 juillet 2001, 8 h, Sahelanthropus tchadensis, 'Toumaï', replacé dans sa position exacte de découverte (photographie Alain Beauvilain, droits réservés).

Quelques minutes plus tard, Sahelanthropus tchadensis, 'Toumaï', placé pour la photo au centre d'un assemblage de fossiles disposés depuis une date inconnue dans un soucis apparent de reconstituer un squelette. Parmi eux se trouve un fémur gauche d'hominidé placé en position d'humérus. La symphyse mandibulaire (isolée au centre) n'a pas encore été déplacée car pas encore identifiée comme tel (photographie Alain Beauvilain, droits réservés).

Tous les quatre, sur le site de TM266, nous avons trouvé ce crâne très beau dans sa gangue et avons espéré que le monde entier le verrait ainsi. Hélas, au laboratoire de paléontologie de l'université de Poitiers le crâne a été complètement nettoyé et aucune photographie prise avant ce nettoyage n'a été diffusée. Pire, il n'a pas été conservé de sédiments fixés sur le crâne (même pas un gramme) afin de permettre une tentative de datation à partir de sédiments directement liés au crâne et non prélevés sur le site plusieurs années plus tard et après plusieurs balayages et tamisages successifs (Datations relatives et absolues).

Les profils droit et gauche de Toumaï (avant que la partie manquante de la canine - trouvée le 1er novembre 2001 par Fanoné Gongdibé lors du tamisage du lieu exact de mise au jour - ne soit bien ultérieurement collée) et, ci-dessous la base du crâne avec le foramen magnum bien visible (ensemble des photographies Alain Beauvilain, droits réservés).

(plus de détails sur les dents : Toumaï montre ses dents 1 ; Toumaï montre ses dents 2 ; Toumaï montre ses dents 3 ; Toumaï montre ses dents 4.

La base du crâne et la place du Foramen magnum ('trou occipital') bien visible chez un gorille femelle, un australopitheciné et chez Sahelanthropus tchadensis avant la reconstruction (photo de l'original sur TM266, le site de découverte), et après reconstruction.

Le 'fémur de Toumaï', fémur gauche d'hominidé collecté à TM266 le 19 juillet 2001 parmi les fossiles jouxtant la tête de Toumaï (photographie Aude Bergeret). Apparu pour la première fois dans une publication scientifique en 2009, reconnu officiellement par le laboratoire de paléontologie de l'université de Poitiers en septembre 2020. Dix-neuf années de polémiques !

Pour en savoir plus : La Recherche : le fémur de Toumaï ;

-John Hawks : 'Sahelanthropus 'the femur of Toumaï'. L'auteur a supprimé cette page... bien que l'annonçant toujours à la fin de celle-ci.

- Roberto Macchiarelli : 'Premiers hominines, premiers humains : des problèmes, plusieurs questions, des prospectives'. Cette page a aussi été supprimée..., on la retrouve ici.

Catalogage et emballage des fossiles trouvés à proximité de la tête de Sahelanthropus tchadensis (Toumaï). Photographie Alain Beauvilain, droits réservés).

Vers 16 heures le 19 juillet 2001, derniers regards, dernières observations avant l'emballage (Photographie Mahamat Adoum). Emballage précautionneux de Toumaï. Les inventeurs, qui avaient compris dès le premier instant l'importance de leur trouvaille, voulaient que le 'monde entier' voit l'ancêtre de l'Homme exactement dans son apparence initiale (photographie Alain Beauvilain, droits réservés).

Fin août 2001, présentation par les quatre inventeurs, le découvreur (Michel Brunet) et le Directeur du CNAR (Baba El Hadj Mallah) du crâne de Toumaï à son excellence Idriss Déby, Président de la République du Tchad.

Herbert Thomas, sous-directeur honoraire du Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire au Collège de France, consacre les dernières pages de son livre 'D'où vient l'homme ? Le défi de nos origines' (Acropole, 2005) à la découverte de Toumaï. Après avoir précisé qu'entre 'l'inventeur et le découvreur, il n'y a qu'un espace étroit qui permet à l'histoire de jouer sur les mots', il précise qu' 'en ce début du mois de juillet 2001 Alain Beauvilain et ses coéquipiers ont apporté l'essentiel sans qui, sans doute, tout le reste n'auraitjamais été'.

Un fémur d'hominidé, dégradé, se trouvait à proximité du crâne de Toumaï. Rapidement identifié comme tel, il faudra une insinuation dans le South African Journal of Science, Vol 100, septembre-octobre 2004, puis sa photographie dans le Bulletin de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, tome 96, fasc 1, 2009 pour que son existence soit plus largement connue (page originelle supprimée bien qu'annoncée à la fin de celle-ci)

Comparaison du fémur de Sahelanthropus tchadensis.