LA PARTICULE

PRINCIPE TERNAIRE, ACTE ET ACTUALISATION

La différenciation en chaîne et consubstantielle des points métaphysiques ne permet pas à chacun d’eux d’assurer le contrôle libre de leur existence. Après la différenciation incontrôlée de leur en-soi, ce n’est que par un retour sur eux-mêmes que les points peuvent s’ouvrir à un mouvement qui leur soit propre.

« Le dualisme n’est donc qu’un moment, qui doit aboutir à la reformation d’un monisme. C’est pourquoi, après l’élargissement, survient un dernier resserrement, comme après la différenciation, l’intégration. » (Gilles Deleuze, Le bergsonisme)

Dans un premier temps, le point origine se différencie en un autre en-soi, son contraire. Puis, dans un deuxième temps, ce contraire, fort du principe d’action qui l’habite, identique à celui du point origine, génère et différencie à son tour et par imitation, un deuxième contraire. Enfin, dans un troisième temps, le second contraire, alors même qu’il s’apprête à générer son contraire, trouve sur sa route le point origine qui, trahi par le premier contraire et par la relation que celui-ci a établie avec le deuxième, cherche un retour à l’unité perdue. Pour retrouver cette unité il s’offre au deuxième contraire pour créer avec lui une relation stable et s’assurer la maîtrise des relations résultant de l’éclatement de son en-soi.

Ainsi, le premier temps différencie, le second génère et le troisième unifie. Les trois points métaphysiques, le point origine et les deux contraires se trouvent alors liés entre eux par des relations qui unifient leur en-soi dans un en-soi partagé ou ternaire.

Le principe d’action s’exprime par une différenciation, une génération et une unification opposée à la différenciation première. Différenciation, génération et unification constituent le cycle des relations vibratoires de l’en-soi du point métaphysique. Cette modalité d’expression du principe d’action du point métaphysique est appelée principe ternaire, principe qui unifie la Vibration du point différencié et installe des relations harmonieuses entre le point origine et ses opposés.

Par une triple différenciation, le principe ternaire unifie le point métaphysique pour le faire entrer dans l'existence.

Le principe ternaire, par les relations qu’il établit entre les trois points métaphysiques, réunifie l’en-soi du point métaphysique dans un en-soi plus vaste et vibratoire; il est à l’origine de son actualisation.

L’actualisation est la capacité du point à entrer en relation avec lui-même, à passer de la virtualité à la conscience d’être, de l’en-soi à la relation entre en-soi, de l’en-soi à l’entre-soi.

Par le principe ternaire le point métaphysique passe à l’acte.

« L’acte n’est point ce qui s’ajoute à l’être, mais son essence même. » (Louis Lavelle, De l’Acte)

L’acte d’être est l’en-soi porté à l’existence, sa première vibration et son premier mouvement qui le font passer alternativement de la différenciation à l’unification. Par l’acte, le point quitte l’univers nouménal pour entrer dans l’univers métaphysique qu'il se crée.

« La métaphysique repose sur une expérience privilégiée qui est celle de l'acte qui me fait être. »

(Louis Lavelle, De l’Acte)

L’acte est la forme substantielle du point métaphysique, « la force interne qui lui puisse produire par ordre […] tout ce qui lui arrivera, c’est-à-dire, toutes les apparences ou expressions qu’elle aura, et cela sans le secours d’aucune créature ? D’autant plus que la nature de la substance demande nécessairement et enveloppe nécessairement un progrès ou un changement, sans lequel elle n’aurait point de force d’agir » (Leibniz – Système nouveau de la nature et de la communication des substances – 1695).

L’acte est action en puissance et le triplet en est le symbole géométrique, le signe de reconnaissance de la triple relation de l'en-soi du point métaphysique actualisé par le principe ternaire ; c’est l’être en acte, l’unité opératoire de la métaphysique, l’unité comptable véridique de l’univers car « …sans les véritables unités il n’y aurait point de multitude. » (Leibniz – Système nouveau de la nature et de la communication des substances – 1695).

Le triplet

Le triplet, ou monade « n’est autre chose qu’une substance simple, qui entre dans les composés ; simple, c’est-à-dire sans parties … ces monades sont les véritables atomes de la nature et en un mot les éléments des choses » (Leibniz - Monadologie - 1714)

Le triplet métaphysique, ou triplet universel, est la cellule constitutive du champ métaphysique, une espèce d’automate cellulaire unifiant les trois relations établies par la substance du point métaphysique dans le mouvement de son en-soi.

Avec le triplet, unité métaphysique d’acte, le nombre fait son entrée dans l’univers.