Vers La Trapa par le cap Fabioler

J14 : Samedi 23 septembre 2023


Avec la confirmation du très beau temps pour aujourd’hui, Hervé est d’accord pour que nous nous lancions dans une randonnée de plus de 4 heures de marche. Il pense que nous avons à présent l’entraînement et la résistance suffisante après une succession de plus petites balades durant la semaine.

L’objectif est vite trouvé : ce sera l’ancien monastère de La Trapa, sur la côte sud-ouest. Le guide Rother présente deux parcours desservant ce lieu, les deux classés top avec un dénivelé assez équivalent (D+ 450/500 m). Mais l’un est une boucle de difficulté moyenne au départ de Sant Elm, l’autre un aller-retour crédité de facile depuis le Col de Sa Gramola. Après moult tergiversations, nous choisissons le second intitulé « Vers La Trapa par le cap Fabioler » en raison des possibilités de stationnement qui nous semblent plus grandes au col ainsi que le passage par un belvédère absent du premier parcours. Aussitôt décidé, aussitôt exécuté !

Pour rejoindre le col de Sa Gramola sur la route MA-10 entre Andratx et Estellencs, il nous faut une bonne heure depuis Inca avec la nécessité de contourner la ville de Palma. Sur place, nous trouvons un parc de stationnement ainsi qu’une petite aire de pique-nique. En ayant pris soin de glisser dans nos sacs la quantité de nourriture et de boisson en rapport avec la distance et la difficulté du parcours, nous quittons le parking à 9 heures. Une centaine de mètres plus loin, un panneau confirme que nous sommes sur la bonne voie et que notre chemin « Cami de ses Basses » sera commun avec l’itinéraire GR221, du moins au début.

Depuis le col (alt. 344 m), nous nous dirigeons vers l’ouest sur un large chemin carrossable relativement plat sur lequel nous passons devant une ferme clôturée, enjambons à deux reprises une chaîne tendue en travers de la voie, ignorons toutes les bifurcations intermédiaires en restant en permanence sur la piste principale. Vue sur les champs en terrasse d’un côté et les parois abruptes des sommets environnants de l’autre.

Le sentier, toujours confortable, prend un peu de vigueur à l’approche du Collet de Tio (alt.395 m) et continue à serpenter dans la montagne. Partout à la ronde un paysage de versants karstiques tapissés de maquis !

Après le collet, le chemin trace une large boucle autour de la vallée, laissant déjà entrevoir la mer au loin.

A ce niveau, le guide Rother indique aussi un crochet possible par les falaises de Ses Serres (au nord) à condition d’avoir le pied sûr et de ne pas être sensible au vertige. Pas pour nous ! Nous continuons à suivre le chemin principal, toujours aisé, qui nous amène bientôt à proximité d’une propriété isolée (Caseta de ses Basses/alt.361 m). A cet endroit, nous abandonnons le GR221 qui descend maintenant vers S’Arraco. Nous contournons la propriété par la droite avant de tomber sur un sentier panoramique, loin au-dessus de la côte, couvert de maquis et piqueté çà et là de thym et de romarin en fleur. Vue époustouflante sur la côte nord-ouest et sur les contreforts de la Serra de Tramuntana !

Tout en ondulant, le chemin passe sous le sommet rocheux du Puig de Ses Basses avant de se hisser progressivement sur un haut plateau et de s’approcher du cap Fabioler. A cet endroit, une grande pyramide de cairns indique un court détour vers le Mirador de Josep Sastre.

Waouh ! Le déplacement en valait la peine. Depuis le cap Fabioler (alt.440 m) la vue est grandiose sur les falaises qui plongent à pic dans la mer des Baléares ainsi que sur l’île rocheuse escarpée de Sa Dragonera, aujourd’hui réserve naturelle. On peut profiter tranquillement du merveilleux panorama derrière un parapet bien sécurisé.

De retour à la fameuse pyramide de cairns, nous reprenons le sentier momentanément délaissé qui s’étire à présent sous le plateau en direction du sud, nous offrant de nouvelles vues sur l’île Sa Dragonera, un peu plus à distance de la mer.

En continuant à descendre, nous finissons par voir apparaître la vallée de La Trapa. Notre sentier rejoint alors une piste carrossable (Cami de La Trapa) qui descend vers l’ancien monastère.

La réserve naturelle de La Trapa est une propriété de 81 hectares, acquise en 1980 par souscription populaire par le groupe GOB, une organisation non gouvernementale qui œuvre pour la protection de l’environnement dans les îles Baléares. Un bénévole de l’organisation est présent à l’entrée pour prodiguer informations et conseils aux visiteurs. A l’approche de midi, un samedi, il y a un peu de monde sur place.

Le nom de La Trapa provient de la présence d’une communauté de moines trappistes au début du XIXe siècle.

Le domaine est reconnu pour son importante biodiversité, la présence de plantes endémiques et d’oiseaux emblématiques. On peut aussi noter l’héritage architectural remarquable du site : aire de battage, moulin, charbonnière, four à chaux… Une partie des bâtiments de l’ancien monastère a été restaurée pour les transformer en hébergements pour des groupes de bénévoles.

Il n’y a ni eau potable ni poubelle sur la propriété (il faut ramener ses déchets), encore moins de bar ou de restaurant. Comme indiqué dans le tract distribué à l’entrée, le visiteur est « invité à profiter du silence de La Trapa et de la beauté de la nature » sans oublier de faire une petite donation en sortant ! 😉

Nous pique-niquons devant ce panorama inoubliable s’étendant du bas du domaine de La Trapa par-delà l’épine dorsale de l’île en forme de dragon sur la mer à perte de vue.

Mirador de La Trapa

A l’issue de notre pause, nous hésitons un instant entre deux alternatives : retourner au col de Sa Gramola par le même itinéraire (environ 7 kilomètres) ou poursuivre jusqu’à Sant Elm (3 kilomètres seulement) avant de revenir au col en taxi.

Après réflexion, nous optons pour la première solution afin de nous prouver que nous sommes bien capables de mener à son terme, sans flancher, cet aller-retour de plus de 14 kilomètres avec un dénivelé de près de 500 mètres.

C’est aussi l’occasion de voir redéfiler les somptueux paysages sous un angle un peu différent, comme ici ce point de vue toujours fascinant sur la côte ouest de la Serra de Tramuntana depuis les environs du Mirador Josep Sastre.

Nous en profitons aussi pour immortaliser deux variétés botaniques qui fleurissent à l’automne et que nous avons déjà rencontrées lors de balades précédentes.

Scille maritime

 Bruyère multiflore

C’est par ces touches colorées et le retour au col de Sa Gramola que nous achevons cette magnifique randonnée, très satisfaits de notre performance : 14,4 kilomètres, D+ 450 mètres pour une durée de 5 heures pauses et pique-nique compris. Comme indiqué par le guide Rother, le parcours est facile même s’il ne faut pas négliger la distance.

Arrivés au col, nous nous accordons une petite pause supplémentaire avant de reprendre la voiture.

14 h 30, il est encore trop tôt pour déjà rentrer à Inca. C’est pourquoi nous décidons de nous rendre à Sant Elm. Alors que la petite station balnéaire n’était qu’à trois kilomètres à pied du site de La Trapa, depuis le col il y a 15 kilomètres et un trajet de près d’une demi-heure en voiture.

En effet, la route s’entortille entre pinèdes et oliveraies pour atteindre ce cul-de-sac à sept kilomètres à l’ouest d’Antratx. Au bout, un village coincé entre les premières envolées de la Serra de Tramuntana et une minuscule plagette avec vue panoramique sur la prestigieuse île Sa Dragonera au large et, au premier plan, sur le petit îlot Pantaleu.

Îlot Pantaleu

Malgré le stationnement payant et le monde (relatif) sur la plage et dans les rues, nous apprécions le cadre de cette petite station balnéaire. Après avoir flâné dans le cœur piéton du bourg, nous succombons à une part de tiramisu accompagnée d’un café, en profitant des dernières heures de nos vacances.

Epilogue


Le lendemain, nous profitons d’un bonus supplémentaire avec ces vues aériennes, sur la pointe effilée El Toro (au premier plan), le dos de dragon de l’île Sa Dragonera (plus loin) ainsi que sur les monts escarpés de la Serra de Tramuntana à travers quelques nuages. Au revoir Majorque, au revoir les Baléares !