Sa Calobra, Cala Tuent et Cala St Vicenç

J13 : Vendredi 22 septembre 2023


Départ presque aussi matinal qu’hier (7 heures) vers une destination très prisée, du moins en saison, parfois décrite comme surfaite en raison de la masse de touristes brassée par les cars et les bateaux qui s’y rendent. Il ne reste que les rares mois creux et les petits matins clairs pour profiter des lieux, dit le guide du Routard. En partant de bonne heure, nous espérons cibler le bon créneau !

Cet endroit si couru, c’est la crique de Sa Calobra. Cette dernière correspond aussi à l’extrémité du Torrent de Pareis, ce parcours mythique décrit comme le « Grand Canyon » de Majorque (7 km, D- 700 m, + 5 heures) réservé à des randonneurs expérimentés de préférence accompagnés d’un guide, à réaliser seulement pendant les mois secs d’été. Il existe en revanche une variante plus facile, débutant à la plage de Sa Calobra et remontant le canyon sur un petit kilomètre. C’est ce que nous avons prévu ce matin.

Pour rallier Sa Calobra située sur la côte Ouest, il nous faut à nouveau traverser les contreforts de la Serra de Tramuntana comme en J9. Il fait encore nuit quand nous quittons Inca. Un quart d’heure plus tard, en cours de route, nous voyons le jour se lever à l’Est dans un ciel un peu chargé. Quid de la météo ? A suivre !

Comme en J9, nous passons devant le Mirador de S’Entreforc puis, au carrefour suivant, empruntons la route MA-2130 qui descend vers Sa Calobra. Cette voie, enchaînant les lacets sur 12 kilomètres, considérée comme l’une des plus belles routes de l’île (encore une !) constitue une attraction à elle seule. Le problème, c’est qu’en saison il faut s’attendre à faire toute la descente, coincé derrière les bus de tourisme. Aujourd’hui, heureusement, rien de tout ça, nous avons la route pour nous tout seuls !

A 7 h 45, nous atteignons le Mirador Col de Reis (alt. 682 mètres) pour un panorama incomparable sur les montagnes alentour, une vue dont nous avons la chance de jouir en solo. Seule la couleur du ciel nous chiffonne un peu ! 😉

Pas un chat non plus sur la route vertigineuse qui continue à se tortiller en aval du col, entre pics de granite gris et versants couverts de maquis et de pins.

Cherchez les tronçons de route « disséminés » un peu partout !

8 heures : Nous contemplons à présent la petite crique depuis le Mirador Sa Calobra situé dans l’un des derniers virages de la route.

En nous retournant, nous apercevons ce mignon petit hameau perché dans les hauteurs !

Quelques minutes plus tard, arrivée au parking dédié (obligatoire) à l’entrée du petit port, dont la guérite n’est pas encore ouverte à cette heure. Nous sommes les seuls à nous y garer pour le moment. Guère plus de monde dans la rue menant au bord de mer, en dehors de l’un ou l’autre livreur, commerçant ou restaurateur.

Depuis l’embarcadère, nous suivons le quai vers l’est. Le long de cette promenade piétonne, les quelques commerces n’ont pas encore ouvert leur porte. Drôle d’ambiance ! En revanche, les beaux paysages, eux, ne manquent pas, malgré le ciel couvert.

La promenade se poursuit par le passage de deux tunnels piétons éclairés, nous livrant à leur sortie une nouvelle vision des lieux.

L’arrivée à l’embouchure du Torrent de Pareis nous laisse sans voix. La grande cuvette terminale de la gorge encerclée d’impressionnantes falaises et communicant avec la mer nous fait l’effet d’un immense amphithéâtre dans lequel nous nous sentons infiniment petits, surtout que nous avons la chance de vivre ce moment d’émotion unique avec… personne d’autre ! 😊

Dans le but de nous enfoncer dans la gorge à partir de là, nous tentons de contourner les flaques d’eau et les bassins, à la recherche d’un passage, avant de nous rendre compte qu’après les pluies de ces derniers jours, la voie est inondée. Le Torrent de Pareis n’est pas accessible. Nous aurions dû nous en douter !

A ce moment-là, nous sentons aussi les premières gouttes de pluie, mettant définitivement fin à nos velléités. Il est alors plus sage de faire demi-tour non sans jeter un rapide coup d’œil à la petite plage de galets de Sa Calobra, dont l’accès est aujourd’hui fermé. Dire qu’en saison elle est prise d’assaut jusqu’au dernier mètre carré comme le montre la capture d’écran empruntée à Google.

La plage de Sa Calobra temporairement fermée donc déserte !

La plage de Sa Calobra bondée en saison (capture écran Google)

A 9 heures nous sommes de retour à la voiture, un peu déçus ne pas avoir pu explorer ce canyon mythique mais néanmoins pleinement satisfaits d’avoir pu profiter de son embouchure en solo.

Et maintenant, quel est le plan ? Il est déjà tout tracé. Sur la même côte, pas très loin de Sa Calobra, se trouve une autre crique de renom, réputée être moins fréquentée que sa célèbre voisine, même en saison.

Sous une petite pluie fine, nous prenons par conséquent la direction de Cala Tuent. Depuis le belvédère sur la route jouxtant une petite chapelle du XIIIe siècle, nous pouvons nous en faire une première idée. Enclavée dans un cirque rocheux, bordée de pins et d’oliviers, la jolie crique jouit d’un écrin de rêve.

Chapelle Sant Llorenç datant du XIIIe siècle

Vue sur Cala Tuent depuis le belvédère en cours de route

Un quart d’heure plus tard, en arrivant au bord de l’eau, le cadre nous paraît cependant moins prestigieux, la faute sans doute au temps gris et à la pluie.

Plage de Cala Tuent

En tout cas, cette grisaille n’incite pas à la baignade, tout au plus à absorber une boisson chaude. Le restaurant sur place n’ouvrant qu’à 10 heures (il est 9 h 30), nous décidons de ne pas nous attarder mais d’entamer le trajet du retour. Au carrefour entre les routes MA-10 et MA-2130, nous pensons trouver notre bonheur au bar-restaurant Can Gallet. Mais l’endroit est bondé (tous les clients s’étant réfugiés à l’intérieur à cause de la pluie), bruyant, avec un niveau sonore de près de 85 décibels (établi avec le sonomètre de notre téléphone portable) difficilement supportable de sorte que nous avalons notre café en quatrième vitesse avant de nous sauver… ☹️mais pour aller où ?

A ce stade, ce n’est pas encore très clair. Un endroit où nous pourrions nous mettre à l’abri de la pluie ? Je pense d’abord aux Coves de Campanet, des grottes pas très loin d’Inca. Finalement, c’est la couleur du ciel qui guidera nos choix. En effet, au fur et à mesure de notre avancée vers Inca, le temps finit par s’améliorer, laissant espérer un bel après-midi. Dans ce cas, autant rentrer directement à la villa, déjeuner tôt afin d’être prêts pour une nouvelle sortie en tout début d’après-midi. Pour aller où ? Il faut que je réfléchisse encore !

Je potasse un peu le guide Rother jusqu’à tomber sur la randonnée intitulée « De Cala Sant Vicenç vers La Mola ». Je m’intéresse plus particulièrement à la variante courte décrite comme « une randonnée bleue facile jusqu’au point de vue juste après le tunnel (1 h 30 aller et retour) ». C’est la dose parfaite pour un petit après-midi. 😊

Cala Sant Vicenç est une minuscule station balnéaire familiale située au fond d’un cul-de-sac au nord-est de Pollença, à une trentaine de minutes de notre lieu d’hébergement. Il fait très beau en arrivant sur place.

Depuis l’Avinguda del Cavall Bernat où nous trouvons facilement à nous garer, nous traversons rapidement un bois en arrière-plan des dernières propriétés avant le bord de mer. Un large chemin bien aménagé grimpe en pente douce vers la crête, nous offrant bientôt une première vue superbe sur les maisons accrochées au-dessus de la Cala St Vicenç ainsi que sur la chaîne rocheuse escarpée de la Serra del Cavall Bernat jusqu’aux prémices du cap Formentor, au loin.

Cette fois, nous ne sommes pas seuls. En raison de la facilité du parcours et du beau temps, il y a un peu de monde, mais pas la foule non plus !

A 122 mètres d’altitude, le chemin bien praticable jusqu’ici s’achève à l’entrée d’un tunnel creusé dans la roche sur une cinquantaine de mètres dans lequel des munitions étaient entreposées pendant la guerre civile espagnole. Nous y reviendrons !

Dans l’immédiat, guidés par quelques cairns, nous gravissons les derniers mètres au-dessus du tunnel jusqu’au point de vue décrit dans le guide dominant la Punta de Coves Blanques. A l’Ouest, la Punta de la Galera s’avance dans la mer comme un doigt tendu.

Vue sur la Punta de la Galera

De l’Est jusqu’au Nord, nous bénéficions d’un panorama incomparable depuis la baie de Cala St Vicenç jusqu’au centre du cap de Formentor sans oublier, à l’arrière-plan, les mamelons boisés émaillant les baies de Pollença et d’Alcudia.

Vue d'ensemble sur la baie de Sant Vicenç depuis la crête

Nous revenons ensuite à hauteur du fameux tunnel que nous explorons sur quelques dizaines de mètres avant de reprendre le même itinéraire jusqu’à notre emplacement de parking.

Nous déplaçons ensuite notre voiture plus près du bord de mer avec l’intention de nous attarder un peu sur place. En réalité, la station balnéaire de Cala St Vicenç est composée de quatre criques sablonneuses. D’ouest en est, Cala Barques, Cala Clara, Cala Molins et Cala Carbó (tiens, tiens, comme celle d’Ibiza !). L'imposante bâtisse de l'hôtel Pedro occupe l’espace entre les deux premières criques. Nous nous installons au bar-terrasse de l’hôtel Niu avant d’arpenter le passage entre les deux petites plages.


Promenade entre Cala Barques et Cala Clara dans la station de Cala Vicenç

La mer un peu agitée (drapeau jaune !) et la présence d’un « monstre des mers » 😉 ne nous incitent pas à nous baigner pour une fois. En revanche, dans la piscine de notre villa, pas de danger !

Quel est donc ce monstre, gueule grande ouverte ?😂

Bilan : malgré les aléas, nous avons passé une excellente journée. Bonne nouvelle pour demain, du très beau temps est annoncé pour notre dernier jour de vacances.