J11 : Mercredi 20 septembre 2023
La pluie tombée hier a bien lessivé l’atmosphère, ce matin le ciel est d’azur, enfin ! Dans ces conditions, je nous verrais bien faire une grande randonnée. Dans mon viseur, un parcours menant au monastère de La Trapa dans le sud-ouest de l’île. Hervé ne partage pas vraiment mon enthousiasme, frileux à l’idée de nous lancer dans une expédition de 14 kilomètres avec un dénivelé de 450 mètres, l’ensemble représentant plus de 4 heures de marche. Il me rappelle le fiasco en J8 sur un itinéraire équivalent. Nous nous mettons alors d’accord pour une balade plus accessible (10 km, 2 h 30 AR, D+ 230 m,) dont le point de départ se situe sur la côte Ouest.
Le « Cami de sa Volta des General » ou chemin du général relie Banyalbufar à Port d’Es Canonge. C’est le général Cotoner, propriétaire d’un domaine à Banyalbufar au XIXe siècle, qui a donné son nom à ce sentier de randonnée. Généralement le parcours débute à Banyalbufar mais pour des raisons de stationnement qui nous semble plus facile dans le second village, nous décidons d’inverser le sens pour démarrer à Port d’Es Canonge.
Il nous faut une bonne heure pour rallier le petit port dont un bon quart d’heure pour arriver à bout des nombreux virages en épingles à cheveux qui s’enchaînent durant les 4,5 derniers kilomètres entre la route principale MA-10 et le hameau niché au pied des falaises.
Nous trouvons facilement à nous garer sur un petit parking à l’abri des pins, à deux pas d’un promontoire offrant une vue admirable sur les roches rouges de la côte et la plage de galets bordée de quelques cabanons de pêcheurs. Un banc invite à la pause, la couleur de l’eau à une baignade mais ce sera plus tard, quand nous aurons bien randonné.
Pour le moment, nous partons dans la direction opposée où nous retrouvons ces mêmes teintes rouges colorant la falaise côtière. Vous remarquerez le ciel intensément bleu, quel bonheur !
Après avoir traversé l’estuaire d’un ruisseau à sec à cette saison, nous nous hissons progressivement au-dessus du littoral d’où nous voyons dépasser dès à présent la Punta de S’Aguila (Pointe de l’Aigle) avec ses rochers calcaires blancs qui tranchent avec les teintes cuivrées du reste de la côte.
A la fin de l’été 2020, une violente tempête a dévasté la forêt littorale : près de 30 000 arbres ont été renversés ou déracinés. Trois ans après, quelques stigmates sont encore visibles même si la nature a depuis refait son travail, reverdissant magnifiquement les parcelles. Tout est à nouveau très vert !
A hauteur de la Pointe de l’Aigle, nous longeons une immense propriété dont nous apprendrons qu’il s’agit d’un hôtel de luxe, Son Bunyola Hotel & Villas, inauguré il y a quelques mois seulement, appartenant au groupe Virgin de Richard Branson. C’était jadis une finca qui a été entièrement et minutieusement restaurée en préservant tous les éléments d’origine (tuiles, escalier, moulin à huile historique…). Tout autour, le vaste domaine agricole (vignes, oliveraies et vergers) est également géré par l’hôtel.
Vue sur l'hôtel Son Bunyola
En levant les yeux, nous apercevons la masse rocheuse du Puig de Ses Planes (alt. 339 m) au pied duquel nous n’allons pas tarder à passer.
Après avoir dépassé l’établissement, nous nous octroyons une pause, le temps de profiter de la vue. En nous retournant sur le chemin déjà parcouru, nous portons un regard admiratif sur un vaste panorama s’étendant depuis la Punta de S’Aguila (à nos pieds) jusqu’au littoral de la Tramuntana (au Nord-Ouest) en passant Port des Canonge que nous venons de quitter.
Vue sur la Punta S'Aguila, Port des Canonge et la chaîne montagneuse de Tramuntana
Nous arrivons peu après au passage le plus spectaculaire du parcours alors que nous cheminons entre le bord de la falaise et le pied de la paroi escarpée du Puig de Ses Planes.
Le chemin du Général se termine dans un virage en épingle à cheveux de la route MA-10. Ne comptant pas poursuivre jusqu’au centre de Banyalbufar, nous préférons admirer à distance ce village dont les origines remontent au Xe siècle, agrippé à flanc de falaise, entouré de pinèdes et de vignes dégringolant jusqu’à la mer.
Vue sur Banyalbufar
Le retour se fait par le même itinéraire. C’est l’occasion de revoir une seconde fois les magnifiques paysages traversés mais aussi de nous intéresser à d’autres curiosités.
Nous sommes intrigués par la présence à plusieurs endroits de curieux « tableaux » dont nous apprendrons qu’il s’agit de pièges à scolytes prévus pour réduire la prolifération de ces insectes « ravageurs » fragilisant et décimant quantité d’arbres, ici les nombreux pins.
A l’abri des buissons, nous dénichons aussi un drôle de champignon venu d’ailleurs, un Clathre rouge aussi appelé cœur de sorcière, originaire d’Australie, fréquent sur le pourtour méditerranéen et classé « espèce invasive » par certains mycologues.
Piège à scolytes
Clathre rouge
On pourrait encore noter ce pistachier lentisque dont les petites baies rouges ont immanquablement attiré notre attention.
La randonnée se termine là où nous l’avons débutée, dans le Port d’Es Canonge. Le banc repéré quelques heures plus tôt est parfait pour déballer notre pique-nique et la petite crique en contrebas idéale pour une baignade, que nous faisons en compagnie d’un groupe de cyclistes français. Un peu plus tard, nous retrouvons le même groupe au bar « Can Toni Moreno » dans la rue principale du village. Petite pause-café pour nous avant de poursuivre notre périple en direction de Deià par la route MA-10.
Cette route panoramique, créée en 1961, déroule son interminable ruban d’asphalte sur le littoral occidental, le long de l’épine dorsale de la Serra de Tramuntana entre Andratx (au sud-ouest) et l’entrée du cap de Formentor (au nord-ouest). Cette voie côtière de 110 kilomètres de long est considérée comme la plus belle route de Majorque, permettant de jolis coups d’œil sur la mer.
Entre Es Canonge et Deià, la route suit la côte très à distance. Il faut par conséquent prévoir quelques arrêts stratégiques afin de pouvoir jouir de la vue sur mer. Le premier arrêt était prévu à Monestir de Miramar. Malheureusement l’accès au site est clôturé, l’endroit manifestement fermé. Première petite déconvenue !
Plus loin, nous avons plus de chance à Son Marroig où la route, se rapprochant du bord de mer, nous offre une vue inoubliable sur l’imposant rocher percé de Sa Foradada.
Rocher percé de Sa Foradada
Quant à Deià décrit comme un village enchanteur avec ses maisons de pierre ocre accrochées à la colline, nous n’en avons pas vu la couleur.😉Restés bloqués dans un embouteillage à l’entrée de la localité, nous finissons par faire demi-tour et modifions notre parcours en retournant à Inca via Valldemossa.
La petite cité de Valldemossa, lovée dans une vallée verdoyante, est principalement connue pour sa chartreuse où George Sand et Frédéric Chopin ont séjourné durant l’hiver 1838/1839. Un voyage que l’écrivaine décrit dans son récit « Un hiver à Majorque » où elle reconnaît la beauté des paysages de l’île mais dénigre les insulaires.
Un point de vue sur la route permet d’avoir un bel aperçu de la jolie bourgade.
Vue sur la petite ville de Valdemossa
Bilan de la journée : en ce qui concerne le tronçon de la route MA-10 que nous avons parcouru, nous sommes plutôt réservés, il y a très peu de points de vue, la route est souvent éloignée de la côte et les villages les plus connus sont sur-fréquentés. En revanche, très belle randonnée à partir de Port Es Canonge, un hameau tranquille, à l’écart des foules.