J7 & J8 : Samedi 16 et dimanche 17 septembre 2023
Pendant que Charlotte retourne à Paris, nous nous envolons, Hervé et moi, en direction de Palma de Majorque à 13 h 30, afin de poursuivre nos vacances durant huit jours supplémentaires sur la plus grande des îles Baléares.
Alors que le vol ne dure que quarante minutes et que le trajet jusqu’à notre lieu d’hébergement ne prend qu’une demi-heure, c’est le temps de réception de notre véhicule de location qui plombe notre mise en route. La faute, à la fois à notre inattention (nous sommes partis en direction du garage sans passer par le guichet dans l’aérogare ☹) et le manque d’organisation du loueur qui n’a pas immédiatement retrouvé notre dossier.
Tout est bien qui finit bien. Une fois notre Yaris en main, nous arrivons à destination près d’Inca vers 16 h 30. La réception de la maison que nous avons réservée doit se faire par l’intermédiaire du propriétaire ou, à défaut, d’une boîte à clé. Ce sera… boîte à clé !
Nous découvrons alors les lieux par nous-mêmes. Après avoir franchi le portail d’entrée et remonté une longue allée en voiture, nous trouvons une grande maison « de campagne » (country house) de 80 m2 comprenant une vaste pièce à vivre (salon/salle à manger avec poêle à bois) prolongée d’une cuisine bien équipée. Deux chambres et une salle de bains qui mériteraient une petite rénovation complètent l’équipement intérieur. L’ensemble est prévu pour quatre personnes, mais la seconde chambre souffrant d’humidité ne nous semble pas vraiment habitable. A deux, en revanche, nous y serons très à l’aise ! 😊
En vérité, les avantages de cette propriété sont à rechercher à l’extérieur avec une grande terrasse sur toute la longueur et toute la largeur de la maison, une belle piscine privée (8 m x 4 m), pas de vis-à-vis et une vue fabuleuse, complètement dégagée, sur la campagne majorquine jusqu’aux montagnes (puig) de la région de Llucmajor, une vingtaine de kilomètres plus au sud. Nous sommes séduits !
Vers l’ouest, la vue s’élargit jusqu’aux contreforts montagneux de la Serra de Tramuntana. Par temps clair (aujourd’hui il est brumeux !), on reconnaît facilement le Puig Major (1436 m), point culminant de l’île, grâce à l’énorme « boule » du radar militaire de l’OTAN qui le coiffe.
Ce soir, après quelques courses à Inca, nous ne songeons qu’à une chose : profiter des atouts de notre villa et en premier lieu de la piscine. Quant au reste de l’île, nous avons encore sept jours pour l’explorer, alors… « a poc a poc » comme disent les Catalans.
Le lendemain…
Le voile brumeux enveloppant l’île depuis notre arrivée ne s’est pas dissipé dans la nuit. Avec l’absence de précipitations et des vents faibles, de l’air chargé en poussières sahariennes stagne sur le territoire, rendant le ciel laiteux. Dans ces conditions, nous renonçons à nous rendre en montagne et décidons de privilégier une randonnée côtière.
Justement, je pense avoir un tel parcours dans ma liste. A une cinquantaine de kilomètres de notre base, dans le nord-est de l’île, près d’Artà, un itinéraire classé rouge (difficulté moyenne) longe le bord de mer entre Cala Torta et la plage de Fontsalada via la tour d’Albarca. Le guide Rother précise que la randonnée se fait « loin de l’agitation touristique ». Nous retenons essentiellement ce dernier point, sans véritablement tenir compte des indications sur la distance (14 kilomètres), le dénivelé (380 mètres) et la durée (plus de 4 heures de marche). Nous partons par conséquent comme des amateurs, avec l’idée d’une petite balade côtière pour laquelle nous emmenons une quantité d’eau limitée et quelques en-cas seulement. ☹
Une bonne heure est nécessaire pour rallier le parking en contre-haut de la Cala Torta dans le Parc Naturel du Llevant. Arrivée sur place à 9 h 30. Ceux qui ne craignent pas pour leur véhicule (garde au sol) peuvent se rapprocher du bord de mer en empruntant l’une des pistes cahoteuses desservant les trois Calas de Torta, Mitjana et Estreta. En ce qui nous concerne, nous les rejoignons à pied.
D’abord Cala Torta, encore étonnamment déserte à cette heure (10 heures) bien que nous soyons un dimanche.
Puis cap à l’ouest en suivant le sentier côtier zigzagant entre plaques rocheuses et maquis ras vers Cala Mitjana.
A Cala Mitjana, nous croisons effectivement un second parking (seulement desservi par une piste). Nous poursuivons jusqu’à la baie suivante, la bien nommée Cala Estreta (crique étroite). A cet endroit, après avoir franchi un talus correspondant au lit d’un torrent aujourd’hui à sec, nous gravissons la pente en face et continuons notre chemin.
Cala Estreta
Vient ensuite la descente sur la plage d’Es Matzoc suivie d’une nouvelle remontée en direction de la tour défensive du XVIIIe siècle, Torre d’Albarca, que nous apercevons dès à présent.
Vue sur la plage Es Matzoc et la Torre d'Albarca
Entre la plage d’Es Matzoc et la tour
Cela fait maintenant une heure et demie que nous marchons. La tour de guet aurait pu être un bel objectif avant de rebrousser chemin. Mais non, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout.
Depuis les hauteurs de l’édifice, nous distinguons nettement la trace du sentier qui continue à se dérouler vers l’ouest. Au loin, en direction du nord-ouest, nous pouvons apercevoir une petite pointe coiffant le cap Ferrutx. Il s’agit d’une autre tour défensive, Talaia Moreia, datant de 1580. Des antennes sont également visibles sur le sommet voisin de Sa Tudossa.
Cherchez les antennes !
Quand le sentier passe près de l’eau, notre regard est attiré par une étonnante arche naturelle, bien cachée.
A partir de là, l’objectif de notre randonnée commence à se profiler au loin. Nous apercevons le bâtiment du refuge « S’Arenalet des Verger » surmontant la plage du même nom, notre but ultime. Mais auparavant il reste un vaste plateau côtier karstique à franchir. Vue d’ici, sa traversée paraît fastidieuse mais en nous intéressant à quelques détails géologiques elle ne l’est pas tant.
Trouvez le refuge !
A midi nous atteignons la plage de Fontsalada où la présence de posidonies mortes flottant entre deux eaux, nous rappelant les sargasses des Antilles, ne nous incite pas à la baignade.
Plage de Fontsalada
Dix minutes plus tard, ça y est ! La plage de sable de S’Arenalet des Verger nous accueille pour un bain bien mérité, en prenant soin de ne pas nous éloigner du bord, toujours par crainte des méduses.
Plage S’Arenalet des Verger
Après nous être rafraîchis, puis sustentés (dans la limite de nos maigres provisions) et après deux heures et demie de marche en aller simple, il n’y a plus qu’à… retourner. Nous réalisons qu’il nous faudra au moins autant de temps qu’à l’aller. Un sacré défi, vu la quantité limitée d’eau et de nourriture qu’il nous reste !
Nous revenons d’abord sur nos pas jusqu’à la plage précédente de Fontsalada. A partir de là, une variante doit nous conduire vers l’intérieur des terres à travers une pinède clairsemée avant de retrouver la côte aux alentours de la Torre d’Albarca pour terminer le parcours comme commencé.
Hervé prétend même nous dénicher un itinéraire pouvant nous amener directement au parking sans repasser par la côte. Ça serait chouette ! Malheureusement l’itinéraire en question traverse des propriétés privées, nous obligeant alors à reprendre le chemin classique à partir de la tour de guet. Or notre réserve d’eau commence à se tarir alors qu’il fait très chaud en ce début d’après-midi.
La plage d’Es Matzoc tombe à point pour une nouvelle baignade. Nous sommes au bord de l’hyperthermie et de l’hypoglycémie alors qu’il reste encore à enchaîner le passage de trois criques (Estreta, Mitjana et Torta) avec une suite de montées et de descentes implacables pour les relier. Enfin, une dernière montée dévastatrice pour rejoindre le parking. Je n’en vois pas le bout !
Le parking, nous finissons par l’atteindre à 16 heures soit au bout de six heures et demie, pauses et baignades comprises. Fin d’un parcours éprouvant, principalement dû à notre mauvaise organisation. En revanche, une randonnée magnifique sur une côte étonnamment sauvage et préservée vers des lieux de baignade parmi les moins fréquentés de Majorque car uniquement accessibles à pied.
A cette heure, nous n’avons pas encore véritablement déjeuné. Malgré cette heure tardive, au bar-restaurant « Sa Duaia » tout proche, nous n’avons pas de mal à nous faire servir un repas précédé de deux bières, d’un soda et accompagné de beaucoup, beaucoup d’eau. 😉Nous sommes complètement déshydratés !
Après avoir bien mangé et bien bu, nous aspirons à une dernière chose en cette fin d’après-midi : nous glisser au plus vite dans l’eau délicieusement fraîche de notre piscine. Ah ! quelle journée !