Du 18 novembre au 22 novembre 2022
Un petit appareil Cessna de la compagnie Coastal, dont nous sommes les seuls passagers, nous transporte en une demi-heure de la capitale dense et tentaculaire vers une contrée sauvage irriguée de fleuves, de rivières et de lacs.
Bienvenue à Selous (prononcez « Selou ») !
En réalité, il faudrait dire Nyerere National Park depuis qu’en 2019 la partie nord de la fameuse Selous Game Reserve (réserve de gibier) a été déclarée parc national, baptisée du nom du fondateur de la nation, Julius Nyerere. Par commodité et habitude, le terme de Selous reste néanmoins majoritairement employé.
Avec 30 000 km2, ce qui représente plus de quatre fois la superficie du Serengeti NP, c’est le plus vaste parc d’Afrique comprenant un tiers des terres sauvages protégées de Tanzanie.
La porte d’entrée du parc (Mtemere Gate) jouxte le terrain d’atterrissage. C’est là que nous attend Ezra, notre guide et chauffeur, dans son Toyota Landcruiser 6 places où nous serons tous les trois très à l’aise.
Vous avez peut-être remarqué en arrière-plan de la photo ci-dessus la présence de semi-remorques. Alors abordons immédiatement le sujet qui fâche, c’est-à-dire la construction d’un barrage hydroélectrique dans la gorge de Stiegler au cœur du parc national, entraînant une circulation intense de poids-lourds sur la piste traversant la réserve d’est en ouest. Heureusement que ces engins ralentissent et s’arrêtent quand ils voient arriver un véhicule de tourisme, nous évitant autant que possible le panache de poussière qui les accompagne mais qui se dépose par ailleurs sur toute la végétation aux abords. Nous aurons à emprunter cette piste quotidiennement mais uniquement pour de courtes liaisons, la plupart des points d’intérêt se trouvant à l’écart de cet axe. On peut néanmoins s’interroger sur les conséquences, notamment sur les niveaux futurs de ce vaste réseau de fleuves, de rivières et de lacs constituant la réserve de Selous, en eau toute l’année y compris à la saison sèche.
Justement, Ezra nous invite immédiatement à contempler l’âme du parc, le fleuve star de la région, la Rufiji River. La Seine a l’air d’un ruisseau à côté de ce géant 😉 !
L’eau va donc être le fil conducteur de notre séjour à Selous. En effet, au-delà du fleuve lui-même, son bassin se compose d’une myriade de bras, de deltas et de lacs aux noms improbables : Mzizima, Siwandu, Nzelakela, Manze et Tagalala, engendrant des écosystèmes uniques. C’est l’une des raisons qui fait que Selous ne ressemble à aucun des autres parcs visités lors de notre voyage précédent
Justement, en ce qui concerne la végétation, l’un des emblèmes de la réserve est le palmier borassus, reconnaissable à sa grande taille, développant un stipe (tronc) lisse et gris pouvant mesurer 30 mètres de haut et de longues feuilles en éventail. Autre palmier très présent : le palmier doum, très grand lui aussi, mais plus touffu, développant souvent plusieurs stipes comme autant de fourches successives ainsi que des palmes « palmées ».
Palmiers borassus
Palmiers doum
Ponctuellement on peut aussi admirer quelques baobabs (même si c’est à Ruaha qu’on verra les plus remarquables) ainsi que des euphorbes candélabres de belle taille.
Baobabs
Euphorbe candélabre/ Ezra donne l’échelle !
En s’écartant du bord des lacs, la végétation change sensiblement. On trouve alors ce qu’on appelle de la forêt claire, terne et grise, comme morte à cette saison, mais qui devient, paraît-il, flamboyante et verdoyante en saison humide. En swahili, on l’appelle « miombo ».
En poursuivant, on traverse également des zones boisées à épineux notamment des Terminalia spinosa, reconnaissables à leur couronne typique en forme de large parasol plat…
… ou encore ces Acacias drepanolobium, à gros piquants. Certains ont la particularité d’héberger des fourmis qui leur prodiguent en échange une défense contre les herbivores friands de leurs feuillages.
Nous sommes actuellement en fin de saison sèche et à l’orée de la petite saison des pluies. D’ailleurs, grâce aux pluies déjà tombées il y a quelques semaines, la végétation n’est plus tout à fait aussi grise. Çà et là, des touches de couleur annoncent la renaissance de la nature.
Cassia senna
Fleurs de Cassia
Fleur de Combretum constrictum
Fireball Lily = Scadoxus multiflorus
Voilà le décor planté ! Mais, avant d’aller à la recherche des animaux, faisons d’abord une petite pause sur notre lieu d’hébergement.
Il s’agit d’un camp de huit tentes seulement, plantées en surplomb d’un bras du fleuve Rufiji, à 18 kilomètres de Mtemere Gate. A notre arrivée, il y a quatre clients sur place. Deux quitteront les lieux l’après-midi même, les deux autres le lendemain matin. Nous resterons par conséquent seuls pendant les trois jours suivants et serons largement choyés.
Nous héritons d’une grande tente familiale, très spacieuse et très confortable, ambiance Out of Africa garantie.
Notre tente
... avec vue sur la rivière !
Intérieur de la tente
Restaurant et salon
Le camp possède aussi une piscine dont nous profiterons +++ entre deux safaris, notamment le midi avant et après le déjeuner, ce qui nous aidera beaucoup à supporter la chaleur intense à cette saison (plus de 35 degrés !)
Petite précision : on ne circule pas librement dans le camp, il faut toujours se faire accompagner par un Masaï chargé de la sécurité que l’on appelle par l’intermédiaire d’un talkie-walkie placé dans la tente. « Jambo (salut) Masaï, tent number 6, please ! » car il arrive souvent que de grands animaux traversent le camp comme cet éléphant, ce jour-là...
En ce qui concerne le déroulement d’une journée, notre programme comprend chaque jour deux safaris : l’un le matin avec, au choix un départ très matinal (6 h 30) et dans ce cas petit déjeuner dans la brousse, ou un départ plus tardif après le petit déjeuner (8 h/8 h 30). Nous avons pris la première option une fois sur les trois.
Petit déjeuner dans la brousse
Retour au camp vers 12 h 30, premier plouf dans la piscine, déjeuner à 13 heures, deuxième baignade et repos jusqu’à 15 h 30 sous un abri au bord de la piscine avant un second safari en fin d’après-midi. Retour vers 18 h 30.
Ezra nous a aussi proposé de partir une journée complète en safari avec pique-nique dans la brousse, mais en raison de la chaleur, nous avons préféré décliner.
Bon, assez parlé, on vous embarque à présent dans notre 4 x 4 à la recherche des animaux !
Petite précision : les rencontres animalières décrites ne sont pas reportées de façon chronologique mais thématique.