C’est une activité en option non comprise dans le forfait safari. Il a été nécessaire de réserver cette excursion en avance car son encadrement nécessite la présence, à nos côtés, de deux professionnels, un guide du camp formé au safari à pied et un ranger du parc national, tous les deux armés de fusils. La randonnée est censée durer entre 2 et 4 heures.
Nous embarquons donc à 6 heures du matin dans notre véhicule habituel conduit par Festo, où ont également pris place Mustapha (guide) et Pieter (ranger), pour un court transfert d’une dizaine de minutes jusqu’au pied de l’escarpement, à l’endroit où trône un baobab remarquable devenu au fil des jours un repère immanquable sur nos trajets quotidiens. D’ici nous rejoindrons à pied la rivière Mgawusi.
Le fameux baobab, sublimé par la lumière dorée matinale, est plus beau que jamais.
Fleur de baobab et sa mouche polinisatrice
Mustapha commence par nous exposer les consignes de sécurité. Il nous faudra marcher en file indienne, nous arrêter au moindre signe de sa main et toujours rester groupés. Si l’un de nous voit quelque chose d’intéressant, il devra le faire savoir, soit en sifflant, soit en tapant dans ses mains ou sur ses cuisses. Dans ce cas, tout le groupe doit s’arrêter.
Le guide sort ensuite de sa poche un petit flacon contenant une poudre blanche. A sniffer ? Evidemment non ! 😉 C’est de la cendre qui, disséminée dans l’air, le renseignera sur la direction du vent de façon à nous permettre d’approcher les éventuels animaux « sous le vent ».
Après ce briefing, les deux professionnels révisent et chargent leurs armes.
Nous pensons alors le départ imminent. Mais il ne sera pas immédiat ! Mustapha tient encore à nous donner quelques précisions supplémentaires sur ce magnifique baobab. Il nous montre des « marches » taillées dans le tronc permettant d’y grimper pour y récolter le miel ainsi que des trous, refuges parfaits pour gros et petits calaos (hornbills). Il nous indique aussi que les troncs des baobabs creux peuvent servir de caches aux braconniers.
« A cette allure nous ne sommes pas prêts d’arriver à la rivière » murmure Hervé à mon oreille. 😉
7 heures : ça y est, nous voilà vraiment partis. Nos cinq silhouettes se détachent distinctement sur les herbes jaunies de la savane.
A la vue de différentes sortes d’excréments sur ce début de parcours, Mustapha nous apprend comment les différencier. Les crottes des girafes sont dispersées alors que celles des koudous sont groupées en un seul lieu. Quant au dik-dik qui est territorial, il gratte la terre (comme le chat) et dépose en sus une sécrétion odorante sur son passage. Enfin, en trouvant des crottes toutes blanches, nous apprenons que ce sont celles d’une hyène. La couleur s’explique par le fait qu’elle se nourrit entre autres de beaucoup d’os et ne peut pas assimiler tout le calcium qu’elle ingurgite.
Soudain, un bruissement dans les fourrés attire notre attention. Stop ! Tout le monde s’arrête. Manifestement, c’est un éléphant ! Mustapha se renseigne sur la direction du vent grâce à la cendre puis nous guide en silence vers l’animal en s’assurant d’être sous le vent. Nous avons juste le temps d’apercevoir le pachyderme. Malgré les précautions prises, celui-ci sursaute en nous découvrant et se sauve, gardant dans sa bouche la branche qu’il était sur le point de manger.
Quand nous randonnons, nous avons l’habitude de marcher de façon régulière. Dans le cas présent, le rythme est beaucoup plus irrégulier avec des phases d’observation ou d’explication entrecoupées de phases de marche rapide. C’est le guide qui donne le tempo !
Mustapha lève une nouvelle fois la main. Qu’y-a-t-il d’intéressant ? C’est un serpent qui se tortille dans les herbes… d’après lui, un mamba noir ! Peut-être un jeune, car d’après mes recherches ces serpents mesurent habituellement entre 2,50 mètres et plus de 4 mètres. Celui-ci devait plutôt mesurer un mètre.
Mamba noir ?
8 heures : nous poursuivons toujours en direction du sud et de la Mwagusi River. En nous retournant, vue sur les paysages que nous venons de traverser.
Maintenant c’est Hervé qui tape sur sa cuisse pour demander un arrêt car il veut immortaliser ce nid coincé dans un euphorbe candélabre. Peut-être un nid de tisserin ?
Mustapha nous montre un autre petit oiseau haut perché (trop haut pour le photographier), un Honeyguide ou Grand Indicateur en français. Il en profite pour nous donner plus d’informations sur cet oiseau connu pour guider les cueilleurs de miel vers des ruches sauvages. L’homme récolte alors le miel, puis l’indicateur se nourrit de la cire et des larves qu’il est le seul oiseau à pouvoir digérer. Un cas remarquable de mutualisme entre humain et animal sauvage !
Mais si jamais l’homme ne laisse pas la cire sur place pour l’oiseau, la légende prétend que la fois suivante l’oiseau le conduira tout droit vers les lions.
Plus loin, Hervé remarque ces dégâts causés par des éléphants sur le tronc d’un baobab avant de repérer cet autre tronc rendu complétement lisse. Mustapha nous précise que ce dernier sert de poste de grattage, les pachydermes s’y frottant leur derrière. 😉
Puis ce sont des empreintes au sol qui attirent notre attention : lion, léopard, nous dit-on, et aussi éléphants. A ce propos, notre guide nous apprend comment évaluer la taille d’un éléphant à partir de l’écart entre ses empreintes de pas. Puis voilà qu’un nouveau pachyderme ( peut-être celui dont on observait les traces) croise notre route pour notre plus grand plaisir.
8 h 30 : en passant dans un petit vallon, en réalité le lit d’un ruisseau à sec, notre attention se focalise sur deux arbres dont la survie est comptée. En effet, ils risquent d’être emportés d’un moment à l’autre par l’effondrement prochain de la paroi qui les supporte.
L’œil aiguisé de Mustapha y déniche une toute petite chouette d’une quinzaine de centimètres, sans doute un Petit-duc africain.
Petit-duc africain
Nous en profitons pour poser pour une photo-souvenir !
Dernière ligne droite durant laquelle nous apercevrons subrepticement girafe, petit koudou et dik-dik mais la photographe n’a pas été assez rapide pour les mettre dans la boîte. Les animaux sont plus farouches quand nous nous déplaçons à pied alors qu’ils sont indifférents (ou presque) quand nous sommes en 4x4.
En revanche, ce babouin immobile sur un rocher est plus facile à saisir ! Est-il chargé de surveiller les alentours afin de donner l’alerte en cas de danger ?
Il a certainement repéré, comme nous, ces 4 x 4 et ce ranger perché sur le toit d’un des véhicules.
Pour nous, la présence de véhicules signifie que la piste principale est proche et que notre marche touche à sa fin. Il est environ 9 h 30. Nous avons parcouru environ quatre kilomètres, ce qui est finalement peu. Nous sommes presque déçus d’être déjà arrivés, mais comme il commence à faire de plus en plus chaud, il est plus raisonnable d’en rester là. Et puis, nous n’avons pas encore pris de véritable petit déjeuner.
Même si nous avons vu beaucoup moins d’animaux qu’en game drive, nous avons adoré être immergés dans la brousse, à l’écoute du moindre bruit et réceptifs aux différentes odeurs, tout en faisant un peu d’exercice.
Bref, c’était une expérience très enrichissante aussi bien pour l’ambiance que pour toutes les informations apportées par notre guide.
Festo nous attend dans son véhicule afin de nous conduire vers l’aire de pique-nique en rive droite de la rivière Mwagusi pour un copieux petit déjeuner.
Les abords de l’aire de pique-nique se prêtent aussi à l’observation de quelques oiseaux.
Couple d'amarantes...
... du Sénégal
Choucador cendré
Touraco masqué
Le nom anglais du touraco est « Go-away bird », en lien avec son cri puissant retranscrit "g’way-g’way », censé avertir les autres oiseaux de la présence de prédateurs.
Un dernier regard dans le lit de la rivière laisse entrevoir en arrière-plan, vers l’ouest, un grand troupeau de buffles.
« Et côté Est, Charlotte, que vois-tu venir ?
– Des animaux, encore des animaux ! »
Alors rendez-vous en page suivante pour les découvrir.