Afin de faciliter la compréhension j'ai mis dans un premier temps des églises gothiques en description. Elles sont emblématiques en Lorraine par leur grand nombre et par leur diversité qui font d'elles un bon choix de présentation.
Les églises-halles sont des constructions complexes et élaborées ayant les voûtes d'égale hauteur pour leurs nefs et leurs collatéraux. Ceux-ci comportent généralement des colonnes circulaires supportant les voûtes. Emblématique de toutes les constructions halles, elles sont pourtant le modèle le plus rare en Lorraine car on en compte par exemple 33 de style gothique.
Le territoire national généralement ne concentre pas autant d'églises-halles par rapport à la Lorraine.
Conclusion, posséder une véritable église-halle est exceptionnelle!
L'église-halle échelonnée est un des modèles halles les plus courant en Lorraine. Une échelonnée possède une nef centrale un peu plus haute que ses collatéraux, ne laissant aucune possibilité d'ajouter une fenêtre haute tellement l'écart entre les voûtes de la nef centrale par rapport à ses collatéraux est ténu. Celle-ci est l'intermédiaire entre une église-halle et une église-halle pseudo basilique.
Les églises de type pseudo basilical sont autant présents en Lorraine que les églises-halles échelonnées. Une pseudo-basilique possède une nef centrale beaucoup plus haute que ses collatéraux, ainsi il y aurait la possibilité d'ouvrir une rangée de fenêtres hautes. Mais la conception du bâtiment par la toiture unique cloisonne l'ensemble, empêchant la claire-voie de la nef principale.
Sa particularité est d'être un intermédiaire entre une église-halle et une église à élévation basilicale, démontrant un hybride architectural.
Remarque
J'ai intégré les églises pseudo-basiliques parmi les églises-halles alors qu'elles n'en sont pas dans l'absolu. Il est clair qu'en observant une pseudo-basilique les bâtisseurs n'avaient pas l'intention de construire une halle au sens strict du terme contrairement à une église-halle échelonnée.
La première raison est technique parce-que lorsque vous faites un inventaire en prenant toutes les mesures des édifices vous êtes face à un dilemme pour classer une église soit en une pseudo-basilique soit en une halle-échelonnée. La frontière entre ces deux types est parfois ténue pour faire un choix, alors de facto j'assimile la pseudo-basilique parmi les églises-halles.
La deuxième raison est la représentation, car si l'on exclut la pseudo-basilique, elle disparaît des répertoires parce que c'est un hybride architectural. Selon moi elle a beaucoup de points en commun avec une véritable église-halle et cela serait un non-sens de ne pas l'intégrer.
La troisième raison est la découverte de la diversité de notre patrimoine.
Les églises-halles possèdent systématiquement un ensemble de colonnes ou de piliers qui supportent les voûtes ou les plafonds. Ils divisent l'intérieur de la nef généralement par 3 vaisseaux ou parties que l'on nomme nef ou collatéral. Ceux-ci varient de 2 à 5 suivant l'espace de la construction.
Les toitures des églises-halles sont généralement uniques à deux pans comme avec cet exemple de Saint-Catherine de Fain-les-Sources (55).
L'image présente les fenestrages l'église Saint-Gorgon de Varangéville (54) de ayant un seul étage d'ouvertures. Celles-ci gothiques tardives sont typiques des structures halles.
Connue mais très peu employée pendant l'antiquité romaine, l'anse de panier fut développée qu'à partir de la Renaissance. En Lorraine on la retrouve essentiellement au XVIIIe et XIXe siècles dans les églises néoclassiques. En tout cas pour de multiples raisons techniques les voûtes en anse de panier se déployèrent tardivement dans l'histoire de l'architecture.
Une voûte en anse de panier est une variante de la voûte en berceau. Comme un tunnel aplati, elle a la forme d'une ellipse dont les extrémités de la courbe sont plus prononcées que la partie supérieure.
L'Empire romain employa couramment les voûtes d'arêtes pour ses constructions. Elles furent mis en œuvre jusqu'au XIIe siècle jusqu'à l'invention de la croisée d'ogives adoptée pendant la période gothique. Voulant imiter la Rome antique, la Renaissance remit au goût du jour ce type de maçonneries. Naturellement la période suivante dite classique se servit fréquemment de cette technique.
La voûte d'arêtes est formée par l'intersection de deux demi-cylindres.
Deux voûtes en berceau, placées perpendiculairement l'une à l'autre, forment par leur pénétration une voûte d'arête.
Pont-à-Mousson(54): Abbatiale Sainte-Marie-Majeure début XVIIIe siècle
Image wikipédia
Il y a 5000 ans, c'est-à-dire le IIIe millénaire avant J.-C. , l’Égypte et la Mésopotamie employèrent les voûtes en berceau. Dans un premier temps elles étaient en briques crues avant d'être montées en pierre de taille en Égypte à partir du VIIe siècle avant J.-C.. Divers matériaux furent utilisés comme le plâtre pour sa réalisation. Sa forme simple lui donna un grand succès jusqu'à aujourd'hui.
Une voûte en berceau est un cylindre continue dont l'origine de sa forme est l'arc en plein cintre.
Développée dès la fin du XIe siècle, la croisée d'ogives est une des inventions les plus importantes de l'architecture. Grâce à elle l'architecture gothique a conçu des prouesses vertigineuses que même les hommes de l'antiquité n'ont jamais réussi à atteindre. Par exemple les voûtes de la cathédrale de Beauvais avec ses 48,50 mètres de haut n'ont jamais été égalées depuis 1260. La légèreté des croisées d'ogives permit de réaliser de nombreuses églises-halles en Lorraine.
La voûte en croisée d'ogives consiste à construire des nervures qui reposent sur des piliers et se croisent à la clef de voûte. Ces nervures supportent une voûte maçonnée après la réalisation de la croisée. Formerets, doubleaux et ogives répartissent les poussées de la voûte qu'ils soutiennent sur des points porteurs parfaitement définis.
Marville(55): Église Saint-Nicolas XIIIe siècle.
Dessin Alain Vial - Archives Larousse
Les origines antiques de la voûte sphérique sont évidentes de par sa parenté avec la coupole hémisphérique romaine. Les plus anciennes se trouvent en Iran dans l'ancien Empire perse. Tout comme les voûtes d'arêtes, la Renaissance remis au goût du jour cette architecture couramment employée dans les églises néoclassiques.
La voûte sphérique ou voûte en calotte est une coupole circulaire à base carrée qui forme une demi-sphère creuse.
Thionville(57): Église Saint-Maximin XVIIIe siècle
Au Ve siècle av J.C. le Parthénon d'Athènes avait un plafond à caisson. Employé pendant l'antiquité grecque et romaine, la mode du caisson revînt à la Renaissance, mais sa diffusion fut très répandue durant la période Néoclassique.
Un plafond à caissons est construit avec des compartiments disposés de façon régulière. Le carré, le rectangle et l'octogone sont les formes géométriques usitées. Le bois est le matériaux le plus utilisé mais souvent le stuc est employé pour sa réalisation.
Chaillon(55): Église Saint-Rémi XIX et XXe siècles
Plafond de la loge de Jacques Cœur, écorché (dessin B. Sournia)
Depuis l’Antiquité, on recouvrait avec cette isolation rudimentaire les murs de pierre intérieures de lambris afin de se protéger du froid. Ce n’est qu’aux XVIIe siècle avec Louis XIII puis au XVIIIe siècle que se répandra l’usage des lambris. Naturellement on recouvrit les poutres des plafonds des églises pour des raisons aussi esthétiques.
Le lambris est un ouvrage d'assemblage constitué de panneaux de bois placés dans des cadres ou un revêtement de bois, généralement placés sur les murs intérieurs des habitations pour les habiller et les décorer.
Arry(57): Église Saint-Arnould XIIIe siècle
Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle
Le stuc est un enduit à base de chaux remontant à l'antiquité. Il est utilisé en recouvrement des plafonds et des murs. Celui-ci pouvant être mélangés avec du sable, de la poudre de marbre ou encore de la poudre de brique. On peut y incorporer des liants comme les colles animales ou végétales.
Le staff est un matériau de construction préfabriqué à base de plâtre armé de fibres inventé au milieu du XIXe siècle, qui sert également comme le plâtre et le stuc à décorer les plafonds.
Les plafonds recouverts de matériaux à base de plâtre sont en Lorraine essentiellement des églises néoclassiques.
Mouzay(55): Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul XVIIIe siècle
http://www.onypense.com/articles/view/les-planchers-dans-les-immeubles-anciens
Les plafonds à poutres apparentes sont évidemment les constructions les plus élémentaires et les plus économiques vu leur dépouillement. On les retrouve la plupart du temps dans les églises les plus anciennes tels les bâtiments romans du Xe au XIIe siècles.
Kœur-la-Grande(55): Église Saint-Martin XIIe, XVIII et XIXe siècles
Les éléments d’un plafond peint. Graphisme ©Charlotte Devanz, sur les indications de Bernard Sournia @Conservation nationale des monuments historiques
Originaire de l’ancienne Étrurie, la colonne d'ordre toscan est constituée d'un fût sans cannelure, d'un chapiteau fait de moulures et d'un astragale sans décoration et d'une base de colonne simplement moulurée.
Contemporain de l'ordre dorique grec, les Romains l’employèrent tout comme l'Europe chrétienne pendant la période néoclassique. La Renaissance a fait usage de l’ordre toscan, mais avec des modifications. Quant aux périodes classique et néoclassique son aspect est plus proche de l'originale, mais parfois comme à la renaissance il y avait des transformations.
L'ordre dorique apparu en Grèce durant la seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C. se caractérise par un chapiteau sans décors et astragale contrairement à l'ordre toscan. Le fût est orné de cannelures et ne possède pas de base (pour le dorique grec).
Certaines ressemblances avec le proto-dorique égyptien sont évidentes comme dans les hypogées de Béni-Hassan (IXe siècle av. J.-C.). Mais c'est en Grèce que l'ordre dorique a été appliqué, bien qu'il subsiste quelques monuments pseudo-doriques en Égypte qui se caractérise par l'absence de base.
L'ordre ionique est l'un des trois ordres de l'architecture grecque apparu à priori au début du VIe siècle av. J.-C en Ionie, une région de Grèce antique située sur l'actuelle Turquie.
Cet ordre se caractérise par un chapiteau à volutes, d'un fût orné de 24 cannelures et d'une base moulurée. Le style ressemble fort au style lotiforme (en forme de lotus), que l'on retrouve beaucoup durant l'Ancien Empire en Égypte. L'ordre ionique fut aussi un des styles préférés dans l'architecture et l'ornementation sculptée des arts décoratifs dès le retour du Classicisme en France.
L'ordre corinthien est un ordre architectural grec inventé aux alentours de 380 av. J.-C., dont le caractère est déterminé par un chapiteau décoré de deux rangées de feuilles d’acanthe. La décoration végétale du chapiteau corinthien fit son apparition en Orient, avant d'être adoptées par les Grecs.
Le fût de la colonne corinthienne est ordinairement lisse pour les pierres dures et cannelé pour les marbres plus tendres. Le chapiteau est orné de deux rangées alternées de huit feuilles d'acanthe, surmontées de quatre tiges ou caulicoles. Les volutes de celles-ci s'enroulent sous les angles du tailloir.
L'ordre composite imaginé durant l'antiquité par les romains est une altération de l'ordre corinthien. Cet ordre a été appliqué pendant de la Renaissance jusqu'à la période Néoclassique.
L'ordre composite diffère peu l'ordre corinthien par ses diverses variantes. Elle est faite d'une combinaison d'une base ionique, d'un fût de colonne dorique et d'un chapiteau ionique mélangé avec un chapiteau corinthien. Il peut parfois être considéré comme un système non pur, voire parasite, que des puristes refusent d'ériger en ordre.
La colonne romane est l'héritière des traditions romaines, principalement de l’ordre corinthien ou composite cependant son chapiteau s’en distingue fondamentalement.
L’art roman fournit une variété très riche de chapiteaux, soit dérivant du chapiteau romain, soit géométrique, soit historiés, ou encore à un bestiaire. On y voit des figures et des têtes d'animaux grotesques et symboliques, agencées au milieu de grands feuillages contournés et agrafés en volutes.
Parfois le chapiteau roman est réduit par son ornementation à des sortes de feuilles empruntées à la flore indigène. Occasionnellement certains chapiteaux romans sont inspirés du style byzantin.
L'art gothique abandonne au XIIe siècle les décors historiés et la tradition romaine en les remplaçant par des motifs végétaux. Ensuite dès le XIVe siècle leur taille se rétrécie jusqu'à devenir une bague décorative ornant les colonnes.
Les chapiteaux rendus illisibles du fait de leur grande élévation, l'abandon des décors historiés ou animaux s'imposa de fait. Ainsi les motifs végétaux simples sont privilégiés, ceux-ci sont accompagnés de feuillages naturalistes de hêtre, de chêne, de lierre, de vigne vierge, de chardon ou encore de fraisier. Dès le XIVe siècle leur taille se rétrécie jusqu'à devenir une bague décorative ornant les colonnes. Occasionnellement certains chapiteaux peuvent avoir des formes figuratives.
L'art flamboyant à partir du XVe siècle transforme l'aspect des colonnes du fait qu'il n'y ait plus de chapiteaux et cela jusqu'à la Renaissance. Ce dernier au milieu du XVIe imposera le retour du chapiteau de tradition gréco-romaine.
Ayant souvent au départ une base octogonale, la colonne gothique tardive ne possède plus de chapiteau, par conséquent les nervures des voûtes en croisée d'ogives pénètrent directement dans la colonne. Ainsi un effet de verticalité est accentué par l'absence du chapiteau. Parfois des bagues décoratives sont réemployées, symbolisant le chapiteau.
Vue intérieure de l'église Notre-Dame de Saint-Lô, dessinée par Émile Sagot.
Les églises d'élévation basilicale sont les constructions les plus répandues en France. On peut les confondre avec les églises-halles, mais des divergences sont bien visibles si on les observe attentivement.
Le bâtiment à première vue ressemble à une église-halle à cause de la division de l'espaces soit par des colonnes soit par des piliers. En revanche la hauteur des voûtes de la nef centrale est d'une grande disparité par rapport à ses collatéraux. On observe un deuxième étage de fenêtres conçu dans le mur supérieur qu'on appelle un mur en claire-voie
La nef possède des voûtes centrales beaucoup plus hautes que ses collatéraux, permettant l'ouverture d'un deuxième étage de fenêtres.
Église Saint-Louvent de Rembercourt-aux-Pots (55) XVe siècle
Basilique Saint-Nicolas de Port (54) XVe-XVIe siècles
Les constructions basilicales possèdent toujours plusieurs étages de fenestrages contrairement aux églises-halles. En ce qui concerne la couverture de multiples éléments sont visibles comme les toits en appentis pour les bas-côtés et la toiture principale pour la nef.
N.B.
Les chapitres suivants sont classifiés par ordre ascendant du style roman au contemporain. Bien entendu les dates émises pour les périodes sont arbitraires afin de placer dans le temps les bâtiments.
Établir une date comme une frontière dans l'architecture est absurde car l'art évolue et se diffuse, de plus on observe souvent des styles plus anciens dans de nouvelles périodes architecturales comme va démontrer ce site internet.