Gothique flamboyant


GOTHIQUE FLAMBOYANT {1400-1550}

Le XVe et la première moitié du XVIe siècles sont l'apogée des églises-halles gothiques.

D'aspect élancé avec des colonnes, le style gothique flamboyant contraste avec les précédents styles par la singularité de sa stéréotomie. Lignes raffinées et ornementations minimalistes font de ces églises des bâtiments plutôt modernes.

L'exemple des colonnes n'ayant plus de chapiteaux est une évolution conceptuelle importante car depuis l'antiquité égyptienne celles-ci possèdent une base, un fût et un chapiteau. Ce modèle de construction typique du XVe et début du XVIe siècles en Europe est d'une modernité saisissante de cette fin du moyen-âge

L'art gothique s'appelait art moderne à cette époque ici nous le comprenons!

Situation géographique des églises-halles gothiques flamboyantes

Le style gothique flamboyant est manifestement le plus courant des trois époques gothiques.

Sur la carte nous observons un contraste prononcé concernant la répartition des églises-halles gothiques flamboyantes. Celles-ci sont très présentes dans la moitié ouest et rarissime dans l'Est de la région. La vallée de la Moselle est certainement la limite de partage culturel de cette époque. L'absence d'édifices religieux anciens autour de Verdun dévoile les ravages de la première guerre mondiale.

Liste des églises-halles

Bazincourt-sur-Saulx(55): Église Saint-Pierre-ès-Liens 

Présentation

Construite au XVe siècle dans le style gothique flamboyant l'église eut quelques modifications à la Renaissance.

D'allure massive, ce bâtiment médiéval possède un clocher au milieu de l'ensemble. Le portail principal dénote avec le reste de l'édifice car il fut refait au XVIe siècle en pleine Renaissance.

Nef

L'intérieur de cette halle échelonnée est un cas typique des édifices gothiques tardifs sachant que les colonnes n'ont pas de chapiteaux. On remarque que les colonnes proche de l'abside sont massives car elles doivent supporter le clocher. Concernant les voûtes, celles-ci sont un peu plus basses pour ses collatéraux, en particulier pour le gauche avec ses 1,54m, à l'opposé du droit qui n'a que 70cm de différence.

Collatéraux

Bases de colonnes

Voûtes

Chevet

L'arrière de l'église comporte un chevet plat avec un haut pignon renforçant son aspect trapu. Le seul étage de fenêtre démontre que ce bâtiment est une église-halle. Quant au clocher en pierre il est curieusement situé au milieu de l'édifice.

Configuration de la halle échelonnée

Dimensions de la halle échelonnée

Longueur interne totale:

Éléments remarquables

Autel et Vierge à l'enfant du XVIe siècle.

Remarque

Cette église de conception échelonnée est remarquable par son homogénéité, ce qui induit qu'elle a été construite en une seule fois. Son implantation est symétrique, contrairement à la hauteur des collatéraux qui diffèrent. C'est un édifice très bien conservé qui mérite d'être visité.

Belleville(54): Église Saint-Étienne

Présentation

Au début du XVe siècle l'église fut une chapelle castrale à nef unique construite pour le château fort de Belleville. À partir du XVIe siècle on ajouta côté nord une seconde nef puis on érigea en façade un premier clocher. N’étant plus assez grande pour la population, on construisit une nouvelle fois une troisième nef côté nord. À la fin du XVIIe siècle un aménagement de la voirie entraina la destruction du clocher gothique, c'est ainsi qu'une nouvelle tour fut élevée à l'emplacement actuel. En 1865 le cimetière autour de l'église fut transféré au bout du village laissant la place à la construction d'un nouveau chœur. C'est également à la même période que le clocher fut rehaussé d'un étage supplémentaire.

La façade munie d'un portail flaqué de deux contreforts est surmontée d'un fenestrage en ogive ayant un remplage néogothique probablement conçu au XVIIIe siècle. Entre le contrefort droit et le bas du clocher se trouve également une petite ouverture en arc brisé sans remplage mais avec de puissants barreaux. Au milieu du pignon se trouve un oculus s'ouvrant dans les combles. À droite de la façade s'élève le clocher dont les trois premiers étages ont été construits à la fin du XVIIe siècle, celui-ci est surmonté d'un dernier niveau néogothique bâti à la fin du XIXe siècle qui abrite les cloches.

Nef

Habituellement les nefs centrales sont les parties des églises ayant les plus grandes dimensions notamment par la largeur, mais à Saint-Martin de Belleville le vaisseau central est la section la moins large de l'édifice avec une différence d'un peu plus d'un mètre. La raison est son origine à cause de sa fonction secondaire, car elle fut le collatéral ajouté à la chapelle castrale du XVe siècle lors de l'agrandissement de l'église au début du XVIe siècle. Par son usage on comprend mieux pourquoi il n'y avait pas d'abside, mais un mur jusqu'à la rénovation du XIXe siècle. L'ensemble est emblématique du gothique tardif notamment par les colonnes sans chapiteau, sans oublier les peintures murales couramment réalisées pendant la renaissance.

Collatéraux

Les deux collatéraux ont la particularité d'être plus larges que le vaisseau central pour différentes raisons.

Le collatéral droit est au point de départ la nef unique de la chapelle castrale du XVe siècle, dont certains vestiges de cette époque sont visibles sur la dernière travée (petit fenestrage à redans). Par la suite la nef d'origine resta probablement le vaisseau principal lors du premier agrandissement de l'église au début du XVIe siècle. L'espace plus grand ainsi que les riches peintures murales de la renaissance font toujours penser à son rôle primordial.

Le collatéral gauche daté de 1763 d'après une source est une construction plus récente. Celui-ci de style gothique flamboyant a des dimensions similaires au collatéral droit sauf pour la hauteur des voûtes qui sont identiques à ceux de la nef centrale. Dans cette partie il y a pas de colonnes, mais de curieux piliers de forme oblongue.

Remarque concernant le collatéral gauche:

Je m'interroge concernant l'affirmation que cette partie du bâtiment soit une construction du XVIIIe siècle malgré le fait qu'il existe des réalisations néogothiques de cette période.

Plusieurs indices me font douter de cette allégation:

Il est étonnant qu'on ne trouve pas de moulures gréco-romaines sur une structure néogothique du XVIIIe siècle? Dans le contexte de cette époque les personnes considéraient l'architecture gothique comme étant dépassée, c'est pourquoi ils n'hésitaient à mettre au goût du jour l'ornementation comme on le voit souvent sur de nombreux édifices. Les cohérences des structures gothiques me laissent perplexe pour évoquer une nouvelle construction en 1763 en début période néoclassique? La possibilité que le mur d'origine du XVIe siècle ait été déplacée au XVIIIe siècle est plausible d'où l'impression que cette nef soit d'origine plus ancienne.

Bases de colonnes

L'édifice est composé de 3 colonnes avec des bases circulaires implantées entre la nef centrale et le collatéral droit. Leurs premières sections posées sur le sol possèdent un chanfrein qui les sépare de leurs parties supérieures rétrécies. Ces dernières représentatives du style gothique tardif sont pourvues de moulures par lesquelles une large scotie fait la jonction entre un chanfrein et un tore. Il y a une spécificité concernant la pile de la 3ème travée due à son diamètre de 11,50 centimètres supérieur aux colonnes de la 1er et 2ème travées. Litre funéraire et deux représentations hagiographiques du XVIe siècle sont peintes sur les fûts de colonne.

1er travée collatéral droit:

2eme travée collatéral droit:

3eme travée collatéral droit:

Piliers

Les trois colonnes elliptiques disposées entre la nef centrale et le collatéral gauche ont la particularité d'être de forme oblongue. À l'origine ceux-ci étaient des colonnes engagées dans l'ancien mur gouttereau aujourd'hui disparu à cause de l'agrandissement de l'église. À l'opposé des colonnes engagées furent plaquées contre le mur du coté extérieur des demi-colonnes. Ainsi l'assemblement de ces trois éléments architecturaux donnent une apparence originale à ces piliers.

Les trois colonnes elliptiques du collatéral gauche:

Voûtes

L'édifice est composé de voûtes en croisée d'ogives dont la majorité des moulures pénètrent dans les colonnes et piliers sans chapiteau, caractéristiques du style gothique flamboyant. L'arc doubleau entre la 3eme et 4eme travées est le seul qui se repose côté collatéral droit sur un culot sculpté, mais à l'opposé côté collatéral gauche c'est une nervure qui se termine également par un cul de lampe. Les voûtes en croisée d'ogives de la 3eme travée de la nef centrale et la 4eme travée du collatéral droit ont la particularité de posséder une clef annulaire.

Chevet

À l'origine l'église ne possédait pas de chœur, mais en 1868 le bâtiment fut agrandi avec un nouveau chevet à 5 pans. L'emploi de fenestrages ayant des remplages à deux lancettes et un quadrilobe ne se conforment pas au style gothique flamboyant réalisé à partir du XVe siècle. Il s'inspirent plutôt des modèles du XIIIe et XIVe siècles qu'on appelle gothique rayonnant, qui pourtant sont inexistants dans cet édifice.

Configuration de la halle

Dimensions de la halle

Longueur interne totale: 25,90 m

Éléments remarquables

Peintures murales du XVIe siècle et tableaux du XVIIIe siècle.

Remarque

Cette église est remarquable à tous points de vue car elle évoque plusieurs phases de construction de la période gothique tardive. Les bâtisseurs n'ont vraisemblablement pas eu la volonté de construire une église-halle au départ, mais celle-ci l'est devenue de facto suite à la construction de deux nouvelles nefs similaires. Le plus étrange est son troisième vaisseau édifié lors de la période néoclassique où aucun élément architectural ou ornemental de cette époque apparait. Peintures murales, statues et tableaux rendent cet édifice somptueux.

Brixey-aux-Chanoines(55): Église Sainte-Marie-Madeleine

Présentation

L’église de Brixey-aux-Chanoines fut construite à partir XIIe siècle, le chœur et la partie basse de la tour en sont les vestiges. Au XIVe siècle on lui ajouta une voûte. La nef et le seul collatéral sont édifiés au XVIe siècle. Au XIXe siècle il y eu des rénovations et la tour fut rehaussée en 1823.

Deux parties distinctes sont identifiables comme la nef du XVIe siècle bâtie plus bas en palier. Son portail est entouré par deux statues de Sainte Barbe et Sainte Madeleine datant du XVIIe siècle.

Nef

L'intérieur comporte deux vaisseaux qui en fait une des rares de ce type en Lorraine. On remarque que la nef centrale n'est pas voûtée contrairement à son collatéral droit fait de voûtes en croisée d'ogives. Les colonnes sans chapiteau confirment son d'époque gothique tardive. La dimension de la nef principale vis à vis du l'étroit collatéral indique qu'elle remplaça l'unique nef romane d'origine. 

Collatéraux

Bases de colonnes

Voûtes

Chevet

Ce bâtiment est édifié sur un flan de colline donnant des contraintes aux bâtisseurs, d'où son aspect original en palier.

Celle-ci est une construction simple sachant que la nef centrale munit d'un modeste collatéral ne fut même pas voûtée. Ce dépouillement donne le sentiment qu'ils avaient peu de moyen financier.

Configuration de la halle à plafond plat et voûtes

Dimensions de la halle à plafond plat et voûtes

Longueur interne totale: 15,20 m

Éléments remarquables

Statuaires, bénitier du XVI et XVIIe siècle et fonds baptismaux du XVIIe siècle.

Remarque

Cette église n'est pas une construction halle au sens strict. Celle-ci est faite de multiples modifications aux cours des siècles qui la transforma en "église-halle" par l'ajout du modeste collatéral. Les maçons et tailleurs de pierre n'ont pas planifié une halle vu l'aspect hétéroclite de l'édifice.

En tout cas son humble collatéral nous emplit d'émotions par son aspect intime. 

Creuë(55): Église Saint-Pierre-Saint-Paul

Présentation

L'église de Creuë est à l'origine une chapelle castrale romane du XIIe siècle dont il subsiste le clocher. La nef-halle fut édifiée à l'extrême fin du XVe siècle et au tout début du XVIe siècle. Au XIXe siècle une travée fut ajoutée et un étage supplémentaire pour le clocher de style néogothique.

L'image montre un alignement de fenestrages avec de modestes remplages de style gothique flamboyant, en revanche la dernière à droite est une imitation du style gothique rayonnant au XIXe siècle. Le clocher avec les trois premiers niveaux sont d'origine romane, celui-ci possède encore des baies géminées dont une est visible au niveau de la faitière.

Nef

L'ensemble de l'église est homogène malgré la contrainte de la chapelle romane précédente qui fut intégrée à la nef halle gothique. Les colonnes sont toutes sans chapiteau caractéristique des édifices flamboyants. Les fenestrages du collatéral gauche jusqu'à l'abside sont relativement bien alignés, mais ils sont très hauts car le flan de colline obligea leur surélévation. Au fond à droite, la base de la tour romane est reconnaissable par ses deux massifs arcs en berceau. Le collatéral droit devant la tour est implanté sur la chapelle primitive. Celui-ci contraste avec ses voûtes en croisée d'ogives plus basse d'1,10m.

Collatéraux

Les collatéraux de l'église de Creuë sont de largeur différente pour deux raisons propres. Le collatéral côté gauche plus étroit mesure 3,25 m à cause d'une contrainte liée à la pente de la colline. En ce qui concerne le collatéral droit celui-ci est plus large avec ses 4,90m, la raison est qu'il repose sur les bases de la nef de l'ancienne chapelle castrale davantage libre côté descente.

Bases de colonnes

Les colonnes de l'église de Creuë ont la particularité de posséder chacune un socle différent sauf pour la partie du XIXe siècle, fait très original car généralement les modèles sont standards et identiques.

Plan de l'église avec les colonnes numérotées

Située dans la première travée qui est un élargissement de l'église en1868, cette base de colonne néogothique est une reproduction simplifiée du style gothique flamboyant du XVe au XVIe siècles. Celle-ci est monolithique contrairement aux réalisations d'origine.

Carrée au départ, elle a une forme octogonale pour sa partie supérieure. L'octogone permet une transition visuelle harmonieuse entre la section carrée et la colonne circulaire. Aucune griffe n'est exécutée sur cette base de colonne.

Élaborée autour de 1500, la base de colonne a une implantation carrée s'appuyant sur une grosse dalle de pierre d'aspect rustique. Cette dernière a pour fonction de stabiliser l'appui de la colonne car le terrain meuble est composé de grouine, c'est-à-dire un amalgame de petits éléments calcaires réagissant comme du sable.

La partie carrée de la base comporte 4 formes concaves avec des quarts de rond. Pour l'esthétique, celles-ci assurent une transition moins brutale à la partie octogonale qui est elle-même un intermédiaire s'acheminant à la forme circulaire de la colonne. On trouve les mêmes formes concaves sur quasiment toutes les bases de pilier du XIIIe siècle de l'église Saint-Martin d'Essey-et-Maizerais(54).

La base de colonne est constituée de 5 éléments montés sur trois assises de 30cm, 20cm et 35cm de hauteur respectivement. Les moulures suivant la section octogonale sont deux boudins séparés par un large intervalle typique du gothique tardif.


Comme la base de colonne 2, elle fut élaborée autour de 1500. Celle-ci possède aussi une implantation carrée posée sur une dalle de pierre d'aspect rustique. 

La partie carrée de la base comporte 4 formes convexes assurant une transition moins brutale à la partie octogonale. Les mêmes formes concaves se retrouvent sur une base de pilier du XIIIe siècle de l'église Saint-Martin d'Essey-et-Maizerai(54). Fait curieux, cette dernière est au même emplacement dans les deux églises. On remarque que le motif est une représentation inversée de la base de colonne 2.

La base de colonne 3 comporte une grande entaille permettant à la pose d'une chaire au XIXe siècle. Le terme employé pour ces transformations grossières dans les pierres de taille s'appelle mutilation.

Tout comme la base de colonne 2 celle-ci est constituée de 5 éléments montés sur trois assises de 30cm, 20cm et 35cm de hauteur. L'appareillage des cinq pièces est aussi identique pour ces deux bases. Conclusion, les bases ont certainement été taillées en même temps et proviennent probablement d'une même extraction de pierre en carrière.

La colonne 3 est la seule comportant une peinture murale datant de 1513 qui représente Sainte-Marguerite d'Antioche.

Élaborée autour de 1500, celle-ci possède aussi une implantation carrée, mais cette fois-ci sans dalle de pierre d'aspect rustique.

La grande partie cubique de la base ne comporte aucune griffe ou forme lui donnant un aspect disgracieux. Fait étonnant vis-à-vis des autres bases de colonne qui possèdent toutes des formes.

La section octogonale est la plus haute de toutes les bases de colonne. Elle est couronnée de moulures similaires aux précédentes réalisations, en revanche l'intervalle entre les deux boudins est plus court. Le boudin supérieur est circulaire contrairement aux autres bases de colonne.

La base comporte trois éléments en pierre de 46 cm, 44 cm et 49 cm de hauteur d'assise.

C'est la colonne la plus imposante de l'église par ses proportions et ses mesures. Cette dernière est pourvue d'une base de colonne analogue à celles de la collégiale Saint-Étienne de Saint-Mihiel(55).

On trouve à côté d'elle dans le mur nord et à l'angle du mur donnant sur l'abside, deux colonnes engagées d'un diamètre de 71 cm. Ces colonnes engagées sont liées à la colonne 4  par les nervures d'une voûte en croisée d'ogives. Elles sont curieusement plus larges que toutes les autres colonnes engagées qui mesurent 26 cm et 46 cm de diamètre.

La base de colonne 5 est identique à la base de colonne 1 car elle est située dans la première travée de l'église construite en1868. Cette base de colonne néogothique est une reproduction simplifiée du style gothique flamboyant du XVe au XVIe siècles. Celle-ci tout comme la base de colonne 1 est monolithique.

Carrée au départ, elle a une forme octogonale pour sa partie supérieure. L'octogone permet une transition visuelle harmonieuse entre la section carrée et la colonne circulaire. Aucune griffe n'est exécutée sur cette base de colonne.

Conçue autour de 1500, celle-ci possède une implantation carrée posée sur une dalle de pierre d'aspect rustique comme la base 2 et 3.

La partie carrée de la base comporte 3 angles ayant une forme de talon renversé avec un pli à l'angle de la section cubique. Seul un angle n'a pas de talon renversé mais un quart de rond s'appuyant sur une surface verticale de la section octogonale. Les 4 angles ont la particularité d'avoir les traces d'anciennes griffes disparues depuis une date inconnue, dont les mutilations laisse apparaître leur emplacement. De formes circulaires, une semble représenter le départ d'un végétal qui pourrait être une feuille de vigne comme ceux de la colonne 7. 

La portion octogonale présente des moulures identiques à aux bases de colonne 1, 2, 3 et 5.

La base comporte deux éléments en pierre de 38 cm et 47 cm de hauteur d'assise.

Exécutée autour de 1500, celle-ci possède une implantation carrée posée sur une dalle de pierre ayant une finition de bonne qualité contrairement aux bases 2, 3 et 6 ayant un support d'aspect rustique.

La section carrée est composée de quatre griffes sculptées dont trois dans un bon état de conservation. Deux feuilles de vigne sont représentées côté abside et deux figures de facture naïve côté façade.

La feuille de vigne tournée vers la nef centrale est brisée, mais on peut l'identifiée comme telle avec sa partie supérieure qui subsiste, car elle est identique à la feuille de vigne préservée à proximité du collatéral sud.

Bordant la nef centrale un visage avec des traits fins semble représenter une femme, d'ailleurs une coiffure avec de long cheveux tirés vers l'arrière est sculptée. Une polychromie de couleur noire dessine les sourcils tout comme le fond de la bouche avec du rouge. La tête repose sur une écharpe marquant les épaules, celle-ci fait penser à un vêtement cérémoniel.

Côté collatéral sud se trouve un visage barbu portant un béret plat où une légère chevelure et de petites oreilles se profilent. Les yeux rapprochés peints en noir et rouge possèdent des sourcils dessinés en noir qui donnent un aspect naïf à la tête. Une bouche ouverte montre ses dents de polychromie rouge rendant un caractère agressif à la sculpture. Une barbe sculptée de polychromie noire est accompagnée d'une moustache de type chevron peinte également en noir. Tout comme la sculpture féminine la tête repose sur une écharpe faisant penser à un vêtement cérémoniel.

Les deux têtes sont percées d'un trou identique de 2 cm de diamètre sur 3,5 de profondeur qui font penser dans un premier temps à des emplacements pour insérer des chevilles dans le but d'accrocher un mobilier. L'originalité de ces trous est l'usure car tous deux sont arrondis par devant en particulier la tête masculine. Le percement de l'homme a une érosion très marquée à l'avant droit qui indique qu'une prise régulière d'objet résistant par un droitier.

La portion octogonale présente des moulures identiques aux bases de colonne 1, 2, 3, 5 et 6.

La base comporte deux éléments en pierre de 40 cm de hauteur d'assise.

Le pilier 8 est le seul support qui ne soit pas une colonne, il fut construit au dernier quart du XIIe siècle avec de nombreuses modifications jusqu'au XXe siècle.

De section rectangulaire celui-ci comporte une base et un chapiteau ayant le même profil de moulures. Il a pour fonction de supporter la charge du clocher et de sa voûte romane en croisée d'ogives dont une nervure a pour continuité une colonne engagée dans un angle du pilier.

Côté nef principale une colonne engagée de la fin du XVe siècle fut greffée au pilier dont le but est de réceptionner la charge des voûtes gothiques en croisée d'ogives. Sa base de colonne de modèle standard ressemble à la base de colonne 4, celle-ci repose sur un vestige du mur de l'ancienne chapelle castrale romane détruite depuis la construction de la nef-halle gothique.

Côté façade, contiguë à la colonne engagée de la fin du XVe siècle est greffée une console supportant la charge des voûtes gothiques en croisée d'ogives du collatéral sud. Celle-ci est du même diamètre que la colonne engagée voisine d'où son aspect tronqué de colonne n'atteignant pas le sol.

Voûtes

Toutes les voûtes de l'église sont des croisées d'ogives avec une nef de 8,15 m légèrement plus haute que les collatéraux. Celles-ci possèdent en majorité des clefs de voûtes ornementées de représentations géométriques, d'une clef annulaire, de deux blasons et d'un visage de profil représentant le sculpteur de l'église.

Chevet

Le chevet à 5 pans possède de grandes ouvertures ayant toutes divers modèles de remplages. Leur proximité font penser à une verrière. L'intention de laisser entrer un maximum de lumière est évidente.

À gauche est implantée la tour romane dont une petite fenêtre de tir est visible au niveau inférieur. Quant à la partie supérieure du XIXe siècle celle-ci abrite le beffroi avec ses trois cloches.

Configuration de la halle échelonnée

Dimensions de la halle échelonnée

Longueur interne totale: 27,20 m

Éléments remarquables

Piéta XVIe siècle, dalle funéraire début XVIe siècle, fresque de Duilio Donzelli début du XXe siècle.

Remarque

La grande dimension de l'église est étonnante malgré son emplacement en flan de colline. Les bâtisseurs avaient probablement la volonté de créer une église-halle au sens strict du terme, mais les contraintes du dénivelé et de l'intégration de l'ancienne chapelle castrale ont peut-être modifié la planification. 

Asymétrique, cette église-halle est probablement échelonnée par défaut!

Dammarie-sur-Saulx(55): Église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge

Présentation

En1478 le chœur et son transept furent érigés, sauf pour sa nef et ses deux collatéraux qui datent du XVIe siècle. Concernant la tour du clocher, elle fut surélevée et surmontée d’une flèche octogonale à la fin du XIXe siècle.

Nef

Plus de deux mètres de hauteur différencient la nef centrale par rapport à ses collatéraux qui font de cette église une pseudo-basilique, un modèle intermédiaire entre une église-halle est une église à élévation basilicale. Construction gothique flamboyante en pleine période de la renaissance, elle n'échappe pas à cette nouvelle mode par l'ornementation de ses bases de colonnes qui ont des moulures copiant l'antiquité romaine.

Collatéraux

Bases de colonnes

Voûtes

Chevet

Cette église possède un transept et un chœur du XVe siècle plus ancien que la nef-halle. Une église-halle peut posséder un transept et d'autres plans de construction.

Configuration de la pseudo basilique

Dimensions de la pseudo basilique

Longueur interne totale:

Éléments remarquables

Épitaphe du XVe siècle.

Remarque

Le plus intéressant dans cette église est le mélange de deux conceptions gothiques différentes. On remarque que les premiers bâtisseurs du XVe siècle avaient employé des piliers pour construire le transept et son chevet contrairement à la nef halle avec ses colonnes. Les deux passages du transept en arc brisé menant aux collatéraux du XVIe siècle sont très bas, cela démontre qu'ils prévoyaient des bas-côtés et une nef centrale avec des fenêtres hautes. Selon moi ils voulaient une nef à élévation basilicale non pas une construction halle.

Fains-les-Sources(55): Église Sainte-Catherine

Présentation

Édifiée à la fin du XVe siècle, l'église de Fains-les-Sources eut une deuxième campagne de construction au début de la Renaissance. Elle fait partie des nombreuses églises-halles gothiques dans le Barrois.

D'une longueur moyenne l'édifice hétéroclite comporte un semblant de transept.

La façade de style gothique flamboyant est reconnaissable par ses remplages en forme de flammes au dessus du portail principal, ce dernier possède un trumeau et un statuaire intégré aux deux pinacles engagés. Deux solides contreforts maintiennent le pignon et l'ensemble du mur, celui-ci est surmonté d'un clocher charpenté couvert d'écailles de bois.

Nef

L'ensemble pseudo-basilical est reconnaissable par ses arcs formerets plus bas de 3m par rapport à l'appui des voûtes de la nef centrale. Comme beaucoup d'églises construites à la période gothique tardive il n'y a pas de chapiteaux. Au premier plan, la nef et ses collatéraux furent construits au XVe siècle, mais au fond de l'image à partir du faux transept qui est du XVIe siècle, l'emploi de motifs renaissances apparaissent.

Collatéraux

Le collatéral gauche est du XVe siècle pour ses trois premières travées, celui-ci est sensiblement égal en largeur avec la continuité du XVIe siècle, sauf pour la 4 travée plus large qui est un faux transept. Le collatéral droit est quasiment de la même largeur que pour les 3 premières travées du XVe siècle, celui-ci s'élargit à partir du faux transept où les deux dernières travées du XVIe siècle gardent la même dimension. 

Bases de colonnes

1er travée:

Les deux colonnes du XVe siècle côté façade sont les plus larges de l'édifice, c'est pourquoi leurs socles avec leurs grandes griffes sont particulièrement larges et hauts comparés aux autres réalisations. Logiquement les colonnes avec un grand diamètre ont pour fonction de supporter des charges lourdes telles des tours, mais Sainte-Catherine de Fains-les-Sources ne possède pas de clocher. La supposition d'un projet non abouti est possible.

2eme travée: 

Les bases du XVe siècle de la deuxième travée ont une dimension naturellement réduite car elles supportent des fûts de colonne d'un diamètre plus petit que les précédents. Leurs sections carrées comportent des ornementations avec des griffes qui permettent une transition moins brutale vers les parties octogonales qui sont également un acheminement vers les colonnes circulaires. Les deux bases de colonnes d'un aspect plus élancé possèdent des moulures quasiment identiques à ceux de la première travée.

3eme travée:

Les deux bases de colonnes de la troisième travée du XVe siècle supportent chacune une colonne ayant un diamètre quelque peu plus large que ceux de la deuxième travée. Les moulures sur la section octogonale de style gothique sont moins élaborées que les précédents socles, sans oublier leurs formes étonnantes dues à des transformations et rénovations multiples.

4eme travée:

Les deux colonnes de la quatrième travée appartiennent à la deuxième moitié de l'église de style renaissance construite au XVIe siècle. Les fûts de diamètre similaire aux colonnes du XVe siècle se reposent sur des bases de forme octogonale typique des constructions gothiques. En revanche les moulures circulaires qui font la transition entre le fût et le socle sont composées d'un tore déprimé et d'un cavet renversé empruntés au style gréco-romain, c'est pourquoi les deux bases de colonne sont de style renaissance.

5eme travée:

 Les deux colonnes de la cinquième travée ont un fût de colonne ovoïdes et une base octogonale ayant des moulures de style gréco-romain. Celles-ci

situées dans la partie du XVIe siècle de l'église sont représentatives des constructions de la Renaissance.

Chapiteaux

Exemple d'un des deux chapiteaux d'inspiration antique du transept qui est une réalisation "dégradée"d'ordre composite.

Voûtes

L'abside plus trois travées comportent des voûtes à liernes et tiercerons avec des ornementations de style renaissance, représentatifs de la toute fin du gothique flamboyant au XVIe siècle. Tout à droite une simple voûte en croisée d'ogives du XVe siècle montre l'époque précédente.

Chevet

Le mur du collatéral présente des ouvertures de deux périodes architecturales. Les trois premières à gauche entourées de maçonnerie en moellons sont du XVe siècle. Quant aux deux suivantes du XVIe siècle, elle sont bâties avec de la pierre de taille de teinte jaune. Plus hautes, les ouvertures du chevet ont des remplages de style renaissance, en particulier la première à gauche qui forme un éventail comme une queue de paon.

Configuration de la pseudo basilique

Plan de la commune de Fains-Veel (55)

Dimensions de la pseudo basilique

Longueur interne totale: 30,73 m

Éléments remarquables

Clef pendante et sépulcre du XVIe siècle.

Remarque

En plus d'être un modèle architectural hybride, cette église a l'originalité d'être un exemple de transition de style gothique flamboyant au style renaissance. À savoir que pendant le début de la Renaissance on continue d'employer le style gothique, notamment pour la structure.Timidement cette dernière emprunte des éléments d'inspiration gréco-romaine. Cet édifice témoigne du basculement de l'art médiéval vers une la "modernité" du classicisme. Un livre ouvert de l'architecture.

Jouy-sous-les-Côtes(55):  Église de l'Invention de Saint-Étienne 

Présentation

Érigée principalement au XVe siècle, cette église fut ensuite fortifiée avec un comble refuge. Il y eu ensuite au XVIe siècle des aménagements puis des restaurations du XIXe siècle qui lui donnent son aspect général.

La façade est conçue avec un clocher porche dont la toiture en bâtière est dû à une transformation du XIXe siècle. D'une largeur habituelle aux églises-halles, celle-ci possède une tour d'escalier d'époque gothique avec une toiture en poivrière réalisée au XIXe siècle.

Nef

L'intérieur de la nef est représentatif des églises-halles rurales du département de la Meuse par son dépouillement. Étroite avec ses 11 mètres de largeur, elle surprend par la hauteur des voûtes qui lui donnent une verticalité. Les colonnes sans chapiteau dont les nervures des croisées d'ogives pénètrent dans les fûts sont caractéristiques au XVe siècle.

Collatéraux

Les collatéraux de largeur égale sont conçus avec des croisées d'ogives dont les clefs de voûtes ont des représentations multiples et variées telles des fleurs de lys. Le collatéral gauche est la seule section la plus basse avec seulement 30 centimètres par rapport en l'ensemble de l'édifice.

Bases de colonnes

Le style gothique est reconnaissable par les moulures employées comme les tores s'appuyant sur les cavets renversés. L'implantation du socle est octogonale pour sa partie basse avec un l'ensemble qui intègre une deuxième partie octogonale décalée à l'axe de symétrie dont les moulures sont différentes. La moulure supérieure de style gréco-romain où s'appuie la colonne est circulaire, ressemble à un astragale.

Dimensions

Voûtes

L'ensemble de la nef et de ses collatéraux sont constitués de voûtes en croisée d'ogives, sauf pour l'abside comportant des voûtes à liernes et tiercerons dont les nervures sont polychromes.

Chevet

Ses hauts fenestrages flamboyants avec de riches remplages sont alignés avec rigueurs montrant la qualité de du travail réalisé. Le chevet à 3 pans dénote par rapport aux églises voisines qui ont généralement 5 pans.

Configuration de la halle

Dimensions de la halle

Longueur interne totale: 24,30 m

Éléments remarquables

Clefs de voûtes représentant la lune et le soleil.

Remarque

Le côtoiement des éléments fortifiés avec les fenestrages ayant des remplages finement taillés est saisissant. L'intérieur avec ses colonnes toutes identiques est lumineux. A voir absolument!

Longeville-en-Barrois(55): Église Saint-Hilaire

Présentation

Saint-hilaire est une construction gothique de la fin du moyen-âge du XVe et XVIe siècles. C'est une réalisation complexe ayant de nombreux éléments architecturaux remarquables.

Cette photo présente le clocher implanté à la croisée du transept et une tourelle d'escalier.

Nef

Les colonnes sans chapiteau sont une conception du style gothique flamboyant. Ici les voûtes de la nef centrale et du transept sont modérément plus élevées que ceux des collatéraux, laissant un mince espace pour d'hypothétiques ouvertures. On peut la classer dans les pseudos-basiliques, mais sa conception est proche d'une halle-échelonnée.

Collatéraux

Bases de colonnes

Voûtes

Chevet

Ici les baies gothiques ont des remplages représentant des flammes, l'identité même du gothique tardif.

Sur le plan de la façade Sud dessiné par Hugues DUWIG - Architecte du Patrimoine nous remarquons une hauteur moins importante des fenêtres d'un collatéral par rapport aux ouvertures du chevet. Le chevet est la continuité du vaisseau central indiquant d'extérieur que les voûtes de la nef sont les plus élevées.

Configuration de la pseudo basilique

Plan dessiné par Hugues DUWIG - Architecte du Patrimoine 

Dimensions de la halle

Éléments remarquables

Remarque

Saint-Mihiel(55): Collégiale Saint-Étienne

Présentation

Fondée en 709 à l'époque franque par le comte austrasien Wulfoad, elle était dédiée aux saints Cyr de Tarse et Julitte sur un lieu nommé Godonécourt (aujourd'hui Saint-Mihiel). À partir du XIIe siècle elle ne prit le nom d'Étienne.

L'église romane fut rénovée au XIIIe siècle dont la partie avant subsistante était visible jusqu'en 1823.

La ville fut un important centre culturel attirant du monde, ainsi la décision fut prise d'agrandir l'église vers l'est au XVIe siècle. Les travaux durèrent de 1503 à 1543.

En 1802 une pétition demandait que soient démolis le clocher, la nef et des chapelles afin d'élargir la rue. Les travaux débutèrent en 1823 avec la suppression de la plus grande part des structures du XIIIe siècle. Elle prit alors son apparence actuelle.

L'image présente la façade du XIXe siècle avec son clocher à bulbe. Le portail est de style classique avec son fronton et ses deux pilastres doriques. Quand aux quatre fenestrages ils sont une création néogothique.

Nef

Cette nef halle est remarquable par son volume et sa largeur dont les collatéraux sont presque de même dimension que la nef centrale. Ces colonnes massives supportent des voûtes en croisée d'ogives quasiment toutes à la même hauteur. L'intérieur typique du gothique flamboyant est reconnaissable par ses ouvertures ayant des remplages qui forment des flammes ainsi que des colonnes sans chapiteau.

Collatéraux

Les vestiges de l'édifice du XIIIe siècle sont visibles sur le mur côté façade dans les deux collatéraux. Des anciennes ouvertures en arcs brisés, comblées depuis la rénovation du XIXe siècle sont des arcs doubleaux qui servaient à l'origine de séparation entre les travées du XIIIe et XVIe siècles. Un passage sous les combles est apparent au dessus des  deux arcs doubleaux, démontrant que l'église avait une seule toiture sans fenêtre haute. Observant de fortes disparités entre les arcs doubleaux on conclue que l'église du XIIIe siècle était un modèle pseudo-basilical.

Bases de colonnes

1er travée

Colonne gauche

Colonne droite

2ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

3ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

4ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

Voûtes

Chevet

Le chevet à trois pans est original dans sa conception car il englobe les trois nefs dans toute son extension. Habituellement les chevets ne font que la largueur de la nef centrale, mais cette solution permet d'obtenir de grandes verrières avec de larges fenestrages.

Le choix de lourds contreforts et une puissante pile avec un arc-boutant s'impose à cause des fortes poussées des voûtes à égale hauteur.

Arc-boutant et contreforts

Représentation

Église Saint-Étienne état de 1545 à 1823.  (image wikipédia)

Cette gravure du XIXe siècle représente la nef-halle du XVIe siècle où l'on voit un grand pignon aujourd'hui caché par la nouvelle façade. À droite, l'ancienne collégiale du XIIIe siècle avec son clocher détruit en 1823  qui montre la toiture unique et le seul étage de fenestrages confirmant le plan pseudo basilical d'origine.

Configuration de la halle

Plan

Plan du site: paysnatal.blogspot.com

Le plan indique que les colonnes du XVIe siècle ne sont pas alignées à cause de la jonction avec l'ancien édifice du XIIIe siècle.

Dimensions de la halle

Longueur interne totale: 36,40 m

Éléments remarquables

Mise au tombeau du XVIe siècle conçue par Ligier Richier.

Remarque

Cette collégiale est impressionnante par son volume intérieur du fait qu'il y ait trois nefs presque à égales dimensions. L'existence de larges voûtes à même hauteur est une prouesse technologique car ce choix de construction est difficile à réaliser. En observant cet édifice on comprend pourquoi l'adoption de collatéraux plus étroits pour les autres églises-halles est légion, car plus simple à l'équilibre des voûtes.

Cette église est extraordinaire!

Varangéville(54): Église prieurale Saint-Gorgon

Présentation

Saint-Gorgon de Varangéville est une des plus remarquables églises-halles gothiques de Lorraine par sa conception et ses dimensions. Elle fut construite pendant la première moitié du XVIe siècle.

Cette photo présente l'église gothique précédée par le vestige de l'église romane.

Nef

La nef possède de nombreuse colonnes, 14 toutes identiques sauf pour les deux premières d'un diamètre plus grand. Elles devaient à l'origine supporter une tour qui ne fut jamais élevée.

Collatéraux

Ici les nervures des voûtes en liernes et tiercerons pénètrent directement dans les colonnes faisant penser à des branches d'arbres. Le modèle de colonnes sans chapiteau est le marqueur des constructions gothiques tardives du XVe et XVIe siècles.

Bases de colonnes

1er travée

Colonne gauche

Colonne droite

2ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

3ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

4ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

5ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

6ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

7ème travée

Colonne gauche

Colonne droite

Voûtes

La grande majorité des voûtes de l'église sont à liernes et tiercerons ayant 4 clefs par section. Ces constructions sont typiques de la période gothique tardive du XVe et XVIe siècles notamment pour les édifices fastueux. L'église-halle de Varangéville se caractérise par des clefs de voûtes ornementées par de nombreux blasons, médaillons avec un personnage et de végétaux avec la fleur comme symbole.

Chevet

Vue du chevet et de la nef-halle avec sa toiture à faible pente comportant un étage de fenestrages qui semblent former des flammes, d'où l'origine du terme gothique flamboyant.

Configuration de la halle

Dimensions de la halle

Longueur interne totale: 53,20 m

Éléments remarquables

Vierge à l'enfant et statuaire du XVe siècle, mise au tombeau et vitraux du XVIe siècle.

Remarque

Que dire! Cette église est exceptionnelle! Grande, homogène, colossale avec ses nombreuses colonnes, des œuvres d'art à admirer à chaque coin de l'église. Elle n'a pas de quoi rougir face à la grandiose basilique de Saint-Nicolas-de-Port toute proche de celle-ci.

Un incontournable!

Véel(55): Église Saint-Martin

Présentation

L'église de Véel fut bâtie principalement au XVe siècle à la fin du moyen-âge. Elle remplaça sans aucun doute un édifice plus ancien.

La façade est typique des églises-halles avec son seul pignon faisant toute la largeur de l'édifice. Son portail principal comporte une grande accolade avec de l'ornementation qui est emblématique de la période flamboyante. Quant au clocher couvert d'écailles de bois, cela lui donne une allure intemporelle.

Nef

La nef à trois vaisseaux est composée dans sa totalité de colonnes sans chapiteau, traditionnel dans le gothique tardif. Toutes les voûtes sont en croisée d'ogives mais ne sont pas alignées à la même hauteur pour ses collatéraux, ce qui classe l'église dans les halles-échelonnées. Au premier plan deux massives colonnes ont un diamètre plus grand que ses semblables, conçues pour supporter la charge du clocher.

Collatéraux

Bases de colonne

Voûtes

Le haut de l'image présente deux arcs doubleaux qui délimitent une partie du transept avec un collatéral. Ceux-ci s'appuient sur une même colonne qui a été jumelée. À l'arrière pour le transept, le chœur et l'abside, toutes les voûtes sont à la même hauteur. En revanche devant pour les collatéraux, un abaissement significatif d'1,30m est visible.

La partie arrière est une halle stricto sensu et l'autre section pour la nef une halle-échelonnée. L'intention de planifier une halle au sens strict du terme tombe sous le sens, mais pour une raison indéterminée il y a eu un changement de conception.

Chevet

L'extérieur est homogène avec ses ouvertures alignées pour le chevet et le transept, sauf pour la nef où les fenestrages sont plus bas, révélant des collatéraux rabaissés. Le style gothique flamboyant porte bien son nom, car les remplages des baies forment des flammes avec les mouchettes et soufflets, sans oublier un cœur accompagnant les ensembles.

Configuration de la halle échelonnée

Dimensions de la halle échelonnée

Longueur interne totale: 24,48 m

Éléments remarquables

Épitaphe du XVIe siècle et portails.

Remarque

La rupture structurelle du transept face à la nef témoigne d'un changement de plan. Les exemples des colonnes jumelées et des deux consoles appliquées maladroitement contre les murs des collatéraux font penser à du "bricolage". En tout cas on prend conscience qu'il s'est passé quelque chose il y a 600 ans, mais quoi? 

Très belle église à admirer!

Woël(55): Église Saint-Gorgon

Présentation

Saint-Gorgon de Woël est une église fortifiée construite à partir XIIe siècle dont les seuls éléments subsistants sont la tour clocher et des piles dans le vaisseau central de la nef. Au XIIIe siècle une porte fut percée sous le clocher. En 1496 sont ajoutées les trois premières travées du vaisseau latéral nord. La chapelle sud est bâtie en 1502. Au XVIe siècle, le chœur est reconstruit, puis revoûté en 1714.

Pendant la Première Guerre mondiale, l'église est endommagée. Elle est restaurée de 1927 à 1932, puis après la Seconde Guerre mondiale.

Nef

La nef est d'un aspect primitif malgré les voûtes en croisée d'ogives construites successivement de la fin du XVe jusqu'au début du XVIe siècles. Les voûtes d'une hauteur moyenne de 5,50 mètres reposent sur les piliers d'origine romane avec ses arcs formerets. À partir de la troisième travée un arc doubleau en plein cintre probablement élevé XIIe siècle partage la partie orientale désaxée de l'église.

Collatéraux

Les collatéraux sont d'origine romane ayant subit de nombreuses modifications au cours des siècles dont les colonnes engagées dans les piliers romans sont révélateurs de ces changements. Celles-ci sont composées de croisées d'ogives s'appuyant soit sur des colonnes soit sur des culots élaborés en fonction des contraintes du bâtiment précédent. L'aspect dominent des collatéraux est le gothique flamboyant.

Colonnes

Les deux colonnes de Saint-Gorgon de Woël d'après la base Mérimée font partie des éléments du XIIème siècle.

Elles sont apparemment des constructions romanes par leur aspect massif, mais des feuilles de choux représentées indiquent l'emploi d'un nouveau style, car cette flore est très présentes dans l'art gothique. Ainsi on peut évoquer la période de transition architecturale qu'est le gothique primitif.

1er travée

Hauteur totale de la colonne: 245 cm

Base de colonne:  66 x 65 x 44 cm de Hauteur

Chapiteau: 92 x 71 x 55 cm de Hauteur

Fût: 59 cm de diamètre

2ème travée

Hauteur totale de la colonne: 245 cm

Base de colonne:  69 x 67 x 48 cm de Hauteur

Chapiteau: 92 x 71 x 55 cm de Hauteur

Fût: 59 cm de diamètre

Piliers

L'église comporte cinq piliers sans base ayant à l'origine une forme rectangulaire et parfois en partie cruciforme. Celles-ci eurent des modifications qui changèrent leur aspect lors des transformations du XVe et XVIe siècles. Les voûtes en croisée d'ogives imposèrent l'ajout de colonnes engagées et de culots qui sectionnèrent les simples bandeaux avec un cavet faisant office de chapiteaux.

Dimensions des 5 piliers principaux

2ème travée, droit: 137 x 102 cm

3ème travée droit et gauche: 141 x 114 cm (x2)

4ème travée gauche: 147 x106 cm

4ème travée droit: 158 x 147 cm

Voûtes

L'entièreté de l'église est composée de voûtes en croisée d'ogives du XVe-XVIe siècles se reposant en partie sur des maçonneries d'origine romane. Une originalité se situe dans la nef centrale avec les nervures gothiques de la troisième travée qui se reposent sur des colonnettes romanes adossées. Les chapiteaux d'angles et bases de colonnes d'angles romans sont des réemplois greffées aux piliers. À l'origine ils servaient probablement à relier les angles intérieurs de murs aujourd'hui disparus.

Les clefs de voûtes des croisées d'ogives sont composées de blasons,médaillons et formes géométriques.

Photo Nord-Meusien

Chevet

Le chevet à cinq pans est de plan allongé par une travée supplémentaire. Muni de fenestrages gothiques flamboyants, elles sont reconnaissables par les accolades, mouchettes et soufflet sur plusieurs remplages. Comme pour l'église-halle gothique Saint-Pierre Saint-Paul de Creuë (55) située à 15 km, certaines ouvertures sont fortifiées avec d'épais barreaux. Ainsi on peut les comparer avec ceux de Creuë datant du XVIIe siècle.

Configuration de la halle échelonnée

Plan: Inventaire du Patrimoine en Lorraine 

Dimensions de la halle échelonnée

Longueur interne totale: 29m

Plan: Inventaire du Patrimoine en Lorraine 

Éléments remarquables

Remarque

Cette église est remarquable par la diversité architecturale commençant par le style roman jusqu'au gothique tardif. L'ensemble des fortifications plus sa nef halle rendent cet édifice précieux et rare. C'est un condensé de l'architecture médiévale ayant de nombreuses œuvres d'art, mais ce qui interpelle en premier sont les voûtes particulièrement basses. 

Exceptionnelle!