Du parc national de Garajonay à la Fortaleza de Chipude

J3 : Mardi 10 septembre 2019

Continuant à parcourir l'île en étoile depuis notre lieu d'hébergement, nous allons pousser aujourd'hui notre investigation davantage vers le centre de l'île et le parc national de Garajonay.

Nous dépassons par conséquent Alajero avant d'atteindre la route dorsale et le lieu appelé Pajarito.

Le parc national a été créé en 1981 pour protéger une forêt de lauriers encore appelée laurisylve, un écosystème exceptionnel caractérisé par des arbres persistants luxuriants aux feuilles de lauracées, que l'on ne trouve plus aujourd'hui que dans les îles de Macaronésie (Canaries, Madère, Açores). De plus, cet écosystème est une relique ancestrale des forêts humides qui couvraient le sud de l'Europe il y a 20 millions d'années.

Pour une première approche du parc, nous décidons de prendre d'abord un peu de hauteur pour une vue d'ensemble et par la même atteindre le point culminant de l'île, Alto de Garajonay à 1487 mètres d'altitude.

Nous sommes chanceux car en général cette partie de l'île est couverte de brume, principale source d'humidité de cet écosystème si particulier.

La différence de végétation saute immédiatement aux yeux. Contrairement au sud de l'île, ici le vert prédomine et la forêt s'étend à perte de vue.

Une variété botanique nous intrigue tout particulièrement, une sorte de pissenlit géant qu'on trouve ici à foison, un laiteron ou Sonchus congestus.

Au sommet, vue panoramique sur une grande partie de l'île, avec encore une fois cette différence très nette de végétation quand on se tourne vers le Sud. Au milieu, l'impressionnante montagne de la Fortaleza qui nous fait de l'œil !

Malheureusement les abords du sentier qui mène au sommet sont encore impactés par les effets d'un incendie survenu en 2012, ce qui m'amène à la conclusion suivante : à part de pouvoir s'enorgueillir d'avoir atteint le point culminant de l'île, cette petite balade ne me semble pas forcément incontournable.

Voyons si la suite dans le parc national nous réserve de meilleures surprises.

Arrêt suivant, toujours sur la route dorsale, huit kilomètres plus à l'ouest.

A cet endroit, un chemin conduit à l'aire de pique-nique "Jardin de La Creces" où je prévoyais un petit tour dans l'emblématique forêt, inspiré de l'itinéraire 27 du guide Rother, mais limité à la première boucle.

Au final, nous abandonnons très vite, le parcours dans les bois, à plat et sans vue, se révélant ennuyeux et pas vraiment dépaysant.

Raisons supplémentaires : à l'approche de midi, notre estomac crie famine et contrairement aux jours précédents, nous n'avons pas prévu de tirer notre repas du sac mais de déjeuner au restaurant. En plus, le programme ambitieux de cet après-midi exige de se sustenter en conséquence.

Direction La Hayas et la terrasse du bar-restaurant Amparo.

Une salade canarienne et un plat de cabra plus tard, nous voilà d'attaque pour partir à l'assaut de la forteresse de Chipude, une mesa visible des lieues à la ronde et que nous avons aperçue ce matin depuis les hauteurs du Garajonay.

La Fortaleza est aussi une montagne sacrée où les premiers Gomeros allaient faire des sacrifices aux dieux, persuadés que la proximité avec le ciel leur donnait plus de valeur.

En la contemplant depuis le bas, la forteresse a l'air imprenable tant ses parois semblent verticales !

Nous sommes d'ailleurs prévenus, le guide Rother indique cet itinéraire en noir. Dans ce cas, le sentier est potentiellement étroit, escarpé ou très exposé, il peut requérir l'aide des mains et n'est recommandé que pour des randonneurs au pied sûr, non sujets au vertige et en bonne condition physique.

Hum ! Nous ne sommes pas totalement certains de réunir toutes ces compétences.

Afin de limiter nos efforts, nous avons néanmoins pris soin d'adapter le parcours en nous contentant de l'aller-retour depuis le petit hameau de Pavon plutôt qu'une boucle au départ de Chipude. Cela représente alors plus que 2,5 kilomètres mais 235 mètres de dénivelé quand même.

Arrivé au pied de la falaise, le chemin laisse la place à une série de marches grossièrement taillées dans la roche. Certes il faut être prudent et par endroits se servir de ses mains, mais rien de vertigineux ni d'effrayant comme nous l'avions craint. Nous arrivons au sommet haut la main. Si la montée a été raide, elle a aussi été courte donc tout à fait supportable.

Notre documentation précisait qu'une fois au sommet il ne fallait pas manquer de pousser jusqu'à l'extrémité sud. Le panorama y est en effectivement époustouflant !

La descente est un peu plus délicate mais gérée avec prudence elle passe comme lettre à la poste. Nous sommes de retour au bout d'une heure trente, fiers et ravis de l'avoir fait.

En résumé, cette randonnée raide mais courte vers l'une des plus belles vues de l'île restera comme l'un des incontournables de notre séjour, un challenge parfaitement réussi qui boostera aussi nos ambitions pour les prochains jours.

Pour l'heure, et après l'effort vient le réconfort au retour dans notre villa, quand nous nous glissons dans l'eau délicieusement chauffée de notre piscine. Mmm !

Puis, en soirée, petit tour de notre "domaine" où le vert gazon tranche radicalement avec l'aridité de l'arrière-plan.

Au passage nous vérifions la maturité des avocats dans le verger sans oublier de nourrir la horde de chats qui nous a assiégés ;-)

Distance parcourue dans la journée : 75 kilomètres.