BANQUE

La banque est un des domaines les plus engagés dans la mise en place de la carte à puce.

Les expériences IPSO au début des années 80, ou 3V (voir sous la rubrique COMMUNICATION), symbolisent le foisonnement des cartes de cette époque.

Je reviendrai en détail sur toutes ces expériences.

En mise en bouche, une très rare carte de paiement d'avant IPSO fabriquée par Electronique Marcel Dassault, ainsi qu'une Philips non moins rare.

LA LUTTE CONTRE LA FRAUDE AVANT LA PUCE

Afin de lutter contre la fraude et avant l'implantation de la puce, différents procédés seront utilisés pour permettre aux banques de s'en prémunir.

L'hologramme a été un de ces procédés,et avait une fonction annexe qui consistait à rendre plus visible le réembossage lorsque l'embossage était fait sur l'hologramme.

Notons qu'il est toujours présent sur les cartes en complément des sécurités liées à la puce mais qu'il ne figure plus sous l'embossage .

Les cartes ci-après étaient destinées aux banques afin de les sensibiliser sur une des fraudes possibles qui consistait dans le réembossage, c'est à dire de changer les 16 numéros de la carte en en réimprimant d'autres par dessus.

Ces cartes sont rares car un seul set était produit par agence.

La première est une carte normale, c'est à dire embossage sur hologramme, qui en l’occurrence n'est qu'un ruban transfert, donc sans empreinte d'hologramme.

La seconde carte nous montre ce qui se passe s'il y a réembossage sans la présence d'un hologramme ou ruban transfert, et il apparaît que sans un examen pointu il n'est pas très évident de voir que deux séries de numéro se superposent:

Enfin sur cette troisième carte, avec ruban transfert et réembossage il est beaucoup plus évident de remarquer la superposition des chiffres. d'où le double intérêt de l'hologramme qui en plus de sa fonction propre, permettait de rendre plus visible un éventuel réembossage.

Et pour terminer deux cartes spécimens, l'une avec hologramme sans embossage:

Et la seconde avec embossage sur hologramme, il est intéressant de noter que le scan révèle la face cachée de l'hologramme!

TRASEC

TRAnsaction SECurity était un projet belge interbancaire implémenté par Philips France. Il s'agissait du système standard de sécurité pour les transferts électroniques de fonds entre les investisseurs et les institutions financières de Belgique.

Ce système garantissait l'intégrité et l'authentification des transferts et était facilement intégrable dans un système d'exploitation existant.

Le système était basé sur deux éléments. Le premier élément que l'on pourrait qualifier de "condensateur", existait sous la forme d'un programme installé dans l'ordinateur de l'utilisateur, et faisait un résumé des informations relatives au transfert.

Le second élément était assimilé grâce au module d'authentification, la carte à puce, qui générait une signature électronique. Cette carte contenait un algorithme d'authentification, un système de gestion des mots de passe, des clefs secrètes....

Jean Jacques était le responsable de ce projet pour la partie crypto. Cette carte fut la première au monde à comporter le DES (algorithme cryptographique standard à clé secrète).

A noter que le lecteur de carte correspondant était ultra perfectionné pour l'époque. Il disposait d'un système motorisé pour insérer la carte, un clavier AZERTY complet, un écran...

Voici deux cartes de cette expérience:

LA SÉCURITÉ DANS LE SECTEUR BANCAIRE

Le réseau du Groupement pour un Système Interbancaire de Télécompensation (GSIT) permettait d'effectuer sur des stations couplées à la lecture de cartes CP8 les opérations de télécompensation en toute sécurité. La carte CP8 était utilisée comme authentificateur des opérateurs et des informations. La carte CP8 semblait être également une barrière contre les attaques menées par les virus informatiques, il était en effet impossible de charger localement des programmes additionnels, toutes les informations nécessaires à l'utilisation du service étant contenues dans le serveur et dans la carte d'authentification.

LE MICROCOSME COMMERCIAL

Lors de la 4° convention EFMA (European Financial Marketing Association) de Monte Carlo en 1982 s'est tenue une expérience, le " Microcosme commercial " qui consistait à recréer l'ambiance d'un mail commercial afin d'illustrer les thèmes développés dans les séminaires.

Environ 200 cartes furent émises (voir photo de gauche ci-dessous) qui permettaient de réaliser dans des commerces fictifs des opérations bancaires, des achats de billets d'avions...

La carte était créditée de 2000 FF avec un découvert de 500 FF et faisait fonctionner un compte ouvert à la banque EFMA.

Il y eut 1200 transactions en deux jours et la banque EFMA a produit 250 extraits de comptes porteurs et commerçants.

Cette démonstration a été une véritable première et a eu lieu quelques semaines avant le coup d'envoi officiel des expérimentations programmées en France.

J'ajouterai à ces deux cartes, un autre support utilisé en 1982 mais sans puce celui-là, ainsi qu'un ticket édité dans le cadre de cette expérience plus que réaliste!

En 1980 à Monte Carlo se tint une autre convention EFMA.

Je ne l'avais pas mentionnée avant car je ne disposais pas de la carte utilisée dans son cadre.

Voici maintenant une des toutes premières application de la carte à puce, ce qui est confirmé tant par le module utilisé que le support ou bien encore la date:

Un très grand merci à Louis pour son aide à compléter les informations concernant les différentes conventions EFMA!

Deux cartes non officielles mais néanmoins à rattacher à cette rubrique.

Il était en effet l'usage pour certaines sociétés présentes dans ces conventions d'apposer sur des cartes courantes des embossages relatifs à l'événement.

En voici deux exemples que je dois à notre ami Eric qui nous offre également un site magnifique (voir la rubrique liens, phonecardsmuseum)

L'EXPERIENCE IPSO

Sous ce nom, 3 expériences dans les villes de Lyon, Blois et Caen.

A Lyon, Flonic Schlumberger testa la technologie dite à logique câblée : un composant sécurisé de type télécarte.

A Blois, Bull testa les cartes à mémoire à microcontrôleur.

A Caen, Philips testa un dispositif comprenant deux composants électroniques, dit bi-chip.

Ces expériences menées sous l'égide du Gie Carte à Mémoire se terminèrent en juin 1984, c'était le premier test de système de paiement par carte à puce.

Les photos ci-dessous montrent les différents modules utilisés, Bull et Flonic en haut de gauche à droite, puis en bas des IPSO Philips avec une rare carte où la puce n'est pas intégrée dans la carte donc reste visible.

Un grand merci à Jean-Michel pour cette carte utilisée à Blois dans le cadre des tests initiaux qui allaient permettre de déterminer le type de module à retenir.

LA RIPOSTE DE VISA

En 1989, VISA ne croyait pas à la carte à puce comme solution d'avenir et persistait dans le domaine de la bande magnétique afin de garantir la sécurité des transactions. Mais ne pouvant rester sans réaction devant cette petite puce qui commençait à gratter aux entournures, elle demanda à Toshiba de lui produire un objet encore plus performant afin de montrer qu'elle n'était pas absente pour prendre le train de la puce.

En 1989 ce petit bijou de technologie fut offert à quelques hauts responsables du domaine bancaire.

Cette carte n'était qu'une carte de démonstration mais parfaitement fonctionnelle, celle-ci était fabriquée dans un support métallique, qui ajoutait en plus au dos de la carte à côté de la puce un petit écran ainsi qu'un clavier qui permettait de faire différents types d'opérations, convertir des monnaies, etc...

Cette SuperSmart Card de Visa est une pièce très rare, symbolique d'une compétition vigoureuse entre les partisans de la carte à puce et ses détracteurs.

Un immense merci à Jean Marc B. pour cette carte que je ne connaissais pas et qui me revigore quant à creuser dans ce domaine.

BANQUE ET COMMUNICATION

Si la carte bancaire est aujourd'hui un support de communication comme l'était la télécarte avant l'arrivée du téléphone portable (on ne compte plus en effet les "séries limitées" ou cartes personnalisées), vers le début des années 90, juste avant les JO d'Albertville de 1992, des tentatives concrètes de communication utilisant le support carte bancaire avaient déjà vu le jour.

J'avais déjà eu la chance de récupérer une série de ces cartes il y a quelques temps, mais le précédent propriétaire ne souhaitait pas qu'elles apparaissent à la vue de tous...Ayant pu en retrouver une seconde série identique, et n'ayant pas reçu cette fois de demande de non présentation, je vous offre cette tentative assez ancienne d'association de la banque à des événements médiatiques en utilisant le support carte bancaire.

Quelques précisions sur ces cartes (encore Jean-Pierre, que ferions-nous sans ses interventions plus que pertinentes?) : A l'époque c'était le groupement carte bleue qui fixait le logo des cartes bleues. L'administrateur et ses équipes faisaient réaliser des prototypes qui étaient présentés ensuite au comité de direction qui décidait du logo. Les banques n'avaient plus ensuite qu'à ajouter leur nom sans toucher au reste de la carte.

Aujourd'hui les banques présentent leurs nouveaux designs au groupement cartes bancaires pour avis voire même pour simple information. Ces cartes n'ont pas été distribuées, car non acceptées.

Pour ce qui est des bandes au dos des cartes : Nous remarquons une grosse bande (la piste ISO2) et deux petites bandes (les 2 pistes TRANSAC T2 et T3).

Pour bien comprendre il faut remonter au début des années 70 où les premiers DAB installés en France fonctionnaient avec pistes TRANSAC, les DAB avaient un lecteur TRANSAC. La piste ISO2 n'a été normalisée que plus tard et pour assurer la transition technologique il a fallu mettre les deux générations de pistes sur les cartes au fur et à mesure que se développaient les lecteurs ISO2 dans les DAB. Les pistes T2 et T3 n'ont été supprimées que lorsque le dernier DAB à pistes TRANSAC a été désinstallé. Notons qu'il en sera de même pour l'embossage qui disparaîtra lorsque le dernier "fer à repasser" aura disparu, et la piste magnétique ISO2 subira un sort identique lorsque tous les terminaux de paiement liront la puce.

Un complément fort intéressant, qui bien que sans puce, montre une approche faite pour VISA dans le cadre du sponsoring des JO de 1988, avec en prime la plaquette publicitaire éditée par Ruwa Bell (merci à Claude pour ces informations) à noter que le verso de toutes ces cartes est identique avec la mention Ruwa Bell :

Et les 4 faces de la plaquette publicitaire:

Et un pas de plus vers ce modèle que je ne désespère pas de trouver avec puce et embossage, trouvées récemment (merci Jean-Marc), un essai d'embossage sur ces cartes:

A noter que le verso est encore différent et bien éloigné des attributs de la carte bancaire, il est identique sur les 3 cartes:

Une autre façon de communiquer dans les années 80 (1983 pour être précis) avec la BD d'entreprise et ces fascicules édités par la Federal Reserve Bank of New York!

CHRONOVAL

La carte Chronoval est bien connue des collectionneurs, elle permettait la consultation de la bourse à domicile.

Pour cela il fallait disposer d'un téléviseur équipé d'une prise péritel et relié à une antenne captant Canal +, ensuite il fallait commander un décodeur à la société SDIB ainsi qu'une carte à puce pour une durée d'abonnement choisie. Enfin grâce à une télécommande et une fois la carte insérée dans le boitier, il était possible d'accéder aux cours de la bourse.

CT6

A l'époque où le CIC existait encore, une de ses filiales, CT6, regroupait environ une centaine de personnes.

CT6 avait pour objet tout le traitement monétique du groupe CIC.

A titre d'exemple elle avait en charge la négociation des contrats de fourniture de cartes à puce avec les producteurs, elle s'occupait également de tous les litiges relatifs à l'utilisation des cartes...

La carte que je vous propose ici n'est en fait qu'une simple carte d'identification, celle-ci est assez rare du fait que la structure de CT6 était relativement restreinte.

Merci à Jean-Marc B. pour les précisions apportées quant à cette carte.

UN ANTI PASSE-DROITS

La Banque Nationale de Paris utilisa pour gérer de la façon la plus simple et la plus sûre possible les droits d'accès de ses agents à ses bases de données informatiques un système exploitant les cartes CP8. Trois classes de droits étaient données : les droits territoriaux, droits de groupe d'opération et droits en fonction du montant de l'opération. Les transactions recouvraient deux types : la gestion des cartes agents et celle des comptes clients. Ceci impliquait une personnalisation des cartes agents au sein de chaque agence.

L'EXPERIENCE DE LILLESTRÖM

Tout d'abord, je tiens à remercier Edmond Alyanakian, père de ce projet exemplaire et précurseur, pour son aide précieuse.

La Norvège a été le pays le plus à la pointe de la généralisation de la puce dans le domaine bancaire, et il faut l'avouer bien plus avancé que la France à une époque où les banquiers français étaient encore en proie à des querelles non productives.

Cette expérience a débuté le 24 septembre 1984 à Lilleström, commune située à 25 kilomètres d'Oslo. Il y a eu l'installation de quarante terminaux de paiement électronique chez les commerçants, quinze publiphones, dix machines de banque pour le chargement des cartes, dix machines de consultation de cartes avec des minitels et cinq mille cartes mixtes (piste et puce). C'est ainsi que Télébank démarra en réunissant Bull pour les cartes et terminaux, Sligos pour la réalisation du système informatique, Thomson-TITN pour le système d'appel automatique, Crouzet pour les publiphones et enfin Flonic-Schlumberger pour les cartes prépayées de téléphone.

Cette expérience a été un succès et il est bien vite apparu que comparativement à un système basé sur la carte magnétique celui-ci était plus économique et plus sécurisé.

Je ne pourrai pas vous montrer la carte initiale utilisée dans les publiphones (je n'ai pas celle-ci) , ni les cartes fournies par Sligos à la Bergen Bank destinées à sécuriser l'accès des entreprises clientes à des bases de données de la banque.

Vous trouverez ci-dessous un des prototypes initiaux, ainsi qu'une carte de la Christiana Bank og Kreditkasse émise après 1986, notons par ailleurs que cette banque n'existe plus, elle est devenue Nordea.

Voici également la liste des banques qui participèrent à cette expérience : La Lilleström Sparebank (les 4 numéros après 5278 permettent de déterminer la banque émettrice, en l'occurence il s'agit pour cette banque de 1286) , la Bergen Bank (5102) , la Christiania Bank og Kreditkasse (6201) , Den Norske Credit Bank (7101) , Norges Postsparebank (0500/0800) , Landsbanken A/S (9001) .

Pour terminer un lien vers un site norvégien qui retrace l'épopée de Bull en Norvège, certes c'est en norvégien mais néanmoins une mine de renseignements :

http://historikk-bull-steria.com/Dokumenter%20milepaler/Lillestrom/-%20Lillestromprosjektet.htm

Ci-dessous, une des cartes utilisées dans l'expérience de Lilleström par la Norges Postsparebank, notons l'autre puce...Merci à Edmond pour cette carte...

Et deux autres cartes qui permettent d'avoir tous les types d'embossages rencontrés dans le cadre de cette expérience, à nouveau un immense merci à Edmond pour ces deux cartes:

Avec en prime un petit souvenir des protagonistes de cette expérience, avec des cartes un peu trop grosses pour nos albums!!!

Et pour compléter cette très importante page sur l'histoire de l'introduction de la carte à puce en Norvège, et ce toujours grâce à Edmond que je remercie à nouveau, la première carte Telekort, le précurseur de la carte de téléphone. A savoir que la carte Telebank pouvait comme l'expérience de Blois être utilisée dans un publiphone.

D'AUTRES EXPÉRIENCES ÉTRANGÈRES

En Suède tout d'abord, la bourse suédoise (Stockholm Stock Exchange) décida d'acquérir 800 cartes CP8.

Les agents de change devaient utiliser cette carte dans le cadre du nouveau Stockholm Automated Exchange System (SAX).

En Suisse, en février 1988, les PTT suisses ont lancé une opération pilote utilisant la carte CP8 dans la coopérative Migros de Schönbuhl.

Les cartes Postomat (à piste magnétique) ont été remplacées par la carte Postomat+.

Ces cartes permettaient outre les opérations habituelles de retrait d'argent dans les billetteries, de payer les achats effectués à la Migros dans la limite mensuelle de 3000 FS, et de retirer de l'argent directement aux caisses de la Migros à concurrence de 300 FS par passage.

En Italie, Honeywell Bull Italia, en association avec la Banca Populare di Sassari lança le projet pilote NUMMUS.

Celui-ci prévoyait la distribution de quelques 5000 cartes utilisables dans 150 "points-services" répartis dans la ville d'Alghero en Sardaigne.

Ces cartes devaient permettre aux touristes de régler leurs achats dans des conditions optimales de confort et de sécurité.

Toujours en Italie, à Bormio plus précisément, une expérimentation se déroula entre janvier et février 1985.

Une banque locale, le Credito Valtellinese, et Enidata testèrent le potentiel de la carte à puce française.

Cette carte, la TELLCARD, évoquait ValTELLina (lieu de la compétition de ski qui se tenait à Bormio) , inTELLigent et TELEpayment.

31 commerces participèrent à cette expérience, 4500 cartes furent distribuées, et l'expérimentation dura 45 jours.

Quatre terminaux étaient également à la disposition des utilisateurs pour leur permettre d'avoir accès à toutes les transactions effectuées avec leur carte.

A noter que selon certaines sources, quelques cartes auraient également été utilisées en France dans le cadre de Telepass : ceci reste à confirmer.

Quelques nouvelles cartes pour cette expérience: