L'habitat passif

Qu'est ce qu'un bâtiment passif ?

On peut répondre à cette question de deux manières différentes, selon le sens étymologique ou réglementaire du terme.

Dans le premier cas, il s'agit d'un bâtiment dont les besoins énergétiques pour l'obtention d'une température agréable tout au long de l'année, sont assurés par les apports solaires et les calories générées par la présence de ses occupants. Il est alors possible de se passer de système de chauffage conventionnel. Les éventuels besoins pourront être assurés par un appoint (un petit poêle bois, un radiateur mobile ou bien une bonne raclette avec des amis) mais il ne devrait normalement pas être nécessaire plus de quelques jours par an.

Dans le second cas, il s'agit d'un bâtiment éligible au label "Passiv' Haus" (d'origine allemande - http://www.passiv.de/), répondant à un certain nombre de critères en terme de consommation énergétique, d'isolation et d'étanchéité à l'air. Les points essentiels sont les suivants :

    • Besoins en énergie de chauffage < 15 KWh/m²/an

    • Étanchéité à l'air soignée avec un résultat au test de la porte soufflante <0.6 vol./h (mise en dépression de 50 Pascals)

    • Consommation totale d'énergie de la maison <120 kWh/m²/an d'énergie primaire. Le besoin en énergie finale étant < 50 kWh/m²/an.

Le tableau présenté ci-dessous synthétise et compare le cahier des charges de différents labels pour la performance énergétique du bâtiment. La comparaison de ces différents label entre eux est délicate car chacun est basé sur ses propres indicateurs.

Comment concevoir un habitat passif ?

Une manière rationnelle de concevoir un habitat passif est de se baser sur les principes du bioclimatisme que l'on pourrait appeler aussi l'architecture du bon sens. Elle consiste en premier lieu à choisir un lieu favorable pour l'implantation du bâtiment et à en optimiser l'orientation, les volumes, l'agencement et la position des ouvertures en fonction de ce lieu. De nombreux ouvrages traitent de la question comme par exemple l’excellent livre "la conception bioclimatique" de Jean Pierre Oliva, aux éditions terre vivante (cf. bibliographie).

Par ailleur, un habitat passif (hors climats chauds) devra intégrer:

    • Une isolation thermique renforcée

    • Une suppression des ponts thermiques

    • Des menuiseries de grande qualité

    • Une excellente étanchéité à l'air

    • Une ventilation double flux

    • Une limitation des consommations électriques, notamment des appareils ménagers

Le résultat final est conditionné par le soin apporté aux détails constructifs ainsi qu'à la précision de la mise en oeuvre.

Quel est le coût de la maison passive ?

S'il est vrai que la réalisation d'une maison passive demande plus de soin et donc plus de temps pour les entreprises, celles-ci profitent généralement d'un effet de nouveauté ou de l'aspect "haut de gamme" de telles réalisations pour faire payer le prix fort et ce de manière injuste au client.

Nous parlerons donc ici des coûts pour l'autoconstructeur, c'est à dire des coûts liés aux matériaux de construction.

Ce graphique montre schématiquement que l'investissement supplémentaire par rapport à une maison traditionnelle augmente avec l'amélioration de la performance énergétique mais qu'il diminue à partir d'un certain niveau. Cette chute aux environ de 15 kWh/m²/an correspond à l'économie généré lorsque le bâtiment est suffisamment performant pour se passer de système de chauffage.

Ceci montre grossièrement que quelques centimètres d'isolant supplémentaires pour passer d'un bâtiment bien isolé à un bâtiment très bien isolé peuvent au final se révéler avantageux sur le plan économique. Ceci, juste sur l'investissement initial, sans parler de l'économie future générée sur la faible consommation en énergie.

Les outils de conception d'un habitat passif

L'autoconstructeur ne construit pas une maison tout les ans. Il n'a donc pas le droit de se tromper (allez... il a le droit quand même, mais sur de petites choses). Pour dimensionner et optimiser les différents paramètres qui conditionnent la performance de son projet, il dispose aujourd'hui d'outils de simulation performants. Le plus simple d'approche (tout en restant complet) et le moins coûteux se nomme PHPP. Il s'agit d'une grande feuille de calcul excel (une vingtaine en fait) qui a été développé afin de pouvoir valider le caractère "passif" d'un

projet. C'est un outil utilisé par les bureaux d'études mais que peut se procurer le particulier pour 250€ environ (http://www.maisonpassive.be/?Logiciel-PHPP-2007).

Sont renseignées dans la feuille de calcul des données techniques telles que les surfaces des différentes parois, les ouvertures, la composition et les épaisseurs d'isolants, les performances des vitrages, etc...

Mais aussi des informations sur les comportements des occupants du futur bâtiment : nombre d'habitants et taux de présence, consommation en eau chaude, ventilation nocturne...

Au final, un algorithme estime en fonction du bilan des apports et des pertes énergétique le besoin de chauffage mois par mois ainsi que d'autres indicateurs comme le risque de surchauffe en période estivale ou bien la production d'eau chaude solaire au cours de l'année.

Bilan de l'étude PHPP pour notre projet : Besoin de chauffage annuel à 5 kWh/m²/an à comparer aux 15 que requièrent la norme passive.

Evolution des besoins de chauffage spécifique (appoint) avec une estimation de la puissance nécessaire à 2200 W pour les 277 m² de la maison (soit un radiateur).

Couverture de la production d'eau chaude en solaire thermique : 65% en moyenne sur l'année