"Une leçon clinique à la Salpêtrière", tableau peint en 1887 par Pierre Aristide André Brouillet.
Charles Féré est au premier plan, au centre, avec son tablier blanc
Charles Féré (1852-1907) est un médecin français marquant, dont l'itinéraire, qualifié d'« exceptionnel », s'étend de la neurologie à la psychiatrie, en passant par la psychologie et la criminologie. Né en Normandie, à Auffay, en 1852, dans une famille de paysans aisés, il étudie d'abord au lycée de Rouen, puis à l'École de médecine de la ville. Il y acquiert une solide formation de clinicien au sein d'un réseau médical dynamique.
Son parcours le mène ensuite à Paris, où il intègre l'internat des hôpitaux après plusieurs tentatives. C'est dans la capitale qu'il forge des liens déterminants. Il travaille auprès de figures de premier plan comme Paul Broca, fondateur de l'Institut d'Anthropologie, avant de rejoindre le service de Jean-Martin Charcot à la Salpêtrière en 1881. Féré devient rapidement un intime de Charcot et participe activement à ses recherches.
Médecin en chef à l'hôpital de Bicêtre dès 1887, Féré se distingue par la diversité et la modernité de ses intérêts. Il est un ardent promoteur de l'hypnose thérapeutique et de la « médecine d'imagination », et collabore étroitement avec Alfred Binet, le futur inventeur des tests mentaux. Ensemble, ils publient notamment sur l'hypnose et la suggestion.
Ses travaux couvrent un vaste champ : la psychophysiologie, la dégénérescence et l'hérédité dans les maladies mentales, où il s'appuie sur les idées de Morel tout en proposant de nouvelles classifications, la sexologie avec des ouvrages majeurs comme L'instinct sexuel, et la criminologie. Dans ce dernier domaine, il critique les théories déterministes de Cesare Lombroso et de l'École italienne, insistant sur le rôle des facteurs sociaux et environnementaux. Féré est également un membre actif de plusieurs sociétés savantes importantes.
Malgré une réputation internationale de son vivant, Charles Féré tombe dans un oubli relatif après sa mort en 1907. Pourtant, ses contributions pionnières dans plusieurs domaines des sciences humaines naissantes, ainsi que ses liens durables avec l'École médicale de Rouen, à laquelle il lègue une grande partie de son imposante bibliothèque, méritent d'être pleinement reconnues.