Henri Duclos (1824-1870)
Notice biographique à l’occasion du bicentenaire de sa naissance
Par Karl Feltgen
Notice biographique à l’occasion du bicentenaire de sa naissance
Par Karl Feltgen
Louis Nicolas Henri Duclos est né à Rouen, le 16 septembre 1824, au domicile de ses parents, au 22 rue de l’Epée. Il était le fils du Rouennais, Louis Nicolas Duclos, fabricant, et de Marie Arsène Antoinette Roussel, mariés à Yvetot le 2 juin 1823.
Après de bonnes études au Lycée de Rouen, Henri Duclos choisit de partir dans la capitale pour y suivre des études de médecine. Interne des hôpitaux de Paris, il travaille en particulier auprès du Pr Pierre Adolphe Piorry (1794-1879) dont il publie les comptes-rendus de la clinique de l’hôpital de la Pitié en 1846.
En 1849, il choisit pour sujet de sa thèse : « De la nomenclature médicale » exposant les travaux de son maître Piorry sur sa nouvelle nomenclature organo-pathologique, tout en en signalant les avantages et les défauts. Le jeune médecin envoie son travail à l’Académie de Rouen pour qu’elle lui apporte son jugement. Il est félicité en retour du talent avec lequel il avait conçu et exécuté son premier travail scientifique.
La même année 1849, Henri Duclos décide de s’établir dans sa ville natale où il se marie le 28 juillet 1852 avec Marie Emma Leprevost.
En octobre 1854 : il adresse une lettre à la commission administrative des hôpitaux de Rouen par laquelle il sollicite sa nomination à un emploi d’adjoint. Le 13 décembre 1854, la Commission administrative le nomme adjoint au service chirurgical de l’hospice-général pour une période de cinq ans. Duclos devient ainsi adjoint de Jules Hélot (1814-1873), qui assurera la direction de la nouvelle gésine à compter de 1855. A cette époque Henri Duclos publie avec son collègue et ami Jules Bouteiller (1822-1878), un mémoire sur l’éclampsie (1852). Il rédige également un mémoire sur l’utilité de l’allaitement pour la femme accouchée (1853).
Parallèlement, toujours avec son ami Bouteiller, il publie à Rouen, un Traité d’Hygiène populaire (1852) destiné à inculquer les préceptes de l’hygiène aux ouvriers des villes et aux habitants des campagnes. Ce traité, envoyé à l’Académie de Rouen pour le concours de 1852, a valu aux auteurs une médaille d’or de
200 francs puis en 1854, une première mention honorable au concours du prix Nadaud de l’Académie de médecine de Paris.
En se faisant recevoir au sein de l’Académie de Rouen en 1854, Henri Duclos choisit pour thème de son discours de réception : « l’exposé des préceptes que donne la médecine pour la conservation de la santé et des forces intellectuelles de tous ceux qui se livrent aux professions libérales. » Parmi ces préceptes destinés à l’intellectuel, on retrouve ceux de trouver le juste équilibre entre l’activité du cerveau et l’exercice modéré des fonctions organiques, de ne pas réprimer les besoins naturels mais d’y satisfaire sans excès, de ne pas négliger le sommeil réparateur et de varier les occupations de l’esprit.
Le 7 décembre 1859, Henri Duclos est nommé adjoint du service de M. Leudet fils, médecin chef de la 3e division du service de santé de l’Hôtel-Dieu pour une nouvelle période de cinq ans. Mais au moment de son renouvellement, à la fin de l’année 1864, Duclos demande à ne pas renouveler son mandat :
« Le 7 décembre 1864 mon mandat expire ; je ne vous demanderai pas de le renouveler ; je vous prie de confier mes fonctions à un confrère plus jeune que moi et moins occupé que je le suis, par les obligations que m’imposent et la clientèle et d’autres services administratifs qui ne me permettraient pas de remplir assidûment ma mission à l’hôtel Dieu si par hasard elle devenait plus active. »
Quelles sont donc les autres obligations qui l’occupent tant ? Eh bien, elles sont fort nombreuses. Duclos, est médecin adjoint des prisons de Rouen, médecin adjoint des épidémies pour l’arrondissement de Rouen, membre puis Secrétaire du Conseil central d'hygiène publique et de salubrité de la Seine-inférieure, Secrétaire de la commission permanente de vaccine et chirurgien aide-major du 3e bataillon de la garde nationale. En 1854, il devient membre de l’Académie des Sciences Belles-Lettres et Arts de Rouen, il en est nommé Président pour 1862-1863 puis Secrétaire pour la Classe des Sciences de 1864 à 1870. A cela, il faut ajouter encore un autre engagement pris assez tôt dans sa carrière.
En 1848, l’abbé Podevin, aumônier des prisons, et Sœur Marie Ernestine, responsable du quartier des filles de la prison de Rouen, avaient créé une colonie pénitentiaire qui s’était installée à partir de 1851 dans un bâtiment situé au 33 de la route de Darnétal à Rouen. En avril 1849, avait été fondée la « Société pour le patronage et le placement des jeunes filles libérées et détenues du département de la Seine-Inférieure » ayant pour objet de « de maintenir dans une vie honnête et laborieuse les jeunes filles sorties, par libération de la maison correctionnelle. »
L’abbé Podevin en était le secrétaire, la sœur Marie-Ernestine la trésorière-directrice et Henri Duclos, le médecin, s’impliquant personnellement dans la distribution du travail, les mesures d’hygiène et l’organisation intérieure de l’établissement.
Mais la carrière du Dr Duclos se termine prématurément. En effet, à l’âge de quarante-cinq ans, après une courte maladie, ce médecin engagé dans la vie de la cité, décède le 3 mai 1870 en son domicile du 9 rue Alain Blanchard. Le bruit courut que sa mort était due à l’exagération qu’il faisait de la médecine expectante, qui le conduisit à refuser les soins de médecins et amis dévoués. Ses obsèques se déroulèrent le matin du jeudi 5 mai 1870 en l’église Saint-Patrice de Rouen :
« A la suite des parents du défunt, qui conduisaient le deuil, venait un cortège nombreux, où l’on remarquait à peu près tout le corps médical de la ville, des académiciens, des officiers de la garde nationale, de l’armée, de la gendarmerie, puis les élèves de l’institution Patry, conduits par les chefs d’établissement.
Les jeunes filles libérées, conduites par les sœurs de l’établissement, marchaient en avant du char funèbre, dont les cordons ont été alternativement tenus par MM. les docteurs Vingtrinier, Hellis, Dubreuil, Dumesnil, de Quatremares, et par MM. Leblond, chef de bataillon de la garde nationale, et Corneille, député au Corps législatif. »
Après la cérémonie, le cortège se rendit au cimetière monumental pour un dernier adieu à Henri Duclos, qui avait exigé, par une clause spéciale, qu’aucun discours ne fut prononcé sur sa tombe.
Karl Feltgen
Bibliographie :
Notice sur Henri Duclos, Secrétaire de la classe des Sciences par M. Malbranche, Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, 1869-1870, p.101-103.
Paul Levasseur : Eloge de Henri Duclos, Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen,1871-1872, p.69-70.