Eugène Didier est représenté dans le tableau de Dubuc au Musée Flaubert, tenant son vélo, à côté du Dr Martin.
Eugène Charles Joseph Didier naît le 25 mars 1865 à Miraumont, dans la Somme, et poursuit ses études de médecine à Paris. Un épisode marquant de sa jeunesse parisienne survient lorsqu'il est appelé par son maître, le professeur Louis-Arthur Sevestre, pour soigner le jeune fils du journaliste Hugues Le Roux, atteint du croup. La maladie étant contagieuse, l'autre fils est envoyé au Havre, mais il est également touché et doit subir une trachéotomie. Le jeune Eugène Didier se rend alors au Havre avec le père, passant de longs jours et nuits au chevet de l'enfant, qui est finalement sauvé. C'est à cette occasion qu'il rencontre Marie-Louise Le Roux, la sœur du journaliste, qu'il épouse au Havre le 10 juillet 1891. Peu après, le 13 août 1891, il soutient à Paris sa thèse de doctorat sur la rubéole : « Contribution à l’étude de la rubéole ».
Sa carrière rouennaise débute le 8 juin 1892 avec sa nomination, par concours, comme médecin-adjoint des Hôpitaux de Rouen. Dès mars 1893, son dévouement exceptionnel durant l'épidémie de choléra de 1892 lui vaut la médaille de vermeil des épidémies. À partir de 1894, il cumule ses fonctions hospitalières avec le poste de médecin légiste de l’arrondissement de Rouen, devenant expert auprès des Tribunaux et intervenant fréquemment dans des affaires criminelles pour des autopsies et expertises souvent relayées par la presse.
En octobre 1898, Eugène Didier succède au Dr Chaboux en tant que médecin chef de service de la division médicale B à l'Hospice-général de Rouen. En juillet 1900, il prend la direction du service médical à l’Hôtel-Dieu, laissant l'Hospice-général où Charles Nicolle lui succède dans la division B.
Eugène Didier est également étroitement lié à la Maison Boucicaut de Mont-Saint-Aignan, une fondation de Madame Marguerite Boucicaut destinée à accueillir les femmes non mariées ou veuves lors de leur accouchement et de leur rétablissement. Gérée par l’Assistance publique de Paris, elle ouvre ses portes en mars 1898. Eugène Didier en est nommé médecin, travaillant avec une sage-femme et trois religieuses. Le Journal de Rouen annonce l'ouverture le 23 mars 1898, mentionnant l'arrivée de la première pensionnaire. La Maison Boucicaut fonctionne selon les vœux de sa fondatrice jusqu'à la Première Guerre mondiale, période durant laquelle les filles-mères sont transférées.
Au début de la Grande Guerre, le 2 août 1914, Charles Didier, alors médecin-chef à l’Hôtel-Dieu et à la Maternité Boucicaut, est mobilisé à l'âge de 49 ans. Il sert notamment à Paris comme médecin major de 2e classe territoriale et est fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1916. La guerre lui inflige une perte immense avec la mort au combat de son fils Charles Didier, sous-lieutenant d’infanterie né à Rouen en 1892, le 24 septembre 1914 près de Saint-Mihiel.
À peine démobilisé, le 13 juin 1919, Eugène Didier démissionne des Hospices civils de Rouen, invoquant des « circonstances personnelles » l'obligeant à s'installer à Paris, tout en sollicitant le titre de médecin honoraire. La Commission administrative des hospices accède à sa demande le 25 juin 1919, reconnaissant ses vingt-sept années de service et son « entier dévouement et [sa] haute conscience professionnelle ». Il est ainsi nommé Médecin honoraire des Hôpitaux de Rouen.
Installé à Paris, ses fonctions principales ne sont pas précisées par les sources. On sait cependant qu'en août 1919, résidant rue des Belles-feuilles, il devient membre du Conseil de surveillance de la Société : Au marché colonial.
Eugène Didier décède le 24 mai 1927 à son domicile parisien, à l'âge de 62 ans. Son inhumation a lieu dans l'intimité le 27 mai au cimetière monumental de Rouen. Sa fille, Alice Marie Louise Didier, née à Rouen, s'éteint en 1980.
Le souvenir d’Eugène Didier perdure, notamment au Musée Flaubert où il figure sur un tableau de Dubuc, tenant son vélo aux côtés du Dr Martin. Cet aperçu de sa vie et de sa carrière de médecin légiste, hospitalier et de la Maternité Boucicaut met en lumière son rôle important au sein du corps médical rouennais et son engagement, même pendant les épreuves de la guerre.
Pour en savoir plus :
Le Docteur Eugène Didier par Karl Feltgen