Monument historique

Le château de l'Esparrou fait son entrée parmi les monuments historiques... par Catherine Sirol.

Un peu de son histoire...

Issu d'une famille de petits bourgeois de Château Margon, bourgade située aux abords de Pézenas, famille aux modestes revenus ne lui permettant pas de poursuivre ses études au delà du certificat d'études de l'époque, Joseph a demandé son héritage pour tenter ailleurs l'aventure.

Son héritage...Un cheval.

Juché sur son héritage, il a quitté Pézenas et la maison familiale accolée au Château Margon, aujourd'hui transformée en musée, et se "louant" en chemin pour de multiples travaux, il est arrivé jusqu'à Perpignan où il a été embauché par une famille de commerçants en étoffe, les Vilar de Nidaulère, baronnie, qui a dû renoncer à sa particule en raison de son statut social de... commerçant.

Consciente de l'intelligence et du courage du jeune homme, la famille Vilar a financé ses études lui permettant d'entrer à l'école de Commerce de Toulouse dont il sortit un des premiers.

Revenu à Perpignan à l'âge de 21 ou 22 ans, il tomba amoureux de la fille de ses bienfaiteurs, jeune veuve, qu'il épousa.

Il prit en mains le commerce d'étoffes dont la renommée s'étendit en Europe.

Travaillant sans cesse, renonçant aux vacances, la famille Sauvy a constitué son patrimoine et a acquis plusieurs domaines:

  • Le Mas Sauvy à Villeneuve-de-la-Raho, partagé en deux, la deuxième partie devenant Val-marie.

  • Le domaine de Richemont, attribué à Louis Sauvy, professeur au Collège de France, père d'Alfred Sauvy, démographe.

  • Le domaine de Rouma, situé sur la route de Pollestres.

  • Le domaine de la Salud, au bord de la Têt.

et enfin, l'Esparrou,

627 hectares achetés à la criée à la famille de Lazerme en 1871 et 1875 par Joseph Sauvy.

627 hectares de terres salées qui s'étendaient jusqu'à la mer. Pas de loi littorale alors. Pas de cadastre: il n'est intervenu qu'en 1954.

627 hectares de terres à dessaler... Pour y parvenir, Joseph a l'idée d'y semer du blé puis d'y faire paître des moutons de "prés salés"

On "battait le blé" sur la "colline de l'Esparrou" située à 15 m au-dessus du niveau de la mer.

Puis vint la vigne. Joseph devint négociant en vin, mai aussi Président du Tribunal de Commerce de Perpignan.

100 hectares de vignes, mais aussi 50 hectares de marais assainis par la création de 16 kilomètres de canaux collectant dans l'agouille, dite "Cagarell", toutes les eaux de ruissellements de Canet pour les ramener à l'étang et de là, à la mer, par les trois graux existant alors.

Le domaine de l'Esparrou, propriétaire d'un quart des huit cents hectares qui constituaient alors l'assiette de l'étang de Saint Nazaire situé au sud, dont il assurait la gestion et la conservation, jouait ainsi un rôle prépondérant dans l'hydraulique de Canet.

Il joua également un rôle culturel extrêmement important.

Assurant d'un côté la mise en valeur et la rentabilité du domaine Joseph ne négligea pas son agrément.

Avec le concours du paysagiste de renom Cribeillet, il fit planter à l'Est, tourné vers la mer, un parc de cinq hectares où il réunit toutes les essences méditerranéennes, puis il décida de faire édifier un château sur la colline " à battre le blé" et chargea l'architecte Viggo Dorph Petersen d'en établir les plans.

Le Château de l'Esparrou est la première réalisation de cet architecte danois séduit par le Roussillon qui construisit notamment ensuite:

  • Le Château de Rey

  • Le Château d'Aubry à Saint Jean Pla de Corts

  • Le Château du parc Ducup

  • Le Château de Valmy à Argelès

Joseph Sauvy mourut au cours de la construction.